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Poésie

Posts Tagged ‘se présenter’

Baluchon d’exil (Souad Labbize)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2021




    
Baluchon d’exil (Extrait)

Le troisième jour
pour remplir ma gourde
j’ai percé les ampoules
de mes pieds
lapé l’encre
du passeport
mâché le papier officiel
les initiales de mon nom
se sont imprimées sur mes lèvres

le septième jour
j’ai chaussé mon euphorie
survolé la dernière dune
vers la rive nord du mirage

le quarantième jour
je me suis présentée
à la cérémonie des diplômes
le désert m’a remis
une attestation honorifique

je me suis assise
sur un amoncellement d’os
j’ai attendu le passeur

(Souad Labbize)

 

Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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La fable et la vérité (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    

La fable et la vérité

La vérité, toute nue,
Sortit un jour de son puits.
Ses attraits par le temps étaient un peu détruits ;
Jeune et vieux fuyaient à sa vue.
La pauvre vérité restait là morfondue,
Sans trouver un asile où pouvoir habiter.
À ses yeux vient se présenter
La fable, richement vêtue,
Portant plumes et diamants,
La plupart faux, mais très brillants.
Eh ! Vous voilà ! Bon jour, dit-elle :
Que faites-vous ici seule sur un chemin ?
La vérité répond : vous le voyez, je gèle ;
Aux passants je demande en vain
De me donner une retraite,
Je leur fais peur à tous : hélas ! Je le vois bien,
Vieille femme n’obtient plus rien.
Vous êtes pourtant ma cadette,
Dit la fable, et, sans vanité,
Partout je suis fort bien reçue :
Mais aussi, dame vérité,
Pourquoi vous montrer toute nue ?
Cela n’est pas adroit : tenez, arrangeons-nous ;
Qu’un même intérêt nous rassemble :
Venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble.
Chez le sage, à cause de vous,
Je ne serai point rebutée ;
À cause de moi, chez les fous
Vous ne serez point maltraitée :
Servant, par ce moyen, chacun selon son goût,
Grâce à votre raison, et grâce à ma folie,
Vous verrez, ma sœur, que partout
Nous passerons de compagnie.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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De passage (Anthony Lhéritier)

Posted by arbrealettres sur 19 juillet 2020



Anthony Lhéritier 1

De passage

Pour mieux jouer mon personnage
J’avais cet orgueil ingénu
De me présenter humble et doux

Et vous ne m’avez pas pendu
Tandis que j’étais parmi vous
Pieds nus
En chemise et la corde au cou

Amis, vous m’avez bien déçu.

Chez nous on meurt par habitude
Pour survivre à titre posthume.

(Anthony Lhéritier)

 

 

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DÉSIR (Moshe Nadir)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2019



 

Illustration
    
DÉSIR

Cloches, puissances de la nuit,
Cloches comme des chemises
Je suis déjà vieux, je suis
Un aïeul à tête grise.

Boucles comme des oiseaux,
Ô flot des dorures blondes,
Vous êtes venues trop tard
Vous présenter dans la ronde !

Seins pareils à des soleils
Qui sont le souffle des roses –
Mon poème maintenant
Je ne le pense qu’en prose.

Et ni Vénus ni Sapho,
Ni Aphrodite elle-même
Ne peuvent plus enflammer
Le sang qui coule en mes veines.

Mon désir des blondeurs paille,
Du bleu dont l’oeil se colore –
Voilà qu’il s’est transformé
En tentation de mort.

Une souffrance assoiffée,
Un feu plus fort que la faim –
Vers la calme, vers la douce,
Vers la fin de toutes fins.

Plus que le mâle désir
Je ressens en moi, puissant,
Le voeu de ne plus sentir
Mon propre corps à présent.

Tout nu, de me dévêtir
De cette plaie qu’est la vie,
Ne plus rien donner au songe
Et ne plus rien lui ravir.

