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Poésie

Posts Tagged ‘(Roberto Juarroz)’

Il y a un moment (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2022



Il y a un moment j’étais jeune.
Depuis un moment je suis vieux.
Il y a un moment j’étais vivant.
Depuis un moment je suis mort.

Quelqu’un épie dans un coin
l’aberration du temps.
Quelqu’un attend dans un coin
que tout cela passe.

Et d’un autre coin
ou peut-être du même
monte une pluie
qui va effacer le ciel.

(Roberto Juarroz)


Illustration: Hans Baldung Grien

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Parfois il me semble (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2022




    
Parfois il me semble
que nous nous trouvons au milieu
de la fête
pourtant
au milieu de la fête
il n’y a personne
Au milieu de la fête
il y a le vide
Mais au milieu du vide
il y a une autre fête.

(Roberto Juarroz)

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Nous restons figés parfois… (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2021




Illustration: Robert Doisneau
    
Nous restons figés parfois…

Nous restons figés parfois
au milieu d’une rue,
d’un mot
ou d’un baiser,
les yeux immobiles
comme deux longs verres d’eau solitaire,
la vie immobile
et les mains inertes entre un geste et celui qui aurait suivi,
comme si elles n’étaient plus nulle part.
Nos souvenirs alors sont d’un autre
dont à peine nous nous souvenons.

C’est comme si nous prêtions notre vie pour un temps,
sans l’assurance qu’elle nous sera rendue
et sans que personne nous l’ait demandée,
mais en sachant qu’elle sert alors
à quelque chose qui nous concerne plus que tout.

La mort n’est-elle un prêt, elle aussi,
au milieu d’une rue
d’un mot
ou d’un baiser ?

***

Nos quedamos a veces detenidos
en medio de una calle,
de una palabra
o de un beso,
con los ojos inmóviles
como dos largos vasos de agua solitaria,
con la vida inmóvil
y las manos quietas entre un gesto y el que hubiera seguido,
como si no estuvieran ya en ninguna parte.
Nuestros recuerdos son entonces de otro,
a quien apenas recordamos.

Es como si prestásemos la vida por un rato,
sin la seguridad de que nos va a ser devuelta
y sin que nadie nos la haya pedido,
pero sabiendo que es usada
para algo que nos concierne más que todo.

¿No será también la muerte un préstamo,
en medio de una calle,
de una palabra
o de un beso?

(Roberto Juarroz)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Poésie verticale
Traduction: Traduit de l’espagnol (Argentine) par Roger Munier
Editions: Points

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Le ciel n’est plus une espérance… (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2021




Illustration: ArbreaPhotos
    
Le ciel n’est plus une espérance…

Le ciel n’est plus une espérance,
mais seulement une expectative.
L’enfer n’est plus une condamnation,
mais seulement un vide.

Désormais l’homme ne se sauve ni ne se perd :
simplement parfois il chante dans le chemin.

***

El cielo ya no es una esperanza,
sino tan sólo una expectativa.
El infierno ya no es una condena,
sino tan sólo un vacío.

El hombre ya no se salva ni se pierde
tan sólo a veces canta en el camino.

(Roberto Juarroz)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Sixième poésie verticale
Traduction: Traduit de l’espagnol (Argentine) par Roger Munier
Editions: Points

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La musique seule (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2021




    
n°13

La musique seule
peut occuper le lieu de la pensée.
Ou son non-lieu,
son propre espace vide,
son vide plein.

La pensée est une autre musique.

Et la pensée seule
peut à son tour occuper le lieu de la musique
et s’infiltrer comme elle
à l’extrémité la plus lointaine de ce qui existe,
comme un presque animal si conséquemment fin
qu’il peut alors toucher jusqu’à ce point
où l’être cesse d’être l’être
pour être un peu plus que l’être.

(Roberto Juarroz)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Dixième poésie verticale
Traduction: François-Michel Durazzo
Editions: José Corti

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Inventer le retour du monde (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020




    
Inventer le retour du monde
après sa disparition.
Et inventer un retour vers ce monde
depuis notre disparition.
Et réunir les deux souvenirs
pour assembler tous les détails.
Il faut soumettre l’infini à des tests
pour voir s’il y résiste.

***

inventar el regreso del mundo
después de su desaparición.
E inventar un regreso a ese mundo
desde nuestra desaparición.
Y reunir las dos memorias,
para juntar todos los detalles.
Hay que ponerle pruebas al infinito,
para ver si resiste.

***

inventar o regresso do mundo
após o seu desaparecimento.
E inventar um regresso a esse mundo
a partir do nosso desaparecimento.
E reunir as duas memórias,
para juntar todos os detalhes.
É preciso pôr à prova o infinito
para ver se resiste.

***

创造世界的回归
在它的消失之后
且创造一个回归这个世界的机会
自从我们消失以后。
并把这两个记忆再联合
在所有它的细节上。
一个人必须顺从无限到检验
来看它是否抵抗。

***

To invent the return of the world
after its disappearance.
And to invent a return to this world
since our disappearance.
And to reunite the two memories
together in all its details.
One must submit infinity to tests
to see if it resists.

