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Poésie

Posts Tagged ‘siècle’

L’ATTENTE (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Serguéï Andréïévitch TOUTOUNOV
    
L’ATTENTE

Si tu viens pour rester, dit-elle, ne parle pas.
Il suffit de la pluie et du vent sur les tuiles,
il suffit du silence que les meubles entassent
comme poussière depuis des siècles sans toi.

Ne parle pas encore. Écoute ce qui fut
lame dans ma chair : chaque pas, un rire au loin,
l’aboiement du cabot, la portière qui claque
et ce train qui n’en finit pas de passer

sur mes os. Reste sans paroles : il n’y a rien
à dire. Laisse la pluie redevenir la pluie
et le vent cette marée sous les tuiles, laisse

le chien crier son nom dans la nuit, la portière
claquer, s’en aller l’inconnu en ce lieu nul
où je mourais. Reste si tu viens pour rester.

(Guy Goffette)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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PRIÈRE (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



Illustration: Nadav Kander
    
PRIÈRE

Qu’on me laisse partir à présent
Je pèserais si peu sur les eaux
J’emporterais si peu de chose
Quelques visages le ciel d’été
Une rose ouverte

La rivière est si fraîche
La plaie si brûlante
Qu’on me laisse partir à l’heure incandescente
Quand les bêtes furtives
Gagnent l’ombre des granges
Quand la quenouille
Du jour se fait lente

Je m’étendrais doucement sur les eaux
J’écouterais tomber au fond
Ma tristesse comme une pierre
Tandis que le vent dans les saules
Suspendrait mon chant

Passants ne me retenez pas
plaignez-moi
Car la terre n’a plus de place
pour l’étrange Ophélie
On a scellé sa voix on a brisé le vase
De sa raison

Le monde m’assassine et cependant
Pourquoi faut-il que le jour soit si pur
L’oiseau si transparent
Et que les fleurs
S’ouvrent à chaque aurore plus candides
Ô beauté
Faisons l’adieu rapide

Par la rivière par le fleuve
Qu’on me laisse à présent partir
La mer est proche je respire
Déjà le sel ardent
Des grandes profondeurs
Les yeux ouverts je descendrais au cœur
De la nuit tranquille
Je glisserais entre les arbres de corail
Écartant les amphores bleues
Frôlant la joue
Enfantine des fusaïoles
Car c’est là qu’ils demeurent
Les morts bien-aimés
Leur nourriture c’est le silence la paix
Ils sont amis
Des poissons lumineux des étoiles
Marines ils passent
Doucement d’un siècle à l’autre ils parlent
De Dieu sans fin
Ils sont heureux

Ô ma mémoire brise-toi
Avant d’aller troubler le fond
De l’éternité
Ainsi parle Ophélie
Dans le jardin désert
Et puis se tait toute douleur
La rivière scintille et fuit
Sous les feuilles
Le vent seul
Porte sa plainte vers la mer

(Anne Perrier)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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DEUX NUITS D’AMOUR (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023




    
DEUX NUITS D’AMOUR

Après une nuit d’amour j’ai rêvé d’amour
sans me limiter au battage de cuisses et de seins
Qui portent mon poids ainsi qu’un esprit
Léger et libre. Je voulais être lié
À l’intérieur d’une liberté fraîche comme le nom de Dieu
À travers tous les siècles d’absence de Dieu.

Après une nuit d’amour je me suis tourné vers l’amour,
Les cuisses batteuses, les seins chantants,
Épuisé par l’acte, le désirant encore,
Dans une liberté vieille comme la terre
Et fraîche comme le nom de Dieu, à travers tous
Les siècles de beauté assombrie.

