Posts Tagged ‘se frayer’
Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2019

Illustration: Bernard Buffet
NE CROIS PAS…
Ne crois pas le monde une auberge – créée
Pour se frayer chemin par la griffe et le poing
Vers la table où l’on boit et l’on bâfre, tandis
Que regardent de loin les autres, les yeux glauques,
Défaillant, ravalant leur salive, serrant
Leur estomac que les crampes secouent,
Ô ne crois pas le monde une auberge!
Ne crois pas le monde une Bourse – créée
Afin que le puissant marchande avec le faible
Pour acheter leur déshonneur aux filles pauvres
Et aux femmes leur lait nourricier, aux hommes
La moelle de leurs os, leur sourire aux enfants,
Rare apparition des visages de cire,
Ô ne crois pas le monde une Bourse!
Ne crois pas le monde une jungle – créée
Pour les loups, les renards, rapine et duperie,
Le ciel – rideau tiré pour que Dieu ne voie rien,
La brume – afin qu’au mur nul regard ne te fixe,
Le vent – pour étouffer les plus farouches cris,
La terre pour lécher le sang des innocents,
Ô ne crois pas le monde une jungle!
Non, le monde n’est point auberge, Bourse ou jungle
Car tout y est pesé, tout y est mesuré,
Nulle goutte de sang et nul pleur ne s’effacent
Nulle étincelle en aucun oeil ne meurt en vain,
Les pleurs deviennent fleuve et le fleuve une mer
Et déluge la mer, l’étincelle tonnerre,
Ô ne crois pas qu’il n’est Juge ni Jugement!
***
MEYN NISHT
Meyn nisht di welt iz a kretshme – bashafn
Makhn a weg mit foystn un negl
Tsum shenk-pass un fresn un zoyfn, wen andere
Kukn fun weitn mit glezerne oygn
Farkhalesht, un shlingen dos shpayertz un tsyen
Tsuzamen dem mogn, wos warft zikh in krempfn ! –
O, meyn nisht di welt iz a krethsme !
Meyn nisht di welt iz a berze – bashafn
Der shtarker zol handlen mit mide un shwakhe,
Zol koyfn bey oreme meydlakh di bushe
Bey froyen di milkh fun di bristn, bey mener
Dem markh di beyner, bey kinder dem shmeikhl,
Dem zeltenem gast oyfn waksenem ponim –
O, meyn nisht di welt iz a berze !
Meyn nisht di welt iz a hefker – bashafn
Far welf un far fuksn, far royb un far shwindl;
Der himl – a forhang, az Got zol nisht zehn;
Der nebl – men zol oyf di hent nisht kukn;
Der wint – tsu farshtikn di wilde geschreyen;
Di erd iz tsu zapn dos blut kun korbones,
O, meyn nisht di welt iz a hefker !
Di welt iz keyn kretshme, keyn berze, keyn hefker !
Gemostn wert alles, gewoygn wert alles !
Keyn trer un keyn blutiker trop fargeyen,
Umzist wert keyn funk in keyn oyg nisht farloshn!
Fun trern wern teikhn, fun teikhn wert yamen,
Fun yamen a mabl, fun funken a duner –
O meyn nisht les din weles dayan !
***

(Itzhak-Leibush Peretz)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Itzhak-Leibush Peretz), acheter, apparition, auberge, autre, étincelle, étouffer, boire, bourse, brume, chemin, ciel, ciré, crampe, créer, cri, croire, défaillir, déluge, déshonneur, Dieu, duperie, en vain, enfant, estomac, faible, farouche, femme, fille, fixer, fleuve, glauque, goutte, griffe, homme, innocent, juge, jugement, jungle, lait, lécher, loup, marchander, mer, mesurer, moelle, monde, mourir, mur, oeil, os, pauvre, peser, pleur, poing, puissant, rapine, rare, regard, regarder, renard, rideau, rien, s'effacer, salive, sang, se bâfrer, se frayer, secouer, serrer, sourire, table, terre, tirer, tonnerre, vent, visage, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 août 2018

