Posts Tagged ‘se parler’
Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023

LE PRINTEMPS DANS UN FILET DE PÊCHEUR
Dans le filet bordé par des bouchons
c’est le printemps. Des arbres pleins de fleurs
nous montrent, souriants, les dents de leurs boutons
lorsque nous regardons en arrière.
Dans le filet bordé par des bouchons
et qui plus est plié triplement
il y a de même les astres ; ils me connaissent
et l’un d’eux se souvient, toujours quand
je rentre — et il m’éclaire, alors que dans l’ombre
vers le seuil aimé j’avance de nouveau.
Qui d’autre a donc les étoiles pour amies ?
D’un petit nombre seulement c’est le lot.
Dans le filet bordé par des bouchons
le vent s’est fait prendre ; et son rire,
c’est le rire que, si elles parlent des hommes,
les femmes font à chaque fois retentir.
Dans le filet bordé par des bouchons
sont prises maintenant les griffes d’une douce peur.
Et c’est la peur que, toujours, éprouvent les hommes
quand ils évoquent les femmes, se parlant entre eux.
(Jaroslav Seifert)
Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud
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Posted in poésie | Tagué: (Jaroslav Seifert), aimer, ami, arbre, astre, avancer, éclairer, éprouver, étoile, évoquer, border, bouchon, connaître, de nouveau, dent, doux, en-arrière, femme, filet, fleur, griffe, homme, lot, montrer, ombre, parler, pêcheur, peur, plein, plier, prendre, printemps, regarder, rentrer, retentir, rire, se parler, se souvenir, seuil, sourire, toujours, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 février 2023

CHANT D’AMOUR
Naples, 1822.
Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
Le doux frémissement des ailes du zéphyre
A travers les rameaux,
Ou l’onde qui murmure en caressant ces rives,
Ou le roucoulement des colombes plaintives,
Jouant aux bords des eaux ;
Si, comme ce roseau qu’un souffle heureux anime,
Tes cordes exhalaient ce langage sublime,
Divin secret des cieux,
Que, dans le pur séjour où l’esprit seul s’envole,
Les anges amoureux se parlent sans parole,
Comme les yeux aux yeux ;
Si de ta douce voix la flexible harmonie,
Caressant doucement une âme épanouie
Au souffle de l’amour,
La berçait mollement sur de vagues images,
Comme le vent du ciel fait flotter les nuages
Dans la pourpre du jour :
Tandis que sur les fleurs mon amante sommeille,
Ma voix murmurerait tout bas à son oreille
Des soupirs, des accords,
Aussi purs que l’extase où son regard me plonge,
Aussi doux que le son que nous apporte un songe
Des ineffables bords !
Ouvre les yeux, dirais-je, à ma seule lumière !
Laisse-moi, laisse-moi lire dans ta paupière
Ma vie et ton amour !
Ton regard languissant est plus cher à mon âme
Que le premier rayon de la céleste flamme
Aux yeux privés du jour.
[…]
(Alphonse de Lamartine)
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Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022

Jardin d’été
Je veux aller dans ce jardin,
dans cette roseraie nonpareille
Où l’on voit des clôtures la plus belle,
Où les statues gardent mémoire
de la jeune fille que j’étais
Et moi, je les revois sous l’eau de la Neva.
Dans ce lieu caché, plein d’odeurs,
sous les tilleuls princiers,
Je crois entendre craquer
les mâts des vaisseaux.
Comme autrefois le cygne
traverse les siècles,
En extase devant la beauté de son double.
Par centaines de milliers, des pas
Dorment d’un sommeil de mort,
pas d’ennemis et d’amis,
Pas d’amis et d’ennemis.
Finira-t-il jamais, le cortège des ombres
Qui va du vase de granit
jusqu’à la porte du palais?
Mes nuits blanches là-bas
se parlent, dans un murmure,
De quelqu’un qui savait aimer
secrètement, superbement.
Partout on voit briller la perle et le jaspe,
Mais un mystère dérobe
la source de la lumière.
(Anna Akhmatova)
Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2020

