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Poésie

Posts Tagged ‘sensuel’

Amour (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2019




    
Amour

Amour, tu ne reviens plus vers mes yeux morts;
et comme mon coeur idéaliste te pleure.
Mes calices attendent tous ouverts
tes hosties d’automne et tes vins d’aurore.

Amour, croix divine, abreuve mes déserts
de ton sang d’astres qui rêve et qui pleure.
Amour, tu ne reviens plus vers mes yeux morts
qui redoutent et désirent tes larmes d’aurore!

Amour, je ne t’aime pas quand tu es distant
balançant entre tes fards de joyeuse bacchante,
et tes traits fragiles et fades de femme.

Amour, viens sans chair, d’un ichor qui étonnera;
et que moi, comme un Dieu, je sois l’homme
qui aime et engendre sans plaisir sensuel!

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

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Maintenant que je vieillis (André Spire)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2019



 

Christiane Vleugels 6

PRUDERIE

Maintenant que je vieillis,
Que mon sang se glace,
Je me surprends, parfois, à parler de vertu,
A médire des jeunes gens sensuels.
puissance de l’habitude,
Et de l’exemple des vieilles gens!
Pensais-tu ainsi, autrefois.
Lorsque le printemps te chassait par les rues.
Et te faisait galoper vers l’amour,
Comme une bête en rut ?

(André Spire)

Illustration: Christiane Vleugels

 

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Je divague (Alain Jégou)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2018



Je divague.
J’erre de vague en vague
et cherche mon amer,
mon aber,
mon havre calfeutré
dans sa cotte de pensées.
La solitude me sied.
Je n’appelle plus personne.
Personne ne m’appelle.
Plus de liens.
Plus de chaleur.
Plus de cœur.
Plus de chair.
Plus de désirs.
Plus d’âme.
Plus de pensées torves
et tourmenteuses.
Donc plus de souffrances ni de nausées.
Plus rien que la mer spacieuse
et silencieuse.
Elle, éternelle, inébranlable,
et moi
qui ne me sentirait jamais aussi vivant
que lorsqu’elle m’accorde
ses plus tendres et sensuels effleurements.

(Alain Jégou)


Illustration: Clark Little

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Japoneries (Paul Morin)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2018



 

Abraxsis Der Jen 21 [1280x768]

Japoneries

J’ai peint ces vers sur la soierie
D’un frêle éventail japonais,
Où courait une broderie
De fils d’or, de nacre et de jais:

Nid de polychromes mousmées
Dont les silhouettes s’en vont,
Grêles, mignardes et grimées,
Se perdre au clair de lune blond;

Fantasque pays d’hippogriffes
Dont les temples d’ocre vêtus
Et flanqués de monstres à griffes
Jaillissent, bulbeux ou pointus,

Et se reflètent dans la moire
Azuréenne d’un bassin
D’onyx rose ou de pâle ivoire,
De granit rouge ou de succin;

Rafales nippones, fleuries
De la neige des fleurs de thé
Que moissonne aux branches meurtries
Le vent nocturne de l’été;

Pagodes bizarres, dieux blêmes,
Geishas en robe de crépon,
Jardins gemmés de chrysanthèmes
D’iris, de jonquilles… Japon!

Pays où la brise sans trêve
Berce les lotus et les lis,
Pays secret d’extrême rêve
Peuplé de flamants et d’ibis;

Petit empire aux vertes rives,
Sensuel, bigarré, charmant,
Tu me déplais et me captives,
Tout chez toi me semble alarmant,

Et le vif carmin de ta lèvre,
Et tes masques et tes chansons…
Petit empire des frissons,
Des frissons d’angoisse et de fièvre
Dont meurent, au matin pâli,
Tes mille et une Butterfly…

(Paul Morin)

Illustration: Abraxsis Der Jen

 

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DANS LA CLAIRIÈRE (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 14 février 2018



Illustration
    
DANS LA CLAIRIÈRE

Pour plus d’agilité, pour le loyal duel,
Les témoins ont jugé qu’Elles se battraient nues.
Les causes du combat resteront inconnues;
Les deux ont dit : Motif tout individuel.

La blonde a le corps blanc, plantureux, sensuel;
Le sang rougit ses seins et ses lèvres charnues.
La brune a le corps d’ambre et des formes ténues;
Les cheveux noirs-bleus font ombre au regard cruel.

Cette haie où l’on a jeté chemise et robe,
Ce corps qui tour à tour s’avance ou se dérobe,
Ces seins dont la fureur fait se dresser les bouts,

Ces battements de fer, ces sifflantes caresses,
Tout paraît amuser ce jeune homme à l’oeil doux
Qui fume en regardant se tuer ses maîtresses.

(Charles Cros)

 

Recueil: Le Collier de griffes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Mon esprit est un gros morceau de néant irrévocable (Edward Estlin Cummings)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2018




    
mon esprit est
un gros morceau de néant irrévocable dont le toucher et le goût et
l’odorat et l’ouïe et la vue ne cessent de frapper et de tailler avec
des outils fatals tranchants
dans une agonie de ciseaux sensuels j’accomplis des contorsions
de chrome et exécute des enjambées de cobalt
néanmoins je
sens que je ingénieusement suis modifié que je légèrement
deviens quelque chose d’un peu différent, en fait
moi-même
Là-dessus impuissant j’émets des hurlements lilas et des
mugissements écarlates.

(Edward Estlin Cummings)

 

Recueil: XLI Poèmes
Traduction: Thierry Gillyboeuf
Editions: La Nerthe

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Deux gouttes dans un peu d’eau (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2018




    
Deux gouttes dans un peu d’eau
au-dessus d’un réchaud
expriment un parfum de nature

Achetez mes huiles essentielles
vibrant dans le ciel
des idées pures

Le citron a la grâce d’un voleur
Le musc est un pacha
Le jasmin adoucit les moeurs
et il y a aussi l’herbe à chats

Le cactus surprend les belles
L’oranger apporte la paix
L’ambre est sensuel
et tranche comme l’épée

Ce sont les parfums de jadis
pommes vertes du paradis
qui ouvrent vos grands yeux fendus
aux anciens savoirs perdus

Deux gouttes dans un peu d’eau
feront frémir vos peaux
sous l’étreinte de la Nature

Achetez mes huiles essentielles
vibrant dans le ciel
des idées pures

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’amoureuse en secret (René Char)

Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2017



L’amoureuse en secret

Elle a mis le couvert et mené à la perfection
ce à quoi son amour assis en face d’elle parlera bas tout à l’heure,
en la dévisageant.
Cette nourriture semblable à l’anche d’un hautbois.
Sous la table, ses chevilles nues
caressent à présent la chaleur du bien-aimé,
tandis que des voix qu’elle n’entend pas,
la complimentent.
Le rayon de la lampe emmêle,
tisse sa distraction sensuelle.
Un lit, très loin, sait-elle, patiente et tremble
dans l’exil des draps odorants,
comme un lac de montagne
qui ne sera jamais abandonné.

(René Char)

Illustration: Hélène Mahevo

 

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Danser l’éclat de sa naissance (René Char)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2017



La foudre libère l’orage
et lui permet de satisfaire
nos plaisirs et nos soifs.
Foudre sensuelle !

(Hisser, de jour, le seau du puits
où l’eau n’en finit pas de danser
l’éclat de sa naissance.)

(René Char)

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O lune fais surgir… (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2017




    
Ô lune fais surgir…

Ô lune, fais surgir, lune aux odeurs suaves,
Des marais langoureux où traîne ta clarté,
Des écluses filtrant une écumeuse bave,
Des ruisseaux étalant leur blême nudité,

Lune, fais s’élever, langage intelligible,
Ces parfums sensuels dont j’aime à m’enivrer,
Révélateurs lointains d’un monde inaccessible
Où nous pouvons par eux un instant pénétrer.

O lune qui promets des délices perverses,
Répands tes lents reflets sur les genêts fumeux;
Leurs groupes inccertains que ta pâleur traverse
Ont des enlacements de couples amoureux:

Corps blancs, corps enivrés! – O lune aromatique,
Tels les rameaux des houx, mon coeur est saturé
De ton baume fluide et, prêtresse extatique
Que sourdement possède un délire sacré,

Je me tiens dans la nuit où coule ton haleine,
Pressentant épuisée au souffle qui m’atteint
Et qui monte vers toi des prés et des fontaines,
Les voluptés sans borne et dont mon âme a faim.

(Marie Dauguet)

 

 

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