Posts Tagged ‘salpêtre’
Posted by arbrealettres sur 7 février 2020

CHOSES QUI FONT QU’ON SE DEMANDE POURQUOI ON EST TRISTE
Écoute Est-ce le vent ? Écoute Réveille-toi
Est-ce un renard ? Le vent ? Est-ce un pas ? Qui hésite ?
Est-ce un oiseau de nuit clopinant sur le toit ?
Est-ce un chagrin de mes dix ans ayant rejoint ma piste ?
Ou bien l’hésitation à la marge des bois
d’une bête en suspens entre l’ombre et la fuite ?
Écoute On a marché Il faudrait aller voir
C’est peut-être le vent qui fait battre un volet
dans une maison basse au fond de ma mémoire
que j’ai oublié de fermer avant de m’en aller
pour toujours il y a des années
et le volet n’en finit pas dans une autre nuit noire
de battre sur le mur disparu comme si le mur et lui existaient.
Écoute Est-ce la pluie ou bien le vent dehors
qui font glisser le long du silence étonné
le chuchotis furtif d’une averse qui s’endort
puis qui reprend fait halte encore et recommence à pianoter ?
Ai-je rêvé que je pleurais ? Ai-je rêvé que j’étais mort ?
Et maintenant est-ce la pluie sur cette joue ou les larmes que j’ai rêvées ?
Était-ce toi qui m’attendais minuit d’une autre vie ?
Je me suis égaré J’ai cherché très longtemps l’orée et le chemin
J’ai dû marcher des heures dans l’humus sous la pluie
et quand j’ai reconnu la barrière l’allée d’ormeaux le grand pin
qui donc était sur le seuil soulevant la lampe à pétrole dans la nuit ?
(et dans la cheminée brûlait un grand feu qui sentait la lavande et le pin)
Écoute C’est le vent qui se trompe d’années
qui confond les saisons les pays mon absence
le vent qui ne sait plus où il s’est égaré
C’est lui qui bat Ou bien mon coeur À quoi pense
t-il ? Il bat si loin de moi comme à la dérobée
Est-ce que tu te souviens de la promesse d’enfance ?
On a frappé Je vais ouvrir Ce n’est que moi
Je venais visiter celui que j’ai cru être
Où est la lampe ? Qui a éteint le feu de bois ?
Je passais par ici Il y avait autrefois une allée de grands hêtres
Non C’étaient des ormeaux On les a abattus
Je vais repartir Ne vous occupez pas Il fait déjà froid
Ce n’est que moi Et je m’en vais Odeur d’hiver et de salpêtre
Écoute Est-ce le vent ? Était-ce moi ? Une heure sonne
Ce n’est que moi Ou bien le vent Ou bien personne
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), abattre, absence, attendre, averse, écouter, étonner, barrière, bas, battre, bête, bois, brûler, chagrin, chemin, cheminer, chercher, chuchotis, clopiner, confondre, disparu, en suspens, enfance, exister, fermer, feu, fond, froid, fuite, furtif, halte, hésitation, hésiter, hiver, humus, joue, lampe, larme, lavande, maison, marcher, marge, mémoire, minuit, moi, mort, mur, noir, nuit, odeur, oiseau, ombre, orée, ormeau, oublier, pas, pays, personne, pianoter, pin, piste, pleurer, pluie, pourquoi, promesse, rêver, recommencer, reconnaître, rejoindre, renard, repartir, reprendre, s'égarer, s'en aller, s'endormir, s'occuper, saison, salpêtre, se demander, se réveiller, se souvenir, se tromper, silence, toit, triste, vent, vie, visiter, voir, volet | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018

LE VILLAGE
Le village quadrille le soleil
damier de soufre et de salpêtre
pêcherie des souffrances tues
Le long apprentissage à n’être rien
en nos veines descend monacale brûlure
et l’orgueil se consume
et chaque ombre ferme son poing
sur un vacillement de vie
telle une lampe à jamais sous le vent
s’enferme en sa fragilité
Ô ces longs regards sous la pierre
qu’ouvre tout grand la lourde obscurité
toujours prompte à peser dans les choses
L’absence d’espérer alourdit les paupières
jusqu’au nocturne poids du végétal
Amère finitude
qui restreint l’âme à la chair
la chair à la faim la faim à la nuit
(Roland Brachetto)
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Posted in poésie | Tagué: (Roland Brachetto), absence, alourdir, amer, apprentissage, âme, brûlure, chair, damier, descendre, espérer, faim, finitude, fragilité, lampe, monacal, nocturne, nuit, orguil, paupière, pierre, poids, quadriller, regard, restreindre, rien, s'enfermer, salpêtre, se consumer, soleil, souffrance, soufre, vacillement, végétal, veine, vent, vie, villlage | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2018
SALPÊTRE
Entre les champignons et les volcans
état larvaire de l’eau qui veut devenir feu.
(Jacques Lacarrière)
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Posted by arbrealettres sur 1 juin 2017

