Posts Tagged ‘secrètement’
Posted by arbrealettres sur 20 mai 2021

Mon enfant tout petit
a fait encore une bêtise grave.
Il a grimpé sur la rambarde de l’univers,
a heurté de la main
l’assiette rouge
pendue au mur du ciel,
et il a renversé sur lui toute la lumière.
Dieu est resté perplexe
en voyant le soleil
vêtu d’habits d’enfant
descendre au pas de course
l’escalier de mon imagination
pour arriver chez moi.
Et moi, me voici
maintenant
qui gronde avec sévérité
mon enfant tout petit
tout en volant secrètement
(Kiki Dimoula)
Illustration: Julia Pappas
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Posted in poésie | Tagué: (Kiki Dimoula), assiette, bêtise, enfant, escalier, grimper, gronder, habit, heurter, imagination, lumière, perplexe, petit, rambarde, renverser, sévérité, secrètement, univers, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

Illustration: Fanny Verne
RONDEAU DU MOI SECRET
For de mon for, tréfonds le plus intime
De mon bas être à l’erreur condamné,
Secrètement t’habite un Moi sublime,
Clos au dehors, du dedans gouverné.
Indifférente aux intérêts du monde,
Sans vanité, sans soif de chair ni d’or,
Ainsi tiens-tu ma Personne Seconde,
For de mon for.
Pour quel haut fait, quelle oeuvre magnanime
Ce Moi de Moi dans ton antre est-il né?
Pilier du ciel, rédimeur du vieux crime,
Quel abdal est-ce, ou Christ prédestiné
Tel du magnan sous la quenouille blonde
Le papillon qui vit sans aile encor,
Prêt à briser sa coquille féconde,
For de mon for,
Ainsi végète, ainsi déjà s’anime
Dans ton cocon de soie environné,
Le grain vivant, la chrysalide infime
De l’ange immense en ma chair confiné.
Mais, de l’abîme où n’atteint point la sonde,
Pour prendre aux cieux un droit et libre essor,
Comment sortir de ta geôle profonde,
For de mon for
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), abîme, ange, antre, atteindre, bas, briser, chair, Christ, chrysalide, ciel, clos, cocon, condamner, confiner, coquille, dedans, dehors, droit, essor, for, geôle, gouverner, grain, habiter, immense, indifférent, infime, intérêt, intime, libre, magnanime, moi, monde, naître, oeuvre, os, personne, pilier, profond, quenouille, rondeau, s'animer, second, secrètement, secret, soie, soif, sonde, sortir, sublime, tréfonds, vanité, végéter, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2020

Terre et Poésie
Vivre en poésie, ce n’est pas renoncer ;
c’est se garder à la lisière de l’apparent et du réel,
sachant qu’on ne pourra jamais réconcilier, ni circonscrire.
L’instant de poésie : fragile, à cause de nous qui ne savons pas séjourner ;
pas à cause d’elle, poésie, qui est égale inlassablement.
La poésie, comme l’amour, charge de tout son contenu,
force à tous ses espaces le visage, le geste, le mot.
Sans elle, à l’instant d’être, ils seraient déjà morts – ou cernés
jamais en leur étroite forme, ce qui est mourir d’une autre façon.
Le poème apparaît souvent comme un éboulis de mots,
dépourvus de sens pour l’oeil non exercé.
La poésie suggère.
En cela, elle est plus proche qu’on ne pense de la vie,
qui est toujours en deçà de l’instant qui frappe.
Nous ne donnons rien au poème qu’il ne nous rende au centuple.
Nous croyons le faire ; c’est lui qui, secrètement, nous fait.
Quand on a pris goût à l’espace sans dimension de la poésie,
on n’accepte que par à-coups
– parfois aussi par égard pour les autres –
le quotidien et les ruelles exactes.
Les habiles, les jongleurs de mots sont plus éloignés de la poésie
que cet homme qui – sans parole aucune –
se défait de sa journée, le regard levé vers un arbre,
ou le coeur attentif à la voix d’un ami.
L’appel du poème est rarement contraignant.
Le plus souvent discret, ne dirait-on pas que son premier désir
est qu’on veuille bien, tout d’abord, écouter.
Si la poésie n’a pas bouleversé notre vie,
c’est qu’elle ne nous est rien.
Apaisante ou traumatisante, elle doit marquer de son signe ;
autrement, nous n’en avons connu que l’imposture.
Tant que nous n’aurons pas résolu le problème des origines
– et i1 semble que la clef translucide ne sera jamais à notre anneau -,
la poésie gardera sa raison d’être.
De la certitude de ne jamais savoir tout à fait,
elle seule et l’amour nous consolent.
Ce qui nous dépasse, et dont nous portons le grain
aussi certainement que nous portons notre corps,
cela s’appelle : Poésie.
Le poème se nourrit de mouvements ;
mouvements de cet être intérieur que certains appelleraient « âme ».
Son rythme est celui de la vague, son dessein est de traverser.
(Andrée Chedid)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Andrée Chédid), accepter, amour, apparent, appel, attentif, âme, écouter, être, bouleverser, circonscrire, coeur, dépasser, désir, dessein, donner, espace, fragile, grain, inlassablement, instant, jongleur, lisière, nourrir, origine, poésie, quotidien, réconcilier, réel, rythme, séjourner, secrètement, suggérer, traverser, vague, visage, vivre | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020