La nuit
I.
Le ciel d’étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l’ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.
Le vent, soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l’onde où luit
Le drap d’or des claires soirées,
Les sombres moires de la nuit.
Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l’heure, tout écoutait ;
Maintenant nul bruit n’ose éclore ;
Tout s’enfuit, se cache et se tait.
Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S’avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.
C’est l’heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure
Le grand Être mystérieux !
II.
Dans ses réflexions profondes,
Ce Dieu qui détruit en créant,
Que pense-t-il de tous ces mondes
Qui vont du chaos au néant ?
Est-ce à nous qu’il prête l’oreille ?
Est-ce aux anges ? Est-ce aux démons ?
A quoi songe-t-il, lui qui veille
A l’heure trouble où nous dormons ?
Que de soleils, spectres sublimes,
Que d’astres à l’orbe éclatant,
Que de mondes dans ces abîmes
Dont peut-être il n’est pas content !
Ainsi que des monstres énormes
Dans l’océan illimité,
Que de créations difformes
Roulent dans cette obscurité !
L’univers, où sa sève coule,
Mérite-t-il de le fixer ?
Ne va-t-il pas briser ce moule,
Tout jeter, et recommencer ?
III.
Nul asile que la prière !
Cette heure sombre nous fait voir
La création tout entière
Comme un grand édifice noir !
Quand flottent les ombres glacées,
Quand l’azur s’éclipse à nos yeux,
Ce sont d’effrayantes pensées
Que celles qui viennent des cieux !
Oh ! la nuit muette et livide
Fait vibrer quelque chose en nous !
Pourquoi cherche-t-on dans le vide ?
Pourquoi tombe-t-on à genoux ?
Quelle est cette secrète fibre ?
D’où vient que, sous ce morne effroi,
Le moineau ne se sent plus libre,
Le lion ne se sent plus roi ?
Questions dans l’ombre enfouies !
Au fond du ciel de deuil couvert,
Dans ces profondeurs inouïes
Où l’âme plonge, où l’oeil se perd,
Que se passe-t-il de terrible
Qui fait que l’homme, esprit banni,
A peur de votre calme horrible,
Ô ténèbres de l’infini ?
(Victor Hugo)
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abîme, ange, anxiété, arbre, asile, astre, azur, âme, éclater, éclipser, éclore, écouter, édifice, énorme, étain, étendue, être, bannir, bas, briser, bruit, calme, chaos, chercher, chose, ciel, clair, content, couler, couvrir, création, créature, créer, cuivre, démon, détruire, deuil, difforme, distinctement, dormir, drap, effrayer, effroi, empyrée, enfouir, entier, esprit, exister, faire, fibre, fixer, flotter, fond, frissonner, genoux, glacer, heure, homme, horrible, illimité, immensité, infini, inouï, jeter, libre, lion, livide, luire, moineau, moire, monde, monstre, morne, moule, muet, mystérieux, néant, noir, nuit, obscur, obscurité, océan, oeil, ombre, onde, or, orbe, oser, pas, pensée, penser, plonger, prière, profond, profondeur, question, réflexion, recommencer, regarder, roi, rouler, s'avancer, s'enfuir, sève, se cacher, se parler, se perdre, se sentir, se taire, secret, sentir, silence, soirée, soleil, sombre, songer, souffler, spectre, sublime, succéder, ténèbres, terrible, tomber, trouble, univers, veiller, vent, vibrer, vide, vivre, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2019

Destin du poète
C’est toujours quelqu’un d’autre,
le Toi silencieux qui se parle en moi-même.
Parfois je m’arrache à l’écoute qui est prière
et je chante en son nom dans la langue empruntée
à la bouche des morts. Pour lui en moi, pour lui,
qui déjà me traduit
dans la gorge d’autrui.
(Claude Vigée)
Illustration: Ráed Al-Rawi
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Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2019

