Posted by arbrealettres sur 2 février 2021

HAMLET
Il y a un moment, avant le réveil, où
rêve et réalité se confondent. Certaines fois,
le sommeil empêche de faire cette distinction ;
d’autres, nous nous jugeons engagés
dans la vie sans savoir que nous ne sortons pas encore
des limbes nocturnes. Dans tous les cas,
émotions et sentiments saisissent
le corps; nous nous déplaçons d’un bord à l’autre
avec l’angoisse de cette double existence; en rien,
nous ne dominons les actions que, cependant,
nous subissons comme si quelque chose nous avait
arrachés
à notre lit. Pendant le petit déjeuner, en y
pensant, il reste déjà peu de chose
de la nuit. Ni les personnes, ni les mots,
ni les images ne nous tourmentent avec l’intensité
de naguère. Pourtant, c’est comme s’il manquait
une partie de nous-mêmes. Et, le jour, nous répétons
des gestes dont nous ignorons les destinataires;
nous entendons des phrases dont nous ne comprenons
le sens. Et nous ne savons pas, de fait,
(Nuno Jùdice)
Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Nuno Judice), action, angoisse, arracher, émotion, bord, comprendre, corps, destinataire, distinction, dominer, double, empêcher, engager, entendre, existence, geste, Hamlet, ignorer, image, intensité, limbres, lit, manquer, moment, mot, naguère, nocturne, nuit, partie, penser, personne, petit-déjeuner, phrase, réalité, répéter, réveil, rêve, saisir, savoir, se confondre, se déplacer, se juger, sens, sentiment, sommeil, subir, tourmenter, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2020

TELLE QU’ELLE EST
Quand tu marches – ô Azizé – la gazelle se juge pesante et l’antilope entravée.
Quand tu souris – ô Azizé – les perles perdent aussitôt leur orient et les roses s’effeuillent, dépitées d’exhaler un parfum si grossier.
Quand tu chantes – ô Azizé – la fauvette critique le merle et le rossignol se tient coi.
Mais quand tu querelles – ô Azizé – le vézir et le calender se chamaillent et l’humanité entière doute de la bonté.
(Anonyme)
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Posted in poésie | Tagué: (anonyme), antilope, bonté, coi, critiquer, dépité, douter, elle, entier, entraver, exhaler, fauvette, gazelle, grossier, humanité, marcher, merle, Orient, parfum, perdre, perle, pesant, quereller, rose, rossignol, s'effeuiller, se chamailler, se juger, sourire | 5 Comments »