A l’Ondine
Je te prendrai dans l’émotion des landes
muettement tu embrasseras ma terre
Je te prendrai dans la clarté des fontaines
avidement je te boirai
Tu portes mes amours mauves
dans la source des prunelles
écoute
les ajoncs et les plantes
vont chanter pour nous deux
la nuit fertile, la plage fraternelle
Nous referons cette Cornouaille mortelle
secrètement
dans le lit des hautes herbes
je te prendrai dans la grange verte
et ton corps aux semences mélangé
concevra tout un pays de fougères
et de genêts.
Ma belle amie sur la grève allongée
comme moi désire la mer
laisse-toi chavirer sous le vent des navires
(Xavier Grall)
Découvert chez Lara ici
Illustration: William Bouguereau
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Posted in poésie | Tagué: (Xavier Grall), ajonc, allongée, amie, amour, avidement, écouter, émotion, boire, chavirer, clarté, Cornouaille, désirer, embrasser, fertile, fontaine, fougère, genêt, lande, mauve, mer, navire, ondine, pays, plage, plante, prunelle, secrètement, source, vent | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2020
Dans la ronde des ombres froissant l’herbe tendre
J’entrai, disant le nom mélodieux.
Mais tout s’est dissipé, à peine puis-je entendre
D’un faible bruit le souvenir brumeux.
Ce nom, pensai-je, c’est le nom d’un séraphin.
J’eus peur d’abord de la forme légère,
Mais quelques jours encore et nous ne faisions qu’un.
J’étais comme dissous dans l’ombre chère.
Et le pommier de nouveau perd son fruit sauvage,
Et devant moi passe secrètement
L’image qui blasphème et se maudit, l’image
Nourrie des braises de la jalousie.
Et, cerceau d’or, accomplissant une autre volonté,
Le bonheur roule le long du chemin
Et toi tu vas en quête d’un printemps léger,
Déchirant l’air d’un geste de la main.
Le sort en est jeté. Rien ne fera que s’ouvre
Pour nous le cercle ensorcelé.
De la terre virginale les collines souples
Reposent, serrées dans leurs langes.
(Ossip Mandelstam)
Illustration: Madalina Iordache-Levay
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Posted in poésie | Tagué: (Ossip Mandelstam), blasphème, brumeux, cerceau, cercle, chère, colline, déchirer, dissoudre, ensorcelé, entendre, fruit, geste, herbe, lange, maudit, mélodieux, ombre, peur, pommier, quête, reposer, ronde, séraphin, se dissiper, secrètement, sort, souvenir, volonté | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 mars 2019

