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Poésie

Posts Tagged ‘se charger’

Je pense que je pense et d’y penser je suis (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023



Illustration: Salvador Dali
    
Je pense que je pense et d’y penser je suis
Et ne suis parce que je pense
Et ce triste savoir embrouille ma science
Ajoute une nuit à mes nuits.

Que ne suis-je sans être et sans une mémoire
Mêlant le demain et l’hier
Et qui déroule en moi cette mouvante moire
Dangereuse comme la mer.

Mieux me va le sommeil et son vague mélange
Où je ne me charge de rien
Et son théâtre obscur dont la pièce me change
En un moi qui n’est plus le mien.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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RYTHMES (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2020




    
RYTHMES

Tout débuta
Dans l’arythmie
Le chaos

Des vents erratiques
S’emparaient de l’univers
L’intempérie régna

L’indéchiffrable détonation
Fut notre prologue

Tout fut
Débâcle et dispersion
Turbulences et gaspillage
Avant que le rythme
Ne prenne possession
De l’espace

Suivirent de vastes accords
D’indéfectibles liaisons
Des notes s’arrimèrent
Au tissu du rien
Des courroies invisibles
Liaient astres et planètes

Du fond des eaux
Surgissaient
Les remous de la vie

Dans la pavane
Des univers
Se prenant pour le noyau
La Vie
Se rythma
Se nuança

De leitmotiv
En parade
De reprise
En plain-chant

La Vie devint ritournelle
Fugue Impromptu
Refrain
Se fit dissonance
Mélodie Brisure
Se fit battement
Cadence Mesure

Et se mira
Dans le destin

Impie et sacrilège
L’oiseau s’affranchissait
Des liens de la terre

Libre d’allégeance
Il s’éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies

S’unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L’oiseau s’allia à l’espace
S’accoupla à l’étendue
S’emboîta dans la distance
Se relia à l’immensité
Se noua à l’infini

Tandis que lié au temps
Et aux choses
Enfanté sur un sol
Aux racines multiples
L’homme naquit tributaire
D’un passé indélébile

Le lieu prit possession
De sa chair
De son souffle
Les stigmates de l’histoire
Tatouèrent sa mémoire
Et sa peau

Venu on ne sait d’où
Traversant les millénaires
L’homme se trouva captif
Des vestiges d’un monde
Aux masques étranges
Et menaçants

Il s’en arrachait parfois
Grâce aux sons et aux mots
Aux gestes et à l’image
À leurs pistes éloquentes
À leur sens continu

Pour mieux tenir debout
L’homme inventa la fable
Se vêtit de légendes
Peupla le ciel d’idoles
Multiplia ses panthéons
Cumula ses utopies

Se voulant éternel
Il fixa son oreille
Sur la coquille du monde
À l’écoute
D’une voix souterraine
Qui l’escorte le guide
Et l’agrandit

Alors
De nuits en nuits
Et d’aubes en aubes
Tantôt le jour s’éclaire
Tantôt le jour moisit

Faiseur d’images
Le souffle veille

De pesanteur
Le corps fléchit

Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voila
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
À la Vie

L’esprit cheminait
Sans se tarir
Le corps s’incarnait
Pour mûrir
L’esprit se libérait
Sans périr
Le corps se décharnait
Pour mourir

Parfois l’existence ravivait
L’aiguillon du désir
Ou bien l’enfouissait
Au creux des eaux stagnantes

Parfois elle rameutait
L’essor
D’autres fois elle piétinait
L’élan

Souvent l’existence patrouillait
Sur les chemins du vide
Ou bien se rachetait
Par l’embrasement du coeur

Face au rude
Mais salutaire
Affrontement
De la mort unanime
L’homme sacra
Son séjour éphémère
Pour y planter
Le blé d’avenir.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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En toi ces amours que les morts ont laissées (Jean-François Mathé)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2020



en toi ces amours que les morts ont laissées
tu les enclos pour que le ciel ne les gagne
et les tue avec le bleu terrible des
saisons tu es seul
la pluie froide épaule
se charge de tous les toits tuiles oublis
laissant le vent des rues errer dans notre sang
alors nous crions de la douce douleur
d’être vivants avec des corps et des sommeils
toi tu es là dans la pire des nuits
préservant contre tout un éclat d’étoiles

(Jean-François Mathé)


Illustration: Sabin Balasa

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RYTHMES (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2018



 

Akitaka Ito 371

RYTHMES

Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voila
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
A la Vie

(Andrée Chedid)

Illustration: Akitaka Ito

 

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Quand tu chantes et qu’il neige (Arthur Bidegain)

Posted by arbrealettres sur 8 mai 2018



 

quand tu chantes et qu’il neige
et que le feu crépite de petites histoires
et que même l’air se
charge des poussières libres et bleues
je laisse mon corps
pour aller danser
atomes d’air
et cellules d’os
à une fréquence que seule
toi chantes
dans la lande déserte
de nos voeux

(Arthur Bidegain)

Illustration

 

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Poésie (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2018



Se charger à l’extrême comme le Tonnerre –
Et puis – alors que toute chose
Se terre – éclater grandiose –
Voilà – qui serait Poésie

(Emily Dickinson)


Illustration: Pierre-Paul Feyte

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A perte de sens (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2018




    
A perte de sens
L’odeur brûlée des pinèdes
Une faiblesse superficielle
S’est chargée de mes bras
Je me voudrais encore
Sous l’écorce du premier jour.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: Poésie la vie entière
Traduction:
Editions: Seghers

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La nuit venait nager nue (Jean-Louis Chrétien)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2018



Illustration: Anne-Marie Zylberman
    
la nuit venait nager nue
dans le golfe de nos gestes

elle ruisselait d’étoiles
qui tombaient dans nos yeux clos

si fatale était la douceur
nos souffles brisés s’enlaçaient pour renaître

nous restions seuls sous l’arche du silence
l’air se chargeait peu à peu de mémoire

nos mains jamais n’avaient assez d’oubli
un feu dansait dans l’été gémissant

(Jean-Louis Chrétien)

 

Recueil: Entre Flèche et Cri
Traduction:
Editions: Obsidiane

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J’étais mort (Mawlana Rûmî)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2017



 


    
J’étais mort, je devins vivant;
j’étais en pleurs, je devins rires

Le règne de l’amour est venu,
et mon règne devint durable
(…)

Il me dit: tu n’es pas fou,
tu n’es pas digne de cette maison!

Je partis, je devins fou,
je me chargeai de chaînes

Il me dit: tu n’es pas ivre, va-t-en,
tu ne fais pas partie de la bande!

Je partis, je devins ivre
et rempli d’allégresse

Il me dit: tu n’es pas mort,
cela ne cadre pas avec l’allégresse!

Devant sa face de résurrection,
je devins mort, renversé

Il me dit: tu es un petit malin,
plein d’illusions et de doutes

Je devins bête, hébété,
de tout je me suis détaché

Il me dit : tu es bougie,
devenu pôle de cette assemblée

Je ne suis ni assemblée, ni bougie,
je devins fumée dispersée

Il me dit: tu es maître et seigneur,
tu es chef de file et guide

Je ne suis ni maître ni chef,
je ne suis que ton serviteur

(Mawlana Rûmî)

 

 

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Le pigeon roucoule (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 19 avril 2017



 

pigeon  rl

Le pigeon roucoule
Se charge d’espace.

(Guillevic)

Illustration

 

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