Elle fait attention la bête.
Elle se retient.
Elle ne donne aucun signe.
Elle ne laisse aucune trace la bête.
Elle ne tremble pas.
Elle ne saigne pas.
Elle ne hurle pas.
Elle est belle.
Elle est blessée.
Nature blessée.
Mystère blessé.
Elle ne peut plus rester au milieu en pâture en terrasse…
Elle s’en va…
Elle n’a pas peur.
Elle n’a pas le choix.
Elle n’est plus ni saine ni sauve.
Elle est abîmée.
C’est ça qui s’éloigne…
Abîmée…
Elle ne veut plus laisser son silence au sol.
C’est ça qui l’emporte dans la forêt.
Elle veut parler.
Elle a besoin la bête.
Elle veut.
C’est elle la bête qui veut…
C’est elle la belle qui crève…
C’est elle les deux…
Elle de risquer…
Elle de parler
Les hommes ne parlent pas.
(Lili Frikh)
Carnet sans bord 2017
Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
Silence tant de silence
Pour que germe cette parole autre
Sans la foi donnée aux mots
Les mots il faut les taire les torturer
Et risquer le taire jusqu’à terre
Il faut cette parole qui ne croit plus en la
parole Pour parler enfin
Comme il faut peut-être ne plus croire en l’amour pour aimer
Pour croire à cette vie qui ne croyait plus
Car c’est là au bout du doute
Que le mot jaillit dans une autre ferveur
2
Et tu te couches dans les draps blancs du
poème Ces draps qui t’appellent de leurs bras
Et te somment de dire
Le dedans qui n’a pas de mots
Le seul poème
(Guy Allix)
Recueil: Nous, avec le poème comme seul courage
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
Finis, fleurs et petits oiseaux… Dieu est mort!
L’homme est seul face à lui-même, face à l’univers.
C’est à lui qu’incombe l’entière responsabilité de sa vie et celle des autres.
Chacun de nous risque de se perdre sans guide, sans boussole, sans initiation aucune.
(Anise Koltz)
Recueil: Somnambule du jour
Traduction:
Editions: Gallimard
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements
ou qui ne parle jamais à un inconnu.
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans ses yeux
et réparent les coeurs blessés.
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.
Vis maintenant!
Risque toi aujourd’hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux.
Poète
Qui chantes la naissance téméraire de la rose d’azur
Cette jamais rencontrée
Poète
Au seuil des présages
Malgré tes poings en feu
Nous t’avons rejeté et pourchassé de paroles
Le faisceau de nos discordes éloigne
Le fruit essentiel
Que tu appelais
Poète
Nos villes s’endorment en leur écriture de pierre
Satisfaites de ne songer qu’à l’opiniâtre saison
Oublieuses des merveilles qui dévastent les toits
Qui abolissent les routines
Poète
Tu voles le vent pour nos faces
Le clair pour nos yeux
Le sel pour nos lèvres
Septembre attaché au figuier
On tournait le dos à l’été ramasseur de noix vides
Siffleur de jeunes abeilles
Les derniers feux de la saint-jean enfumaient les lampes insomniaques
Les encriers
Suspendus à la ceinture du père
On courait moins vite que le paysage
Le chemin risquait d’arriver sans nous à la maison
se lover dans nos lits
renverser l’écuelle du chat
manger les graines jaunes du canari
Mais le père se disait plus long que le chemin
Plus fort que le train
Des épaules de loup au long cours
Des bras hauts comme des madriers
Le père trayait la forêt le fleuve entre chien et crépuscule
fendait d’un coup de hache le froid récalcitrant
Une forge dans sa poitrine le père abritait le feu
Seule l’odeur blanche de la neige le calmait
Ses coulées sur nos murs avaient la douceur du ventre de l’alouette
La compassion des pierres du cimetière
Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D´abord on le tue
Puis on s´habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problèmes
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.
J´affirme que l´on m´a proposé beaucoup d´argent
Pour vendre mes chances
Dans le Tour de France
Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
Et dans le spectacle
Y a pas de miracle
Le coureur a dit la vérité
Il doit être exécuté.
A Chicago un journaliste est mort dans la rue
Il fera silence
Sur tout ce qu´il pense
Pauvre Président tous tes témoins ont disparu
En chœur ils se taisent
Ils sont morts les treize
Le témoin a dit la vérité
Il doit être exécuté.
Le monde doit s´enivrer de discours pas de vin
Rester dans la ligne
Suivre les consignes
A Moscou un poète à l´Union des écrivains
Souffle dans la soupe
Où mange le groupe.
Le poète a dit la vérité
Il doit être exécuté.
Combien d´hommes disparus qui un jour ont dit non
Dans la mort propice
Leurs corps s´évanouissent
On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom
Leurs mots qui demeurent
Chantent « juste » à l´heure.
L´inconnu a dit la vérité
Il doit être exécuté.
Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Etait à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C´est plus juste en somme
D´abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité
Il doit être exécuté.
Ce soir avec vous j’ai enfreint la règle du jeu
J’ai enfreint la règle
Des moineaux, des aigles
Vous avez très peur pour moi car vous savez que je
Risque vos murmures
Vos tomates mûres
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter
Les chats, les femmes et les grands criminels
ont ceci de commun,
ils représentent un idéal inaccessible
et une capacité à s’aimer soi-même
qui nous les rend attirants.
(Sigmund Freud)
Il n’y a pas de chat ordinaire.
(Sidonie-Gabrielle Colette)
A fréquenter les chats,
on ne risque que de s’enrichir.
(Sidonie-Gabrielle Colette)
Comme quiconque les a un tant soit peu fréquentés le sait bien,
les chats font preuve d’une patience infinie
envers les limites de l’esprit humain.
(Cleveland Amory)
Les chats savent très bien qui les aime
et qui ne les aime pas, mais s’en soucient trop peu
pour y remédier.
(Winifred Carrière)
Conquérir l’amitié d’un chat est chose difficile.
C’est une bête philosophique, rangée, tranquille, tenant à ses habitudes,
amie de l’ordre et de la propreté,
et qui ne place pas ses affections à l’étourdie:
il veut bien être votre ami,
si vous en êtes digne,
mais non pas votre esclave
(Théophile Gautier)
La différence entre un chien et un chat.
Le chien pense: ils me nourrissent,
ils me protègent,
ils doivent être des dieux.
Le chat pense: ils me nourrissent,
ils me protègent,
je dois être dieu.
(Ira Lewis)
Les chats sont malins
et conscients de l’être.
(Tomi Ungerer)
Les chiens ont des maîtres,
les chats ont des serviteurs.
(Dave Barry)
De tous les animaux,
seul le chat atteint
une vie contemplative.
(Andrew Lang)
Auteur: Stéphane Garnier
Recueil: Agir et Penser comme un Chat
Editions: De l’Opportun