La terre est un pacage des étoiles
ou peut-être la zone d’opérations
d’un voleur invisible.
Quoi que nous fassions ou prenions,
c’est concurrence ou usurpation,
transgression d’un droit
qui nous surveille secrètement d’en haut,
violation d’un principe antérieur à nous.
Être est donc un vol.
Être, c’est être contre quelque chose,
contre une substance fuyante
qui occupe toujours les lieux où nous sommes
et filtre par le moindre interstice.
Être est quelque chose d’interdit
à quoi nous sommes néanmoins sinistrement obligés.
A moins qu’être ne consiste simplement
à aller dérober ailleurs,
là où le vol n’est pas un délit.
(Roberto Juarroz)
Recueil: Nouvelle Poésie Verticale
Traduction: Roger Munier
Editions: Lettres Vives
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Roberto Juarroz), ailleurs, étoile, concurrence, délit, dérober, droit, faire, filtrer, fuyant, interdit, interstice, invisible, lieu, obligé, occuper, opération, pacage, prendre, principe, secrètement, sinistre, substance, surveiller, terre, transgression, usurpation, violation, vol, voleur, zone | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2018

LA PLUIE
AME
Dans le vent du Sud la tendre déesse est arrivée
Elle a mouillé le bronze mouillé la fontaine
Mouillé le ventre de l’hirondelle et le poil de l’or
Elle a pris la marée dans ses bras, léché le sable, gobé les poissons
Elle a secrètement mouillé les temples, les établissements de bain,
les salles de théâtre,
Harpe à cordes de platine
La langue de la déesse dévergondée secrètement
A mouillé ma langue
(Junzaburô Nishiwaki)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Junzaburô Nishiwaki), bain, bronze, déesse, dévergondé, fontaine, gober, harpe, hirondelle, langue, marée, mouiller, or, platine, pluie, poil, poisson, secrètement, temple, tendre, théâtre, vent, ventre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2018

Sans se parler, deux coeurs s’aiment secrètement.
Elle coud sous la lampe; sous la lune, il s’achemine.
Arrivé devant le perron, il sait qu’elle n’est pas encore couchée.
Dans la nuit profonde, on entend le bruit des ciseaux qui tombent…
(Anonyme)
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Posted in poésie | Tagué: (anonyme), arriver, bruit, ciseau, coeur, couché, coudre, entendre, lampe, lune, nuit, parler, perron, s'acheminer, s'aimer, secrètement, tomber | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018

CONFESSION
Quelle chose est difficile à cacher ? Le feu !
Car le jour il se trahit par la fumée,
La nuit par la flamme, le monstre.
Difficile à cacher est aussi
L’amour : si secrètement qu’on le nourrisse,
Il jaillit pourtant aisément des yeux.
Mais ce qu’il y a de plus difficile à cacher c’est un poème,
On ne le met pas sous le boisseau.
Si le poète vient de le chanter,
Il en est tout pénétré ;
S’il l’a élégamment calligraphié,
Il veut que le monde entier l’aime.
Il le lit à chacun, joyeux et à voix haute,
Peu lui chaut qu’il tourmente ou édifie.
(Johann Wolfgang Von Goethe)
Recueil: Goethe Le Divan
Traduction: Henri Lichtenberger
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Johann Wolfgang Von Goethe), aimer, aisément, amour, édifier, élégant, boisseau, cacher, calligraphier, chanter, confession, difficile, feu, flamme, fumée, jaillir, jour, joyeux, lire, monstre, nourrir, nuit, pénétrer, poème, poète, se trahir, secrètement, tourmenter, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 mars 2018

Vivre, permanente surprise !
Vivre, permanente surprise !
L’amour de soi, quoi que l’on dise !
L’effort d’être, toujours plus haut,
Le premier parmi les égaux.
La vanité pour le visage,
Pour la main, le sein, le genou,
Tout le tendre humain paysage !
L’orgueil que nous avons de nous,
Secrètement. L’honneur physique,
Cette intérieure musique
Par quoi nous nous guidons, et puis
Le sol creux, les cordes, le puits
où lourdement va disparaître
Le corps ivre d’éternité.
– Et l’injure de cesser d’être,
Pire que n’avoir pas été !
(Anna de Noailles)
Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/
Recueil: L’honneur de souffrir
Traduction:
Editions:
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Anna de Noailles), amour, égal, éternité, être, cesser, corde, corps, creux, dire, disparaître, effort, genou, guider, haut, honneur, humain, injure, intérieur, ivre, lourdement, main, musique, orgueil, paysage, permanent, physique, pire, premier, puits, secrètement, sein, sol, surprise, tendre, vanité, visage, vivre | Leave a Comment »