(Moshe Nadir)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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Entre nous (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2018



Nous nous présentons
Aux Fleurs, aux Planètes
Mais entre nous
Nous avons des étiquettes,
Des gênes
Des effrois

***

We introduce ourselves
To Planets and to Flowers
But with ourselves
Have etiquettes
Embarrassments
And awes

(Emily Dickinson)


Illustration: Gilbert Garcin

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Premier vrai mal (Patrizia Cavalli)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2018



 

mal

Premier vrai mal

La perfection du premier vrai mal
ne connaît congés ni repos.
Lâche et maudite elle se présente
si je lis un livre si je regarde à la fenêtre,
si je rencontre des amis si je réponds au téléphone
et surtout elle profite
du silence des jours de fête.

(Patrizia Cavalli)

 

 

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LES FILS D’OR DE L’ESPOIR (Patricia Ruiz-Gamboa)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2018




    
LES FILS D’OR DE L’ESPOIR

Au vent qui vient de l’horizon
J’ai confié un jour ma peine
Et ma vallée d’illusions
Pour qu’avec lui il m’emmène,

Mais il ne m’a pas écoutée.

Au ciel qui recouvre mon toit
J’ai confié un jour mes rêves
Et ma profession de foi
Pour qu’à travers lui, je voie,

Mais il ne m’a pas écoutée.

A l’orage qui m’a brisée
J’ai confié un jour mon sort
Et le sens de mes idées
Pour qu’il me ramène au port,

Mais il ne m’a pas écoutée.

Aux étoiles qui brillent au ciel
J’ai confié un jour ma vie
Et mes musiques en sommeil
Pour qu’elles m’offrent l’aube en sursis,

La Poésie s’est présentée…

(Patricia Ruiz-Gamboa)

 

Recueil: Concerto pour une plume
Traduction:
Editions: ARCAM

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VISITE MATINALE (Textes chinois)

Posted by arbrealettres sur 19 juillet 2018



Illustration: Goyo Hashiguchi
    
VISITE MATINALE
Inconnu

La belle princesse Ko-Koué, qui possède le cœur du maître, va lui rendre hommage.
Dès l’aube, elle monte à cheval, et entre, au palais, par la Porte d’Or.
Elle dédaigne toute espèce de fards,
sachant bien qu’ils ne pourraient que ternir, les nuances exquises de son teint.

Mais, d’un pinceau léger, elle dessine ses sourcils.
Seuls, les papillons des vers à soie,
ont des cornes d’une courbe aussi délicate…
et c’est ainsi, qu’elle se présente devant sa Majesté.

(Textes chinois)

 

Recueil: Le Livre de Jade
Traduction: Judith Gautier
Editions: Plon

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Deux rectangles vitrés(Petr Král)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2018



    

L’image de la rue se divise pour moi en deux rectangles vitrés,
séparés par un mètre de mur opaque.

Chaque fois qu’un passant disparaît du premier créneau, je suis pris d’inquiétude
— si peu puis-je prévoir sous quelle forme il m’apparaîtra dans le second, s’il s’y présente jamais.

Il est vrai que la plupart des marcheurs
gardent la même identité dans les deux créneaux.

Comme, toutefois, ils ne surviennent dans le second qu’avec un irréparable retard,
mes soupçons ne se concentrent que davantage sur l’intervalle
où me les dissimule le fatal pan de maçonnerie.

(Petr Král)

 

Recueil: Cahiers de Paris
Traduction:
Editions: Flammarion

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Le menuet (Raymond Carver)

Posted by arbrealettres sur 27 mai 2016



Le menuet

Matins radieux.
Jours où je désire tant de choses que je ne désire rien.
Seulement ma vie, et rien de plus. N’empêche,
j’espère que personne ne s’amènera.
Mais si quelqu’un se présente, j’espère que ce sera elle.
Celle qui a de petites étoiles de diamant
à la pointe de ses chaussures.
La fille que j’ai vue danser le menuet.
Cette ancienne danse.
Le menuet. Elle le dansait
comme on doit le danser.
Et comme elle en avait envie.

***

The Minuet

Bright mornings.
Days when I want so much I want nothing.
Just this life, and no more. Still,
I hope no one comes along.
But if someone does, I hope it’s her.
The one with the little diamond stars
at the toes of her shoes.
The girl I saw dance the minuet.
That antique dance.
The minuet. She danced that
the way it should be danced.
And the way she wanted.

(Raymond Carver)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

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