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Cent fois que je vais à la poste (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022




    
Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.

Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.

Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.

Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.

Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.

Dans les vaillantes kibitkas
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.

Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.

(Kibitka : traîneau couvert)

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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COOL – WEST SIDE STORY (West Side Story)

Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2021




    

COOL – WEST SIDE STORY

Mec, mec, tu es dingue,
Reprends-toi, mec !
Tu as une fusée dans la poche,
Reste coolly cool, mec
Ne t’excite pas,

Car, mon pote,
Des moments sublimes t’attendent.
Tout doux, beau gosse,
Tu peux vivre ce moment et mourir au lit !

Mec, mec, tu es dingue,
Reste souple, mec !
Calme et sang-froid, c’est l’heure de vérité.
Vas-y mollo, mec !
Vas, mon gars, vas-y,
Mais surtout ne t’emballe pas.
Joue-la décontracté, mec,
Bien détendu !

(West Side Story)

***

WEST SIDE STORY – COOL

Boy, boy, crazy boy,
Get cool, boy!
Got a rocket in your pocket,
Keep coolly cool, boy!
Don’t get hot,

‘Cause man, you got
Some high times ahead.
Take it slow and Daddy-O,
You can live it up and die in bed!

Boy, boy, crazy boy!
Stay loose, boy!
Breeze it, buzz it, easy does it.
Turn off the juice, boy!
Go man, go,
But not like a yo-yo schoolboy.
Just play it cool, boy,
Real cool!

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Une chanson (William Butler Yeats)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2018



 

Une chanson

Je pensais qu’il ne fallait rien
Pour prolonger la jeunesse
De plus qu’haltères et fleuret
Qui conservent jeune le corps.
Oh, qui aurait pu prédire
Que le coeur vieillirait aussi ?

Pour plaire j’ai certes des mots,
Mais quelle femme s’en contente
Si je ne perds plus mon sang-froid
Du seul fait d’être à côté d’elle ?
Oh, qui aurait pu prédire
Que le coeur vieillirait aussi ?

Je n’ai pas perdu le désir,
Mais bien mon coeur d’autrefois ;
Je croyais bien qu’il brûlerait
Mon corps jusqu’à son lit de mort,
Car qui aurait pu prédire
Que le coeur vieillirait aussi ?

***

A song

I thought no more was needed
Youth to prolong
Than dumb-bell and foil
To keep the body young.
O who could have foretold
That the heart grows old ?

Though I have many words,
What woman’s satisfied,
I am no longer faint
Because at her side?
O who could have foretold
That the heart grows old ?

I have not lost desire
But the heart that I had ;
I thought ‘twould burn my body
Laid on the death-bed,
For who could have foretold
That the heart grows old ?

(William Butler Yeats)

Illustration: Edward Hopper

 

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Dans les livres, il y a quelque chose de divin (Henri Michaux)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2016



 

Les choses sont une façade,une croûte.Dieu seul est.
Mais dans les livres, il y a quelque chose de divin.

Le monde est mystère,les choses évidentes sont mystère,
les pierres et les végétaux.

Mais dans les livres peut-être y a-t-il une explication, une clef.
Les choses sont dures, la matière,les gens,les gens sont durs,et inamovibles.

Le livre est souple, il est dégagé. Il n’est pas une croûte.Il émane.
Le plus sale, le plus épais émane. Il est pur. Il est d’âme. Il est divin.

De plus il s’abandonne.

… Dans les livres, il cherche la révélation.
Il les parcourt en flèche.
Tout à coup, grand bonheur, une phrase … un incident… un je ne sais quoi,
il y a là quelque chose…

Alors il se met à léviter vers ce quelque chose avec le plus qu’il peut de lui-même,
parfois s’y accole d’un coup comme le fer à l’aimant.
Il y appelle ses autres notions « venez, venez ».

Il est là quelque temps dans les tourbillons et les serpentins et dans une clarté, qui dit
« c’est là ».

Après quelque intervalle, toutefois, par morceaux, petit à petit,
le voilà qui se détache, retombe un peu, beaucoup, mais jamais si bas que là où il était précédemment.
Il a gagné quelque chose. Il s’est fait un peu supérieur à lui-même.

Il a toujours pensé qu’une idée de plus n’est pas une addition.
Non, un désordre ivre, une perte de sang-froid, une fusée, ensuite une ascension générale.
Les livres lui ont donné quelques révélations.

En voici une :
Les atomes. Les atomes, petits dieux.
Le monde n’est pas une façade, une apparence.
II est : Ils sont, Ils sont, les innombrables petits dieux, ils rayonnent.
Mouvement infini, infiniment prolongé.

(Henri Michaux)

 

 

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