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Poésie

Posts Tagged ‘se réunir’

Métaphore (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2022




Illustration: Vladimir Kush
    
Métaphore

Je porte dans les mains un buccin résonnant
Où les vents de la mer se sont réunis,
Et des mains, ou du buccin murmurant,
Se répand en couleur et en son irradiant
Ta beauté que mes yeux ont dévêtue.

***

Metáfora

Trago nas mãos um búzio ressoante
Onde os ventos do mar se reuniram,
E das mãos, ou do búzio murmurante,
Alastra em cor e som irradiante
A beleza que os olhos te despiram

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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Vagues (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022




    

Vagues

J’ai vu un Dieu minuscule
Assis
sous un parapluie bleu vif
Qui avait des glands blancs
Et des baleines d’or fourchues.
Au-dessous de lui
Son petit monde
S’expose au soleil.
L’ombre de Son chapeau
S’étale sur la ville.
Quand il étire Son bras
Un lac devient un sombre tremblement.
Quand il donne un coup de pied
Il fait nuit sur les cols des montagnes.
Mais tu es petit !
Il y a des dieux bien plus grands que toi ;
Ils s’élèvent et chutent,
Les dieux de la mer dévalant.
Ton coeur peut-il avoir de tels soupirs,
De tels cris sauvages et vains,
Un tel souffle venteux,
Une telle mort gémissante ?
Et ton bras peut-il envelopper
Le vieux,
Le froid,
L’immuable et épouvantable lieu
Où les hordes
De monstres de mer cornus
Et où les oiseaux hurlant
Se réunissent?
De ces hommes silencieux
Qui gisent dans
Nos prisons nacrées,
Peux-tu en faire ta proie?

Comme nous peux-tu rester
Attendant ton heure,
Et alors t’élever comme une tour
Et t’écraser et te fracasser?
Il n’y a ni arbres ni buissons
Dans mon pays,
Dit le Dieu minuscule.
Mais il y a des ruisseaux
Et des cascades
Et des pics montagneux
Couverts de jolies herbes.
Il y a de petites côtes et des ports sûrs,
Des grottes pour la fraîcheur et des plaines pour le soleil et le vent.
Joli est le son des rivières,
Jolie l’éclatante lumière
Des pics jolis.
Je suis satisfait.

Mais Ton royaume est petit,
Dit le Dieu de la Mer.
Ton royaume va choir,
Je ne peux te tolérer.
Tu es fier!
Avec un bruyant
Carillon de rires,
Il s’est redressé et a recouvert
Le pays du Dieu minuscule
De l’extrémité de sa main,
De la pointe de son doigt: Et après —

Le Dieu minuscule
Se mit à pleurer.

***

Waves

I saw a tiny God
Sitting
Under a bright blue Umbrella
That had white tassels
And forked ribs of gold.
Below him His little world
Lay open to the sun.
The shadow of His hat
Lay upon a city.
When he stretched forth His hand
A lake became a dark tremble.
When he kicked up His foot
It became night in the mountain passes.
But thou art small!
There are gods fargreater than thou;
They rise and fall
The tumbling gods of the sea.
Can thy heart heave such sighs,
Such hollow savage cries,
Such windy breath,
Such groaning death?
And can thy arm enfold
The o1d
The cold
The changeless dreadful place
Where the herds
Of horned sea-monsters
And the screaming birds
Gather together.
From those silent men That lie in the pen
Of our pearly prisons,
Canst thou hunt thy prey?
Like us cant thou stay
Awaiting thine hour,
And then rise like a tower
And crash and shatter?

There are neither trees nor bushes
In my country,
Said the tiny God
But there are streams
And waterfalls
And mountain peaks
Covered with lovely weed
There are little shores and safe harbours,
Caves for cool and plains for sun and wind.
Lovely is the sound of the rivers,
Lovely the flashing brightness
Of the lovely peaks.
I am content.

But Thy kingdom is small
Said the God of the Sea.
Thy kingdom shall fall,
I shall not let thee be.
Thou art proud
With a loud
Pealing of laughter,
He rose and covered
The tiny God’s land
With the tip of his hand
With the curl of his fingers:
And after—

The tiny God
Began to cry.

(Katherine Mansfield)

Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

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DANS L’IMMOBILITÉ (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2021



Illustration: Vincent Van Gogh
    
DANS L’IMMOBILITÉ

Juste deux flancs nus et ailleurs une tête
ou un sein de pierre. Mais dans l’immobilité
le même souffle, le même corps, cet absolu
qui respire et prépare en des mains
pacifiques l’or et les fruits du feuillage.
On dirait que l’épars et le fugace
se réunissent dans ses bras lumineux.
Et il monte dans la lueur d’un songe, mais le songe
est la transpiration de la terre. Son regard
voit le soleil comme un bateau sous les arbres.

(António Ramos Rosa)

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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Je suis si nu (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2018



Illustration: Caroline Duvivier
    
Je suis si nu

Je suis si nu quand vous êtes absente
que je me cache en mon obscurité.

Ne croyez pas que ce soit par décence.
J’aime être nu. Je parle d’autre chose,
de cette peur de voir les éléments
se réunir pour décider ma fin.

Car même nu, lorsque vous paraissez,
je suis vêtu, je m’habille de vous
et je suis vous qui êtes ma parure
et ma cuirasse — ô beauté, mon salut.

(Robert Sabatier)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Albin Michel

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Puisque tout ce qui est de vie se relie (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2017



    

Puisque tout ce qui est de vie
Se relie,
Nous nous soumettrons
À la marée qui emporte la lune,
A la lune qui ramène la marée,
Aux disparus sans qui nous ne serions pas,
Aux survivants sans qui nous ne serions pas,
Aux appels répétés qui diminuent,
Aux cris muets qui continuent,
Aux regards figés par les frayeurs
Au bout desquelles un chant d’enfant revient,
A ce qui revient et ne s’en va plus,
À ce qui revient et se fond dans le noir,
À chaque étoile perdue dans la nuit,
À chaque larme séchée dans la nuit,
À chaque nuit d’une vie,
À chaque minute
D’une unique nuit,
Où se réunit
Tout ce qui se relie
À la vie privée d’oubli,
À la mort abolie.

(François Cheng)

 

Recueil: La vraie gloire est ici
Editions: Gallimard

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Les Quatre Vents (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2017




    
Les Quatre Vents

Les quatre Vents se sont réunis sous mon toit.
Voici le Vent du Nord revêtu de blanc froid…
Voici le Vent du Sud portant les odeurs chaudes
Et toi, Vent de l’Ouest, qui pleures et qui rôdes !…

Te voici, Vent de l’Est amer et bienfaisant,
Toi dont les larges cris font trembler les coeurs lâches,
Toi qui grondes, toi qui domines, qui te fâches,
Toi qui donnes la force et la gloire du sang !

Vous voici réunis, ô quatre Vents que j’aime !
Et vous chantez, et vous criez tous réunis
Avec la joie et le désespoir infinis
Que ressent le poète en face du poème.

Tous vous obéissez au signe de mon doigt.
Mais, ô Vent de l’Ouest, qui rôdes et qui pleures,
C’est vers toi que s’en vont les songes de mes heures !…
Les quatre Vents se sont réunis sous mon toit.

(Renée Vivien)

 

Recueil: Dans un coin de violettes
Editions: E. SANSOT & Cie

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Un moment puissant (Sobonfu Somé)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2017



Deux personnes se réunissent
parce qu’un moment puissant
les a rassemblées.
Et le souvenir de ce moment
doit être préservé
afin d’être notre principal allié
lorsque nous sommes en pleine crise.

(Sobonfu Somé)


Illustration:
Fabienne Contat

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QUIZZ (Mihály Ladányi)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2017



©Thomas Padilla/MAXPPP - Paris FRANCE 04/04/2016 ; RASSEMBLEMENT A L' APPEL DU MOUVEMENT NUIT DEBOUT PLACE DE LA REPUBLIQUE. (MaxPPP TagID: maxnewsworldthree995441.jpg) [Photo via MaxPPP]

QUIZZ

Si neuf cents personnes sur mille
se réunissaient afin
de dire
eh bien mes enfants ce soir
nous n’allons pas jouer aux cartes
ni écouter de la stupide musique de danse
mais nous allons plutôt examiner
— nous disposons d’un peu de temps —
ce qui se passe ici mes enfants
Si neuf cents personnes sur mille
se réunissaient
quel serait donc
le texte ?

(Mihály Ladányi)

 

 

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Départ (Paul Claudel)

Posted by arbrealettres sur 30 décembre 2016



 

goutte

Départ

La goutte d’eau
à l’extrémité de cette aiguille de pin
prête à se réunir à la mer
tremble
hésite

(Paul Claudel)

 

 

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Je déteste qu’on attende du réel quelque chose comme un sens (Pascal Quignard)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2016



Je déteste qu’on attende du réel quelque chose comme un sens.
C’est déjà une façon de tricher avec le monde.

L’altérité me paraît bien plus proche de ce que la vie offre à vivre que cette question.
Le sens, c’est toujours orienter l’action ou le temps dans une seule direction
imposée par un groupe qui se considère comme le meilleur.
Réclamer du sens, c’est faire surgir un monde trop sémantique, trop orienté,
c’est faire de l’autre en tant qu’être différent un ennemi, c’est vouloir l’exterminer.

Tandis que prôner un monde uniquement anxieux de l’autre,
c’est une façon d’accueillir un réel bien plus dynamique.
Les sociétés perdues et perplexes ne posent pas de problème.
Apporter du sens, c’est se boucher la vue.

Si l’on vit avec quelqu’un que l’on aime, si on lui dit:
«C’est pour ça que je t’aime, voilà le sens de mon amour»,
il faut fuir car c’est déjà de la trahison.
On n’est pas pour une raison avec quelqu’un, on est face à lui, face à son étrangeté.
Le fait de se réunir sur ce qu’on ignore de l’autre est pour moi bien plus important
que de prétendre connaître quelque chose de l’autre.

(Pascal Quignard)

 

 

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