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Posts Tagged ‘s’éveiller’

Ô homme ! prends garde ! (Frédéric Nietzsche)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2023



 

104 - Arc en Ciel - 2004 22 x 16 - Acrylique sur toile

ô homme ! prends garde !
que dit minuit profond ?
« j’ai dormi, j’ai dormi, —
« d’un profond sommeil je me suis éveillé : —
« le monde est profond,
« et plus profond que ne pensait le jour
« profonde est sa douleur, —
« la joie plus profonde que la peine.
« la douleur dit : passe et finis !
« mais toute joie veut l’éternité,
« — veut la profonde éternité ! »

(Frédéric Nietzsche)

Illustration: Alain Chayer 

 

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Petite mère, c’est toi (Sophie Hüe)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2023



Illustration: Emile Munier
    
Petite mère, c’est toi

La nuit, lorsque je sommeille,
Qui vient se pencher vers moi ?
Qui sourit quand je m’éveille
Petite mère, c’est toi.

Qui, pour que je sois bien sage,
Doucement prie avec moi ?
Qui d’un ange a le visage ?
Petite mère, c’est toi.

Qui gronde d’une voix tendre,
Si tendre que l’on ne soit
Repentant rien qu’à l’entendre ?
Petite mère, c’est toi :

Qui pour tous est douce et bonne ?
Au pauvre ayant faim et froid
Qui m’apprend comment on donne ?
Petite mère, c’est toi.

Qui, me montrant comme on aime,
Sans cesse pensant à moi,
Me chérit plus qu’elle-même ?
Petite mère, c’est toi.

Quand te viendra la vieillesse,
À mon tour veillant sur toi,
Qui te rendra ta tendresse ?
Petite mère, c’est moi.

(Sophie Hüe)

 

Recueil: Mon premier Livre de Récitation
Traduction:
Editions: Prieur et compagnie

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Mon coeur ne s’éveille que rarement (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022



Mon coeur ne s’éveille que rarement, mais quand il le fait
c’est pour bondir aussitôt sur l’éternel comme une proie de choix.

(Christian Bobin)

Illustration

 

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Pour Joséphine, quelques nouvelles après tant d’années (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022



Illustration: Edvard Munch
    
Pour Joséphine,
quelques nouvelles après tant d’années

Qu’espères-tu, qu’attends-tu, mon amie,
qui reviens en un si triste voyage
jusqu’ici où les bourrasques
font entendre au soleil leur voix très forte et endeuillée,
au parfum de jasmin et de terre éboulée ?

Me voici à cet âge que tu sais,
ni jeune ni vieux, j’attends, je regarde
ces vicissitudes comme suspendues ;
je ne sais plus ce que j’ai voulu, ce qu’on m’a imposé,
tu entres dans mes pensées et tu en sors intacte.

Pour le reste, ce qui doit être est encore,
le fleuve coule, la campagne change,
il grêle, il ne pleut plus, un chien aboie,
la lune apparaît, rien ne s’éveille
rien ne sort de ce long sommeil aventureux.

***

Notizie a Giuseppina dopo tanti anni

Che speri, che ti riprometti, amica,
se torni per cosi cupo viaggio
fin qua dove nel sole le burrasche
hanno una voce altissima abbrunata,
di gelsomino odorano e di frane ?

Mi trovo qui a questa età che sai,
né giovane né vecchio, attendo, guardo
questa vicissitudine sospesa;
non so più quel che volli o mi fu imposto,
entri nei miei pensieri e n’esci illesa.

Tutto l’altro che deve essere è ancora,
il fiume scorre, la campagna varia,
grandina, spiove, qualche cane latra,
esce la luna, niente si riscuote,
niente dal lungo sonno avventuroso.

(Mario Luzi)

Traduction de Moussia et Jean-Marie Barnaud

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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L’HÔTE (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022



    

L’HÔTE

J’ai découvert mon être profond, sans-mort ;
masqué par la façade mentale, immense, serein
il affronte le monde avec le regard des Immortels,
dieu-spectateur de la scène humaine.

Ni douleur ni tourment du coeur et de la chair
ne peut violer ce sanctuaire silencieux et pur.
Le danger et la peur, lévriers du Destin, rompant leur laisse
déchirent le corps et les nerfs — l’Esprit intemporel est libre.

