Posts Tagged ‘serrer’
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2021

Si tu m’entends chanter, sache que je viens de pleurer.
CHANSON POPULAIRE
Pourquoi es-tu couché là,
comme la grosse poutre du parapet
qui m’empêchait de voir la femme claire ?
Sa voix m’arrivait saturée des odeurs d’autrui
et ça fait vingt ans que je ne peux pas traverser
la salle remplie,
rejoindre
ma féminité oubliée.
Parce que je sais que tu ne m’enjamberas pas
quand tu viens là-haut, répond-il,
et tes doigts, teints par des noix vertes,
vont m’apporter la douceur d’un jardin
que nous avons aimé ensemble.
Il est couché comme une conversation inachevée
à travers le couloir de ma maison paternelle,
emmailloté comme de langes
ou d’un linceul,
je sors mon sein pour nourrir le bébé
et la solitude de l’homme,
mais le lait tarit, la ganse rouge
serrant les couches se relâche
et une chanson se lève entre mes pleurs
comme du pain
pour rassasier
l’enfant et l’homme.
Une poutre lourde est couchée
au bout de mon songe,
un papillon noir est couché
sur ma poitrine.
On n’enjambe pas un corps mort.
(Aksinia Mihaylova)
Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Aksinia Mihaylova), aimer, apporter, arriver, au nout, autrui, bébé, chanson, chanter, clair, conversation, corps, couché, coucher, couloir, doigt, douceur, emmailloter, empêcher, enfant, enjamber, ensemble, entendre, féminité, femme, ganse, gros, homme, inachevé, jardin, lait, langes, là-haut, linceul, lourd, maison, mort, noir, noix, nourrir, odeur, oublier, pain, papillon, parapet, paternel, pleurer, pleurs, poitrine, pourquoi, poutre, rassasier, répondre, rejoindre, remplir, rouge, salle, saturer, savoir, se lever, se relâcher, sein, serrer, solitude, songe, sortir, tarir, teindre, traverser, venir, vert, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021

les morts minuscules
nous respirons bruyamment de chaleur suffocante
dormant dans la même pièce
l’angoisse plus lourde que l’air
remplit l’espace comme le dioxyde de carbone
et nous étouffons dans le cauchemar
dans le rêve de mon père le vide prolifère
comme les doryphores sur les pommes de terre
jusqu’à la destruction complète des plantations
souvent il tousse
comme un chat qui rejette
une boule de poils
mon frère grince des dents
ma mère est immobile
les lèvres serrées
à l’image de la madone qu’elle prie
quelquefois je me penche sur son visage
pour vérifier si elle respire
j’écoute aussi
nos pieds dépasser les chaussures devenues étroites
nos cheveux s’assombrir
nos cartilages s’user à courir
dehors l’atmosphère se consume
et en nous brûlent nos corps d’enfants
comme les bougies d’anniversaire
suffisamment vite pour que le matin on
ne s’en souvienne plus
(Monika Herceg)
Traduit du croate par Martina Kramer
Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Monika Herceg), air, angoisse, anniversaire, atmosphère, écouter, étouffer, étroit, bougie, brûler, bruyant, cartilage, cauchemar, chaleur, chat, chaussure, cheveux, complet, corps, courir, dépasser, dehors, dent, destruction, dioxyde, dormir, doryphore, enfant, espace, frère, grincer, image, immobile, lèvres, lourd, madone, matin, mère, minuscule, mort, père, pièce, pied, plantation, pomme de terre, prier, proliférer, rêve, rejeter, remplir, respirer, s'assombrir, s'user, se consumer, se pencher, se souvenir, serrer, suffisamment, suffoquer, tousser, vérifier, vide, visage, vite | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2021

Illustration: Josephine Wall
Délicatement
Tenir serrés
Au creux de ses poings
Des grains de ciel
Des bribes de lumières
Tourner
S’élever
Suivre le souffle des arbres
S’accorder
Se laisser envoûter
Ivre
Libre
Et lâcher.
A l’infini
Célébrer la beauté de l’instant
(Annick Carré)
Recueil: Bruissement d’elles
Traduction:
Editions: L’Harmattan
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Posted in poésie | Tagué: (Annick Carré), arbre, beauté, bribe, célébrer, ciel, creux, délicat, envoûter, grain, infini, instant, ivre, lâcher, libre, lumière, poing, s'accorder, s'élever, se laisser, serrer, souffle, suivre, tenir, tourner | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2021

Toujours ils m’approchent,
ils me serrent la main,
toujours ils repartent !
***

(Ishikawa Takuboku)
Recueil: Le jouet triste
Traduction: Jérôme Barbosa et Alain Gouvret
Editions: Arfuyen
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Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2020

EXIL
Dans tes yeux,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil.
Toi, qui es né
Loin du pays,
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher.
Dans l’éclat de tes dents serrées,
Mon enfant,
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées,
Nos terres volées,
Nos maisons bombardées,
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers.
Dans le mercure de tes larmes,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil,
L’exil d’un peuple.
© Mokhtar El Amraoui in « Arpèges sur les ailes de mes ans »
(Mokhtar El Amraoui)
son site http://mokhtarives.blogspot.com/
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Posted in poésie | Tagué: (Mokhtar El Amraoui), éclat, étoile, bombarder, bouquet, calciner, cheveux, couleur, dent, droit, enfant, exil, larme, lire, loin, maison, mercure, millier, naître, olive, oranger, pays, peuple, poing, regarder, serrer, terre, tomber, toucher, voler, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020

