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Posts Tagged ‘roulette’

Roulette russe (Roxana Sicoe-Tirea)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2021



Illustration: Ivan Puni 
    
Roulette russe

depuis que je vis en moi à plein temps
j’ai compris que le cœur était un organe
charrié dans un sac à provisions
et déposé à la porte des voisins

ou une meute de chiens errants qui s’acharne
contre l’ennemi caché dans les poumons
une ancre employée pour faire rentrer au port
les jours égarés ou la galère d’un proche

le cœur – notre ceinture de sûreté
toujours prêt à sauter sur une mine
pour donner un coup de main
ou pour retrouver son chemin

en l’an de grâce 2020
nous jouons tout au va-et-vient :
certains s’en vont en séries
certains reviennent à la vie

(Roxana Sicoe-Tirea)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Le blues roumain
Traduction: Traduit du roumain par Radu Bata
Editions: Unicité

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Coeur de bois (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



Illustration
    
Coeur de bois

Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois
Ce soir, je serai ton Roi.
Si tu veux, tu seras la Reine.

J’ai ôté mon tablier
J’ai mis mes plus beaux souliers
Dans ma poche des sous neufs
Pour les distribuer aux veufs

Comme trône j’ai le fauteuil
Du Grand Oncle Cancrelat
Qui fume dans son cercueil
Une pipe en chocolat.

Ma couronne vif argent
Vient tout droit du pâtissier.
Sur mes épaules flotte un drap
On se cachera dedans.

Le fauteuil est à roulettes
Quelle aubaine pour un Roi !
Je le déplace et les traîtres
Frappent au mauvais endroit.

Amandine, tes yeux verts
Illuminent toutes mes nuits.
Je voudrais t’écrire en vers
Quand je serai plus instruit

Amandine, tu m’as dit .
« Je viendrai sept heures sonnées.
Je viendrai dans ton grenier
Avec ma chemise à plis. »

L’heure passe et je suis là
Ma couronne pour les rats !
Ah ! ce bruit de patinette !
Mais non, ce n’est pas ici.

Le sang me monte à la tête
J’entends les cloches aussi.
Et pourtant, je suis le Roi !
Tu devrais, genou en terre,

Baiser le bout de mon drap
Et pleurer pour la manière !
« Madame, relevez-vous »
Te dirai-je noblement !

Et sur tes lèvres de houx
T’embrasserai jusqu’à cent.
L’heure fuit , mes oripeaux
Juste bons pour les corbeaux !

Amandine, tu te moques
Tu te ris toujours de moi.
Quand tu remontes tes socques
Je tremble et ne sais pourquoi…

Amandine, je vais mourir
Si vraiment tu ne viens pas.
Je t’ordonne de courir
De grandir entre mes bras !

Le silence, seul, répond
Aile blanche sur mon front.

Le grenier comme un navire
Se balance dans la nuit.
Le trône vide chavire
L’Oncle fume en son réduit.

Amandine sans foi ni loi
Amandine ne viendra pas.
Jamais elle ne sera Reine
D’Occident ou de Saba

Jamais elle ne régnera
Sur c’qu’il y a de plus sacré.
Peste noire ou choléra
Jamais ne pourra pleurer.

Et pourtant comme je l’aime
Amandine des chevaux d’bois
De Jean-Pierre et de Ghislaine
De tout le monde à la fois !

Et pourtant comme je l’aime
(À mes pieds tombe le drap)
Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois.

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

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Le Lit (Jean-Marc Pelletier)

Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2017



Le Lit

Quand la nuit approche, l’inspiration, qui est muse malicieuse,
se glisse dans le lit du poète et inscrit le tracé de son joli corps sur le drap,
en une invisible empreinte.

Si le poète se pose exactement sur cette signature
– bras droit replié à hauteur d’épaule, bras gauche allongé, jambes parfaitement jointes -,
l’inspiration viendra le visiter dans son sommeil,
tournant et repassant dans sa caboche comme la boule sur la roulette.

Au réveil, le poète écrit immédiatement le poème offert.
S’il ne s’en souvient pas (ce qui souvent survient), il en invente un autre.

(Jean-Marc Pelletier)

Découvert ici chez laboucheaoreilles

Illustration: Auguste Rodin

 

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Sur le sable du Temps (Frédéric Jacques Temple)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2016



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Sur le sable du Temps

Mon cheval à roulettes
noir et blanc pommelé
galope encore
sur la terrasse de l’enfance
et les frêles bateaux de papier
dansent
vers le bassin de l’Esplanade
par les étroits canaux de la fontaine
canyons géants du Colorado

la cadence des roulettes
accompagne les voix profondes
du violoncelle de ma mère
inaltérées pour toujours
seul j’ai vieilli
mais demeure l’enfant
comme la mer soupire
sur le sable du temps

(Frédéric Jacques Temple)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

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