Éveille-toi, rayon de Dieu et son témoin en ma poitrine,
dans la substance impérissable de mon âme
Hôte tout-puissant, de flamme, impénétrable.
La Mort approche et la Destinée prend son dû ;

Il entend les coups qui fracassent la maison de la Nature :
calme Il se tient, puissant et lumineux.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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Lointaine, la beauté fine (Marc-Henri Arfeux)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2022



Illustration
    
Lointaine, la beauté fine

Lointaine, la beauté fine est ascension,
Roseraie de neige
Formant une maison claire
Sur la fumée du bleu.
Le monde ainsi donné
Rejoint l’enfant de son visage
En un matin,
Et ton regard ouvre les passes
Au plus léger de la lumière.
Le jour alors te reconnaît.
La buée rouge des fleurs,
Un chant, qui tout le jour
Accompagne mes yeux,
Tandis que je traverse,
Avec la brise et l’alouette,
Ce monde abandonné.

Où vont les herbes et les nuages,
Les écheveaux de la lumière,
Le papillon d’après-midi devant la lune,
Et ma figure, baignée de tant de paysages
Versant leurs heures,
De proche en proche vers le plus seul?

Ni moi, ni mon cheval ne le savons.
Dormir d’un seul éclat,
Les yeux ouverts
Au seuil des grands parfums d’étoiles.
Se souvenir de la fascination
De la pivoine
Follement donnée
Aux mains de transparence qui peuplent l’air,
En ce jardin de mai où traverser était un geste d’aube,
Puis s’éveiller
Dans le sourire de la lenteur
Sans fin recommencée
Par les allées d’automne
Où les pétales jamais défaits
Rassemblent un avenir
Ganté d’abeilles et de pollen.

Les yeux, cherchant cet or,
Suivent à distance
La mince nuée de la beauté,
Statue mouvante insaisissable,
Épousant l’air de son absence
Sans fin recommencée.

Traversant les reflets,
Tu marches entre les marbres
Hantés d’amour,
Un bouquet nu à tes paupières,
La bouche fardée de nuit,
Pour mieux offrir Le grain de l’aube
A la pulpe du vent.

(Marc-Henri Arfeux)

 

Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Songe (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2022


Mon coeur repose au bord de la froide fontaine
(Couvre-la de tes fils
Araignée de l’oubli.)

L’eau lui disait tout bas sa douce cantilène
(Couvre-la de tes fils
Araignée de l’oubli.)

Mon coeur qui s’éveillait lui conta ses chagrins
(Araignée du silence
Voile sa confidence.)

Et l’eau en l’écoutant reflétait sa tristesse
(Araignée du silence
Voile sa confidence.)

Voici mon coeur qui glisse à la froide fontaine
(O blanches mains lointaines
Retenez l’eau légère.)

Et l’eau chantant de joie le saisit et l’entraîne
(O blanches mains lointaines
L’eau demeure déserte!)

(Federico Garcia Lorca)

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SEULE (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022



Tereza Vlcková -a-perfect-day-elise...-tripo

SEULE
à Gérard Vulliamy

Tout se résout dit-elle en s’éveillant
Car le sommeil m’a donné à penser
Et ma mémoire est un fruit savoureux
Plus savoureux que le soleil nouveau
Qui doucement éclaire mes draps chauds

Mémoire et même du désert et du silence

Joli désert où la mort est légion
Le cœur parcelle et le temps dispersion
Silence noir où tout se contredit

Elle s’éveille et ses yeux ne sont plus
Ces îles loin à l’horizon du corps
On y pénètre on y chante on y rit
Le jour bâillonne le silence.

(Paul Eluard)

Illustration: Tereza Vlcková

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LE RENARD (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022




LE RENARD

Dans nos nuits parfois rôde un renard
qui sur la terre dormante
cherche un vivre hasardeux
frôlant la feuille sucrée
et d’un long rêve de rapines
d’enfance et de honte
empli pourtant des mystères du pain chaud
et du feu ardent des chaumières
l’on s’éveille la gorge altérée.

(Jean Follain)

Illustration

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Un ermite en montagne (Gude)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2022




    
Un ermite en montagne

Un oiseau mystérieux vient devant sa fenêtre,
Le bonze aux cheveux blancs s’éveille de sa sieste.
Descendant de son lit, il ouvre ses deux yeux
Et s’aperçoit alors que le ciel est dehors.

(Gude)

Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier

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