Posted by arbrealettres sur 17 juin 2018

Du fond du rêve,
comme un poing illuminé
émergeant de la créature solitaire endormie,
surgit la volonté irrésistible
de continuer la narration.
Il ne s’agit pas de conter ceci ou cela,
ni de copier ou de traduire
ou d’enjôler le jour aux abois.
Il s’agit d’une pulsion bien plus forte
et qui ne peut s’interrompre :
poursuivre simplement la narration.
Narration qui n’a pas de début ni de fin,
narration qui n’est pas un genre,
qui nе lie pas une intrigue.
Images qui coulent comme un fleuve,
se prennent et se dessaisissent,
étrange manière de dire et de dédire
en arrière et en avant des choses.
Volonté de poursuivre la narration,
énergie éparse dans l’ici de partout,
qui ne distingue pas les vies des morts
ni l’homme d’autre chose
C’est l’histoire qui s’écoule tout au fond,
l’histoire sans et avec histoire
qui joint dans un bouquet délié
l’arôme de l’être
et le parfum du néant.
Le service demandé à l’homme
n’est que poursuite de la narration
quel que soit l’argument.
Et même sans aucun.
Recueil: Poésie et Réalité
Traduction: Jean-Claude Masson
Editions: Lettres Vives
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Posted by arbrealettres sur 15 juin 2018
Illustration: Allison Soong
DIVIDENDES DU SILENCE
Que peut écouter une oreille
quand elle s’appuie sur une autre?
L’absence de la parole
est un long signe moins
qui se dessaisit de son chiffre.
La couleur est une autre façon
de rassembler le silence.
La forme est un espace distinct
qui fait pression sur l’autre espace
comme le ferait une écorce.
Un oiseau recule
devant un soleil carré, noir
et s’arrête à l’envers sur le fil métallique
où se tait une pensée.
Et la pensée recule à son tour devant l’oiseau
comme l’élastique d’une fronde
qui lance des projectiles de silence.
Un poisson affolé
éparpille le coeur de l’eau
au centre de l’Homme
pour y ouvrir l’espace
où peut nager
le silence du poisson,
son acrobatie d’absence.
(Roberto Juarroz)
Recueil: Poésie et Réalité
Traduction: Jean-Claude Masson
Editions: Lettres Vives
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