Ils devaient faire un bon millier,
banderoles et slogans, à dire non, à rire non.
Sur une place, derrière les jongleurs,
un couple s’embrassait.
(Jean L’Anselme)
Posted by arbrealettres sur 23 mars 2023
Ils devaient faire un bon millier,
banderoles et slogans, à dire non, à rire non.
Sur une place, derrière les jongleurs,
un couple s’embrassait.
(Jean L’Anselme)
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Posted by arbrealettres sur 1 février 2023
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Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
Vers du souvenir
Je songe à sa venue
Brillante, brillante en haut des marches du jardin
Impatient, impatient de faire cesser notre séparation
Inépuisables, inépuisables, nous parlons d’amour
Nos regards s’embrassent sans pouvoir se rassasier
Je te contemple et en oublie ma faim
Je songe à l’instant où elle s’assit,
Consciencieuse, devant le rideau fin.
Elle chante par trois fois
Et par trois fois pince les cordes du luth.
Son rire efface le souvenir des autres êtres.
Elle fait la mine et n’en est que plus belle.
Je songe à son sommeil
Gardant l’éveil quand tous se reposent
Elle défait la torpeur sans y être poussée
Immobile sur le coussin,
Elle attend qu’une caresse la trouve.
Effrayée par mes regards,
Elle rougit sous la lueur des chandelles.
(Shen Yue)
(441-513)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
Posted in poésie | Tagué: (Shen Yue), amour, attendre, éveil, être, beau, brillant, caresse, cesser, chandelle, chanter, conscencieux, contempler, corde, coussin, défaire, effacer, effrayer, faim, fin, garder, haut, immobile, impatient, inépuisable, instant, jardin, lueur, luth, marche, mibe, oublier, parler, pincer, pousser, pouvoir, regard, rideau, rire, rougir, s'asseoir, s'embrasser, séparation, se rassasier, se reposer, sommeil, songer, souvenir, torpeur, trouver, venue, vers | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
L’union amoureuse
L’aimant détourne à lui la pointe de l’aiguille de fer
Le verre en fusion rassemble le feu et la fumée
L’aigu et le grave tonnent à l’unisson des accords parfaits
Et les coeurs voisins s’attirent toujours à l’intime
Mon amour me lie à toi comme l’ombre au corps
Nous dormons côte à côte sous des draps de trame fine
Dont la soie généreuse provient de cocons jumeaux
Aux heures chaudes, nos éventails sont deux ailes qui se touche
Aux heures froides, nos épaules s’embrassent sur la natte feutrée
Tu ris soudain et me voilà hilare
Tu t’affliges alors et ma joie s’évanouit
Allant, je joins mes pas aux tiens
Partant, nous partageons la poussière du chemin
Inséparables, comme les lions des portes célestes
Je ne recherche que ta présence
Et je ne crains que ta distance
Unissons nos corps en une seule forme
Partageons nos vies dans une chambre commune
Et dans la mort, scellons nos os sous un seul tombeau.
Le poète Qu sut dire l’amour au plus vrai ;
Le nôtre surpasse encore les mots.
(Yang Fang)
(IVe siècle)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
Posted in poésie | Tagué: (Yang Fang), accord, aigu, aiguille, aile, aimant, aller, amour, amoureux, épaule, éventail, céleste, côte-à-côte, chambre, chaud, chemin, cocon, coeur, commun, corps, craindre, dire, distance, dormir, drap, fer, feu, feutré, fin, forme, froid, fumée, fusion, généreux, grave, heure, hilare, inséparable, intime, joie, joindre, jumeau, lier, lion, mort, mot, natte, ombre, os, parfait, partager, partir, poète, pointe, porte, poussière, présence, provenir, rassembler, rechercher, rire, s'affliger, s'attirer, s'évanouir, s'embrasser, savoir, sceller, se détourner, se toucher, soie, soudain, surpasser, tombeau, tonner, toujours, trame, union, unir, unisson, verre, vie, voisin, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022
Un jour, il y eut un enfant
Un jour, il y eut un enfant.
Il vint jouer dans mon jardin;
Il était tout à fait pâle et silencieux.
Seulement quand il sourit je sus tout de lui,
Je sus ce qu’il avait dans les poches,
Je connus la sensation de ses mains dans les miennes
Et les plus intimes accents de sa voix.
