Une rigole de lait
sur ton menton
et te voilà
clown désopilant
général de l’armée des giboulées
ou même
quand le lait suit
le cours parfait du hasard
très-très-vieux-sage-chinois
(Thierry Cazals)
Posted by arbrealettres sur 6 avril 2021
Une rigole de lait
sur ton menton
et te voilà
clown désopilant
général de l’armée des giboulées
ou même
quand le lait suit
le cours parfait du hasard
très-très-vieux-sage-chinois
(Thierry Cazals)
Posted in poésie | Tagué: (Thierry Cazals), chinois, clown, lait, menton, rigole, sage, vieux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2019
Illustration: Edward Hopper
Soir ivre
Soir ivre empli d’une clarté bleutée
titube à la fenêtre et désire chanter.
Les vitres peureusement se rassemblent et se pressent
dans lesquelles ses ombres se sont prises au filet.
Il obscurcit et tangue autour des maisons,
tombe sur un enfant et le chasse en criant,
poursuit tout en haletant et chuchotant
de sombres et inquiétantes déclarations.
Dans la cour humide, à la lisière sombre du mur,
il s’ébat avec les rats dans les coins.
Une femme dans sa robe grise râpée de bure
s’enfuit devant lui pour se cacher plus loin.
A la fontaine un filet mince encore coule,
une goutte s’empresse de saisir l’autre au vol ;
là, il boit sans ambages au trou encrassé de rouille
et aide à laver les noirs caniveaux et rigoles.
Soir ivre empli d’une clarté bleutée
titube par la fenêtre et commence à chanter.
Les vitres se brisent. Le visage ensanglanté,
il entre pour lutter avec ma terreur.
***
Betrunkner Abend
Betrunkner Abend, voll vom blauen Licht,
taumelt ans Fenster und begehrt zu singen.
Die Scheiben drängen furchtsam sich und dicht,
in denen seine Schatten sich verfingen.
Er schwankt verdunkelnd um das Häusermeer,
trifft auf ein Kind, es schreiend zu verjagen,
und atmet keuchend pinter allem her,
Beängstigendes flüsternd auszusagen.
Im feuchten Hof am dunklen Mauerrand
tummelt mit Ratten er sich in den Ecken.
Ein Weib, in grau verschlissenem Gewand,
weicht vor ihm weg, sich tiefer zu verstecken.
Am Brunnen rinnt ein dünner Faden noch,
ein Tropfen läuft, den andern zu erhaschen;
dort trinkt er jäh aus rostverschleimtem Loch
und hait, die schwarzen Gossen mitzuwaschen.
Betrunkner Abend, voll vom blauen Licht,
taumelt ins Fenster und beginnt zu singen.
Die Scheiben brechen. Blutend im Gesicht
dringt er herein, mit meinem Graun zu ringen.
(Ingerborg Bachmann)
Posted in poésie | Tagué: (Ingerborg Bachmann), aider, ambages, bleuté, boire, bure, caniveau, chanter, chasser, chuchoter, clarté, coin, commencer, couler, cour, crier, déclaration, désirer, emplir, encrasser, enfant, ensanglanter, entrer, femme, fenêtre, filet, fontaine, goutte, gris, haleter, humide, inquiétant, ivre, laver, lisière, loin, lutter, maison, mince, mur, noir, obscurcir, ombre, peureux, poursuivre, prendre, rat, râpe, rigole, robe, rouille, s'ébattre, s'empresser, s'enfuir, saisir, se briser, se cacher, se presser, se rassembler, soir, sombre, tanguer, terreur, tituber, tomber, trou, visage, vitre, vol | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 avril 2019
IL PLEUT
Oui, il pleut comme jamais je n’ai vu…
Et cette lourde clarine assoupie,
Comme elle sonne en la grange pourrie !
Comme elle sonne en mon coeur qui s’est tu !
Oh ! les pleurs des clarines quand il pleut !
Et pour le cerveau quel agacement !
Jour primitif plein de boue et rigoles !
Une pauvre voisine, à demi folle,
Hurle contre la pluie en ricanant…
Oh ! les pleurs des clarines quand il pleut !
Oui, il pleut… Et cela sonne humblement
Comme tout ce qui est amour et haine…
Non loin un enfant, près d’une fontaine,
Joue à l’harmonica, très tristement.
Oh ! les pleurs des clarines quand il pleut !
Que de vains contes disent les clarines !
Quel monde vide de tout rêve ! Rien !
… Comment lors ne pas pleurer tel un chien,
Oui, comment ne pas mourir fou, pardine !
Oh ! les pleurs des clarines quand il pleut !
(George Bacovia)
Posted in poésie | Tagué: (George Bacovia), agacement, amour, assoupi, boue, chien, clarine, conte, fou, grange, haine, harmonica, humblement, hurler, mourir, pleur, pleurer, pleuvoir, pourri, ricaner, rien, rigole, vide, voisine | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2018
En hiver
Le champ brille blanc et froid.
Le ciel est solitaire et immense.
Des choucas tournent au-dessus de l’étang
Et des chasseurs descendent de la forêt,
Un mutisme habite les cimes noires des arbres.
Le reflet d’un feu s’échappe des cabanes.
Parfois très loin sonne un traîneau
Et lentement monte la lune grise.
Un gibier saigne doucement sur le talus
Et des corbeaux pataugent dans des rigoles sanglantes
Le roseau frémit jaune et haut.
Gel, fumée, un pas dans le bois vide.
(Georg Trakl)
Posted in poésie | Tagué: (Georg Trakl), étang, bois, briller, champ, choucas, ciel, cime, corbeau, frémir, froid, fumée, gel, gibier, hiver, immense, mutisme, patauger, rigole, roseau, saigner, solitaire, tourner, traîneau, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2017
Nos habitudes des grands échafaudages de poutrelles et de planches
Ici il y a l’indéterminé
Toute la misère éclatante
Des pans entiers écroulés du sommeil
Des lézardes et des rigoles de boue glacée
Et des paroles haletantes qui se maintiennent
Comme des feux follets
Comme la prescience de nos cris de haine
Ici il y a le tabernacle du mépris
Et nos vies somnambuliques
Nos yeux hagards et révulsés
Nos habitudes des grands échafaudages de poutrelles et de planches
Ici il y a les glaciers infranchissables
Du sarcasme et de la folie
Ici il n’y a rien qui soit au monde
(Jacques Prevel)
Posted in méditations, poésie | Tagué: échafaudage, éclatant, écroulé, boue, cri, feu follet, folie, glace, glacier, habitude, haine, haletant, indéterminé, infranchissable, Jacques Prevel, lézarde, maintenir, mépris, misère, pan, parole, planche, poutrelle, prescience, rigole, sarcasme, sommeil, somnambulique, tabernacle, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2017
On n’emporte rien avec soi
qu’une image en viatique
Un iris de Van Gogh
bleu sur bleu
au pied de la montagne
On suit la découpe d’un jardin
sous un porche
A travers la fenêtre haut perchée
passe encore l’éclair d’un visage
On prend par les yeux
tout ce qui fut son regard
et par le corps
la douleur d’un amour
trop grand pour cette vie
Hier est si proche
qu’il nous attrape la main
On s’étonne d’un outil oublié
d’un escargot baignant
dans une rigole
sûr de presser contre soi
tout le poids du présent.
(Marilyse Leroux)
Posted in poésie | Tagué: (Marilyse Leroux), amour, éclair, douleur, emporter, escargot, fenêtre, image, iris, jardin, montagne, poids, présent, proche, regard, rigole, viatique, vie, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 février 2017
Un peu de brume hivernale
Laissée dans les rigoles
Par le balayeur.