LES USINES
Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l’eau de poix et de salpêtre
D’un canal droit, marquant sa barre à l’infini,
Face à face, le long des quais d’ombre et de nuit,
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
Ronflent terriblement usines et fabriques.
Rectangles de granit et monuments de briques,
Et longs murs noirs durant des lieues,
Immensément, par les banlieues ;
Et sur les toits, dans le brouillard, aiguillonnées
De fers et de paratonnerres,
Les cheminées.
Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l’infini,
Ronflent le jour, la nuit,
Les usines et les fabriques.
Parée et noire et opulente,
Au cri des orgues violentes
Qui la célèbrent,
La mort tout en ténèbres
Règne, comme une idole assise,
Sous la coupole des églises.
Des feux, tordus comme des hydres,
Se hérissent, autour du catafalque immense,
Où des anges, tenant des faulx et des clepsydres,
Dressent leur véhémence,
Clairons dardés, vers le néant.
Le vide en est grandi sous le transept béant ;
De hautes voix d’enfants
Jettent vers les miséricordes
Des cris tordus comme des cordes,
Tandis que les vieilles murailles
Montent, comme des linceuls blancs,
Autour du bloc formidable et branlant
De ces massives funérailles.
Drapée en noir et familière,
La Mort s’en va le long des rues
Longues et linéaires.
Drapée en noir, comme le soir,
La vieille Mort agressive et bourrue
S’en va par les quartiers
Des boutiques et des métiers,
En carrosse qui se rehausse
De gros lambris exorbitants,
Couleur d’usure et d’ancien temps.
Drapée en noir, la Mort
Cassant, entre ses mains, le sort
Des gens méticuleux et réfléchis
Qui s’exténuent, en leurs logis,
Vainement, à faire fortune,
La Mort soudaine et importune
Les met en ordre dans leurs bières
Comme en des cases régulières.
Et les cloches sonnent péniblement
Un malheureux enterrement,
Sur le défunt, que l’on trimballe,
Par les églises colossales,
Vers un coin d’ombre, où quelques cierges,
Pauvres flammes, brûlent, devant la Vierge.
Vêtue en noir et besogneuse,
La Mort gagne jusqu’aux faubourgs,
En chariot branlant et lourd,
Avec de vieilles haridelles
Qu’elle flagelle
Chaque matin, vers quels destins ?
Vêtue en noir,
La Mort enjambe le trottoir
Et l’égout pâle, où se mirent les bornes,
Qui vont là-bas, une à une, vers les champs mornes ;
Et leste et rude et dédaigneuse
Gagne les escaliers et s’arrête sur les paliers
Où l’on entend pleurer et sangloter,
Derrière la porte entr’ouverte,
(Emile Verhaeren)
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Posted in poésie | Tagué: (Emile Verhaeren), ange, église, égout, banlieue, bière, borne, brouillard, chariot, clepsydre, cloche, colossal, cri, défunt, enterrement, fabrique, fenêtre, flageller, flamme, fortune, haridelle, hydre, jeter, logis, lourd, misère, miséricorde, morne, mort, orgue, paratonnerre, pleur, pleurer, poix, rue, salpêtre, sangloter, ténèbre, trimbaler, trottoir, usines, usure, vierge | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2016
Tout d’un coup
Le coeur est reparti dans un bruit de gâchettes
Le coeur a fait sauter la tête
On ne sait plus où va s’attiser le regard
Feu de paille!
Où vont ces lèvres vers quels fards
A quels seins vouer ses bras?
Et si nos cris d’amour ne nous revenaient pas!
La terre est retournée
Les murs ont fait craquer leur torse de salpêtre
Les visages se sont ouverts avec les fenêtres
Le printemps a roulé sur les rails de la nuit
(René Guy Cadou)
Illustration: Sabin Balasa
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Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2015
Fleurs d’Espérance
Aux barbelés des camps et des prisons
Eclosent d’étranges fleurs d’espérance
Nées de la peur, des cris, de l’ignorance
Qu’un coeur parfois fait devenir chanson
Et de ces peurs, de ces coeurs, de ces fleurs
Et de ces ronces et de ces fers rouillés
Un fruit parfois vient à maturité,
Un fruit poussé au terreau du malheur.
Et il prend là des noms bien différents,
Couleur du regard que chacun lui porte,
Arrête-toi et laisse filer le temps.
Le temps ici hélas est démesure
La liberté perçue entre deux portes,
Et fleurs de salpêtre sur les vieux murs.
(Paul Henri Lezac)
Textes de Prisonniers: lecercledespoetesdetenus
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