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Poésie

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SANS LIEU SINON L’ATTENTE (Marie-Claire Bancquart)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023




    
SANS LIEU SINON L’ATTENTE

La graine s’ouvre
au point précis de toute graine.

Le merle sur le nid
se fixe en espace palpable.

Mais nous à la dérive
nos mains réunies sans mots pour prier
s’écartent vers le haut
laissant passer un grand corps d’ange timonier

Nous glissons à sa suite
sans lieu sinon l’attente.

(Marie-Claire Bancquart)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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Il est vrai que l’on entend dans les chairs (Jean-Marie Barnaud)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2022



Illustration: Andrey Kartashov
    
Il est vrai que l’on entend
Dans les chairs
Ces craquements
Ces coups de sonde sous l’armure
Comme de lointains appels

(qui donc écarte ainsi les fibres
pour faire de la place au vide)

Et l’on voit s’affadir
Le regard
Et passer dans l’iris
Sous les cernes des paupières
Toute la blancheur du temps

L’oeil
De plus en plus souvent
Se fixe
Sur moins que rien

Le temps de redonner au coeur
Un peu de son allant

On voudrait bien poser
La chevalée
Et comme finir
Nous pèse

(Jean-Marie Barnaud)

 

Recueil: Sous l’imperturbable clarté Choix de poèmes 1983-2014
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le domaine (Benoît Vermander)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020



Illustration: Erich Heckel
    
Le domaine

Il m’est donné cet espace
A bâtir et à planter.
Si j’y crois laisser ma trace
L’eau vite va l’effacer.

Il m’est donné cet espace
A compter et clôturer.
A la fin, de guerre lasse,
Je le déclôturerai.

Il m’est donné cet espace
A chérir et à léguer.
Si se fixe enfin ma place
C’est pour mieux l’abandonner.

(Benoît Vermander)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Numéro 128
Traduction:
Editions: Arpa

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Les herbes flottantes (Mibu no Tadamine)

Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2018



 

herbes flottantes

Les herbes flottantes
Sans racines ne peuvent s’arrêter
Dans les remous d’une cascade.
De même mon coeur flotte
Sans trouver à se fixer.

(Mibu no Tadamine)

Illustration

 

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La mémoire se fixe sur la douceur des peaux (Yves Mabin Chennevière)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2018



 

Illustration: Adèle Verger
    
— Fourbe est l’oubli des morts
qu’on a aimés vivants,
cruelle, l’illusion qu’aimer
se passerait des corps,

Montre-toi dans la lumière crue,
laisse-toi toucher, caresser, lécher,
laisse-moi t’enlacer à te couper le souffle,
laisse-toi envahir, conquérir, détenir,
laisse-moi m’égarer, me perdre
en cette invasion lente,

La mémoire se fixe sur la douceur des peaux,
la force des silences, les seuls mots incarnés,
alimente l’image des moments finis,
de l’humide fusion de nos corps épuisés ;

(Yves Mabin Chennevière)

 

Recueil: Variations du sensible
Traduction:
Editions: De la Différence

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La douleur est en moi (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 15 août 2017



Illustration: Paul Delvaux
    
La douleur est en moi de la même façon
que la boue dans les chemins sans soleil
et je n’ai pour lutter contre elle
que la hauteur de mes mains tendues,

que le battement de deux yeux où le monde n’entre
qu’avec son apparence de verdure et de clarté,
qu’un peu de sang qui suinte sous la peau
comme l’eau le long de certains murs obscurs.

De jour et de nuit, c’est l’aventure sans fin
où hommes et femmes se croisent et se fixent
en quête du regard qui pourra desceller
la lourde pierre qu’ils portent au fond des yeux.

Il y a tant de souffrance dans tout ce corps
où ils se tiennent comme au bord d’un puits
que l’amour s’y élève comme un feuillage jauni
qui n’aurait gardé de la flamme que la forme.

La fin du monde arrive à chaque instant
au-delà d’un coeur las d’être guetté par la mort,
au-delà d’un appel qui tourne entre les murs,
au-delà des femmes trop belles qu’on dépasse.

(Lucien Becker)

 

Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde

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C’est bien que tu sois venue (Yvon Le Men)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2015



C’est bien que tu sois venue
Même si peu de temps

Je ne demande pas à l’étoile filante
de se fixer au ciel
Pourtant
Comme elle est belle
Quand elle le traverse
Comme la nuit s’achève bien
Quand tu passes dans mon rêve

(Yvon Le Men)

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Il est temps que l’homme se fixe à lui-même son but (Frédéric Nietzsche)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2015



 

Sylvie Lemelin_Des fleurs pour ArlequinWEB

Et ainsi Zarathoustra se mit à parler au peuple :
Il est temps que l’homme se fixe à lui-même son but.
Il est temps que l’homme plante le germe de sa plus haute espérance.
Maintenant son sol est encore assez riche.
Mais ce sol un jour sera pauvre et stérile et aucun grand arbre ne pourra plus y croître.
Malheur ! Les temps sont proches où l’homme ne jettera plus par-dessus les hommes la flèche de son désir,
où les cordes de son arc ne sauront plus vibrer !

Je vous le dis : il faut porter encore en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante.

Je vous le dis : vous portez en vous un chaos.
Malheur ! Les temps sont proches où l’homme ne mettra plus d’étoile au monde.
Malheur ! Les temps sont proches du plus méprisable des hommes, qui ne sait plus se mépriser lui-même.
Voici ! Je vous montre le dernier homme.

Amour ? Création ? Désir ? Etoile ? Qu’est cela ?
Ainsi demande le dernier homme, et il cligne de l’œil.

La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout.
Sa race est indestructible comme celle du puceron; le dernier homme vit le plus longtemps.
Nous avons inventé le bonheur, – disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil.

Ils ont abandonné les contrées où il était dur de vivre : car on a besoin de chaleur.
On aime encore son voisin et l’on se frotte à lui: car on a besoin de chaleur.
Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment.
Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes !
Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables.
Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement.

On travaille encore, car le travail est une distraction.
Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point.
On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles.
Qui voudrait encore gouverner ?
Qui voudrait obéir encore?
Ce sont deux choses trop pénibles.

Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux :
qui a d’autres sentiments va de son plein gré dans la maison des fous.
Autrefois tout le monde était fou, – disent ceux qui sont les plus fins, et ils clignent de l’œil.

On est prudent et l’on sait tout ce qui est arrivé c’est ainsi que l’on peut railler sans fin.
On se dispute encore, mais on se réconcilie bientôt – car on ne veut pas se gâter l’estomac.
On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on respecte la santé.

Nous avons inventé le bonheur, – disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil.

(Frédéric Nietzsche)

Illustration: Sylvie Lemelin

 

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