Pour lui parler, il faut utiliser peu de mots :
des mots simples, des mots essentiels, qui vont du cœur au cœur.
Des mots qui se glissent, petit à petit,
avec leurs consonnes, leurs voyelles, dans le corps et la pensée de Marie.
Des mots qui deviendront la matière de ce corps, le ferment de cette pensée,
des mots à lent parcours qui traverseront le conduit auditif,
atteindront la caisse du tympan, percuteront les osselets, ensuite le rocher;
des mots qui se frayeront lentement passage dans le labyrinthe de l’oreille.
Des mots aimés, des mots aimants, ressentis, agrippés à l’espérance.
Des mots vrais même s’ils mentent.
Des mots forgés d’amour et de promesse, même s’ils simulent.
Des mots réels et fictifs.
Des mots pour vivre et pour rêver.
(Andrée Chedid)
Découvert ici: https://jasminsurterre.wordpress.com/
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Andrée Chédid), agrippé, aimant, aimé, aller, amour, atteindre, auditif, coeur, consonne, corps, devenir, espérance, essentiel, fermer, fictif, forge, labyrinthe, lent, matière, mentir, mot, oreille, osselet, parcours, parler, pensée, petit à petit, promesse, réel, rêver, ressenti, rocher, se frayer, se glisser, simple, simuler, tympa, utiliser, vivre, voyelle, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2017

Illustration: ArbreaPhotos
Les plus douces émotions, comme les plus violentes
jaillissent par les yeux
et les larmes se fraient,
entre silence et musique,
un chemin inédit où tout peut se dire,
où tout demeure secret.
Elles coulent, les larmes, elles s’effacent aussi,
rappelant que le plus précieux de l’être ne peut être capturé
et que la douleur et le bonheur sont fugaces :
reste ce flot de vie ou d’oubli,
reste cette source claire.
Pleurer, c’est reconnaître et aimer en soi
cette source mystérieuse et intarissable.
L’amour ne sèche pas les larmes, il les invite,
il les rend éclatantes.
Il n’apaise pas,
il exalte.
(Jacqueline Kelen)
Recueil: Les Larmes
Traduction:
Editions: Alternatives
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Posted by arbrealettres sur 31 août 2017

Illustration: William Merritt Chase
LE DÉSIR N’A PAS DE LÉGENDE (II)
Dis que tu entres dans ma chambre
tu la fais se tourner vers le soleil.
Le front sur toi de la plus faible lueur
et c’est tout le ciel qui t’enjambe.
Pour que mes mains puissent te toucher
il faut qu’elles se fraient un passage
à travers les blés dans lesquels tu te tiens,
avec toute une journée de pollen sur la bouche.
Nue, tu te jettes dans ma nudité
comme par une fenêtre
au-delà de laquelle le monde n’est plus
qu’une affiche qui se débat dans le vent.
Tu ne peux pas aller plus loin que mon corps
qui est contre toi comme un mur.
Tu fermes les yeux pour mieux suivre les chemins
que ma caresse trace sous ta peau.
(Lucien Becker)
Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde
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Posted in poésie | Tagué: (Lucien Becker), affiche, aller, au-delà, blé, bouche, caresse, chambre, chemin, ciel, contre, corps, désir, enjamber, entrer, faible, fenêtre, fermer, front, journée, légende, loin, lueur, main, mur, nu, passage, peau, pollen, se débattre, se frayer, se jeter, se tourner, soleil, suivre, toucher, tracer, vent, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 août 2017

Mais quelle voix de douceur
et d’abandon
se fraie un chemin
entre les épaisseurs
parmi les noeuds du coeur
Quel sourire prend la plainte à revers
et l’efface
abrite la bête dans l’humide
sous les paupières
entre les lèvres
(Jean-Marie Barnaud)
Recueil: Fragments d’un corps incertain
Editions: Cheyne
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