Le terrible n’est pas le néant (Roger Munier)

Le terrible n’est pas le néant, l’abîme.
Ce n’est pas que peut-être il n’y a rien,
qu’il y a le Rien,
mais qu’au contraire,
en dernière et fatale instance, au fond,
à l’extrême qu’on ne peut éluder, il y a.

(Roger Munier)

Illustration

Quoi demeure ? (Roger Munier)

La mort, pour ceux qui sont morts,
n’existe plus, n’existe pas.
La vie non plus.
Quoi demeure ?

(Roger Munier)

Le silence (Roger Munier)

Le silence nomme toutes choses autour de moi.
Qui s’inclinent reconnaissantes.

(Roger Munier)

Illustration: Jeannie Lynn Paske

Je laisserai tout à ma mort… (Roger Munier)

Je laisserai tout à ma mort…
Dire cela n’a pas de sens.
« Je » n’y serai plus pour tout « laisser ».
C’est avant qu’on laisse
– et pourquoi toujours différer ?

(Roger Munier)

Il y a deux roses dans la rose (Roger Munier)

Il y a deux roses dans la rose.
L’une est tournée vers nous,
l’autre vers personne.

(Roger Munier)

Illustration

Comment donnerais-je un nom (Roger Munier)

Comment donnerais-je un nom à ce que je cherche?
On ne cherche que ce qui n’a pas de nom.
Et si je le trouve, je n’aurai plus qu’un nom.

(Roger Munier)

Illustration: Fanny Verne

Le frémissement du vent dans les feuillages légers (Roger Munier)

Le frémissement du vent
dans les feuillages légers
décidément
n’est pas d’ici.

(Roger Munier)

Illustration

La beauté de la fleur (Roger Munier)

C’est la fleur comme je ne la vois pas
qui fait la beauté de la fleur que je vois.

(Roger Munier)

Dieu ne se tait pas (Roger Munier)

Dieu ne se tait pas.
Simplement il ne dit rien
parce qu’il n’a pas la parole.
La parole n’est qu’humaine.

(Roger Munier)

Le silence appelle le silence (Roger Munier)

Le silence appelle le silence.
Il est moins le silence
que ce qui appelle le silence.

(Roger Munier)