Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘scarabée’

O femmes des pierres (Benjamin Péret)

Posted by arbrealettres sur 21 mars 2023




O femmes des pierres
vos maris sont partis
et coupent des glaces
vos sexes sont usés comme un miroir
et vos pieds les remplacent
Vos maris sont partis
Dans la main de leur meilleur ami
vit un scarabée
léger et lucide
C’est la vie
Mais si vous regardez les plantes merveilleuses
qui s’agitent dans les tiroirs secrets
un secret amour pour le jeu
et les étoiles filantes
occupera tous vos instants

(Benjamin Péret)

Illustration: Sabin Balasa

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Les scarabées (Anne Tardy)

Posted by arbrealettres sur 25 juin 2022



Coulée de sable,
les scarabées
cul par-dessus tête

(Anne Tardy)

 

 

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , , , | Leave a Comment »

Aux arbres (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021




    

Aux arbres

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le coeur d’amour.
Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l’esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe profonde,
L’étude d’un atome et l’étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance,
Et je suis plein d’oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel! –
J’ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère!

Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds,
Ravins où l’on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère,
C’est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m’endormirai.

(Victor Hugo)

 

Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Les grenouilles (Maurice Rollinat)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2019



Les grenouilles

Elles s’en vont au loin s’accroupir sur les pierres,
Sur les champignons plats, sur les bosses des troncs
Et clignotent bientôt leurs petites paupières
Dans un nimbe endormeur et bleu de moucherons.

Emeraude vivante au sein des herbes rousses
Chacune luit en paix sous le midi brûlant ;
Leur respiration a des lenteurs si douces
Qu’à peine on voit bouger leur petit goître blanc.

Elles sont là, sans bruit, rêvassant par centaines,
S’enivrant au soleil de leur sécurité ;
Un scarabée errant, du bout de ses antennes,
Fait tressaillir parfois leur immobilité.

Les autres, que sur l’herbe un bruit laisse éperdues
Ou qui préfèrent l’onde au sol poudreux et dur,
A la surface, aux bords, les pattes étendues,
Inertes, hument l’air, le soleil et l’azur.

(Maurice Rollinat)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tout est morne … (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2019



Tout est morne. On a peur quand l’aube qui s’éveille
Fait une plaie au bas des cieux, rouge et vermeille ;
On a peur quand la bise épand son long frisson ;
On a peur quand on voit, vague, à fleur d’horizon,
Montrant dans l’étendue au crépuscule ouverte,

Son dos mystérieux d’or et de nacre verte,
Ramper le scarabée effroyable du soir ;
On a peur quand minuit sur les monts vient s’asseoir !
Pourtant, dans cette masse informe et frémissante,

Il semble par moments qu’on saisisse et qu’on sente
Comme un besoin d’hymen et de paix, émouvant
Toutes ces profondeurs de nuée et de vent ;
Tout cherche à se parler et tout cherche à s’entendre ;

La terre, à l’océan jetant un regard tendre,
Attire à son flanc vert ce sombre apprivoisé ;
Mais l’eau quitte le bord après l’avoir baisé,
Et retombe, et s’enfonce, et redevient tourmente.

Il n’est rien qui n’hésite et qui ne se démente ;
Le bien prête son voile au mal qui vient s’offrir ;
Hélas ! l’autre côté de savoir, c’est souffrir ;
Aube et soir, vie et deuil ont les mêmes racines ;

Le sort fait la recherche et l’angoisse voisines ;
D’où jaillit le regard on voit sortir le pleur ;
Et si l’oeil dit Lumière, il dit aussi Douleur.
Tout est morne ….

(Victor Hugo)

 Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Claire lumière (Francesca Y. Caroutch)

Posted by arbrealettres sur 18 octobre 2018



tunnel-800x600

Claire lumière

Carence d’avoir
et surcroît d’être bleu scarabée
Mise en abîme des évidences

Nous sommes les Parques
qui tissons notre propre destinée

Les pensées d’anthracite ou de nacre
ondoient dans un demi-sommeil

La sentinelle a prévenu :
C’est trois jours après la mort
que l’on doit s’éveiller
dans une apocalypse de lumière
Précipite-toi vers la clarté
dans la matrice de l’espace

Le vide ne peut blesser le vide

(Francesca Y. Caroutch)

Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr/

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA PLUIE (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2018




    
LA PLUIE

La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en silence.
Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres.
Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures.

La pluie au printemps est délicieuse.
Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfum qui m’étourdit.
On voit briller au soleil la peau délicate des écorces.

Hélas! que de fleurs sur la terre! Ayez pitié des fleurs tombées.
Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue;
mais les conserver aux abeilles.

Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les flaques d’eau;
je ne veux pas marcher sur eux,
ni effrayer ce lézard doré qui s’étire et cligne des paupières.

(Pierre Louÿs)

 

Recueil: Les chansons de Bilitis
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

SEUL (André Spire)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2018



 

SEUL

Ils me plaignent :
« Le voilà qui prend son bâton
Et sort tout seul.
Il nous fuit. Voyez ses yeux étranges.
Il n’emporte pas même un livre. Que fait-il ?
Est-ce un méchant ? Un révolté ? Est-ce un malade ? »
Seul, belle route blanche,
Entre tes bas-côtés pleins d’herbes et de fleurs;
Sur tes cailloux qui content de si vieilles histoires!

Seul, forêt, avec l’écorce bleue de tes sapins;
Avec ton vent qui sait parler à tous les arbres;
Avec tes processions de fourmis qui entraînent
Des petits corps de scarabées.

Seul, avec vous, prairies imbibées de soleil,
Pleines de bruits, de cris et de têtes dressées.

Seul parmi vous, mouches, émerillons, milans,
Buses, sources, rochers, crevasses, ronces,
Brumes, nuages, brouillards, aiguilles, cimes, abîmes.
Chaleur, odeurs, ordre, chaos, désordre,
Parmi les dialogues que vos bouches rivales
Ne cessent d’échanger!

Seul avec mon bâton, seul avec ma fatigue,
Ma poussière, mes tempes qui battent, mon vertige,
Et la fière sueur qui colle sur ma peau.

(André Spire)

Illustration: Lahitte

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

INTÉRIEUR (Paul Auster)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2018



 

INTÉRIEUR

Chair déchirée
du tout autre.
Et chaque chose ici, comme si c’était la dernière chose
à dire : le son d’un mot
marié à la mort, et la vie
qui est cette force en moi
à disparaître.

Volets clos. La poussière
d’un moi antérieur, vidant l’espace
que je ne remplis pas. Cette lumière
qui croît au coin de la pièce,
là où la pièce
entière
a basculé.

La nuit ressasse. Une voix qui ne me parle
que de choses infimes.
Pas même des choses — mais de leurs noms.
Et où n’est aucun nom —
de pierres. Le tintamarre des chèvres
remontant par les villages
de midi. Un scarabée
dévoré dans la sphère
de sa propre fiente. Et le pullulement violet
des papillons au loin.

Dans l’impossibilité des mots,
dans le mot imprononcé
qui asphyxie,
je me trouve.

(Paul Auster)

Illustration: Léon Bonnat

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La pluie (Pierre Louÿs)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2018



La pluie

La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en
silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres.
Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures.

La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées
de fleurs mouillées ont un parfum qui m’étourdit. On voit briller
au soleil la peau délicate des écorces.

Hélas ! que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs
tombées. Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue ;
mais les conserver aux abeilles.

Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les
flaques d’eau ; je ne veux pas marcher sur eux, ni effrayer ce
lézard doré qui s’étire et cligne des paupières.

(Pierre Louÿs)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :