Illustration: Edward Hopper
SOLEIL
Quelqu’un vient de partir
Dans la chambre
Il reste un soupir
La vie déserte
La rue
Et la fenêtre ouverte
Un rayon de soleil
Sur la pelouse verte
(Pierre Reverdy)
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted by arbrealettres sur 4 février 2023
Illustration: Edward Hopper
SOLEIL
Quelqu’un vient de partir
Dans la chambre
Il reste un soupir
La vie déserte
La rue
Et la fenêtre ouverte
Un rayon de soleil
Sur la pelouse verte
(Pierre Reverdy)
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Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023
Tu viendrais
dans ta précipitation tu jetterais ton manteau sur la chaise
tu courrais vers la chambre
tu me trouverais à ma table occupé à quelque chose
sans que je sois étonné de ta venue
sans le rire de la surprise
et tu t’assiérais même à côté de moi
sans que je remarque ta présence
et tu verrais de tes propres yeux
combien j’ai du mal
à essayer de recoller ta photo déchirée
***
(Luqman Dayrakyi)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
Posted in poésie | Tagué: (Luqman Dayrakyi), à côté, étonner, chaise, chambre, courir, déchirer, essayer, jeter, long, mal, manteau, occuper, photo, précipiation, présence, propre, recoller, remarquer, rire, rue, s'asseoir, surprise, table, trouver, venir, venue, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2023
chaque jour la ville tremble par deux fois
quand la femme passe
rapide et silencieuse,
un livre à la main,
ses cheveux lui couvrant la moitié du visage,
dans la grande rue
qui partage en deux la ville,
elle n’est pas une sainte
à qui l’huile coule du nez
ni une princesse heureuse
dans un musée de cire
ni une chanteuse prometteuse
sur le plateau de télévision,
les voitures s’arrêtent
les étudiants, les ouvriers et le fleuve s’arrêtent
au moment où elle passe rapide
son visage est une moitié de planète
à la lumière de la lune,
on dit qu’elle est étudiante en première année
et ouvrière précaire
dans la vieille usine de verre.
(Bandar Abd al-Hamid)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
Posted in poésie | Tagué: (Bandar Abd al-Hamid), étudiant, chanteur, cheveux, ciré, comète, couler, couvrir, femme, fleuve, grand, heureux, huile, jour, livre, lumière, lune, main, moitié, musée, nez, ouvrier, partager, passer, planète, plateau, précaire, princesse, prometteur, rapide, rue, s'arrêter, saint, silencieux, télévision, trembler, usine, verre, vieux, ville, visage, voiture | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2023
L’Américain à Tokyo avec sa pendule cassée
Pour Shiina Takako
Les gens me regardent —
Ils sont des millions.
pourquoi cet étrange Américain
arpente-t-il les rues du début de soirée
tenant une pendule cassée
à la main ?
Est-il réel ou n’est-il qu’une illusion ?
Comment la pendule s’est cassée, peu importe.
Les pendules se cassent.
Tout se casse.
Les gens nous regardent moi et la pendule cassée
que je tiens comme un rêve
dans mes mains.
*
L’américain à Tokyo avec sa pendule cassée / suite
Pour Shiina Takako
C’est incroyable le nombre de
personnes que l’on rencontre quand on
transporte une pendule cassée à Tokyo.
Aujourd’hui je transportais la pendule
à nouveau, essayant de la remplacer
à l’identique.
La pendule n’était plus du tout réparable.
Toutes sortes de gens s’intéressaient
à la pendule. De parfaits inconnus sont venus me voir
pour se renseigner sur la pendule en japonais
bien sûr
et j’acquiesçais : oui, j’ai une pendule cassée.
Je l’ai emportée au restaurant et les gens
se sont rassemblés autour. Je recommande de
transporter une pendule cassée toutes les fois où vous
voulez rencontrer de nouveaux amis. Je pense que ça
marcherait n’importe où dans le monde.
Si vous voulez aller en Islande
et rencontrer les gens, emportez
une pendule cassée.
Ils se rassembleront comme des mouches.
***
The American in Tokyo with a Broken Clock
For Shiina Takako
People stare at me —
There are millions of them.
Why is this strange American
walking the streets of early night
carrying a broken clock
in his hands?
Is he for real or is he just an illusion?
How the clock got broken is not important.
Clocks break.
Everything breaks.
People stare at me and the broken clock
that I carry like a dream
in my hands.
*
The American Carrying a Broken Clock in Tokyo Again
For Shiina Takako
It is amazing how many people you
meet when you are carrying a
broken clock around in Tokyo.
