Avec quoi faut-il chercher l’eau,
Chère Elise, chère Elise,
Avec quoi faut-il chercher l’eau ?
Avec un seau, mon cher Eugène,
Cher Eugène, avec un seau.
Mais le seau, il est percé,
Chère Elise, chère Elise
Mais le seau, il est percé,
Faut le boucher, mon cher Eugène,
Cher Eugène, faut le boucher.
Avec quoi faut-il le boucher,
Chère Elise, chère Elise,
Avec quoi faut-il le boucher ?
Avec d’ la paille, mon cher Eugène,
Cher Eugène, avec d’la paille.
Mais la paille n’est pas coupée,
Chère Elise, chère Elise,
Mais la paille n’est pas coupée…
Faut la couper, mon cher Eugène,
Cher Eugène, faut la couper.
Avec quoi faut-il la couper,
Chère Elise, chère Elise,
Avec quoi faut-il la couper,
Avec une faux, mon cher Eugène,
Cher Eugène, avec une faux.
Mais la faux n’est pas affûtée,
Chère Elise, chère Elise,
Mais la faux n’est pas affûtée
Faut l’affûter, mon cher Eugène,
Cher Eugène faut l’affûter.
Avec quoi faut-il l’affûter,
Chère Elise, chère Elise,
Avec quoi faut-il l’affûter ?
Avec une pierre, mon cher Eugène,
Cher Eugène, avec une pierre.
Mais la pierre n’est pas mouillée,
Chère Elise, chère Elise,
Mais la pierre n’est pas mouillée
Faut la mouiller, mon cher Eugène,
Cher Eugène, faut la mouiller.
Avec quoi faut-il la mouiller,
Chère Elise, chère Elise,
Avec quoi faut-il la mouiller ?
Avec de l’eau, mon cher Eugène,
Cher Eugène, avec de l’eau !
Avec quoi faut-il chercher l’eau,
Chère Elise, chère Elise,
etc…
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Du village nocturne naissent les mille tours d’une cité
des paons blancs tristement
parcourent les cours
où l’eau retient le ciel d’étoiles
où la lune s’écoule des seaux
au frisson hésitant du vent.
Le bruit des attelages secoue les granges infinies
les verrous glissent sans bruit
et les portes soupirent
libérant l’ombre des chevaux
Pâles avec une lenteur de songe
du ciel tombent
les pétales des routes de minuit
Qui donc pose aux marguerites de l’hiver
la question d’amour ?
Il fut un temps, en Ukraine,
Où les canons grondaient ;
Il fut un temps où les Zaporogues
Savaient régner.
Ils régnaient et gagnaient
Leur gloire et leur liberté ;
Cela est passé, seules sont restées
Des tombes dans la plaine.
Hautes sont les tombes
Où sombrèrent dans le repos
Les corps blancs des Cosaques,
Drapés dans une toile écarlate.
Hautes sont ces tombes,
Noires, semblables aux montagnes,
Qui conversent à voix basse, dans la plaine,
De la liberté avec les vents.
Ces témoins de la gloire des ancêtres
Discutent avec le vent,
Tandis que leur descendant porte sa faux
dans la rosée,
En reprenant leur chant.
Il fut un temps, en Ukraine,
Où le malheur dansait,
Le chagrin s’enivrait à la taverne
D’hydromel par seaux entiers.
Il fut un temps où il faisait bon
En cette Ukraine…
Souvenons-nous-en ! Notre cœur, peut-être,
Connaîtra un répit.
Deux vieilles causent à l’angle d’un mur,
elles font des gestes avec leurs mains sèches à mitaines noires,
un petit chat blanc frotte en ronronnant son beau poil luisant
à leurs jupes rêches et on voit branler leurs mentons pointus.
Une femme attend vers la laiterie,
une autre à la fontaine où son seau se remplit;
des laveuses lavent le linge:
elles rient, le seau grince,
on entend leurs rires et grincer le seau
dans le bruit de l’eau;
des hommes entrent boire à La Croix Fédérale,
le pasteur passe, le régent;
et les petites filles rentrent de l’école
avec leurs cheveux moussus de soleil
et leurs mollets maigres.
(Charles-Ferdinand Ramuz)
Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite
d’allers en retours cent fois sur le chemin
d’un seul geste répété du père au fils
du vide au plein cent fois le seau monte du puits
peau et muscles tendus tout contre la pierre
se mesurent l’heure le jour la saison