Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2022

APERCEPTION DE LA MORT
Quand les maisons se penchent un peu
des filles aux fenêtres se montrent
tandis qu’au fond d’une pièce noire
luit le peu d’or d’une montre
suspendue au clou rouillé
et les vengeances au faubourg
font jaser ;
la marâtre arrive
et sourit tenant des lilas
chacun a fortement prédit
que bientôt enfin elle sera
prête pour la fosse commune.
Savates à la crasse cirée
vous serez sur le carreau rouge
dépossédées de ses pieds noirs,
prises de l’hirsute chiffonnier
ou jeu de quelque chat sauvage,
savates vous irez rejoindre
un amas de vieux étendards
tandis qu’elle ne sera plus là
cachant des lettres en son corsage
dans le quartier qu’an reconstruit
épiant les démolitions
dans le quartier qu’on reconstruit
et criant un pain sous son bras
à l’entour des mortiers fumants.
(Jean Follain)
Illustration: Salvadore Dali
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Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2022
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Posted by arbrealettres sur 29 mai 2022

Mère et enfant réfugiés
Nulle Vierge à l’Enfant ne pourrait se mesurer
à cette image de la tendresse maternelle
pour un fils qu’elle devrait bientôt oublier.
L’air était lourd d’odeurs
de diarrhée d’enfants non lavés
aux côtes délavées et aux derrières
décharnés qui avancent d’un pas laborieux
traînés par des ventres vides et gonflés. Tant
de mères avaient cessé depuis longtemps
de prodiguer leurs soins, mais pas celle-ci; elle arborait
un sourire fantôme entre ses dents
et dans ses yeux le fantôme de l’orgueil
d’une mère tandis qu’elle peignait telle la touffe de cheveux
couleur rouille qui restait sur son crâne et puis –
dans ses yeux un chant – elle a commencé à les
séparer avec soin… Dans une autre vie ça
aurait été un peu banal
un acte sans conséquence avant son
petit-déjeuner et l’école; mais en cet instant
son geste était de fleurir
une tombe minuscule
(Chinua Achebe)
Traduit de l’anglais par Frieda Ekotto, &ware Sou! Brother, Heinemann, 1971.
Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2021

La rouille me tapisse,
mon coeur m’échappe,
j’attend la sortie de l’Ange
et cette peau qui restera,
que j’aimerai
comme un tombeau de caresses,
cette peau, parole et sable
du monde.
(Richard Rognet)
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Posted by arbrealettres sur 20 mars 2021

Moutons dans la brume
Les collines descendent dans la blancheur.
Les gens comme les étoiles
Me regardent, attristés : je les déçois.
Le train laisse une trace de son souffle.
Ô lent
Cheval couleur de rouille,
Sabots, tintement désolé –
Tout le matin depuis ce
Matin sombre,
Fleur ignorée.
Mes os renferment un silence, les champs font
Au loin mon coeur fondre.
Ils menacent
De me conduire à un ciel
Sans étoiles ni père, une eau noire.
***
Sheep in Fog
The hills step off into whiteness.
People or stars
Regard me sadly, I disappoint them.
The train leaves a line of Breath,
O slow
Horse the colour of rust,
Hooves, dolorous bells-
All morning the
Morning has been blackening,
A flower left out.
My bones hold a stillness, the far
Fields melt my heart.
They threaten
To let me through to a heaven
Starless and fatherless, a dark water.
(Sylvia Plath)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: Collected Poems (Faber & Faber – Ariel)
Traduction: Traduit de l’anglais (États-Unis) par Valérie Rouzeau.
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 18 mars 2021

Illustration: Giorgio de Chirico
NUDITÉ DE LA NUIT
(L’énigme de la fatalité)
L’infini est une tour.
Le destin, une cheminée d’usine
dans un entassement d’arcades.
Cambrures de l’Inévitable.
Briques de l’Inéluctable.
Sur la droite, un gant de fer posé sur un damier
rappelle que la vie est un jeu noir et blanc
s’achevant en tournois sanglants.
Qui donc a joué le Jour et l’a perdu au jeu?
Le soir prend la couleur d’un gant de fer rouillé
avant le heaume irrémédiable de la nuit.
Nuit nue de l’après-humain
(Jacques Lacarrière)
Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted by arbrealettres sur 3 mars 2021

Que savoir du puits
sinon la rouille
sinon la peur de son image
et le ciel en-dessous
sans autre terre que la voix
massacrée
éprouver l’air ou le silence
la nuit au bout répond du treuil
qui toujours un peu plus
grince avec les os
(Christian Da Silva)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2021

Illustration: ArbreaPhotos
Matin d’octobre
C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
À travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.
Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L’érable à sa feuille de sang.
Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées :
Mais ce n’est pas l’hiver encor.
Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l’air tout rose,
On croirait qu’il neige de l’or.
(François Coppée)
Recueil: Promenades et interieurs
Traduction:
Editions:
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Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020

CONSTELLATIONS D’HUMILITÉ
Je n’ai pas pu être ton printemps…
STANKA PENTCHEVA
Pendant que j’évoque les esprits
de mes ancêtres païens
pour qu’ils m’apprennent les pas de la ronde
qui peut amener deux jours d’été
en plein décembre,
il aiguise les cisailles rouillées
de ses devoirs familiaux
et découpe les soleils
que je dessine au-dessus de la ville.
Tu n’étais pas encore née
quand j’ai vécu mon printemps,
me dit-il, tu es venue trop tard
pour être mon automne
et je ne sais que faire
avec tous ces soleils
qui font mal aux yeux
de mon quotidien.
Chaque matin depuis lors j’étale
tous les soleils et lunes découpés
pour composer une nouvelle carte céleste :
celle des constellations d’humilité.
Chaque matin il s’assoit sur le balcon
pour boire son café
mais un brouillard épais et humide
s’empare de son corps
et j’ai du mal à trouver
sur ma carte
où placer le soleil noir
qui apparaît
au fond de sa tasse de café.
(Aksinia Mihaylova)
Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020

Qui souffre en moi
Qui souffre en moi, la bête ou l’ange?
Pour mes blessures, je voudrais
Pouvoir cueillir le disque frais
De la lune au sein de la fange.
Comme la chaîne d’un vieux puits,
Les maux rouillés grincent de rage;
Mon corps est un jardin sauvage
Où galopent les loups de la nuit.
Mais quand j’appelle, ou que je crie
Au secours, comme un chat retors
Qui reflète dans ses yeux d’or
Une nonchalante ironie,
Mon coeur a pris la clef des champs,
Libre à son tour, et le navire
Du corps pesant lentement vire,
Dans l’eau bourbeuse jusqu’aux flancs.
(Marie Le Franc)
Illustration: Kathryn Jacobi
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