Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘s’enfler’

C’est moi (Roger Munier)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2021



Le vent de la nuit renaît et s’enfle dans les arbres.
Quand il cesse, dans le silence pur,
il dit: c’est moi.

(Roger Munier)


Illustration

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le labyrinthe (Jean Joubert)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2018



Illustration: Edward Burne Jones   
    
Le labyrinthe

A la lisière du Grand Bois
cette gueule béante entre les branches
est l’entrée du labyrinthe.
Une voix impérieuse
venue de nulle part
t’ordonne de marcher,
de pénétrer dans les entrailles noires.
Derrière toi les routes sont coupées,
les villes engluées dans leurs clameurs
où tu n’as plus de place
ni de nom.
Et te voici errant dans la ténèbre;
tu n’entends plus
que le bruit de ton pas,
au loin une rumeur de vie:
grognements, sifflements
souffles, râles et plaintes.
Peu à peu s’est levée une lueur lunaire
sur le vertige des couloirs.
Sans règle ni repères
tu marches droit, suivant ton coeur,
tandis que s’enfle,
toujours plus proche,
le grondement de la Bête.

(Jean Joubert)

 

Recueil: Longtemps j’ai courtisé la nuit
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA FORGE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2018



Illustration
    
LA FORGE

Le peintre installé
dans la forge des champs
abandonnée enfin
dessine les courbes
de ses figurations
devant la silencieuse fille
dont le corps prétexte à des couleurs
mains aux hanches se tient
sur la flaque de soleil.
Sa gorge s’enfle avivée
prés du soufflet vétuste
vert comme l’étang tiède
où parfois elle se baigne
entendant dans le lointain les voix
des charretiers invisibles et bons.

(Jean Follain)

 

Recueil: Des Heures
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La Mer (René-François Sully Prudhomme)

Posted by arbrealettres sur 19 avril 2018




La Mer

La mer pousse une vaste plainte,
Se tord et se roule avec bruit,
Ainsi qu’une géante enceinte
Qui des grandes douleurs atteinte,
Ne pourrait pas donner son fruit ;

Et sa pleine rondeur se lève
Et s’abaisse avec désespoir.
Mais elle a des heures de trêve :
Alors sous l’azur elle rêve,
Calme et lisse comme un miroir.

Ses pieds caressent les empires,
Ses mains soutiennent les vaisseaux,
Elle rit aux moindres zéphires,
Et les cordages sont des lyres,
Et les hunes sont des berceaux.

Elle dit au marin : « Pardonne
Si mon tourment te fait mourir ;
Hélas ! Je sens que je suis bonne,
Mais je souffre et ne vois personne
D’assez fort pour me secourir ! »

Puis elle s’enfle encor, se creuse
Et gémit dans sa profondeur ;
Telle, en sa force douloureuse,
Une grande âme malheureuse
Qu’isole sa propre grandeur !

(René-François Sully Prudhomme)

Illustration: Brigitte Perrault

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 6 Comments »

Dans la nuit un mollusque grandit (René Daumal)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2018



Illustration: Edvard Munch
    
Dans la nuit un mollusque grandit.
— mais d’où tire-t-il sa chair ? —
il grandit avec les petites boules pâles
au creux des estomacs d’enfants :
ces boules qui s’enflent dans le ventre et sous les côtes
et qu’on appelle : « peur de la mort ».
C’est la peur de la mort du monde,
ce mollusque au mufle épais,
ces yeux sans regards qui rident l’espace.

(René Daumal)

 

Recueil: Se dégager du scorpion imposé
Traduction:
Editions: Editions Eoliennes

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Difficile (Emilien Chesnot)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2018




    
difficile
d’apparaître plus
debout dans le ciel
l’oeil passe
dans sa lumière et s’enfle
de bleu

(Emilien Chesnot)

 

Recueil: Faiblesse d’un seul
Traduction:
Editions: Centrifuges

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | Leave a Comment »

CÉSAR (Paul Valéry)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2017



 

jules-cesar

CÉSAR

César, calme César, le pied sur toute chose,
Les poings durs dans la barbe, et l’oeil sombre peuplé
D’aigles et des combats du couchant contemplé,
Ton coeur s’enfle, et se sent toute-puissante Cause.

Le lac en vain palpite et lèche son lit rose;
En vain d’or précieux brille le jeune blé;
Tu durcis dans les noeuds de ton corps rassemblé
L’ordre, qui doit enfin fendre ta bouche close.

L’ample monde, au delà de l’immense horizon,
L’Empire attend l’éclair, le décret, le tison
Qui changeront le soir en furieuse aurore.

Heureux là-bas sur l’onde, et bercé du hasard,
Un pêcheur indolent qui flotte et chante, ignore
Quelle foudre s’amasse au centre de César.

(Paul Valéry)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Tout s’enfle contre moi, tout m’assaille, tout me tente (Jean de Sponde)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2017




Tout s’enfle contre moi, tout m’assaille, tout me tente,
Et le Monde et la Chair, et l’Ange révolté,
Dont l’onde, dont l’effort, dont le charme inventé
Et m’abîme, Seigneur, et m’ébranle, et m’enchante.

Quelle nef, quel appui, quelle oreille dormante,
Sans péril, sans tomber, et sans être enchanté,
Me donneras-tu ? Ton Temple où vit la Sainteté,
Ton invincible main, et ta voix si constante ?

Et quoi ? Mon Dieu, je sens combattre maintes fois
Encor avec ton Temple, et ta main, et ta voix,
Cet Ange révolté, cette Chair, et ce Monde.

Mais ton Temple pourtant, ta main, ta voix sera
La nef, l’appui, l’oreille, où ce charme perdra,
Où mourra cet effort, où se rompra cette onde.

(Jean de Sponde)

Illustration: Siegfried Zademack

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Corporel (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2016



Corporel

L’arabesque en forme de femme
balance des feuilles tendres sur le blanc
de la peau.
Elle transmue des cuisses en rythmes,
des genoux en tulipes. Et elle danse
en reposant. Maintenant s’incline
en turgides, promettantes collines.

Tout s’allonge: c’est une terre
parsemée de minéraux arrondis,
bracelets, anneaux multipliés,
mandolines de douceur aux reins chantant.

Où s’apaise le mouvement, naît
spontanée la parabole,
et un orbe, un sein, une baie
font s’écouler, sans fin,
la modulation de la ligne.

De cinq, dix sens, s’enfle
l’arabesque, pomme
polie dans la rosée
de corps qui s’enlacent et se déprennent
dans la courbe courbe courbe bien-aimée,
et ce que le corps invente est chose ailée.

(Carlos Drummond de Andrade)


Illustration: Jean-Baptiste Valadié

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Le ciel et la terre sont indifférents aux passions humaines (Lao Tseu)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2016



Le ciel et la terre sont indifférents
aux passions humaines.
Pour eux,
les vivants
ne sont que chiens de paille.
Ephémères.
Le Sage n’a pas d’affection.
Pour lui aussi,
les hommes
ne sont que chiens de paille.
Entre le ciel et la terre,
l’espace est
comme un soufflet de forge.
Il est vide
mais pas épuisé.
Soit qu’il s’enfle,
soit qu’il s’abaisse,
il est toujours prêt à servir,
toujours inépuisable.
L’homme qui veut saisir l’espace
n’étreint que le vide.
Mieux vaut se fondre dans ce vide,
dans ce vide immense,
dans ce vide merveilleux.
C’est le vide sublime,
c’est le Tao.

(Lao Tseu)

Illustration: Viviane-Josée Restieau

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »