Posts Tagged ‘se raconter’
Posted by arbrealettres sur 1 mars 2022

La Vieille Lise
Quelquefois, le soir, quand on est assis
et qu’il commence à faire nuit,
la vieille Lise
se met à parler du temps passé.
Elle dit:
« On était plus heureux qu’aujourd’hui,
pour sûr, on ne sait pas pourquoi;
on travaillait peut-être davantage,
mais on savait mieux s’amuser;
ça vient des temps qui sont changés,
ce qui est passé est passé. »
Elle reste un moment sans parler,
tout le monde fait silence.
« Quand la moisson était finie,
tard vers la nuit tombante on rentrait;
les filles étaient perchées au fin haut du char,
les hommes suivaient,
on chantait
toutes les chansons qu’on savait.
On avait fait un vrai repas de noces;
il y avait du rôti, du poulet,
les gens étaient assis jusque sur le pas de la porte.
Et encore que le vin n’était pas ménagé
et pour rire, on sait rire, et, quand on a mangé,
ah! ces histoires qu’on se raconte !
Les vieux d’autrefois aimaient à parler.
La jeunesse dans la cour
brûlait la dernière gerbe.
On faisait un grand feu et on dansait autour.
Même qu’une fois pour rire
ils m’ont pris mon chapeau,
ils l’ont mis dans le feu.
C’était un chapeau tout neuf,
tout garni de grands rubans roses.
Et, comme j’avais l’air fâchée:
« Ne vous fâchez pas, ça porte bonheur. »
Et la ronde était commencée,
et 1a ronde tournait plus fort
pendant que mon chapeau brûlait. »
(Charles-Ferdinand Ramuz)
Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite
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Posted in poésie | Tagué: (Charles-Ferdinand Ramuz), aimer, assis, aujourd'hui, bonheur, brûler, changer, chapeau, char, commencer, cour, davantage, fâché, feu, fille, finir, fort, garnir, gerbe, heureux, histoire, homme, jeunesse, manger, ménager, moisson, neuf, nuit, parler, passer, percher, porte, porter, prendre, rentrer, rire, ronde, rose, ruban, s'amuser, se raconter, silence, suivre, tard, temps, tourner, travailler, vieux, vin | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2022

Ça
Ça commence par des ombres
Ça porte
Ça guide
Ça enfle
Ça gronde
Ça se tait
Ça fait naître les personnages d’une famille éphémère
Ça ne prévient pas
Ça s’invite
Ça s’impose
Ça veut se raconter, jusque dans les silences
Ça glace autant que Ça réchauffe, C’est impitoyable
Ça aime
Ça hait
Ça séduit
Ça repousse
Ça bouscule
Ça ravage
Ça déniche le réel
a vient de l’intérieur
Ça ne demande qu’à sortir
Ça cherche la vérité
Ça fait chair
Ça veut tempêtes et bonaces
Ça veut soulever le monde
Ça veut prendre l’espace
Ça veut plus
Ça veut tout
Ça veut croire à tout prix
Ça veut nouer le corps avec l’esprit
Ça veut unir
Ça veut posséder
Ça veut finir sans achever
Ça veut l’éternité
(Franck Bouysse)
Recueil: Fenêtre sur Terre
Traduction:
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Franck Bouysse), achever, aimer, ça, éphémère, éternité, bonace, bousculer, chair, chercher, commencé, corps, croire, dénicher, demander, enfler, espace, esprit, famille, finir, glacer, gronder, guider, haïr, impitoyable, intérieur, monde, naître, nouer, ombre, personnage, plus, porter, posséder, prévenir, prendre, ravager, réchauffer, réel, repousser, s'imposer, s'inviter, séduire, se raconter, se taire, silence, sortir, soulever, tempête, tout, unir, vérité, venir, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2020

Un jour comme ça
Quand il y aura la grâce
On montera les dents du bonheur
La rivière saoulera d’histoires les poissons
Le canal gardera sa vieille péniche
Femme des combats
Te dire ce qu’ils se raconteront
Je ne sais pas
Mais la vie sera là, toujours
A prendre, à serrer, à mordre.
Il y a dans le caillou, les ronces
Un coeur, un chemin, vers la mer
Qu’il faut trouver.
(Claude de Burine)
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Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2018

Quel est notre pays sinon un rêve
Que nous nous sommes raconté feuille à feuille,
Rameau d’or et fleur dorée,
Fontaine, arbre, rivière,
Cet invisible Paradis.
***
What is our country but a dream
That we have told each other page after page,
Golden branch and golden flower,
Fountain, tree, river,
This invisible Paradise.
(Kathleen Raine)
Illustration: Pierre Paul Rubens
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Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018

Tu te racontes sans le savoir
même quand tu poses et fais semblant.
Tes gestes sont comme le miroir
De tes pensées d’hier, de maintenant.
De toi tu n’arrêtes de parler
tout en ne cessant de te taire.
Tu es, malgré toi, livre ouvert
qui traduit ton langage codé.
Souvent rien qu’un tic te résume.
En lui s’abrite ton amertume
Et dans chacun de tes mouvements
tu trahis tes rêves latents.
Pourtant tu te tiens sur tes gardes
Et à personne ne te confies.
A quoi cela sert-il, ma fille ?
Puisque tous tes secrets bavardent…
(Esther Granek)
Illustration: Andrey Remnev
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Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2016

