Puisque tu n’as jamais pris le temps de te dénuder,
J’entreprends aujourd’hui de te déshabiller.
De ta nudité, j’apprendrai les contours.
Je croquerai chaque courbe qui passera à ma portée.
Lorsque l’épreuve de ta géographie sera mise à jour,
Je l’offrirai à toutes les femmes dont tu as mendié l’amour.
(Virginie Greiner)
Recueil: EN MÂLES DE NUS
Traduction:
Editions: Attakus
Le soleil reste sur ta bouche
à la place où miroite encore un baiser.
Ton visage lui appartient mais il me le rend
pour des nuits plus longues que ma vie.
Ton corps pour lequel je m’éveille
s’éclaire plus vite que le jour
parce que le soleil surgit à toutes les places
où il y a des cailloux à pétrir.
Les forêts se dénudent pour lui
dans le secret de leurs clairières
mais c’est sur ta gorge
qu’il fait pousser ses plus beaux fruits.
La terre lui présente une à une
ses vallées les plus riches,
mais c’est sur ton ventre qu’il s’arrête,
simple bouquet de flammes.
(Lucien Becker)
Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde
Douce est la mort – ô mort à mon oreille
Comme un anneau, je reviendrai, musique
Au bout des doigts pour caresser tes lèvres
Et pour te dire au terme de ces jours,
0 tendre mort, nous voyageons ensemble.
Douce. 0 que terre et terre se dénudent.
Mon bras se tord et devient olivier.
Toute pensée ici est un fruit vert
Offrant son huile aux jarres de demain.
Faute de grain, je sème la parole,
Mon corps aussi parmi d’autres oranges
Qui vont roulant jusqu’au fond du ravin.
Douce est la mort. Sans miroir et sans armes,
Je reviendrai silène pour danser,
Nu comme un fruit, mais vêtu de nature,
Prince paré de ciel et de mort tendre.
Le long du fleuve qui remonte
Par les rives de la rencontre
Aux sources d’émerveillement
On voit dans le jour qui se lève
S’ouvrir tout un pays de rêve
Le tendre pays des amants
On part avec le coeur qui tremble
Du bonheur de partir ensemble
Sans savoir ce qui nous attend
Ainsi commence le voyage
Semé d’écueils et de mirages
De l’amour et de ses tourments
Quelques torrents de médisance
Viennent déchirer le silence
Essayant de tout emporter
Et puis on risque le naufrage
Lorsque le vent vous mène au large
Des îles d’infidélité
Plus loin le courant vous emporte
Vers les rochers de la discorde
Et du mal à se supporter
Enfin la terre se dénude
C’est le désert de l’habitude
L’ennui y a tout dévasté
Quand la route paraît trop longue
Il y a l’escale du mensonge
L’auberge de la jalousie
On y déjeune de rancune
Et l’on s’enivre d’amertume
L’orgueil vous y tient compagnie
Mais quand tout semble à la dérive
Le fleuve roule son eau vive
Et l’on repart à l’infini
Où l’on découvre au bord du Tendre
Le jardin où l’on peut s’étendre
La terre promise de l’oubli