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’ÉTOFFE DE L’UNIVERS (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2023



Illustration
    

L’ÉTOFFE DE L’UNIVERS
(à Pierre Teilhard de Chardin)

Première Partie (Allegro Vivace)

Ce tissu insondable
Flottant vers l’infini
Cette toile
Sans faille
Indescriptible
Ce tic tac du cosmos
Métronome du silence
À la fibre qui palpite
En milliers de battements

Deuxième Partie (Andante)

Ce tissu irréparable
Aux franges sans limites
Cette nature libérée
Ce cosmos qui virevolte
Cet univers en marche
Dans l’étoffe du temps

Finale (Molto Vivace)

Cette pluralité des mondes
Ces espaces infinis
Cette planète inouïe
Au tissu bigarré
Cette gravitation
Ce fileté des jours
Ces continents en déroute
Ce genre humain
Ces foules à travers siècles…
Dont on prévoit la fin.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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AUTREFOIS (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022



Illustration: Catherine Ernst
    
AUTREFOIS

Chaque région a gardé les traces de quelques siècles
les combinant en échos de façon originale
musées portails paysages balcons
monuments vitrines et les vêtements des dames

Historiens triant la poussière
des séductrices disparues

(Michel Butor)

 

Recueil: Montagnes en gestation
Traduction:
Editions: Notari

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La belle vieille (François Maynard)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2022



Illustration: Christelle Fontenoy 
    

La belle vieille

Cloris, que dans mon temps j’ai si longtemps servie
Et que ma passion montre à tout l’univers,
Ne veux-tu pas changer le destin de ma vie
Et donner de beaux jours à mes derniers hivers ?

N’oppose plus ton deuil au bonheur où j’aspire.
Ton visage est-il fait pour demeurer voilé ?
Sors de ta nuit funèbre, et permets que j’admire
Les divines clartés des yeux qui m’ont brûlé.

Où s’enfuit ta prudence acquise et naturelle ?
Qu’est-ce que ton esprit a fait de sa vigueur ?
La folle vanité de paraître fidèle
Aux cendres d’un jaloux, m’expose à ta rigueur.

Eusses-tu fait le voeu d’un éternel veuvage
Pour l’honneur du mari que ton lit a perdu
Et trouvé des Césars dans ton haut parentage,
Ton amour est un bien qui m’est justement dû.

Qu’on a vu revenir de malheurs et de joies,
Qu’on a vu trébucher de peuples et de rois,
Qu’on a pleuré d’Hectors, qu’on a brûlé de Troies
Depuis que mon courage a fléchi sous tes lois !

Ce n’est pas d’aujourd’hui que je suis ta conquête,
Huit lustres ont suivi le jour que tu me pris,
Et j’ai fidèlement aimé ta belle tête
Sous des cheveux châtains et sous des cheveux gris.

C’est de tes jeunes yeux que mon ardeur est née ;
C’est de leurs premiers traits que je fus abattu ;
Mais tant que tu brûlas du flambeau d’hyménée,
Mon amour se cacha pour plaire à ta vertu.

Je sais de quel respect il faut que je t’honore
Et mes ressentiments ne l’ont pas violé.
Si quelquefois j’ai dit le soin qui me dévore,
C’est à des confidents qui n’ont jamais parlé.

Pour adoucir l’aigreur des peines que j’endure
Je me plains aux rochers et demande conseil
A ces vieilles forêts dont l’épaisse verdure
Fait de si belles nuits en dépit du soleil.

L’âme pleine d’amour et de mélancolie
Et couché sur des fleurs et sous des orangers,
J’ai montré ma blessure aux deux mers d’Italie
Et fait dire ton nom aux échos étrangers.

Ce fleuve impérieux à qui tout fit hommage
Et dont Neptune même endure le mépris,
A su qu’en mon esprit j’adorais ton image
Au lieu de chercher Rome en ses vastes débris.

Cloris, la passion que mon coeur t’a jurée
Ne trouve point d’exemple aux siècles les plus vieux.
Amour et la nature admirent la durée
Du feu de mes désirs et du feu de tes yeux.

La beauté qui te suit depuis ton premier âge
Au déclin de tes jours ne veut pas te laisser,
Et le temps, orgueilleux d’avoir fait ton visage,
En conserve l’éclat et craint de l’effacer.

