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Posts Tagged ‘se consoler’

On a festoyé et bu jusque tard dans la nuit (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    

On a festoyé et bu jusque tard dans la nuit

on a festoyé et bu jusque tard dans la nuit
mais on a fini par rentrer seul à la maison pour
se consoler, il semble que tant de choses
tournent autour de ça, comme les branches
d’un arbre dès que le vent
cesse de souffler.

***

Feasting and Drinking Went on Far into the Night

Feasting and drinking went on far into the night but in
the end we went home alone to console ourselves which
seems to be what so many things are all about like the
branches of a tree just after the wind
stops blowing.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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Rébecca (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2021



 

Drazenka Kimpel  16 [1280x768] [1280x768]

Rébecca

Elle réalise en vérité les jeux inavoués que chaque femme rêve en son âme.
Celles qui n’ont plus d’amour, près des fontaines se consolent;
celles qui ne savent pas encore, près d’elle se devinent.
Celles qui s’échappent du brasier se reposent;
celles qui souffrent de l’immobilité se reprennent.

(Franz Hellens)

Illustration: Drazenka Kimpel

 

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L’hirondelle (Louise de Vilmorin)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2020



L’hirondelle

« Je n’irai plus aux bois
d’Afrique
Où dansent tous les rois
de pique. »

La dernière hirondelle
se meurt
Elle bat de ses ailes
son cœur.
Du fil télégraphique
désert
Où tremble une musique
d’hiver
Elle crie et appelle
ses sœurs :
« Au secours hirondelles
j’ai peur. »
Mais sa voix trop petite
se perd
Dans le vent qui agite
la mer.
Elle entend un message
d’amant
Passer en son plumage
mourant.
La parole est oiseau
comme elle
Qui pose au manteau
des belles.
« Ton Paul t’aime et t’adore
toujours,
Il pense à nos aurores
d’amour. »
Ah ! beau ciel de paroles
rempli
Toutes les bouches volent
la nuit.
Paupières de voyage
en pleurs
Elle prend le message
et meurt.
Orages de tendresse
l’oiseau
Se console ou se blesse
aux mots.
La dernière hirondelle
est là
Inerte sous son aile
qui bat.

Et moi je suis debout à la fenêtre
Je vois l’hirondelle à terre et pourtant
Je ne pense qu’à celui que j’attends
Celui qui m’aime et me dira peut-être :

« Viens avec moi aux bois
d’Afrique
Où dansent tous les rois
de pique. »

(Louise de Vilmorin)

Illustration: Sonia Mandel

 

 

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LA PROIE (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2020




Illustration: ArbreaPhotos
    
LA PROIE

Le chien qui crie au fond de moi
attend sa proie
et ce n’est que ce souvenir
cette main douce
qui le chasse
Chien perdu
aux yeux sans larmes
que la nuit guette
cette nuit peuplée de cette foule
qui n’est qu’un seul visage
qu’un seul appel
qu’une seule ombre
Chien peureux chien malheureux
fuyard vaincu
qui ne sait qu’aboyer
à la mort
pour se consoler

(Philippe Soupault)

 

Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset

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Rondeau des moineaux qui vont à l’école (Jacques Roubaud)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2020




    
Rondeau des moineaux qui vont à l’école

Quand vous irez à l’école
Petits moineaux du printemps
N’oubliez pas en partant
De peigner vos plumes folles
Avec un peigne à cinq dents

Et chantez bien les paroles
De vos leçons en volant
Quand vous irez à l’école

Que les punis se consolent
Les larmes sèchent au vent
Vous trouverez en rentrant
Des grains de blé dans vos bols
Quand vous irez à l’école

(Jacques Roubaud)

 

Recueil: Rondeaux poésies
Traduction:
Editions: Gallimard

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Il est peut-être mort (Jean-Hugues Malineau)

Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2020



    

Il est peut-être mort
le cerisier en fleurs
sous lequel je m’étais consolé

(Jean-Hugues Malineau)

 

Recueil: Trente haïku rouges ou bleus
Traduction:
Editions: Pluie d’étoiles

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Sur le pas de la porte (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2019




Une fois j’ai aimé, j’ai cru qu’on m’aimerait,
Mais on ne m’a pas aimé.
Je ne fus pas aimé pour cette unique bonne raison :
Cela ne devait pas être.
Je me suis consolé en retournant sous le soleil et sous la pluie,
Et en m’asseyant à nouveau sur le pas de la porte.