***
Wisps of winter fog
Left by the streetsweeper’s broom
Along the gutters.
(Richard Wright)
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Richard Wright), balayeur, brume, hivernal, laisse, rigole | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 février 2016
Le bâton de pluie
Dresse le bâton de pluie : survient alors
Pour ton oreille une musique
Insoupçonnée. Dans la tige de cactus
Averse, écluse ouverte, remous et cascades
Se déversent. Tu deviens cette flûte
Où soufflerait de l’eau, tu l’agites encore
Et c’est le diapason d’un diminuendo,
Un filet d’eau mourant dans la rigole. Et voici
Le goutte-à-goutte des feuilles rafraîchies,
La petite pluie de l’herbe et des pâquerettes,
Et le scintillement du crachin, presque une haleine.
Redresse le bâton. Ce qui survient alors
N’est pas moins fort d’être advenu une fois,
Deux fois, dix fois, mille fois déjà.
Qu’importe si la musique qui transperce le bois
Est glissement de sable ou de graines dans le cactus ?
Tu es pareil au riche qui entre au paradis
Par l’oreille d’une goutte de pluie. Écoute encore.
***
The Rain Stick
Upend the rain stick and what happens next
Is a music that you never would have known
To listen for. In a cactus stalk
Downpour, sluice–rush, spillage and backwash
Come flowing through. You stand there like a pipe
Being played by water, you shake it again lightly
And diminuendo runs through all its scales
Like a gutter stopping trickling. And now here comes
A sprinkle of drops out of the freshened leaves,
Then subtle little wets off grass and daisies;
Then glitter–drizzle, almost breaths of air.
Upend the stick again. What happens next
Is undiminished for having happened once,
Twice, ten, a thousand times before.
Who cares if all the music that transpires
Is the fall of grit or dry seeds through a cactus?
You are like a rich man entering heaven
Through the ear of a raindrop. Listen now again.
(Seamus Heane)
Posted in poésie | Tagué: (Seamus Heane), agiter, averse, écluse, écouter, bâton, cactus, crachin, encore, flûte, graine, haleine, musique, oreille, pareil, pâquerette, pluie, rigole, sable, souffler, transpercer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2015
Eau printanière, pluie harmonieuse
Eau printanière, pluie harmonieuse et douce
Autant qu’une rigole à travers le verger
Et plus que l’arrosoir balancé sur la mousse,
Comme tu prends mon coeur dans ton réseau léger !
A ma fenêtre, ou bien sous le hangar des routes
Où je cherche un abri, de quel bonheur secret
Viens-tu mêler ma peine, et dans tes belles gouttes
Quel est ce souvenir et cet ancien regret ?
(Jean Moréas)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Moréas), abri, ancien, arrosoir, balance, bonheur, chercher, coeur, doux, eau, fenêtre, goutte, hangar, harmonieux, léger, mousse, peine, pluie, prendre, printanier, réseau, regret, rigole, route, secret, souvenir, verger | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2015
Chantiers de la poésie
Nous remontons les rigoles du temps
Pour capter l’insigne reflet
Nous explorons chaque motte
Chaque caverne
Pour dépister l’empreinte
Nous mordons les fruits
Jusqu’au noyau
Nous soutirons de chaque pousse
Le grain nu
Nous sondons le vide et l’onde
En quête du sens perdu
De ces replis et sédiments
Nous dérobons quelques lueurs
D’une clarté qui se dérobe
Et transmettons quelques vocables
A vivre
Et à mourir.
(Andrée Chedid)
Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), capter, caverne, chantier, clarté, dépister, dérober, empreinte, explorer, fruit, grain, insigne, lueur, mordre, motte, mourir, nu, onde, perdu, poésie, poussé, quête, reflet, remonter, repli, rigole, sédiment, se dérober, sens, sonder, soutirer, temps, transmettre, vide, vivre, vocable | Leave a Comment »