Ravagé par tout ce qui aux yeux est juste,
Pourtant affamé des joies qui bénissent vraiment,
Mon âme ne peut trouver aucun escalier
Pour monter au ciel, sauf la beauté de la terre.
Car des étoiles au-dessus
Descend une lumière glorieuse
Qui élève notre désir à leur plus haut sommet
Et porte le nom d’amour.
Il n’y a rien non plus qui puisse émouvoir
Un cœur doux, ou le purger ou le rendre sage,
Mais la beauté et la lumière des étoiles de ses yeux.
Il voit au-delà de notre âme
Le revers des mystères,
Est à vif jusqu’en son sommeil,
Se presse tranquillement solitaire.
En équilibre, son corps chaloupe
Sur la corde d’un chemin tendu.
Le chat parle une langue millénaire
Jauge, fixe, les yeux mi-clos,
Les fentes et les blessures
De nos plus vieilles lunes.
Il marche lentement son silence,
Mais connaît toutes les distances.
Il voit l’invisible
Et apprivoise celui qu’il a choisi.
Il prend la vie à pleines griffes
Et s’en va, impassible sage,
Se cacher pour mourir.
(Patrick Bertrand)
Recueil: Silence la queue du chat balance
Traduction:
Editions: Actes Sud
Jeanneton prend sa faucille
La rirette, la rirette
Jeanneton prend sa faucille
Pour aller couper les joncs
Pour aller couper les joncs
En chemin elle rencontre
La rirette, la rirette
En chemin elle rencontre
Quatre jeunes et beaux garçons
Quatre jeunes et beaux garçons
Le premier, le plus timide
La rirette, la rirette
Le premier, le plus timide
Lui caressa le menton
Lui caressa le menton
Le deuxième, un peu moins sage
La rirette, la rirette
Le deuxième, un peu moins sage
L’entraîna dans les buissons
L’entraîna dans les buissons
Le troisième encore moins sage
La rirette, la rirette
Le troisième encore moins sage
Lui souleva son jupon
Lui souleva son jupon
Ce qui fit le quatrième
La rirette, la rirette
Ce qui fit le quatrième
N’est pas dit dans ma chanson
N’est pas dit dans ma chanson
La morale de cette histoire
La rirette, la rirette
La morale de cette histoire
C’est qu’les hommes sont des cochons
C’est qu’les hommes sont des cochons
Ouais mais c’est pas fini parce que:
La morale de cette morale
La rirette, la rirette
La morale de cette morale
C’est qu’les femmes aiment les cochons
C’est qu’les femmes aiment les cochons
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Trouve l’Amour de tous les commencements,
Connais-le,
Alors chaque jour est émotion durable
Jamais ne se rompra le commencement.
Si le doux sage joue, subtil, du Plein Amour,
Pierre précieuse,
Lotus flottant sur le lac,
Alors la lune s’élève dans le ciel bleu,
L’étoile accrochée,
Les deux prises l’une à l’autre ;
Deux lettres enlacées pour être,
Trois pour le rituel,
L’extase portée vers.
L’Amour agit
Si tu sais mourir vivant à l’Amour,
Immortel tu deviendras dans le monde mortel
Trouve l’Amour de tous les commencements,
Connais-le.
(Dîn Doyal)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
Écoute bien, ma sœur d’ici.
C’était la vieille chambre bleue
De la maison de mon enfance.
J’étais né là.
C’est là aussi
Que m’apparut jadis, dans le recueillement de la vigile,
Mon premier arbre de Noël, cet arbre mort devenu ange
Qui sort de la profonde et amère forêt,
Qui sort tout allumé des vieilles profondeurs
De la forêt glacée et chemine tout seul,
Roi des marais neigeux, avec ses feux follets
Repentis et sanctifiés, dans la belle campagne silencieuse et blanche :
Et voici les fenêtres d’or de la maison de l’enfant sage.
Vieux, très vieux jours ! si beaux, si purs ! c’était la même chambre
Mais froide pour toujours, mais muette, mais grise.
Elle semblait avoir à jamais oublié
Le feu et le grillon des anciennes veillées.
Il n’y avait plus de parents, plus d’amis, plus de serviteurs !
Il n’y avait que la vieillesse, le silence et la lampe.