Regarde sans frayeur la fin de toutes choses,
Consulte le miroir avec des yeux contents.
On ne voit point tomber ni tes lys, ni tes roses,
Et l’hiver de ta vie est ton second printemps.

Pour moi, je cède aux ans ; et ma tête chenue
M’apprend qu’il faut quitter les hommes et le jour.
Mon sang se refroidit ; ma force diminue
Et je serais sans feu si j’étais sans amour.

C’est dans peu de matins que je croîtrai le nombre
De ceux à qui la Parque a ravi la clarté !
Oh ! qu’on oira souvent les plaintes de mon ombre
Accuser tes mépris de m’avoir maltraité !

Que feras-tu, Cloris, pour honorer ma cendre ?
Pourras-tu sans regret ouïr parler de moi ?
Et le mort que tu plains te pourra-t-il défendre
De blâmer ta rigueur et de louer ma foi ?

Si je voyais la fin de l’âge qui te reste,
Ma raison tomberait sous l’excès de mon deuil ;
Je pleurerais sans cesse un malheur si funeste
Et ferais jour et nuit l’amour à ton cercueil !

(François Maynard)

 

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Jardin d’été (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
Jardin d’été

Je veux aller dans ce jardin,
dans cette roseraie nonpareille
Où l’on voit des clôtures la plus belle,

Où les statues gardent mémoire
de la jeune fille que j’étais
Et moi, je les revois sous l’eau de la Neva.

Dans ce lieu caché, plein d’odeurs,
sous les tilleuls princiers,
Je crois entendre craquer
les mâts des vaisseaux.

Comme autrefois le cygne
traverse les siècles,
En extase devant la beauté de son double.

Par centaines de milliers, des pas
Dorment d’un sommeil de mort,
pas d’ennemis et d’amis,
Pas d’amis et d’ennemis.

Finira-t-il jamais, le cortège des ombres
Qui va du vase de granit
jusqu’à la porte du palais?

Mes nuits blanches là-bas
se parlent, dans un murmure,
De quelqu’un qui savait aimer
secrètement, superbement.

Partout on voit briller la perle et le jaspe,
Mais un mystère dérobe
la source de la lumière.

(Anna Akhmatova)

 

Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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INEXAUCÉE (Germain Droogenbroodt)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2022



(Photo by Nicolas Economou/NurPhoto via Getty Images)


    
Poem in French, English, Spanish, Dutch and in Albanian, Arabic, Armenian, Bangla, Bosnian, Catalan, Chinese, Farsi, Filipino, German, Greek, Hebrew, Hindi, Icelandic, Indonesian, Irish (Gaelic), Italian, Japanese, Kiswahili, Kurdish, Macedonian, Polish, Portuguese, Romanian, Russian, Sardinian, Serbian, Sicilian, Swedish, Tamil

Poem of the Week Ithaca 719
UNANSWERED, THE GARDEN OF EDEN, Germain Droogenbroodt, Belgium/Spain

– All translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

***

INEXAUCÉE

Bras étendus
comme pour enlacer les cieux
la femme afghane implore de la nourriture
pour son enfant affamé
mais ses supplications
n’émeuvent personne
même pas le ciel.

***

LE PARADIS TERRESTRE

Le paradis terrestre
n’est pas perdu,
durant tous ces siècles
il a continué d’exister,
mais pas pour tous.

(Germain Droogenbroodt)

***

UNANSWERED

Her arms spread
as if she wants to embrace Heaven
the Afghan mother begs food
for her starving child.

But her prayers
touch neither human
nor Heaven.

***

THE GARDEN OF EDEN

Paradise
has not been lost
all those centuries
it continued to exist
but not for everyone.

GERMAIN DROOGENBROODT
Translation by the author and Stanley Barkan

***

PLEGARIAS NO ESCUCHADAS

Con sus brazos extendidos
como para abrazar el cielo
pide comida la mujer afgana
para su hijo hambriento.

Pero sus ruegos
no mueven a humano alguno
ni al cielo.

