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Poésie

Posts Tagged ‘ruée’

Qui (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2020



Illustration: Josephine Wall 
    
Qui

Dans le bleu du ciel, dans le vert des forêts,
quelle main a peint ces rayons de lumière ?
Quand les vents dormaient encore au sein du firmament,
qui les éveilla et leur ordonna de souffler ?

Perdu dans le coeur, dans la caverne de la Nature,
retrouvé dans le cerveau, Il bâtit la pensée ;
tissé dans le dessin et dans l’éclat des fleurs,
saisi dans le réseau lumineux des astres,

Il est la force d’un homme, la beauté d’une femme,
le rire d’un garçon, l’émoi d’une fille ;
et Sa main qui fit tournoyer Jupiter dans le ciel
met tout son art à façonner une boucle.

Tels sont Ses oeuvres et Ses voiles et Ses ombres ;
mais Lui, où est-Il donc ? Par quel nom Le connaître ?
Est-il Brahma ou Vishnu ? Homme ou femme ?
Avec ou sans corps ? Double ou unique ?

Nous aimons un jeune garçon au teint sombre et radieux,
une femme, redoutable et nue, est notre souveraine.
Nous L’avons vu méditer sur la neige des montagnes,
nous L’avons vu à l’oeuvre au coeur des sphères.

Au monde entier nous dirons Ses voies et Son art ;
Il sent l’extase de la torture, de la passion, de la douleur ;
Il jouit de notre chagrin et fait couler nos larmes,
puis à nouveau nous séduit par Sa joie et Sa beauté.

Toute musique n’est que le son de Son rire,
toute beauté le sourire de Sa béatitude passionnée ;
nos vies sont les battements de Son coeur, notre extase les noces
de Râdhâ et Krishna, et notre amour leur baiser.

Sa force retentit dans la sonnerie des trompettes,
c’est Lui qui roule dans le char, qui frappe dans le combat ;
Il tue sans compter et Il est plein de compassion ;
Il combat pour le monde jusqu’à la fin des temps.

Dans la ruée des mondes, dans la houle des âges,
ineffable, puissant, majestueux et pur,
par-delà le dernier pinacle atteint par le penseur
Il trône en Ses royaumes qui demeurent à jamais.

Maître de l’homme et son éternel Bien-Aimé,
Il est proche de nos coeurs, si seulement nous savions Le voir ;
mais notre orgueil nous aveugle et le faste de nos passions,
nous sommes prisonniers de nos pensées, et nous nous croyons libres.

C’est Lui dans le Soleil qui est sans âge et sans mort,
et dans la minuit Son ombre est étendue ;
quand les Ténèbres étaient aveugles et englouties par les Ténèbres,
Il se tenait en elles, immense et solitaire.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Langue s’abîme (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2018



Illustration: Daniel Martineau
    
langue s’abîme

ruée

du

rien

(Bernard Noël)

 

Recueil: Un livre de fables
Traduction:
Editions: Fata Morgana

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BRUITS DE LA CAMPAGNE (John Clare)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2018




    
BRUITS DE LA CAMPAGNE

Le froissement des feuilles sous les pas dans les bois et sous les haies
Le craquement de la neige et de la glace pourrie dans les allées cavalières du bois et les sentiers étroits et sur chaque chaussée de rue
Le bruissement ou plutôt le bruit de ruée au bois lorsque le vent mugit à la cime des chênes comme un tonnerre
Le frou-frou d’aile des oiseaux chassés de leur nid ou volant sans qu’on les voie dans les buissons
Le sifflement que font en volant dans les bois de plus grands oiseaux tels que corneilles faucons buses etc
Le trottinement des rouges-gorges et des alouettes des bois sur les feuilles brunes et le tapotement des écureuils sur la mousse verte
La chute d’un gland sur le sol le crépitement des noisettes sur les branches des noisetiers quand elles tombent mûres
Le frrrout de l’alouette des champs qui se lève du chaume

— Quelles scènes exquises les matins de rosée quand la rosée jaillit en éclair de ses plumes brunes

(John Clare)

 

Recueil: Poèmes et Proses de la Folie de John Clare
Traduction: Pierre Leyris
Editions: Mercure de France

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DE LA TOUR (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2017




    
DE LA TOUR

Cette terre grise lissée par le vent dans ses croupes,
dans son galop vers la mer,
dans sa ruée de troupeaux sous les dômes
et les contreforts de l’intérieur, vue
dans le vertige depuis les glacis, file
la lumière, file de mystérieuses années-lumière,
file un seul destin de multiples façons,
dit : « regarde-moi, je suis ton étoile »
et en cet instant s’enfonce plus profond
dans le coeur l’épine de la vie.
Cette terre toscane nue et pure
où court la pensée de celui qui reste
ou qui, issu d’elle, s’en éloigne.

Mes années, plus de quarante, essaiment toutes
hors de leur nid d’abeilles. Elles cherchent
ici plus qu’ailleurs leur pain, s’enquièrent
de nous, de vous murés dans la croûte
de ce corps lumineux. Et persiste,
persiste à pulluler la mort — la vie —
tendre et hostile, claire et inconnaissable.

Voilà ce que l’oeil saisit de cette tour de guet.

***

DALLA TORRE

Questa terra grigia lisciata dal vento nei suoi dossi
nella sua galoppata verso il mare,
nella sua ressa d’armento sotto i gioghi
e i contrafforti dell’interno, vista
nel capogiro dagli spalti, fila
luce, fila anni luce misteriosi,
fila un solo destino in moite guise,
dice : « guardami, sono la tua stella »
e in quell’attimo punge più profonda
il cuore la spina della vita.
Questa terra toscan brulla e tersa
dove corre il pensiero di chi resta
o cresciuto da lei se ne allontana.

Tutti i miei più che quarant’anni sciamano
fuori del loro nido d’ape. Cercano
qui più che altrove il loro cibo, chiedono
di noi, di voi murati nella crosta
di questo corpo luminoso. E seguita,
seguita a pullulare morte e vita
tenera e ostile, chiara e inconoscibile.

Tanto afferra l’occhio da questa torre di vedetta.

(Mario Luzi)

 

Recueil: Dans l’oeuvre du monde
Traduction: Philippe Renard, Bernard Simeone
Editions: Editions Unes

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La Métamorphose (Francis Ponge)

Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2017



metamorphose1

La Métamorphose

Tu peux tordre au pied des tiges
L’élastique de ton coeur
Ce n’est pas comme chenille
Que tu connaîtras les fleurs
Quand s’annonce à plus d’un signe
Ta ruée vers le Bonheur

Il frémit et d’un seul bond
Rejoignit les papillons…

(Francis Ponge)

Illustration

 

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De la tour (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2015



sensational oilpaintings, artist: christian seebauer - germany

sensational oilpaintings, artist: christian seebauer – germany

 

De la tour

Cette terre grise lissée par le vent dans ses croupes,
dans son galop vers la mer,
dans sa ruée de troupeaux sous les dômes
et les contreforts de l’intérieur, vue
dans le vertige depuis les glacis, file
la lumière, file de mystérieuses années-lumière,
file un seul destin de multiples façons,
dit : « regarde-moi, je suis ton étoile »
et en cet instant s’enfonce plus profond
dans le cœur l’épine de la vie.
Cette terre toscane nue et pure
où court la pensée de celui qui reste
ou qui, issu d’elle, s’en éloigne.

(Mario Luzi)

Illustration

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

 

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