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Posts Tagged ‘(Robert Goffin)’

DIRE (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022



 

Bryce Cameron Liston - (  8) [1280x768]

DIRE

Dire sans dire avec du ciel et du silence
Traduire un sang de feu que je ne comprends pas
Trouver les mots du saule et le gel de l’absence
Suivre le coup de dés fragile de tes pas
Dormir au fond de tes lisières de donneuse
Savoir pour que tu saches que tu ne sais plus
Entrer en toi par l’arbre la lune et l’yeuse
Eteindre le couchant pour toucher ton sein nu
Marquer en toi l’azur pour caresser la nue
Dissimuler que tu simules que je sais
La fuite des vivants et la nuit des statues
Et le matin d’un grand amour sur les genêts
Tout me dit la rosée et mon sang bat plus vite
Le feuillage s’exprime en verdures de mots
Je le sens dans les pales fleurs hermaphrodites
Je le vois dans le vert tendre de tes ormeaux
Et le vent d’émeraude au coude des rivières
Je détiens ce contour charnel que tu connais
Tes yeux ouvrent pour moi leur nacre d’ardoisière
Dans les aubes qui meurent en moi l’aube naît
Comment bercer tes mots avec mon sang qui parle
Des femmes sont éteintes je ne sais pas quand
Dans les fleurs de Paris et dans les pierres d’Arles
Et te voila sans mémoire et sans Alyscamps
Ton corps qui brille un jour prolongera ma cendre
Tu montes le destin que je vais redescendre
D’un regard à jamais nous nous tendons la main
Pour toi les blés d’hier refleuriront demain
La mer passe et ceux qui restent sont périssables
Et je pourrais ne pas avoir connu ce jour
Où nous étions deux corps parmi les grains de sable
Entre la dune d’ombre et l’enfer des labours
Et ce qui n’est ni caresse ni certitude
Propage le babil tremblant de mon émoi
Et je sais O femme d’abîme et d’altitude
Que peut-être ce soir tu rêves comme moi.

(Robert Goffin)

Illustration: Bryce Cameron Liston

 

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ECUME (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



 

ECUME

Un chant flotta comme une écume
La branche tremblait sous l’oiseau
Et l’arbre, d’écume en écho,
Transmit le poème de plume

Mais vers le ciel renouvelé
Quand l’oiseau se fut envolé
Jusqu’à l’indigo de l’aurore
Pour les belles et pour les blés
Une branche tremblait encore,

Puis au fil de l’herbe et de l’eau
L’orme prolongea sans oiseau
Le végétal message d’ailes
Et tard sans arbre et sans amour
Du côté des lèvres fidèles
Le silence chantait toujours.

(Robert Goffin)

Illustration

 

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SUR UN PORTRAIT PAR L. BARBIN (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



 

Alice Pike Barney 29807

SUR UN PORTRAIT PAR L. BARBIN

Retenu par le sable aux dérives de l’onde
J’aurais voulu dans mes vers enfermer le ciel
Et dédier la chair aux musiques du monde ;
A peine ai-je approché du rythme essentiel
Que le poète exprime en syllabes impures !
Vous au moins vos pinceaux en fleur refont le feu
Puisqu’à jamais au rendez-vous de la peinture
Vous rendez aux regards la lumière des yeux.

(Robert Goffin)

Illustration: Alice Pike Barney

 

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L’AU-DEDANS DE L’EN-DECA (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



 

Emilia Castaneda  (16) [1280x768]

L’AU-DEDANS DE L’EN-DECA

Belle d’aube et de caresses
Bulles de fard et de fleurs
Tout ce qui fut notre ivresse
Remonte des profondeurs

Des bruyères me reviennent
Au rythme des baisers las
Est-ce ta lèvre ou la mienne
Qui brûlait cette nuit-là

Est-ce plaie ou plainte Sont-ce
Des ecchymoses de ciel
Ou les lisières de ronces
D’un météore charnel

Sais-je quand surgit le doute
Entre la sève et le sang
Ou quand s’effeuillèrent toutes
Les fleurs du buisson ardent

Etait-ce un soir de dimanche
Que la lézarde s’ouvrit
Quand je touchai sur ta hanche
Un pressentiment d’oubli

Ce qui fut à jamais passe
Au gré de l’ombre et des jours
Tes mots n’ont sur la terrasse
Qu’un lointain reflet d’amour

Etait-ce un soupçon d’abîme
Est-ce toi serait-ce moi
Qui retombait de la cime
Qu’on n’atteint jamais deux fois

Est-ce pour la trop cruelle
Loi vaine d’un vain destin
Que notre flamme éternelle
N’eut qu’un instant de matin