***

EL PARAÍSO TERRENAL

El paraíso terrenal
no se ha perdido.
Todos estos siglos
ha seguido existiendo,
pero no para todos.

GERMAIN DROOGENBROODT
Traducción del autor y Rafael Carcelen

***

ONVERHOORD

Haar armen gespreid
alsof ze de hemel omhelzen wil
smeekt de Afghaanse vrouw om voedsel
voor haar hongerend kind

maar haar smeekbeden
beroeren geen mens
en ook de hemel niet.

***

HET AARDS PARADIJS

Het aards paradijs
is niet verloren gegaan,
al die eeuwen
is het blijven bestaan,
maar niet voor iedereen.

GERMAIN DROOGENBROODT

***

PA PËRGJIGJE

Krahët e saj shtrihen në ajër
sikur dëshiron të përqafojë qiellin
një nënë Afgane për fëmijën e vet
po lyp ushqim.

Por lutjet e saj
nuk prekin as njeriun
dhe as Perëndinë.

***

KOPSHTI I EDENIT

Parajsa
s’ka humbur kurrsesi
nëpër shekuj
vazhdon të ekzistojë,
por jo për të gjithë.

GERMAIN DROOGENBROODT
Përktheu në shqip Irma Kurti
Translated into Albanian: Irma Kurti

***

هَلْ مِنْ مُجِيب؟

تَمُدُّ بِيَدَيهَا
كَمَا لَوْ أَنَهَا تُرِيدُ أَنْ تَحْتَضِنَ السَّمَاء
تَتَوَسَّلُ مِنْ أَجْلِ إِطْعَامِ أَوْلَادِهَا الجَائِعِين
« تِلْكَ الأُم الأَفْغَانِية »

: تَوَسُّلاَتُهَا
لَمْ تَصِل إِلَى أَي أَحَدٍ
لَا لِلنَّاسِ وَلاَ لِلإِلَه

***

« النَعِيمْ »

لَمْ يُفْقَدْ بَعْدَ كُلِّ هَاتِه العُصُور
بَلْ هُو مُسْتَمِرٌ فِي الوُجُود
لَكِنَّهُ:
: لَيْسَ لِلجَمِيع

جرماين دراجنبرودت (GERMAIN DROOGENBROODT)
ترجمة للعربية: عبد القادر ك
Translated into Arab by Mesaoud Abdelkader

***

ԱՆՊԱՏԱՍԽԱՆ

Նրա թևերը տարածվեցին
ասես կամենում էր գրկել երկինքը
աֆղան մայրը ուտելիք էր մուրում
իր սովյալ երեխայի համար

սակայն նրա աղոթքները
ոչ՛ երկնքին էին հուզում
ո՛չ մարդկանց:

***

ԵԴԵՄԻ ԴՐԱԽՏԸ

Դրախտը կորուսյալ չէ
այս բոլոր տարիներին
նա շարունակել է գոյատևել
սակայն ոչ բոլորի համար:

ԳԵՐՄԱՆ ԴՐՈԳԵԲՐՈԴՏ
Թարգմանությունը հեղինակի և Սթեյնլի Բարքանի
Հայերեն թարգմանությունը Արմենուհի Սիսյանի
Translated into Armenian by Armenuhi Sisyan.

***

অনুত্তরিত

ছড়িয়ে পড়েছে তার হাত যুগল
যেন মনে হচ্ছে আলিঙ্গন করতে চায় স্বর্গ কে
আফগান মা ভিক্ষা করে খাদ্য
তার ক্ষুধার্ত শিশুর জন্য ।

কিন্তু তার প্রার্থনা
স্পর্শ করে না মানুষদের
না স্বর্গ কে ।

***

স্বর্গের নন্দনকানন

স্বর্গ
যায়নি হারিয়ে এতগুলি
সব শতাব্দী ধরে
এটি চলছে অধিষ্ঠিত হয়ে ।

জার্মেন ড্রোজেনব্রুডট
লেখক এবং স্ট্যানলি বারকান দ্বারা অনুবাদ
Bangla Translation: Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

NEODGOVARANO

Ruke su joj se raširile
kao da želi da zagrli Nebo
avganistanska majka moli hranu
za njeno izgladnjelo dijete.
Ali njene molitve
ne dodiruje ni čovjeka
ni nebo.