LES VOITURES PASSENT…
Les voitures passent et font trembler la maison,
La maison où je suis seule.
Ici, depuis longtemps déjà les choses ont été vécues :
Il y a dans l’air des espaces éteints,
La forme gravée en creux
Des voix et des gestes de jadis.
Et mes mains ne peuvent rien saisir.
Cependant je regarde la nuit
Et j’ai besoin de chaque feuille.
Elle roule, elle tourne en l’air, ta vie,
Loin de moi…
Même pour souffrir ce tourment de ne pas être,
J’ai besoin d’être seule.
Plutôt la solitude des éternels départs,
Des projets et des questions,
Des combats avec leur inextinguible
Poids de morts et de lamentations.
Plutôt la solitude parce qu’elle est complète.
Je crois à la nudité de ma vie.
Tout ce qui m’arrive est superflu.
J’éprouve la sensation d’être extérieure à tout,
Avec l’éternité qui flotte sur les montagnes.
Jardin, jardin perdu,
Nos membres enveloppent ton absence…
Les feuilles se racontent ton secret
Et, comme la peur, mon amour se cache.
***
PASSAM OS CARROS…
Passam os carros e fazem tremer a casa
A casa em que estou só.
As coisas há muito já foram vividas :
Há no ar espaços extintos
A forma gravada em vazio
Das vozes e dos gestos que outrora aqui estavam.
E as minhas mãos nao podem prender nada.
Porém eu olho para a noite
E preciso de cada folha.
Rola, gira no ar a tua vida,
Longe de mim…
Mesmo para sofrer este tormento de nao ser
Preciso de estar só.
Antes a solidão de eternas partidas
De planos e perguntas,
De combates com o inextinguível
Peso de mortes e lamentaçóes
Antes a solidão porque é completa.
Creio na nudez da minha vida.
Tudo quanto me acontece é dispensável.
Só tenho o sentimento suspenso de tudo
Corn a eternidade a boiar sobre as montanhas
Jardim, jardim perdido
Os nossos membros cercando a tua ausência…
As folhas dizem urna à outra o teu segredo,
E o meu amor é oculto corno o medo.
(Sophia de Mello Breyner Andresen)
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Posted in poésie | Tagué: (Sophia de Mello Breyner Andresen), absence, air, éteint, éternel, éternité, combat, complet, creux, départ, envelopper, espace, feuille, forme, geste, inextinguible, jardin, lamentation, main, maison, membre, montagne, mort, nuit, offrir, passer, perdu, poids, projet, question, regarder, rouler, saisir, se raconter, secret, seul, solitude, souffrir, tourment, trembler, voiture, voix | 6 Comments »
Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2016

FIANÇAILLES POSTHUMES
J’aimerais tant te chanter, ma planète,
sans le secours des mots ni des chansons;
je marcherais près de toi, plein d’amour,
et cueillerais les fleurs de notre espace :
ici la jeune étoile à peine éclose,
et là cette comète qui est mûre.
Nous flatterions nos êtres familiers :
il est des épagneuls taquins et doux,
— on les appelle parfois météores —
qui viennent boire à même tes ruisseaux,
et dans mon âme aussi il est des bêtes
qui me font vivre en paix avec ma peur
et avec toi et avec la tristesse.
Nous choisirions l’endroit où le néant
est le plus frais, et nous nous aimerions,
toi devenant humaine par pitié,
et moi lunule heureux qui t’obéit.
Nous nous raconterions nos plus beaux rêves,
pour qu’ils écartent les lourdes limites
de nos esprits et de nos coeurs. Et même
je t’imagine en train de composer
un poème en syllabes de colline
et mots d’azur, tandis que je m’efforce
de devenir un très sage équateur.
(Alain Bosquet)
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Posted in poésie | Tagué: (Alain Bosquet), amour, azur, épagneul, équateur, étoile, chanson, chanter, choisir, composer, cueillir, devenir, fiancailles, fleur, imaginer, limite, marcher, mot, paix, peur, pitié, poème, posthume, rêve, ruisseau, sage, se raconter, tristesse, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 avril 2016

Les chemins
Se rencontrent
Se reniflent
Se tutoient
Se racontent
S’apprivoisent
S’éloignent
Se recherchent
Se retrouvent
Aux carrefours des doigts.
(Alain Le Beuze)
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Posted in poésie | Tagué: (Alain Le Beuze), carrefour, chemin, doigt, s'apprivoiser, s'éloigner, se raconter, se rechercher, se rencontrer, se renifler, se retrouver, se tutoyer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 mars 2016

Sourires tressées
à deux pas de l’école
schisteuse
la maison du maître
hâte
presse
au coin d’un silence
un regard accroché
chats qui sommeillent
chien fou et tendre
deux truites se racontent
une odeur de fraises
(Jacques Bourlez)
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Posted in poésie | Tagué: (Jacques Bourlez), chien, fou, fraise, hâter, odeur, regard, se raconter, silence, sommeiller, sourire, tendre, truite | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2016

Parallèles
On va, l’espace est grand,
On se côtoie,
On veut parler.
Mais ce qu’on se raconte
L’autre le sait déjà,
Car depuis l’origine
Effacée, oubliée,
C’est la même aventure.
En rêve on se rencontre,
On s’aime, on se complète.
On ne va plus loin
Que dans l’autre et dans soi.
(Eugène Guillevic)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Eugène Guillevic), autre, aventure, effacé, espace, grand, loin, origine, oublié, parallèle, parler, s'aimer, savoir, se raconter, se rencontrer, soi | 4 Comments »