Today I was carrying the broken clock
around again, trying to get an exact
replacement for it.
The clock was far beyond repair.
All sorts of people were interested
in the clock. Total strangers came up to me
and inquired about the clock in Japanese
of course
and I nodded my head: Yes, I have a broken clock.
I took it to a restaurant and people gathered
around. I recommend carrying a broken clock
with you at all times if you want to meet new
friends. I think it would work anyplace in the world.
If you want to got to Iceland
and meet the people, take
a broken clock with you.
They will gather around like flies.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
Posted in poésie | Tagué: (Richard Brautigan), acquiescer, aller, américain, ami, arpenter, autour, étrange, casser, emporter, essayer, gens, identique, illusion, inconnu, incroyable, Islande, main, marcher, million, monde, mouche, nouveau, parfait, partout, pendule, personne, pourquoi, réel, réparable, rêve, recommander, regarder, remplacer, rencontrer, restaurant, rue, s'intéresser, se casser, se rassembler, se renseigner, soirée, tenir, Tokyo, transporter, voir, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
Pour mon enterrement
De mon vivant, j’arpentais les rues de la capitale,
Dans ma mort, me voilà confondu au sein des plaines.
À l’aube, mes pas vifs résonnaient dans le grand hall du palais
À l’ombre, je loge désormais auprès des sources jaunes.
Un soleil blanc se dépose dans le Golfe de Yu
Son char d’or à l’arrêt, ses coursiers au repos.
Le dieu, dans sa gloire céleste,
Ne pourrait-il restaurer mon unité perdue ?
Corps et visage lentement décomposés,
Dents et cheveux dispersés au loin.
Voilà le chemin des hommes et toute chose ;
Qui saurait en rompre la trame de bronze ?
(Miu Xi)
(186-245)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
Posted in poésie | Tagué: (Miu Xi), arpenter, arrêt, aube, blanc, bronze, capitale, céleste, char, chemin, cheveux, confondre, corps, coursier, décomposer, désormais, dent, Dieu, disperser, enterrement, gloire, golfe, hall, homme, jaune, lentement, loger, loin, moir, ombre, or, palais, perdu, plaine, résonner, repos, restaurer, rompre, rue, savoir, se déposer, sein, soleil, source, trame, unité, vif, visage, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022
Quand on est amoureux on est ivre.
Comme cet homme hier dans la rue.
Il avançait, étourdi de boisson.
La voix forte, le geste ample.
Il s’entretenait avec lui-même.
Il a soudain fouillé dans son manteau, en a sorti de l’argent
Qu’il a jeté par poignées sur la route.
Puis s’en est allé.
Dédaigneux de sa fortune. Délié de soi.
Déprit de tout royaume.
Oui l’on est un peu comme ça lorsqu’on est amoureux.
On vide ses poches, on perd son nom.
On découvre avec ravissement la certitude de n’être rien.
(Christian Bobin)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Christian Bobin), amoureux, argent, étourdi, boisson, certitude, découvrir, dédaigneux, fortune, hier, ivre, jeter, manteau, perdre, ravissement, rien, rue, s'entretenir, vider | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2022
les frontières sont là, les rues, l’oubli
et l’herbe et les concombres, et les chèvres et le genêt,
l’enthousiasme est là, oui les frontières sont là;
les branches sont là, le vent qui les agite
est là, et l’unique signe des branches
de cet arbre qu’on appelle précisément le chêne est là,
de cet arbre qu’on appelle précisément le frêne, le bouleau
le cèdre est là, et le signe répété
est là, sur le gravillon de l’allée; elles sont là
aussi les larmes, l’armoise et le laurier sont là,
les otages, l’oie cendrée, et les petits de l’oie cendrée;
et les fusils sont là, un jardin d’énigmes,
sec et sauvage, orné des seules groseilles,
les fusils sont là; au milieu du ghetto
éclairé et chimique ils sont là les fusils oui,
avec leur précision ancienne et paisible ils sont là
les fusils, et les pleureuses sont là, rassasiées
comme hiboux inassouvis, le lieu du crime est là;
le lieu du crime oui, insouciant, naturel, abstrait,
baigné d’une lumière de chaux, pitoyable,
ce poème tout blanc, vénéneux, qui s’effrite
***
grænserne findes, gaderne, glemslen
og græs og agurker og geder og gyvel,