Fily Dabo Sissoko
Ce qui m’appartient
Ce qui m’appartient, ce n’est point l’habit que j’endosse.
D’autre en ont, tout pareils.
Ce n’est point la case qui abrite mes nuits. D’autres en ont, tout pareilles.
Ce n’est point la bonne chère. D’autres font mieux, en tous genres.
Ce n’est point la fortune. Elle vient et passe comme bulle de savon.
Ce n’est point la misère. Elle accable d’autres malheureux, bien plus que moi.
Ce qui m’appartient, c’est la maladie : personne ne vient souffrir à ma place.
Ce qui m’appartient, c’est le remords. Personne ne vient l’endurer à ma place.
Il me dévore de l’intérieur, avive mes réflexes et peut m’entraîner à des actes de désespoir.
Ce qui m’appartient, c’est ma foi qui me suit dans la tombe,
livré aux termites et aux asticots, serré de partout par cette poussière
qui m’a donné naissance; et à laquelle j’ai fait retour.
(Fily Dabo Sissoko)
Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2020

Illustration
Première neige
la main qui la tient serrée
en est purifiée
(Sanka)
Recueil: Friches
Traduction: René Sieffert
Editions: Verdier poche
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Posted by arbrealettres sur 27 août 2020

Mains de songe
Toute blessure demande
de l’attention, des soins
Cette qualité de présence
qui nous fait si souvent défaut
ici est exigée
Je veux bâtir un feu au bord du monde
pour revoir tes yeux,
pour serrer encore tes mains
et rire quand le bois du soleil crépite !
Mains de songe
palpant le visage changeant de l’eau
la beauté vous fait signe
du fond de la nuit
(Gilles de Obaldia)
Découvert chez la boucheaoreilles ici
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Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020
JE suis servante dans la rue
je ne sais rien Mes seins
se serrent Oh ! qu’on empoigne
Tous ceux-là sans chevalerie
Mes yeux fermés C’est un trésor
Sans le tenir que je soupèse
Doux comme un soleil qui me chauffe
Au mur très bon où je m’endors
Mes épaules à la fenêtre
Pour accourir pour échapper
Les trains les camps les gares
Pour attendre je revenais
Ma chambre ô mon pauvre savon
Et ma valise de carton
J’ai seulement rêvé dans la ville de pierre
D’un bain qui me caresse et me serre
Plus profond et plus long que la mer
(Pierre Morhange)
Illustration: Amedeo Modigliani
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Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2020

Illustration: Pablo Picasso
Les cuisses de Colette
Les cuisses de Colette
Sont douces au toucher
Comme des cacahuètes
Qu’on aurait épluchées.
Je n’aime pas sa tête
Ses yeux demi-pochés
Son oreille en cuvette
Son nez en arbalète
Sa bouche endimanchée.
Mais j’aime bien ses cuisses
Si douces au toucher.
Pendant le Saint-Office
L’un près de l’autre assis,
Ma main vient s’y chauffer.
De profundis, ad te Domine, clamavi !
Que c’est doux ! Que c’est doux !
Plus doux qu’une souris
Que le coeur de l’été,
Du miel et du saindoux !
Dans le rang d’à côté,
(Ma main enfouie
En cette blanche obscurité),
Madame la Baronne d’Auxerre
Qui ressemble à un dromadaire
Me sourit.
C’est sa mère !
Madame la Baronne d’Auxerre
Madame la Baronne sa mère
Madame est servie
Madame très très bien avec le bon Dieu
Très très bien avec son âme
Madame
N’y voit que du feu.
– Retire ta main de là
Me dit Colette, tout bas !
Mais elle serre, elle serre
Avec la force du tonnerre
Ma main se trouve emprisonnée
Ainsi qu’un missionnaire en Nouvelle-Guinée.
Retire ta main de là, petit garçon,
Ce ne sont pas des façons !
Mais elle serre à tout casser
Elle serre comme un Canaque !
Mes doigts craquent
Mes doigts sont tous fiancés
Je ne peux plus les retirer
Elle serre, elle serre
À tire-larigot.
Oh ! le bruit de mes os !
Gloria in excelsis Deo’ !
Dommage que Colette
Soit pas très belle en haut.
Mais qu’importe la tête
Quand le bas donne chaud !
Pour caresser ses cuisses
Je donnerais comme un rien
Desserts et pain d’épice
Et tous les paroissiens.
Entre ces deux poissons
Dont le sang est humain
Je laisserai ma main
Jusqu’au dimanche prochain.
Ah ! Colette, Colette !
Que la vie est agreste !
Et que mon coeur est leste
Et que l’Enfer est loin !
(Madame la Baronne se signe en un grand geste)
Ite missa esta.
(René de Obaldia)
Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle
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