***

RAJSKI VRT

Raj
nije izgubljeno
svih tih vjekova
nastavio je postojati
ali ne za svakoga.

GERMAIN DROOGENBROODT
Translated into Bosnian: Mait Corbic

***

REGÀRIES NO ESCOLTADES

Amb els seus braços estesos
com per abraçar el cel
demana menjar la dona afganesa
per al seu fill afamat.

Però els seus precs
no mouen cap humà
ni el cel.

***

EL PARADÍS TERRENAL

El paradís terrenal
no s’ha perdut.

Tots aquests segles
ha continuat existint,
però no per a tothom.

Germain Droogenbroodt
Traducció al català: Natalia Fernández Díaz-Cabal

***

未获答复的

她双臂张开
好像要拥抱天堂
这位阿富汗母亲为她
饥饿的孩子乞讨食物。

但是她的祈祷
既没有触及人类
也没触及天堂。

***

伊甸园

天堂
在所有那些世纪里
还没有被丢失
它存续了下来
但并非为每个人

Translated into Chinese by Willam Zhou

***

بی‌جواب

گویی می‌خواهد بهشت را در آغوش بگیرد
مادر افغان نانی گدایی می‌کند
برای فرزند گرسنه‌اش.
اما دعاهایش
نه انسان را متاثر می‌کند
و نه بهشت را.

***

باغی از بهشت

بهشت
گم نشده است
در تمام قرون
هم‌چنان ادامه داشت
اما نه برای همه.
جرمین دروگنبرودت

ترجمه از سپیده زمانی
Translated into Farsi by Sepideh Zamani

***

WALANG TUGON

Nakabuka ang kanyang mga braso
tila nais niyang yakapin ang Langit
humihingi ng makakain ang nanay na Afghan
para sa kanyang nagugutom na anak.

Ngunit ang kanyang mga panalangin
hindi humipo sa tao
o ni sa Kalangitan.

***

ANG HALAMANAN NG EDEN

Paraiso ay hindi nawala
lahat ng nagdaang siglo
ay patuloy na umiiral
subalit hindi para sa lahat.

GERMAIN DROOGENBROODT
Translation into Filipino Language- Eden Soriano Trinidad

***

NICHT ERHÖRT

Ihre Arme ausgebreitet
als wolle sie den Himmel umarmen
bettelt die afghanische Frau um Essen
für ihr hungerndes Kind
Aber ihr Flehen
berührt keinen Menschen
und auch den Himmel nicht.

***

DAS IRDISCHE PARADIES

Das Paradies
ist nicht verloren gegangen
all die Jahrhunderte
hat es existiert
aber nicht für einen jeden.

GERMAIN DROOGENBROODT
Übersetzung Germain Droogenbroodt – Wolfgang Klinck

***

Αναπάντητο
Με χέρια απλωμένα
σαν να θέλει τον Παράδεισο να αγκαλιάσει
η Αφγανή μητέρα παρακαλεί για
λίγο φαγητό για το πεινασμένο παιδί της

Αλλά η προσευχή της
δεν αγγίζει ούτε ανθρώπους
ούτε και τον Παράδεισο

***
Κήπος του Παραδείσου
Δεν χάθηκε ο Παράδεισος
μες στους αιώνες
υπάρχει
μα όχι για όλους

Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translated into Greek by Manolis Aligizakis

***

שני שירים של ג’רמיין דרוגנברודט

ללא מענה

זְרוֹעוֹתֶיהָ פְּשׁוּטוֹת
כְּאִלּוּ הִיא רוֹצָה לְחַבֵּק אֶת הַשָּׁמַיִם
הָאִמָּא הָאַפְגָּנִית מִתְחַנֶּנֶת לְאֹכֶל
עֲבוּר יַלְדָהּ הַגּוֹוֵעַ בָּרָעָב.