***

De terugkeer van de wereld uitvinden
na haar verdwijning.
En een terugkeer naar deze wereld uitvinden
vanaf onze verdwijning.
En beide herinneringen verenigen,
om alle details te verbinden.
Men dient de oneindigheid aan testen te onderwerpen,
om te zien of ze het uithoudt.

***

Die Rückkehr der Welt erfinden
nach ihrem Verschwinden.
Und eine Rückkehr zu dieser Welt erfinden
seit unserem Verschwinden.
Und beide Erinnerungen vereinen,
um alle Einzelheiten zusammenzuführen.
Man soll die Unendlichkeit auf die Probe stellen,
um zu sehen, ob sie es aushält.

***

दनियाु
की वापसी का आववष्कार करिे के लिए
इसके गायब होिे के बाद।
और इस दनु िया में वापसी का आववष्कार करिे के लिए
हमारे िापता होिे के बाद से।
और दो यादों को फिर से लमिािे के लिए
एक साथ इसके सभी वववरणों में।
एक परीक्षण के लिए अिंत प्रस्त
तु
करिा चाहहए
देखिा है फक क्या यह ववरोध करता है।

***

Inventare il ritorno del mondo
dopo la sua scomparsa.
E inventare il ritorno a questo mondo
fin dalla nostra scomparsa.
E raccogliere i due ricordi
per mettere insieme i suoi dettagli.
Bisogna mettere alla prova l’infinito
per vedere se resiste.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Ithaca 594
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Espagnol / Portugais Maria do Sameiro Barroso / Chinois Zhou Dao Mo / Anglais Stanley Barkan / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Allemand Wolfgang Klinck / Hindi Jyotirmaya Thakur / Italien Stanley Barkan – Luca Benassi /
Editions: POINTS

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Certaines fois la musique occupe la première place (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 19 juin 2019



    

Certaines fois la musique occupe la première place,
mais d’autres elle se retire au second plan
et laisse courir en nous
quelque chose de plus cher qu’elle-même.

Or y a-t-il quelque chose de plus cher que la musique,
quelque chose qui coure comme elle
et qui comme elle nous sauve ?
Quelque chose qui puisse nous envelopper
sans que l’on sache si elle le fait
du dehors en dedans
ou du dedans en dehors ?

Tout ce qui sauve
doit pour un moment se retirer
afin qu’une autre chose nous sauve.

La liberté de l’homme est si grande
qu’elle ne peut même pas se borner
à un seul degré de salut.

(Roberto Juarroz)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti

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Les réponses ont pris fin (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 19 juin 2019



 


    
Les réponses ont pris fin.
Peut-être n’ont-elles jamais existé
et elles ne furent que miroirs
confrontés avec le vide.

Mais à présent les questions ont pris fin aussi.
Les miroirs se sont brisés,
même ceux qui ne reflétaient rien.
Et il n’y a pas moyen de les refaire.

Pourtant,
Peut-être reste-t-il quelque part une question.
Le silence est aussi une question.

Il reste un miroir qui ne peut pas se briser
parce qu’il ne se confronte avec rien,
parce qu’il est à l’intérieur de tout.

Nous avons trouvé une question.
Le silence sera-t-il une réponse aussi ?
Peut-être, à un moment déterminé,
les questions et les réponses sont exactement pareilles.

(Roberto Juarroz)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti

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Oublier une lettre (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2019




    
Oublier une lettre
en écrivant un mot,
c’est ouvrir une porte
où il n’y en avait pas.

Et même s’il est facile de la murer,
la place où il y avait une porte
ne sera plus jamais pareille
et une rafale de sens oublié
continuera à passer à l’intérieur du mot.

Une omission, l’erreur,
crée quelquefois une brèche
dans le mur déterminant
qui apprivoise le regard.

***

Olvidar una letra
al escribir un palabra
es abrir una puerta
donde no había ninguna.

Y aunque es fácil tapiarla,
el lugar donde bubo una puerta
ya nunca sera el mismo
y adentro de la palabra
seguirá pasando una ráfaga de sentido olvidado.

Una omisión , el error,
crea a veces una brecha
en el rotundo muro
que domestica a la mirada.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti

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Mastiquer la solitude (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2019



Illustration: Odilon Redon
    
Mastiquer la solitude,
ouvrir un autre regard dans le regard,
inscrire un autre point dans le silence,
entrer plus, entrer plus,
rompre la limite.

Peu importe s’il n’y a rien.
Seul importe d’être plus.

Ou mastiquer la solitude,
effacer tout regard dans le regard,
gratter le point du silence,
sortir plus, sortir plus,
rompre la limite.

Peu importe s’il n’y a rien.
Seul importe d’être moins.

L’être plus de l’être moins.

Le plus du moins que le rien.

***

Masticar la soledad,
abrir otra mirada en la mirada,
poner otro punto en el silencio,
entrar más, entrar más,
romper el límite.

No importa si no hay nada.
Sólo importa ser más.

O masticar la soledad,
borrar toda mirada en la mirada,
raspar el punto del silencio,
salir más, salir más,
romper el límite.

No importa si no hay nada.
Solo importa ser menos.

El ser más del ser menos.

El más del menos que la nada.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti

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