Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘sagement’

Les gardiens (Werner Lambersy)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2020



Que sagement le rectangle
gouverne nos villes
et nos vies

qu’il protège nos songes
des cercles où s’égare
le ciel

aux courbes appartiennent
nos épouses et c’est bien

dehors les gardiens
du gel pur de nos pensées

arpentent aveuglés
les terrasses de nos sens

(Werner Lambersy)


Illustration

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Je bats la semelle (Attila Jozsef)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2018



Je bats la semelle

Qu’est le gîte aujourd’hui que j’avais bien connu,
Maisonnette où l’on m’aime, où je suis attendu?
Où je suis attendu…
Irai-je à gauche, irai-je à droite, je vacille.
Je lève haut les yeux sur l’étoile qui brille.
Sur l’étoile qui brille…

Mais je fuirai l’étoile et ferai sagement.
Où l’étoile n’est pas, on m’aimera vraiment.
On m’aimera vraiment…

(Attila Jozsef)

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A ta rencontre (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2018



A ta rencontre

Alors que l’esprit pensif
Je traverse des lieux
De tentation et de perversité
Tu m’attends sagement
Dans ta chaumière
Cousant pour des dames patronnesses
Sur ta machine Singer.

Sous un soleil vindicatif
Je parcours une campagne en deuil
Dont l’horizon fuit devant moi
Tandis que la mer abandonne le rivage
Et que la grève se déroule sous mes pieds.

Mais j’arrive avec l’espoir de te retrouver
Pour partager avec toi
Ce que je cherche encore
Et en te serrant dans mes bras
Je prépare dans mon cœur
Les mots que je vais prononcer
Pour n’en pas détruire la magie.

J’étreins ton corps
Mais ton cœur est ailleurs
En quête d’un autre.

Je percerai les secrets
De ton regard énigmatique
Si bleu qu’il en devient froid
Et qu’il fascine les êtres.

Je poserai des baisers ardents
Sur tes lèvres de glace
Et saurai te faire fondre
En caressant ta chair
Avec des gestes d’amour.

Oublions les aubes prématurées
Et les jours avortés
Et que refleurissent les buissons
Qui embaumaient nos étreintes !

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration: Pierre-Auguste Renoir

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CONJONCTURE (Hans Magnus Enzensberger)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2018




    
CONJONCTURE

Ce que vous mangez ce n’est pas
ce que vous croyez ce n’est pas
de la viande qu’on vous donne à bouffer,
c’est de l’appât, c’est bon
(peut-être les pêcheurs ont-ils
oublié leur ligne, peut-être
ont-ils fait le voeu
de jeûner désormais?)

L’hameçon n’a pas un goût de gâteau
mais le goût du sang
il va vous arracher à votre bouillon tiède :
Comme l’air est froid au bord de la Bérézina!
Et vous allez dévaler
sur un sable étranger
sur des glaces étrangères :
Groenland Nevada,
vos membres vont agripper
la peau du désert de Nubie.

Soyez sans crainte ! Les pêcheurs distingués
ont bonne mémoire et vieille expérience.
Ils ont pour vous l’affection
du charcutier pour son cochon.
Les voici sagement assis au bord du Rhin,
du Potomac, de la Bérézina,
au bord de tous les fleuves du monde.
Ils vous font paître. Ils attendent.

Et vous, vous déchirant la gorge à belles dents,
dans votre crainte de crever de faim,
vous vous battez pour le mortel appât.

(Hans Magnus Enzensberger)

 

Recueil: Mausolée
Traduction: Maurice Regnaut et Roger Pillaudin
Editions: Gallimard

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Arbre de Diane (Eliseo Diego)

Posted by arbrealettres sur 11 février 2018



Illustration: Simon Glaubert
    
Arbre de Diane

Mais si un enfant triomphe de
l’animal sombre
du soir, de l’homme sinistre
des recoins,
avec un vieux morceau de
bois, tu découvres
que la lumière nous aimait, et que
acceptant
sagement, les arbres, pleins
de poussière ancienne,
nous offrent l’ombre, oui,
l’ultime pénombre,
comme qui apporte une consolation,
une espérance.

(Eliseo Diego)

 

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Tristesse du souvenir (Luis Cernuda)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2017



Illustration: Lazo de Valdez Elisa
    

Tristesse du souvenir

Au détour vague des songes
D’un petit matin tardif, m’accompagnait
Ton image bien-aimée, comme un jour
D’une époque révolue, lorsque Dieu le voulait.

Le fleuve d’en-bas a tant roulé ses eaux,
Tant de feuilles perdues, emportées par le vent
Depuis que nos ombres regardèrent sagement
Leur désir s’effacer au soleil du couchant.

Cette flamme était belle et brève
Comme tout ce qui est beau : lumière et crépuscule.
Puis vint la nuit profonde et ses cendres
Masquèrent la veillée des étoiles.

Tel un joueur fébrile devant sa carte
Nous risquâmes une âme solitaire
Sur notre rencontre et perdîmes la mise.
Nos corps parmi les hommes demeurèrent en peine.

Qui parle d’oublier ? L’oubli n’existe pas.
Vois comme au travers d’une paroi de glace
S’éloigne cette ombre, là-bas, dans le lointain
Dépouillée du désir et de son nimbe radieux.

Tout a un prix et j’ai payé
Celui de cette lointaine grâce;
Mon sommeil achevé je ne trouve au réveil
Qu’une couche vide et dehors l’aube morte.

(Luis Cernuda)

 

Recueil: Les nuages
Traduction: Anthony Bellanger
Editions: Fata Morgana

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Le coeur vole vole vole (Pierre Reverdy)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2016



Le coeur vole vole vole
Dans les tourbillons du vent
Le coeur vole vole vole
Dans les rayons du printemps

Le coeur vole vole vole
Dans la cage des amants
Le coeur vole vole vole
Dans l’orage et les tourments

Puis se pose pose pose
Se pose bien sagement
Puis se pose pose pose
Entre les bras d’un enfant

(Pierre Reverdy)


Illustration

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Il pleut (Odilon-Jean Périer)

Posted by arbrealettres sur 22 août 2016



Il pleut. je n’ai plus rien à dire de moi-même
Et tout ce que j’aimais, comme le sable fin
Sans peser sur la plage où les vents le dispersent
(Amour dont je traçais un émouvant dessin)

S’évanouit… La seule étendue inutile
Mais seule, mais unie, en pente vers la mer,
Me laisse par l’écume aller d’un pas tranquille
Qu’elle efface après moi. Toi, paysage amer,

Paysage marin, le seul où je sois libre,
Qui parle mieux qu’un homme, avec plus de grandeur,
Donne-moi, pour un soir, cette raison de vivre,
– Le secret de ta grâce au milieu du malheur :

Sans faiblesses, sans fleurs charmantes ni flétries
Mais tellement plus beau qu’aucun ouvrage humain,
La terre unie au ciel par la foudre ou la pluie
Et les quatre éléments tenus dans une main.

Vous faites ces beautés, lumières de l’orage,
Dunes, léger trésor, mouvement des éclairs,
– Mais il reste à traduire un si noble langage
Et vous n’aurez de sens que celui de mes vers

– Quand je n’avais plus rien à dire de moi-même
Ce paysage m’a répondu sagement :
Car la création est le jeu que je mène
Et jusqu’à mes ennuis doivent former un chant.

(Odilon-Jean Périer)

Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/
Illustration: ArbreaPhotos

 

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