Je le menais vers chacun de mes sentiers secrets
Lui montrant la cachette de tous mes trésors.
Je le laissais jouer avec eux, chacun d’entre eux,
J’ai déposé mes pensées chantantes dans une petite cage d’argent
Et lui les donnais afîn qu’il les garde…
Il faisait très sombre dans le jardin
Mais jamais assez sombre pour nous. Sur la pointe des pieds
Nous marchions parmi les ombres les plus profondes;
Nous nous baignâmes dans les étangs d’ombres sous les arbres
Prétendant que nous étions sous la mer.
Une fois — près de la limite du jardin —
Nous entendîmes des pas passant le long de la route du Monde;
O combien nous fûmes effrayés!
Je murmurai: « As-tu déjà marché le long de cette route? »
Il hocha la tête et nous chassâmes les larmes de nos yeux…
Un jour, il y eut un enfant.
Il vint — tout à fait seul — pour jouer dans mon jardin;
Il était pâle et silencieux.
Quand nous nous rencontrâmes nous nous embrassâmes,
Mais quand il est parti, nous ne nous fîmes pas même un signe.
***
There was a child once
He came to play in my garden;
He was quite pale and silent.
Only when he smiled I knew everything about him,
I knew what he had in his pockets,
And I knew the feel of his hands in my hands
And the most intimate tones of his voice.
I led him down each secret path,
Showing him the hiding-place of all my treasures.
I let him play with them, every one,
I put my singing thoughts in a little silver cage
And gave them to him to keep…
It was very dark in the garden
But never dark enough for us. On tiptoe we walked
among the deepest shades;
We bathed in the shadow pools beneath the trees,
Pretending we were under the sea.
Once—near the boundary of the garden—
We heard steps passing along the World-road;
O how frightened we were!
I whispered `Haveyou ever walked along that road? »
He nodded, and we shook the tears from our eyes…
There was a child once.
He came—quite alone—to play in my garden;
He was pale and silent.
When we met we kissed each other,
But when he went away, we did not even wave
(Katherine Mansfield)
Posted in poésie | Tagué: (Katherine Mansfield), accent, arbre, argent, étang, cachette, cage, chantant, chasser, connaître, déposer, donner, effrayé, enfant, entendre, garder, hocher, intime, jardin, jouer, larme, limite, main, mener, mer, montrer, partir, passer, pâle, pensée, pied, poche, pointe, prétendre, s'embrasser, savoir, se baigner, se rencontrer, secret, sensation, sentier, signe, silencieux, sombre, sourire, tête, trésor, venir, voix, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2022
Illustration: Alice de Miramon
JE TOUCHE TES LEVRES
Je touche tes lèvres,
je touche d’un doigt le bord de tes lèvres.
Je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main,
comme si elle s’entrouvrait pour la première fois
et il me suffit de fermer les yeux
pour tout défaire et tout recommencer.
Je fais naître chaque fois la bouche que je désire,
la bouche que ma main choisit et qu’elle dessine sur ton visage,
une bouche choisie entre toutes, choisie par moi
avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui,
par un hasard que je ne cherche pas à comprendre,
coïncide exactement à ta bouche
qui sourit sous la bouche que ma main te dessine.
Tu me regardes, tu me regardes de tout près,
tu me regardes de plus en plus près,
nous jouons au cyclope,
nos yeux grandissent, se rejoignent, se superposent,
et les cyclopes se regardent, respirent confondus,
les bouches se rencontrent, luttent tièdes avec leurs lèvres,
appuyant à peine la langue sur les dents,
jouant dans leur enceinte où va et vient
un air pesant dans un silence et un parfum ancien.
Alors mes mains s’enfoncent dans tes cheveux,
caressent lentement la profondeur de tes cheveux,
tandis que nous nous embrassons
comme si nous avions la bouche pleine de fleurs ou de poissons,
de mouvement vivants, de senteur profonde.
Et si nous nous mordons, la douleur est douce
et si nous sombrons dans nos haleines mêlées
en une brève et terrible noyade,
cette mort instantanée est belle.
Et il y a une seule salive et une seule saveur de fruit mûr,
et je te sens trembler contre moi comme une lune dans l’eau.