אֲבָל תְּפִלּוֹתֶיהָ
אֵינָן נוֹגְעוֹת לֹא בִּבְנֵי הָאֱנוֹשׁ
וְלֹא בַּשָּׁמַיִם.

גן עדן

גַּן עֵדֶן
לֹא אָבַד
בְּכָל אוֹתָן מֵאוֹת שָׁנִים
הוּא מַמְשִׁיךְ לְהִתְקַיֵּם
אַךְ לֹא עֲבוּר כָּל אֶחָד

תרגום מאנגלית לעברית: דורית ויסמן
Translated into Hebrew by Dorit Weisman

***

अनुत्तरित

उसकी बाहें फैल गईं
मानो वह स्वर्ग को गले लगाना चाहती है
अफगान मां भीख मांगती है खाना
उसके भूखे बच्चे के लिए।

लेकिन उसकी दुआएं हैं
न तो मानव द्वारा सुना
न ही स्वर्ग।

जर्मेन ड्रोजेनब्रूड.

***

ईडन का बगीचा
स्वर्ग

खो नहीं गया है
वो सारी सदियां
अस्तित्व में रहा
लेकिन सभी के लिए नहीं।

जर्मेन ड्रोजेनब्रूड
ज्योतिर्मय ठाकुर द्वारा हिंदी अनुवाद

Hindi translation by Jyotirmaya Thakur.

***

ÓSVARAÐ

Afgönsk móðir fórnar höndum
eins og hún vilji faðma Guð
og biður um mat
handa hungruðu barni.
En bænir hennar
snerta hvorki menn
né Guð.

***

EDENSGARÐUR

Paradís
glataðist ekki
allar þessar aldir
hélt hún sínu striki
en ekki fyrir alla.

Germain Droogenbroodt

Þór Stefánsson þýddi samkvæmt enskri þýðingu höfundar og Stanleys Barkan
Translated into Icelandic by Thor Stefansson

***

TAK TERJAWAB

Lengan menengadah seolah
berhasrat mendekap surga
Seorang Ibu di Afghanistan harapkan makanan
untuk anaknya yang lapar.
Tetapi doa
tak membuat orang berderma
dan tak terdengar oleh Surga.

***

KEBUN EDEN

Surga
tidak lenyap
di semua abad
akan terus tersedia
tapi tidak untuk sekalian orang

Germain Droogenbroodt
Translation into Indonesian by Lily Siti Multatuliana

***

GAN FREAGRA
A lámha sínte amach
a cás á pléadáil aici os comhair na Cruinne
an mháthair Afganastánach ag iarraidh aráin
agus síocháin.
Ach ní chloistear a guth
ar domhan ná fiú
sna flaithis.

***

GAIRDÍN PHARTHAIS

Níor díbríodh sinn
ó ghairdín pharthais
leis na céadta bliain
mhairimis ann
i ngan fhios dúinn féin.

Germain Droogenbroodt
Leaganacha Gaeilge le Rua Breathnach
Translated into Irish (Gaelic) by Rua Breathnach

***

SENZA RISPOSTA

Le sue braccia aperte
Come se volesse abbracciare il cielo
la madre afgana mendica cibo
per il suo bambino che muore di fame.
ma le sue preghiere
non raggiungono gli uomini
nè il cielo.

***

IL GIARDINO DELL’EDEN

Il Paradiso sulla terra
non è andato perduto
per tutti questi secoli
ha continuato a esistere
ma non per tutti.

GERMAIN DROOGENBROODT
Traduzione di Luca Benassi

***

答えのない祈り

その女性の腕は広げられ
あたかも天国を抱きしめるかのように
アフガニスタンの母親は
飢える子供のために食べ物を乞う
しかしその祈りは人にも
天国にも届かない

***

エデンの園

楽園は失われていない
何世紀もの間ずっと
存在し続けてきた
しかしすべての人にではない
ジャーマン・ドローゲンブロート

Translated into Japanese by Manabu Kitawaki

***

BILA KUJIBIWA

Mikono yake inaenea kama yuataka
kukumbatia Mbingu
mama wa Afghanistan aomba chakula cha mtoto wake mwenye njaa.
Lakini maombi yake
haiguzi binadamu wala Binguni.

