Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020

Brahim Bouarram
Les tueurs sont à l’affût*
Mère, ma superbe
mon imprudente
Toi qui t’apprêtes à me mettre au monde
De grâce, ne me donne pas de nom
Car les tueurs sont à l’affût
Mère, fais que ma peau
soit d’une couleur neutre
Les tueurs sont à l’affût
Mère, ne parle pas devant moi
Je risque d’apprendre ta langue
et les tueurs sont à l’affût
Mère, cache-toi quand tu pries
laisse-moi à l’écart de ta foi
Les tueurs sont à l’affût
Mère, libre à toi d’être pauvre
mais ne me jette pas dans la rue
Les tueurs sont à l’affût
Ah mère, si tu pouvais t’abstenir
attendre des jours meilleurs
pour me mettre au monde
Qui sait
Mon premier cri
ferait ma joie et la tienne
Je bondirais alors dans la lumière
comme une offrande de la vie à la vie
* Poème à la mémoire de Brahim Bouarram,
jeune Marocain jeté et noyé dans la Seine, le 1er mai 1995,
par un groupe de skinheads venant d’une manifestation du Front national.
(Abdellatif Laâbi)
Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2018
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Posted by arbrealettres sur 5 juin 2018

OBITUAIRE DU TEMPS PRÉSENT
Pour lui c’est tout un —
où il commence
et où il finit. Blanc d’oeuf, le blanc
de son oeil : il dit
lait d’oiseau, sperme
coulant de sa propre
parole. Car l’oeil
est inconstant,
s’accroche seulement à ce qui est, ni plus ni moins
ici que là, mais partout, à chaque
objet. Il n’en retient
aucun. N’écrit
rien. Il s’abstient
du coeur
des choses vivantes. Il attend.
Et s’il commence, il finira,
comme si son oeil s’était ouvert dans la bouche
d’un oiseau, comme s’il n’avait jamais commencé
à être en aucun lieu. Il parle
de distances
non moins éloignées que celles-ci.
(Paul Auster)
Illustration: Salvador Dali
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