Je cherche et toi sais-tu qu’est-ce
Qui lie et qui délia
Au tréfonds de notre ivresse
L’en-dedans de l’au-delà

(Robert Goffin)

Illustration: Emilia Castaneda

 

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Je voyais des arcs-en-ciel de mots ineffables (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2022



Jeanie Tomanek 2t

Je voyais des arcs-en-ciel de mots ineffables
Très loin rien qu’en mon coeur pourtant plaisir amer
De souffler à tâtons ces bulles de la chair
Dont quelqu’un d’autre en moi choisissait les syllabes…

(Robert Goffin)

Illustration: Jeanie Tomanek

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MAIN COUPEE (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2022



Sam Wolfe Connelly hj [1280x768]

 

MAIN COUPEE

Pour te rejoindre femme blonde
Il m’a fallu cent mille aïeux
Qui renouèrent en ce monde
L’aboutissement d’être à deux
Venus du destin de la terre
Ils n’ont fleuri qu’un seul matin
Pour restituer au mystère
Un limon qui n’a pas de fin
Je suis l’humble part d’existence
Qui lie en sa fragilité
Les deux rives d’une substance
Soudant le futur an passé
Je viens d’une énigme impossible
Qui n’a pas de solution
Et comme la flèche à sa cible
Nous touchons sans rémission
A la rive qui n’est semblable
Qu’à celle dont je suis venu
J’ai rendez-vous avec le sable
De mes ancêtres inconnus
Mais quand tu seras chair d’aurore
Rendue au détour du limon
Survivrons nous mêlés encore
Dans l’amalgame de nos noms
Ou retournant à l’épopée
De l’argile et de l’océan
Comme on souffre à sa main coupée
Aurai-je mal à ton néant.

(Robert Goffin)

Illustration: Sam Wolfe Connelly

 

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LIBRE ARBITRE (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2022



 

Andrey Remnev 1 [1280x768]

LIBRE ARBITRE

Adèle et la belle et la brune et la blonde
S’assemblèrent un jour pour mieux trouver le monde
Adèle et la belle et la blonde et la brune
Cherchant la terre ne trouvèrent que la lune
Entre le monde et la lune la belle et Adèle
Se mirent à butiner à tire-d’aile
Puis Adèle la belle la brune et la blonde
Restèrent sans choisir jusqu’au début du jour
Si bien qu’entre la lune et le monde à la ronde
A quatre elles se décidèrent pour l’amour

(Robert Goffin)

Illustration: Andrey Remnev

 

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SYBILLE (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2022



 

SYBILLE

Sybille descendit jusqu’au sel de la plage
D’où montaient des arbalètes d’ailes au del
Comme pour conjurer la fuite des nuages
Ou Sybille embrassa si belle l’arc-en-ciel

Elle trouva dans un coquillage des dunes
L’indiscernable murmure d’une rumeur
A peine plus que le silence de la lune
A peine moins que la musique de son coeur

Puis indécise elle réfléchit sur la plage
Au secret de la mer qui mêle ses labours
Et quand elle entendit parler le coquillage
Elle sut que c’était la voix de son amour

(Robert Goffin)

Illustration: William-Adolphe Bouguereau

 

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BANQUES DU SOUVENIR (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2022



 

Adrian Borda 5984

BANQUES DU SOUVENIR

Elles reviennent encore
Mains de prèle et de lilas
Au bord de la prime aurore
Hanter les coeurs que voilà

Cécile de jusquiame
Arlette tout en velours
Yvonne profond sésame
Mélangeant la nuit au jour

Douces lèvres qui se fanent
Aux lisières d’autrefois
Comme les fleurs diaphanes
Se fanent au fond des bois

Femmes d’ombre et de rivière
Dont l’onde n’est que baisers
je remonte à la première
Par le fleuve du passé

Maria des anémones
Anne des saules pleureurs
Par delà les gués d’automne
L’amour est l’onde du coeur

Combien de chairs et d’amantes
Chantent l’écho du désir
J’ai mille femmes de rente
Aux banques du souvenir.

(Robert Goffin)

Illustration: Adrian Borda

 

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Ce qui vient et ce qui part (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2020



Derek Gores 500 [1280x768] 

Ce qui vient et ce qui part
Pose un étrange problème
Qu’on ne résout nulle part
Par la prose ou le poème

Il ne faut pas éteindre la dernière étoile
Avant que la première ait son signe de feu
Du côté de l’aurore où les femmes fatales
Se dévêtent beaucoup pour se donner un peu…

(Robert Goffin)

Illustration: Derek Gores

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