Sur le banc devant la maison
Viens t’asseoir à côté de moi sur le banc devant la maison,
femme, tu en as bien le droit,
voici quarante ans que nous sommes ensemble.
Cette fin d’après-midi, alors qu’il fait si beau,
c’est aussi le soir de notre vie.
Tu as bien mérité, vois-tu, un peu de repos.
Maintenant, les enfants sont placés.
Ils sont allés chacun de son côté et nous sommes de nouveau rien que les deux,
comme quand nous avons commencé.
Femme, te souviens-tu?
Nous n’avions rien pour commencer, tout était à faire.
Et nous nous sommes mis à l’ouvrage.
Ça n’allait pas tout seul, il nous en a fallu du courage !
Il nous en a fallu de l’amour,
et l’amour n’est pas ce qu’on croit au commencement.
Se serrer l’un contre l’autre, s’embrasser, se parler tout doux à l’oreille.
Ça, c’est bon pour le jour de la noce !
Le temps de la vie est grand, mais le jour de la noce ne dure qu’un jour.
C’est seulement après, qu’a commencé la vie.
Les enfants viennent; il leur faut quelque chose à manger,
des vêtements et des souliers, ça n’a pas de fin.
Il est aussi arrivé qu’ils étaient malades, alors tu devais passer toute la nuit à veiller
et moi, j’étais à l’ouvrage d’avant le jour jusqu’à la nuit tombée.
Nous croyions être arrivés à quelque chose, puis après, tout était en bas et à recommencer.
Des fois, nous étions tout dépités de voir que nous avions beau faire,
nous piétinions sur place et même, nous repartions en arrière.
Te souviens-tu, femme, de tous ces soucis ?
Mais nous sommes restés fidèles l’un à l’autre,
et ainsi, j’ai pu m’appuyer sur toi, et toi la même chose sur moi.
Nous avons eu de la chance d’être ensemble, les deux.
On s’est mis à l’ouvrage, nous avons duré et tenu le coup.
Le véritable amour n’est pas pour un jour.
C’est toute la vie que nous devons nous aimer, s’aider et se comprendre.
Puis, les affaires sont allées du bon côté, les enfants ont tous bien tourné.
Mais aussi, on leur avait appris à partir sur le bon chemin.
Nous avons un petit quelque chose au soleil et dans le bas de laine.
C’est pourquoi, cette fin d’après-midi, alors qu’il fait si beau,
assieds-toi à côté de moi.
On veut pas parler, nous n’avons plus rien à nous dire.
Nous n’avons besoin que d’être les deux
et laisser venir la nuit,
bienheureux d’avoir bien rempli notre vie.
(Traduction du texte patois)
(Charles-Ferdinand Ramuz)
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Posted by arbrealettres sur 14 mai 2018

Enfance
L’enfant tient dans sa main le calice d’un bouton-d’or
et il rentre à la maison. Les anciens sont en train de se
parler, il aime les entendre.
Quand il retourne à la porte il voit sombrer la barque de
la lune à l’horizon. Il s’éloigne de sa naissance. Ô lumière,
à toi-même secrète en ton bas âge ou dans tes somnolences.
(Jean Grosjean)
Recueil: Arpèges et paraboles
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Grosjean), aimer, ancien, âge, barque, bouton d'or, calice, enfance, enfant, entendre, horizon, lumière, lune, main, maison, naissance, porte, rentrer, retourner, s'éloigner, se parler, secret, sombrer, somnolence, tenir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 avril 2018
Illustration
PAROLES
Une voix au détour du sentier
ayant prononcé les outrages
se tait par lassitude.
Sur une place où resplendit l’usure
des invités à gants blancs
écoutent un orateur
que l’on sait exilé.
Le sel s’est déposé
sur le galet ovale.
On entendra un jour l’histoire
de cet homme qui se dit heureux.
Au long du chemin de traverse
se courbent des branches
sans qu’il y ait de tombe à ombrager.
Deux vieillards se parlent enfin.
(Jean Follain)
Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), écouter, blanc, branche, chemin, déposer, détour, enfin, entendre, exiler, galet, gant, heureux, histoire, homme, invité, lassitude, ombrager, orateur, outrage, parole, place, prononcer, resplendir, se courber, se parler, se taire, sel, sentier, tombe, traverser, usure, vieillard, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 février 2018

Illustration: Edward Hopper
L’obéissance
To the dark lady
Encore une fois l’appel ancien se lève
dans le chant habituel de la guitare
et une solitude double nous amarre
nuit à nuit dans un bar, et je ne t’aime pas,
ceci n’est pas l’amour mais l’Éclaireur
avec ta peau, ta salive et cette griffe
qui nous déchire avec délicatesse
chaque fois qu’entre tes cuisses je me répands.
Deux corps en veille à voix basse se parlent
devant l’inébranlable sentinelle
du simulacre de cet amour gisant,
quelle servitude amère réconcilie
la ligne équinoxiale qui te modèle
avec ce pâle aura de l’occident.
(Julio Cortázar)
Recueil: Crépuscule d’automne
Traduction: Silvia Baron Supervielle
Editions: José Corti
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Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2017

Confiance
Ils s’aiment en silence, et leur coeur se consume;
En attendant toujours l’instant qui doit venir.
Ils souffrent, mais pourtant ils n’ont pas d’amertume,
Ils savent que demain leur tourment va finir.
Ils savent que demain les Heures merveilleuses
Viendront sonner pour eux la fête de l’Amour
Et qu’Elles souriront aux belles amoureuses
Qui pleurent dans la nuit en espérant le jour.
Et dans le soir, fiévreusement, leurs bras se tendent
Bien qu’ils soient séparés, ils se parlent tout bas.
Ils disent doucement que leurs âmes s’attendent,
Et qu’il est des amours que l’on ne détruit pas.
(Ida Faubert)
Illustration: Asit Kumar Patnaik
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