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Poésie

Posts Tagged ‘s’interrompre’

Oui le travail qui se poursuit à l’intérieur de la forge (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2021



Illustration:  Louis Toffoli
    
à Paco Ojeda

Oui
le travail qui se poursuit
à l’intérieur de la forge
ne doit jamais s’interrompre

entretenir le feu
lui fournir
ce qu’il lui faut
porter au rouge

pour assouplir
l’idée
faire éclater
la pierre des mots
pour obtenir
cette lave
où idées et mots
se rejoignent
se compénètrent

attente
ascèse
de la solitude

coulent les mots
qui s’agrègent
trouvent leur place
dans l’édifice

(Charles Juliet)

 

Recueil: Moisson
Traduction:
Editions: P.O.L.

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Je m’appuie sans réserve (Georges Henein)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2020


 


 

George Clair Tooker 1920-2011 - American Magic Realist painter - Tutt'Art@ (11) [1280x768]

Je m’appuie sans réserve au garde-fou de ton souffle
qu’il s’interrompe ou s’élance
qu’il me désigne ou m’ignore
et il me semble que pour la première fois
ma dépendance et ma liberté
se toisent sans se haïr

(Georges Henein)

Découvert chez Lara ici

Illustration: George Clair Tooker

 

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LE poème continu (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2019




    
LE poème continu,
l’écriture continue,
le texte qui jamais ne s’achève
et ne s’interrompt jamais,
le texte qui équivaut à être.

La vie se convertit
en une forme d’écriture
et chaque chose est une lettre,
un signe de ponctuation,
l’inflexion d’une phrase.

Métabolisme inaugural
d’une philologie
qui a découvert un nouveau verbe :
le verbe toujours.

La poésie s’écrit toujours,
vivre se vit toujours,
quelque chose s’éveille toujours :
poème-toujours.

L’être est écriture.

Et une parole est suffisante
pour toute l’action :
toujours.
L’autre verbe,
jamais,
n’est que son ombre.

***

EL poema continuo,
la escritura continua,
el texto que nunca se termina
y nunca se interrumpe,
el texto equivalente a ser.

La vida se convierte
en una forma de escritura
y cada cosa es una letra,
un signo de puntuación ,
la inflexión de una frase.

Inaugural metabolismo
de una filología
que ha descubierto un nuevo verbo:
el verbo siempre.

La poesía se escribe siempre,
vivir se vive siempre,
algo despierta siempre:
poema-siempre.

El ser es escritura.

Y una palabra es suficiente
para toda la acción :
siempre.
El otro verbo,
nunca,
es tan sólo su sombra.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Onzième Poésie Verticale
Traduction: Fernand Verhesen
Editions: Lettres Vives

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Il a plu cette nuit (Pierre Dhainaut)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2018



 

Daniel Siguier  4da59p10002622

Il a plu cette nuit,
c’est la première fois que je regarde,
jusqu’au silence qui résonne.

Sac, ressac, je ne juge pas,
l’instant demeure,
l’écume transparente.

Je m’interromps comme je parle,
en la marée,
chaque jour y a-t-il un jour de plus?

Le ciel n’est jamais vide, le sol nous porte,
on n’aperçoit aucun arbre,
on sait pourtant qu’ils sont proches.

Une marge, un rivage,
il n’y a de secret que le visible
épanoui…

(Pierre Dhainaut)

Découvert chez Lara ici

Illustration: Daniel Siguier

 

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DEPUIS TANT D’ANNÉES (Lorand Gaspar)

Posted by arbrealettres sur 20 juin 2018



DEPUIS TANT D’ANNÉES

Depuis tant d’années je lave mon regard
dans une fenêtre où ciel et mer
depuis toujours sont sans s’interrompre
où leurs vies sont un, sont innombrables
sont une fois encore dans mon âme
un champ magnétique d’épousailles
une goutte de lumière-oiseau.

Depuis tant d’années je lave mon regard
à la première couleur si fraîche
sur les lèvres humides de nuit
d’être la peau et d’être la pierre
où mes doigts rencontrent le secret,
ce savoir qu’ils sont et celui qui est
des tonnes infinies de lumière.
Du plus pâle au tranchant du plus sombre
sans s’interrompre entre sang et pensée
entre feuille pinceau étendue
corps de liquide musique à jamais

(Lorand Gaspar)

Découvert chez Lara ici

Illustration: Edward Hopper

 

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Du fond du rêve (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2018




    
Du fond du rêve,
comme un poing illuminé
émergeant de la créature solitaire endormie,
surgit la volonté irrésistible
de continuer la narration.

Il ne s’agit pas de conter ceci ou cela,
ni de copier ou de traduire
ou d’enjôler le jour aux abois.
Il s’agit d’une pulsion bien plus forte
et qui ne peut s’interrompre :
poursuivre simplement la narration.

Narration qui n’a pas de début ni de fin,
narration qui n’est pas un genre,
qui nе lie pas une intrigue.
Images qui coulent comme un fleuve,
se prennent et se dessaisissent,
étrange manière de dire et de dédire
en arrière et en avant des choses.

Volonté de poursuivre la narration,
énergie éparse dans l’ici de partout,
qui ne distingue pas les vies des morts
ni l’homme d’autre chose

C’est l’histoire qui s’écoule tout au fond,
l’histoire sans et avec histoire
qui joint dans un bouquet délié
l’arôme de l’être
et le parfum du néant.

Le service demandé à l’homme
n’est que poursuite de la narration
quel que soit l’argument.

Et même sans aucun.

 

Recueil: Poésie et Réalité
Traduction: Jean-Claude Masson
Editions: Lettres Vives

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Je m’appuie sans réserve au garde-fou de ton souffle (Georges Henein)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2018



 

Je m’appuie sans réserve au garde-fou de ton souffle
qu’il s’interrompe ou s’élance
qu’il me désigne ou m’ignore
et il me semble que pour la première fois
ma dépendance et ma liberté
se toisent sans se haïr

(Georges Henein)

Découvert chez Lara ici

Illustration: Chelin Sanjuan

 

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Je veux faire des vers (Théophile de Viau)

Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2017



    
Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints,
Promener mon esprit par de petits desseins,
Chercher des lieux secrets où rien ne me déplaise,
Méditer à loisir, rêver tout à mon aise,
Employer toute une heure à me mirer dans l’eau,
Ouïr comme en songeant la course d’un ruisseau,
Écrire dans les bois, m’interrompre, me taire,
Composer un quatrain, sans songer à le faire.

(Théophile de Viau)

 

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Les solitaires disent (Avraham Ben-Yitzhak)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2017



Illustration: Egon Schiele

    
Les solitaires disent

Le jour lègue au jour un soleil déclinant
Et la nuit se lamente sur la nuit
Un été après l’autre s’achève dans l’effeuillement
Et le monde chante du fond de son chagrin.

Nous viendrons demain à mourir, privés de toute parole,
Et le jour du départ nous trouvera devant la porte à la clôture
Si le coeur se réjouit que Dieu nous ait rapprochés
Il se repentira et tremblera — craignant la traîtrise.

Le jour porte au jour un soleil ardent
Et une nuit après l’autre verse ses étoiles
Sur les lèvres des solitaires le chant s’interrompt :
Nous divergeons par sept chemins mais par un seul nous revenons.

(Avraham Ben-Yitzhak)

 

Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: E. Moses
Editions: Gallimard

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Tout oscille! (Kabîr)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2017



Du conscient et l’inconscient, le pendule de l’esprit balance.
Entre ces deux pôles se tiennent là suspendus, créatures et mondes et jamais le balancement de ce pendule ne s’interrompt.
Là sont des millions d’êtres ; là gravitent le soleil et la lune.
Passent des millions d’âges, et le pendule oscille encore.
Tout oscille! Ciel et terre, air et eau;
et le Seigneur lui-même qui prend forme.
Si Kabîr veut servir, c’est qu’il a vu cela.

***

Between the poles of the conscious and the unconscious, there has the mind made a swing :
Thereon hang all beings and all worlds, and that swing never ceases its sway.
Millions of beings are there : the sun and the moon in their courses are there :
Millions of ages pass, and the swing goes on.
All swing! the sky and the earth and the air and the water; and the Lord Himself taking form :
And the sight of this has made Kabîr a servant.

(Kabîr)

 

 

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