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Poésie

Posts Tagged ‘sépulture’

J’envie les chiens (Nico Naldini)

Posted by arbrealettres sur 23 juin 2021



J’envie les chiens
qui n’auront pas de sépulture.
En auront une
les êtres qui ne savent pas
que mourir est un vent
qui s’éloigne
et que le vent est le temps
qui sema les roses
changeant la robe du ciel
et son parfum.

***

Invidio i cani
che non avranno sepoltura.
L’avranno
gli esseri che non sanno
che morire è un vento
che va lontano
e il vento è il tempo
che seminò le rose
mutando le vesti del cielo
e i suoi odori.

(Nico Naldini)

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La poésie (Sandrine Rotil-Tiefenbach)

Posted by arbrealettres sur 6 juillet 2020



La poésie,
c’est comme le rire,
la maîtrise du feu
et la notion de sépulture

(Sandrine Rotil-Tiefenbach)


Illustration

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Les dés éternels (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2019




    
Les dés éternels
Pour Manuel Gonzalez Prada

Mon Dieu, je pleure sur l’être que je vis
je regrette d’avoir pris ton pain;
mais la pauvre boue pensive que je suis
n’est pas croûte fermentée dans ton flanc :
toi tu n’as pas de Maries qui s’en vont!

Mon Dieu, si tu avais été un homme,
aujourd’hui tu saurais être Dieu;
mais toi, qui as toujours été bien,
tu ne sens rien de ta création.
En fait l’homme te souffre : le Dieu c’est lui!

Aujourd’hui que dans mes yeux sorciers luisent des chandelles,
comme dans ceux d’un damné,
mon Dieu, tu vas allumer tous tes cierges,
et nous jouerons avec le vieux dé…
Peut-être que, oh joueur! sortant le chiffre
de l’univers entier
surgiront les cernes de la Mort,
comme deux funèbres as de boue.

Mon Dieu, en cette nuit sourde, obscure,
tu ne pourras plus jouer, car la Terre
est un dé rongé et désormais rond
à force de rouler à l’aventure,
qui ne peut s’arrêter que dans un trou,
le trou d’une immense sépulture.

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

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Alchimie de la Douleur (Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018


pompei

L’un t’éclaire avec son ardeur,
L’autre en toi met son deuil, Nature!
Ce qui dit à l’un : Sépulture!
Dit à l’autre: Vie et splendeur!

Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes;

Par toi je change l’or en fer
Et le paradis en enfer;
Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.

(Baudelaire)

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Homme, je pleure un corps (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2018




Ici, dites-vous, dans cette sépulture dont je m’approche,
N’est pas qui j’ai aimé. Ni regard, ni sourire ne se cachent
Dans ce repli de terre.
Ah, mais ici, des yeux, une bouche se cachent !
J’ai serré des mains, non une âme, elles gisent ici.
Homme, je pleure un corps !

(Fernando Pessoa)

Illustration: Edouard Bernard Debat-Ponsan

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Icare est chu ici, le jeune audacieux (Philippe Desportes)

Posted by arbrealettres sur 17 août 2018



 

Icare est chu ici, le jeune audacieux,
Qui pour voler au Ciel eut assez de courage :
Ici tomba son corps degarni de plumage,
Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux.

Ô bienheureux travail d’un esprit glorieux,
Qui tire un si grand gain d’un si petit dommage !
Ô bienheureux malheur, plein de tant d’avantage
Qu’il rende le vaincu des ans victorieux !

Un chemin si nouveau n’étonna sa jeunesse,
Le pouvoir lui faillit, mais non la hardiesse ;
Il eut, pour le brûler, des astres le plus beau.

Il mourut poursuivant une haute aventure,
Le ciel fut son désir, la mer sa sépulture :
Est-il plus beau dessein, ou plus riche tombeau ?