(Fernando Pessoa)


Illustration: Hippolyte Flandrin

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Que d’yeux (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2018



 

Juliette Brigand-Damville 20

Que d’yeux, en éventail, en ogive, ou d’inceste,
Depuis que l’Etre espère, ont réclamé leurs droits !
Ô ciels, les yeux pourrissent-ils comme le reste ?
Oh ! qu’il fait seul ! oh ! fait-il froid !
Oh ! que d’après-midi d’automne à vivre encore !
Le Spleen, eunuque à froid, sur nos rêves se vautre !
Or, ne pouvant redevenir des madrépores,
Ô mes humains, consolons-nous les uns les autres.
Et jusqu’à ce que la nature soit bien bonne,
Tâchons de vivre monotone

(Jules Laforgue)

Illustration: Juliette Brigand-Damville

 

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Églantine (J.J. Grandville)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2018



Églantine

On a vu au commencement de ce livre
qu’en quittant le domaine de la Fée aux Fleurs,
l’Églantine manifesta l’intention bien arrêtée de se faire femme de lettres.
Cette profession était tombée en discrédit, et on ne se souvenait guère
que par tradition du temps où il existait des femmes de lettres,
lorsque l’Églantine arriva en Gascogne.
Ce pays lui plut naturellement, et elle se fixa à Toulouse, capitale des troubadours.
Jeune, belle, riche, elle obtint tout de suite un grand succès,
ses salons ne désemplissaient pas, on la citait pour son esprit,
son bon goût, l’éclat de sa parure.

Comme il faut que toute femme de lettres ait sa manie,
elle ne se montrait en public que chaussée de bas couleur d’azur.
De là le nom de bas-bleu qu’on a donné par la suite
à toutes les personnes du beau sexe qui s’occupent de poésie et de littérature.
L’Églantine épousa Lautrec, jeune et beau cavalier qui l’aimait passionnément,
et qui, pour devenir son mari, brava la malédiction paternelle.

Quelques mois après, Lautrec en était à se repentir.
Elle voulait qu’il s’occupât des soins du ménage,
qu’il comptât avec la cuisinière, avec la blanchisseuse,
avec le boucher, avec l’épicier, avec tous les fournisseurs.
Un moment Lautrec se consola en songeant qu’il allait devenir père.

Hélas, ce titre fut pour lui un nouveau surcroît de chagrin et de désespoir.
L’Églantine lui laissait tout le soin du marmot:
c’était à lui à le débarbouiller, à le bercer, à le garder.
Elle émit la première cette pensée, aussi ingénieuse que profonde:
un mari est une bonne donnée par le Code civil.

Lautrec mourut jeune, les uns disent de fatigue et de chagrin,
les autres d’une fluxion de poitrine.
Quoi qu’il en soit, l’Églantine le pleura et composa une magnifique épitaphe en vers gascons
pour orner la tombe de son mari.

(J.J. Grandville)

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L’absence (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 22 mai 2018



 

Steven Rushefsky  The-Letter [1280x768]

L’absence

Quinze longs jours encore et plus de six semaines
Déjà ! Certes, parmi les angoisses humaines
La plus dolente angoisse est celle d’être loin.

On s’écrit, on se dit que l’on s’aime, on a soin
D’évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste
De l’être en qui l’on met son bonheur, et l’on reste
Des heures à causer tout seul avec l’absent.
Mais tout ce que l’on pense et tout ce que l’on sent
Et tout ce dont on parle avec l’absent, persiste
À demeurer blafard et fidèlement triste.

Oh! l’absence! le moins clément de tous les maux!
Se consoler avec des phrases et des mots,
Puiser dans l’infini morose des pensées
De quoi vous rafraîchir, espérances lassées,
Et n’en rien remonter que de fade et d’amer!

Puis voici, pénétrant et froid comme le fer,
Plus rapide que les oiseaux et que les balles
Et que le vent du sud en mer et ses rafales
Et portant sur sa pointe aiguë un fin poison,
Voici venir, pareil aux flèches, le soupçon
Décoché par le Doute impur et lamentable.

Est-ce bien vrai ? Tandis qu’accoudé sur ma table
Je lis sa lettre avec des larmes dans les yeux,
Sa lettre, où s’étale un aveu délicieux,
N’est-elle pas alors distraite en d’autres choses?
Qui sait ? Pendant qu’ici pour moi lents et moroses
Coulent les jours, ainsi qu’un fleuve au bord flétri,
Peut-être que sa lèvre innocente a souri ?
Peut-être qu’elle est très joyeuse et qu’elle oublie?

Et je relis sa lettre avec mélancolie.

(Paul Verlaine)

Illustration: Steven Rushefsky

 

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