***

BUSTANI YA EDENI

Paradiso haijapotea kwa karne hizo zote,
iliendelea kuwepo,
lakini si kwa kila mtu.

Germain Droogenbroodt
Mtafsiri Bob Mwangi Kihara.
Translated into Kiswahili by Bob Mwangi Kihara

***

VEPIRSÎN NEKIRIN

Pîbaskên xwe dirêjkirin
tibê dixwast esmên hemêzbike
jina efganî lavadike bona xwarinê
ji zaroyên xweyî birçî re

Lê lavelava wê
badilhewa bû
û weha jî ji esmên re.

BEHEŞTA ZEVÎNÎ

Beheşt
hinda nebûye
ew ji van hemî
sedsalan ve heye
lê ne ji bona her yekî.

Germain Droogenbroodt
Translation into Kurdish by Hussein Habasch

***

БЕЗ УСЛИШЕНИЕ

Нејзините раце се раширени
како да сака да ја прегрне небесата
Мајката од Авганистан моли за храна
за своето прегладнето дете.
Но нејзините молитви
не го допираат ниту чоовекот
ниту небото.

***

РАЈСКАТА ГРАДИНА

Рајот
не бил изгубен
сите овие векови
тој продолжил да постои
но не за сите.

Germain Droogenbroodt
Жермен Дрогенброт

Translation from English into Macedonian: Daniela Andonovska Trajkovska
Превод од англиски на македонски: Даниела Андоновска-Трајковска

***

BEZ ODPOWIEDZI

Z ramionami rozpostartymi,
jak gdyby chciała objąć Niebiosa,
afgańska matka błaga o jedzenie
dla swego dziecka konającego z głodu.
Ale jej modlitwy
nie poruszają ani człowieka,
ani Niebios.

***

OGRÓD EDENU

Raj
nie został utracony
przez te wszystkie wieki
pozostaje nadal
ale nie dla każdego.

Germain Droogenbroodt
Translated to Polish: Mirosław Grudzień – Anna Maria Stępień

***

ORAÇÕES NÃO ESCUTADAS

Com os braços estendidos
como para abraçar o céu,
a mulher afegã pede comida
para o seu filho faminto.
Mas, os seus pedidos
não tocam nenhum coração humano
nem o céu.

***

O PARAÍSO TERRENO

O paraíso terreno
nunca se perdeu.
Sempre existiu
em todos estes séculos,
mas não para todos.

Germain Droogenbroodt
Tradução portuguesa: Maria do Sameiro Barroso

***

RUGĂMINȚI NEASCULTATE

Cu brațele deschise
dând să cuprindă cerul
femeia afgană înalță rugă
pentru hrana pruncului ei flămând.
Dar implorarea nu atinge
duhul niciunui om
netulburat rămâne și văzduhul.

***

PARADISUL TERESTRU

Paradisul
n-a pierit,
secolele toate
l-au purtat în ele,
dar nu pentru toți.

GERMAIN DROOGENBROODT
Traducere: Gabriela Căluțiu Sonnenberg și Iuliana Pașca

***

НЕ СЛЫШАТ

Протянув руки,
словно пытаясь обнять небеса,
просит мама-афганка
еды голодному сыну.
Но ее мольбы
не замечают ни люди,
ни небо.

***

РАЙ НА ЗЕМЛЕ

Рай на земле
не пропал навечно,
все века
он был тут,
но не для всех.

Гермайн Дрогенбродт
Перевод на русский язык Дарьи Мишуевой
Translated into Russian by Daria Mishueva

***

RESOS NO ISULYADOS

Cum sos bratzos suos parados
cumente pro imprassare su chelu
pedit màndigu sa ‘èmina afgana
pro fizu sou famidu.
Ma sos resos suos
no arribant a niunu umanu
ni a su chelu.