(Philippe Desportes)

Illustration

 

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Le sein d’Amaranthe (Pierre de Marbeuf)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2018



 

Luis De Leõn -   (7)

Le sein d’Amaranthe

Mon esprit qui toujours d’un vain espoir s’apaise,
Compare votre sein, dont je suis envieux,
A des jeunes boutons, puis il dit à mes yeux :
Si vous les pouviez voir, ne mourriez-vous point d’aise ?

Ainsi dans mon esprit s’allume une fournaise,
Et son feu se nourrit d’un objet gracieux,
Qui me fait concevoir en tout et en tous lieux,
L’enflure de ce marbre où fleurit une fraise.

Enfin si votre amour demeure le vainqueur,
Et si jusqu’à la mort vous poursuivez mon coeur,
Mon Amaranthe, au moins donnez-lui sépulture.

Que si vous voulez suivre en cela mon dessein,
Son tombeau n’aura pas une autre couverture
Que du marbre qu’on voit qui blanchit votre sein.

(Pierre de Marbeuf)

Illustration: Luis De Leõn

 

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ANIMAL DE LUMIÈRE (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2018



ANIMAL DE LUMIÈRE

Je suis, dans cet illimité sans solitude,
un animal de lumière traqué
par ses erreurs, par son feuillage :
vaste est la forêt : ici mes semblables
pullulent, reculent, trafiquent
tandis que je m’isole avec pour toute compagnie
l’escorte que le temps désigne :
les vagues de la mer, les étoiles nocturnes.

C’est peu, c’est vaste, c’est mince et c’est tout.
Mes yeux ont vu tant d’autres yeux
et ma bouche a reçu tant de baisers
et avalé tant de fumée
de ces trains disparus
– ô vieilles gares inclémentes! -,
elle a humé tant de poussière en d’incessantes librairies,
que l’homme que je suis, le mortel, s’est lassé
de ces yeux, ces baisers, ces fumées, ces chemins,
ces livres plus épais que l’épaisseur terrestre.

Et aujourd’hui, au fond de la forêt perdue
il entend la rumeur de l’ennemi et fuit
non point les autres mais lui-même
et la conversation interminable,
le choeur qui chantait avec nous,
la signification de l’existence.

Car une fois, car une voix, une syllabe
ou le passage d’un silence
ou le son de la mer resté sans sépulture
me laissent face à face avec la vérité,
et il ne reste vraiment rien à déchiffrer,
rien qui puisse encore être dit : il n’y avait rien d’autre :
les portes de la forêt se sont refermées,
le soleil circule en ouvrant les feuilles,
la lune monte dans le ciel comme un fruit blanc
et l’homme se conforme à son destin.

(Pablo Neruda)


Illustration: Fra Angelico

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Ennui (Alexàndra Galanou)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2018



Illustration
    
Ennui

Du dimanche immobile
l’ennui
coule en des pensées
traînantes,
errances de la mémoire,
viols de sépultures d’amours.

Et tandis que le jour
te dépasse,
tu retournes
les tiroirs
et cherches
lustrant les souvenirs ternis
à te souvenir…
Quand l’as-tu reçu, ton premier baiser ?
L’été dans les dunes
ou un soir noyé sous la pluie ?
La couleur de ses yeux ?
Sa chemise était-elle
vraiment bleu ciel ?

***

(Alexàndra Galanou)

 

Recueil: Dans les recoins des mots
Traduction:
Editions: Circé

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A la mer (Attila Jozsef)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2018



A la mer

Mer! ô miracle trépidant!
De la mélancolie
Où se complaît ton chant
Enveloppe mon âme! Elle aspire à la vie.
Bannis de mon cœur endurci, de son tréfonds,
Tout cet univers d’ombre et d’obtuses chansons.
Trop lâche est l’humaine nature.
Rare celui qui se mesure
A ton secret pouvoir!
Et si l’obscurité m’entoure et me fait choir,
Elle m’imposera ma sépulture,
Me fera dépérir,
Mourir à petit feu, patiente et tenace.
Cette fin qui menace
Tarde à venir.

(Attila Jozsef)


Illustration: Alexandre Séon

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