begejstringen findes, graenserne findes;
grenene findes, vinden der løfter dem
findes, og grenenes eneste tegning
af netop det træ der kaldes egetræet findes,
af netop det træ der kaldes asketræet, birketræet,
cedertrœet findes, og tegningen gentaget
findes, i havegangens grus; findes
også gråden, og gederams og gråbynke findes,
gidslerne, grågåsen, grågåsens unger;
og geværerne findes, en gådefuld baghave,
tilgroet, gold og kun smykket med ribs,
geværerne findes; midt i den oplyste
kemiske ghetto findes geværerne,
med deres gammeldags, fredelige præcision findes
geværerne, og grædekonerne findes, mætte
som grådige ugler, gerningsstedet findes;
gerningsstedet, døsigt, normalt og abstrakt,
badet i et hvidkalket, gudsforladt lys,
dette giftige, hvide, forvitrende digt
(Inger Christensen)
Traduction de Zéno Bianu,
avec la collaboration de Karl Ejby Poulsen
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
Posted in poésie | Tagué: (Inger Christensen), agiter, allée, ancien, arbre, armoise, éclairer, énigme, baigner, blanc, bouleau, branche, cèdre, cendre, chaux, chêne, chimique, concombre, crime, enthousiasme, frêne, frontière, fusil, ghetto, gravillon, groseilles, herbe, hibou, inassouvi, jardin, larme, laurier, lieu, lumière, oie, orage, orner, oubli, paisible, pitoyable, pleureuses, poème, précis, précision, rassasier, répéter, rue, s'effriter, sauvage, sec, signe, unique, vénéneux, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022
PAMPOÉSIE
Poésie, patrimoine étoilé :
il fallut découvrir peu à peu ventre vide et sans guide
ton terrestre héritage,
la clarté lunaire et l’épi secret.
La clef, de la solitude à la foule,
se perdait dans les rues et dans les bois
et sous les pierres et dans les trains.
La condition obscure en est le premier sceau,
l’ivresse grave avec un simple verre d’eau,
le corps rassasié sans avoir mangé,
le coeur qui mendie avec son orgueil.
Et bien d’autres choses que taisent les livres
remplis d’une splendeur sans joie : il faut
entamer peu à peu la pierre qui écrase,
dissoudre peu à peu le minerai de l’âme
jusqu’à ce que tu sois celui qui lit,
jusqu’à ce que l’eau chante par ta bouche.
Ce qui est plus facile que la mer à boire
et plus difficile aussi que naître sans fin.
C’est un étrange office qui te cherche
et qui se cache quand on l’a cherché,
c’est une ombre au toit crevassé
mais où dans chaque trou il y a une étoile.
(Pablo Neruda)
Posted in poésie | Tagué: (Pablo Neruda), âme, écraser, épi, étoile, étrange, boire, bois, bouche, chanter, chercher, clarté, clef, coeur, condition, corps, crevasse, découvrir, difficile, dissoudre, eau, entamer, facile, fin, foule, grave, guide, héritage, ivresse, joie, lire, livre, lunaire, manger, mendier, mer, minerai, naître, obscur, office, ombre, orgueil, pampoésie, patrimoine, pierre, poésie, premier, rassasier, remplir, rue, sceau, se cacher, se perdre, secret, simple, solitude, splendeur, taire, terrestre, toit, train, trou, ventre, verre, vide | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2022
Les enfants de Syrie,
emmaillotés dans leurs linceuls
comme des bonbons enveloppés.
Mais ils ne sont pas en sucre.
Ils sont de chair
et de rêves
et d’amour.
Les rues vous attendent,
les jardins, les écoles
et les fêtes vous attendent,
enfants de Syrie.
C’est trop tôt
pour être des oiseaux
et pour jouer dans le ciel.
(Maram al-Masri)
Posted in poésie | Tagué: (Maram al-Masri), amour, attendre, école, bonbon, chair, ciel, emmailloter, enfant, envelopper, fête, jardin, jouer, linceul, oiseau, rêve, rue, sucre, Syrie, tôt | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 septembre 2022
C’est une lueur tournante qui s’engage dans les ruelles au crépuscule.
On ne pourrait dire si un visage habite cette clarté étrange,
ou bien des mains monstrueusement pâles qui frappent aux vitres obscures, qui regardent.
Au fond des chambres sans lumière,
les visages se cachent au fond des mains.
Puis un vent bleu de nuit possède la rue déserte.
(Paul Nougé)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Nougé), étrange, chambre, clarté, crépuscule, désert, dire, frapper, habiter, lueur, lumière, main, obscur, pâle, regarder, rue, ruelle, se cacher, tournant, vent, visage, vitre | Leave a Comment »