Posts Tagged ‘sanscrit’
Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2021
![René Julien_le-jour-des-noces [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/11/renc3a9-julien_le-jour-des-noces-1280x768.jpg?w=701&h=1000)
C’ÉTAIT UNE AUTRE EPOQUE
Nous étions assis sous une horloge sans nuages
comme à la source du temps bref.
La jeune fille la plus proche parlait le sanscrit
et quelqu’un lui demanda un chemin qui n’existait pas.
Derrière nous un village
aux yeux agrandis par le loisir.
Nous froissions des caresses
longtemps retenues aux vitres de la pluie
et la rouille gagnait l’extrémité de nos doigts.
Enfants tardifs et désoeuvrés
dont les visages ne servaient à personne
nous laissions l’herbe monter autour de nous
comme un besoin coupable
et nous rêvions de disparaître
enfin voilés par ce caprice aux longs cils
exemptés de toute présence et de tout lieu.
C’était un jour incrusté d’oubli
comme une chapelle baroque
un jour qui n’avait pas la force de se lever
et de nous regarder pâlir.
(Georges Henein)
Illustration: René Julien
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Henein), assis, époque, caprice, caresse, chemin, coupable, disparaître, force, froisser, herbe, horloge, incrusté, jeune fille, loisir, nuage, oubli, pâlir, proche, sanscrit, se lever, servir, source, village, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 août 2018

Le monde est méchant
Le monde est méchant, ma petite:
Avec son sourire moqueur
Il dit qu’à ton côté palpite
Une montre en place de coeur.
– Pourtant ton sein ému s’élève
Et s’abaisse comme la mer,
Aux bouillonnements de la sève
Circulant sous ta jeune chair.
Le monde est méchant, ma petite:
Il dit que tes yeux vifs sont morts
Et se meuvent dans leur orbite
A temps égaux et par ressorts.
– Pourtant une larme irisée
Tremble à tes cils, mouvant rideau,
Comme une perle de rosée
Qui n’est pas prise au verre d’eau.
Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tu n’as pas d’esprit,
Et que les vers qu’on te récite
Sont pour toi comme du sanscrit.
– Pourtant, sur ta bouche vermeille,
Fleur s’ouvrant et se refermant,
Le rire, intelligente abeille,
Se pose à chaque trait charmant.
C’est que tu m’aimes, ma petite,
Et que tu hais tous ces gens-là.
Quitte-moi ; – comme ils diront vite:
Quel coeur et quel esprit elle a !
(Théophile Gautier)
Illustration: Charles Dwyer
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Posted in poésie | Tagué: (Théophile Gautier), abeille, bouche, bouillonnement, charmant, cil, coeur, esprit, haïr, larme, méchant, mer, monde, montre, moqueur, palpiter, quitter, réciter, rideau, sanscrit, sève, sein, sourire, vers | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juin 2017

L’inscription
Tu regardes mes mains
frêles — dis-tu — comme des fleurs
tu regardes ma bouche
trop petite pour dire : monde
— balançons-nous plutôt sur la tige des instants
buvons le vent
voyons comme nos yeux s’éteignent
l’odeur de fané est la plus belle
et la forme des ruines insensibilise
il est en moi une flamme qui pense
un vent pour l’incendie et pour la voile
mes mains sont impatientes
je peux
façonner avec de l’air
la tête d’un ami
je répète un poème que je voudrais
traduire en sanscrit
ou en pyramide :
quand la source des étoiles se tarira
nous éclairerons les nuits
quand le vent deviendra pierre
nous attendrirons l’air
(Zbigniew Herbert)
Illustration: Ismael Nery
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Posted in poésie | Tagué: (Zbigniew Herbert), air, attendrir, éclairer, étoile, boire, bouche, façonner, flamme, fleur, frêle, impatiente, inscription, insensibiliser, main, monde, nuit, pierre, pyramide, répéter, regarder, ruine, s'éteindre, sanscrit, se balancer, source, traduire, vent | Leave a Comment »