***

SU PARADISU TERRINZU

Su paradisu terrinzu
no est andadu perdidu
pro totu custos sèculos
at sighidu esistende.
Perou pro totus nono.

Germain Droogenbroodt
Translation Gianni Mascia

***

BEZ ODGOVORA

Podiže ruke
kao da bi htela da obujmi Raj.
Afganistanka se moli za hranu
za svoje od gladi umiruće čedo.
Njene molitve
nisu ganule ni čoveka
ni Raj.

***

RAJSKI VRT

Raj na zemlji
nije izgubljen.
Svih prošlih vekova
je nastavio da postoji
ali ne za svakoga.

Germain Droogenbroodt
Sa engleskog prevela S. Piksiades
Translated into Serbian by S. Piksiades

***

SENZA RISPOSTA

Cu li brrazza aperti
comu si vulissi abbrazzari lu celu
la matri afgana dumanna lu pani
pi li so figghi ca morunu di fami.
Ma li so prieri
non toccanu nè l’omini
né lu paradisu.

LU GIARDINU DI L’EDEN

Lu Paradisu
non si pirdìu.
Ntra tutti li seculi
cuntinuau a esistiri
ma non pi tutti.

Germain Droogenbroodt
Traduzioni in sicilianu di Gaetano Cipolla

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OBESVARAD

Hon sträcker ut
Sina armar
Som om hon vill
Omfamna himlen
Den Afghanska modern
Ber om mat
Till sitt hungrande barn
Men hennes böner
Når varken människor
Eller himlen

***

EDENS LUSTGÅRD

Paradiset
Är ej förlorat
Genom alla århundraden
Har det fortsatt existera
Dock inte för alla

Germain Droogenbroodt
Translation by Per Josefsson

***

விடைசொல்லாதது

சொர்க்கத்தைக் கட்டித் தழுவ
விரும்புவது போல
அவள் கைகள் விரின்துள்ளது
பசியால் வாடும் தனது
கழன்தைக்காக
ஆஃப்கன் பெண் கெஞ்சுகிறாள்.
ஆனால் அவளது பிரார்த்தனை
மனிதர்களையோ,
சொர்க்கத்தையோ
தொடவில்லை!

ஈடன் தோட்டம்

பலனூற்றண்டுகளாக
விண்ணுலகம் இழன்துவிடவில்லை
அது தொடர்வது இருக்கிறது
ஆனால் ஒவ்வொருவருக்கும் இல்லை!
ஆக்கம்
ஜெர்மெய்ன் ட்ராகன்ப்ரூட்ட்

Translated into Tamil by DR. N V Subbaraman

Recueil: ITHACA 719
Editions: POINT
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La barrière, hélas! (Ken-Tokou-Ko)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2022




    
La barrière, hélas!
Depuis hier par nous dressée
Entre nos coeurs las,
Déjà semble à ma pensée
Par des siècles amassée.

Réponse Éti

Sais-je, hélas! moi-même
Quel jour nous vint délier
D’un serment suprême,
Quand mon coeur put oublier
Jusqu’à quel point il vous aime ?

(Ken-Tokou-Ko)

Recueil: Poëmes de la libellule
Traduction: Judith Gautier
Editions: Beaux-Arts de Paris

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MALGRÉ TOUT (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022




MALGRÉ TOUT

Malgré
Malgré tout
le mal qu’on nous a fait.
Malgré
tout ce qu’il faut subir
et faire subir aux autres.
Malgré
la guerre
les enfants mutilés, martyrisés
l’enfer que tant de nous s’infligent
et infligent aux autres.
Malgré
malgré tout
ne dressons pas le mal
et le bien face à face.
Ils vont, ils sont ensemble
en nous
et dans le cours aventureux des siècles.
En face du mal
en face du bien
Il n’y a rien
rien que la vie ensemble

(Henry Bauchau)

Illustration

 

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