(Julio Cortázar)
Recueil: Marelle
Traduction: Laure Bataillon & Françoise Rosset
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Julio Cortázar), bord, bouche, bref, cheveux, choisir, coïncider, comprendre, confondu, cyclope, défaire, désirer, dent, dessiner, doigt, douleur, doux, eau, fermer, fleur, fruit, grandir, haleine, instantané, jouer, langue, lèvres, liberté, lune, lutter, main, mordre, mort, mur, naître, noyade, plein, poisson, près, recommencer, regarder, respirer, s'embrasser, s'enfoncer, s'entrouvrir, salive, saveur, se rejoindre, se rencontrer, se superposer, sombrer, sourire, suffire, terrible, tiède, toucher, trembler, visage, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2020
Dans le bois de la nuit
Il faudrait des millions de Christine
Et des millions d’Yvon.
Je t’ai embrassée comme une première fois
Petite fille, je te le jure.
Tu sentais la vie comme la bruyère
Comme le dahlia frais de rosée
Sur ma figure.
Ton baiser était nouveau
Profond comme la forêt
Long comme le chemin
Et on s’est perdu
Dans un petit bois d’un petit village
Peut-être qu’on voulait se perdre ?
On a ri comme des gosses,
Regarde les gens,
Ils sont heureux de nous voir.
Endors-toi,
Réveille-toi,
Prends la bruyère
Cours, aime, chante, dis l’amour ; fais l’amour.
On ne peut pas nous tuer
La vie rigole Christine,
Parce que les enfants sont gentils
Quand on ne les frappe pas ;
Parce qu’on était heureux
Avec nos deux mains
Avec nos lèvres
Avec nos caresses
Avec nos yeux bleus et marrons
L’autre jour, l’autre vie dans la forêt
Aujourd’hui, demain je t’aime,
Viens avec la Vie, on se rencontrera,
C’est vrai
J’arrête mes mots parce qu’on s’embrasse,
Tu joues
Tu travailles
Tu ris à côté
de moi et tu me dis « Viens plus près ».
Il faudrait des millions de Christine
Et des millions d’Yvon.
Tu es là comme pour la première fois
Il ne faut pas se perdre
Donne-moi la main,
Ta main qui travaille, qui caresse, qui…
Porte un fusil pour s’aimer.
(Yvon Le Men)
Posted in poésie | Tagué: (Yvon Le Men), amour, baiser, bois, bruyère, caresse, caresser, chanter, chemin, courir, dahlia, embrasser, enfant, figure, forêt, fusil, gentil, lèvres, main, nuit, petite fille, rire, rosée, s'aimer, s'embrasser, se perdre, travailler, village, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2020
DIALOGUE AVEC IBN HAZM
— Quelle âge as-tu ?
— Une heure
car je viens de donner
un baiser à celle que j’aime.
— Quel âge as-tu ?
— L’âge de l’éternité
car j’ai donné un baiser au baiser
— Quand es-tu né ?
— Quand toi tu commenceras à naître
et quand le baiser s’embrassera
sans que j’ai besoin de ma bouche
pour le donner
(Serge Pey)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Serge Pey), aimer, âge, éternité, baiser, bouche, donner, heure, naître, s'embrasser | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 19 avril 2020
Mais ce cœur est rongé d’ennui comme le mien,
comme le mien aussi salé de solitude
on ne peut s’embrasser qu’à travers un miroir,
se toucher qu’à travers un fleuve de silence
(Benjamin Fondane)
Posted in poésie | Tagué: (Benjamin Fondane), coeur, ennui, fleuve, miroir, ronge, s'embrasser, sale, se toucher, silence, solitude | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 avril 2020
Les cimes dispersées les oiseaux du soir
Au chevet de la rue
Les échos féminins des baisers
Et dans les abris du désir
La grande obscurité éblouissante
des rebelles qui s’embrassent.
A pleines mains la pluie
Sous les feuilles sous les lanternes
A plein silence les plâtras des heures
Dans les brouettes du trottoir
Le temps n’est pas le maître
Il s’affaisse
Comme un rire étudié
Qui dans l’ennui ne germe pas.
L’eau ignorante
la nuit étourdie
vont se perdre
La solitude falsifie toute présence
Un baiser encore un baiser un seul
Pour ne plus penser au désert.
(Paul Eluard)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Eluard), abri, éblouissant, écho, baiser, cime, désert, désir, dispersé, eau, féminin, ignorant, lanterne, mémoire, obscurité, oiseau, rebelle, rue, s'affaisser, s'embrasser, silence, solitude, trottoir | 2 Comments »