Il faudra nous aimer par-dessus toutes choses,
Malgré les jours mauvais ou les heures moroses,
Afin que notre amour soit une apothéose.
Il faudra que nos yeux soient purs comme un matin
De Pâques où tout l’air bleu rit d’un rire enfantin,
Dans lequel il y a des cloches au lointain.
Acceptant le travail que le jour leur apporte,
Il faudra que nos mains soient fidèles et fortes,
Jointes encor, même alors qu’elles seront mortes.
Il faudra que par les chemins qui s’offriront
Nous marchions, malgré tous les deuils et les affronts.
Sentant l’ombre d’une aile effleurer notre front.
Nous irons à travers les rires ou les larmes
Calmes et doux, impassibles, sans autres armes
Que ma fidélité tendre et que votre charme.
Nous nous soucierons peu des yeux faux ou moqueurs,
Et, chère, n’est-ce pas que nous serons vainqueurs
De toute chose, avec un tel amour au coeur ?…
La femme qui est dans mon lit
N´a plus 20 ans depuis longtemps
Les yeux cernés
Par les années
Par les amours
Au jour le jour
La bouche usée
Par les baisers
Trop souvent, mais
Trop mal donnés
Le teint blafard
Malgré le fard
Plus pâle qu´une
Tâche de lune
La femme qui est dans mon lit
N´a plus 20 ans depuis longtemps
Les seins si lourds
De trop d´amour
Ne portent pas
Le nom d´appas
Le corps lassé
Trop caressé
Trop souvent, mais
Trop mal aimé
Le dos vouté
Semble porter
Des souvenirs
Qu´elle a dû fuir
La femme qui est dans mon lit
N´a plus 20 ans depuis longtemps
Ne riez pas
N´y touchez pas
Gardez vos larmes
Et vos sarcasmes
Lorsque la nuit
Nous réunit
Son corps, ses mains
S´offrent aux miens
Et c´est son cœur
Couvert de pleurs
Et de blessures
Qui me rassure
Le roi de trèfle,
Le roi des nèfles,
S’offrit
A la dame de carreau.
Voyant cela
La dame de coeur, jalouse,
Donna une gifle
Au roi de pique
Qui la menait en bateau,
Et le château de cartes
S’écroula.
Tu n’as pas à faire preuve de bonté.
Tu n’as pas à faire pénitence
et parcourir cent kilomètres sur les genoux dans le désert.
Il te suffit de laisser le doux animal de ton corps aimer
ce qu’il a envie d’aimer.
Parle-moi de désespoir, de ton désespoir, et je te parlerai du mien.
Pendant ce temps, la Terre continue de tourner.
Pendant ce temps, le soleil et les perles limpides de la pluie
traversent les paysages,
balayant les prairies et les arbres enracinés,
les montagnes et les rivières.
Pendant ce temps, là-haut, dans le bleu pur du ciel,
les oies sauvages reviennent, une fois encore, au pays.
Qui que tu sois, quelle que soit la profondeur de ta solitude,
le monde s’offre à ton imagination,
comme les oies sauvages, il t’appelle de son cri strident
et exaltant.
Sans cesse, il proclame ta place
au sein de la famille des choses de l’univers.
***
Wild Gees
You do not have to be good.
You do not have to walk on your knees
for a hundred miles through the desert repenting.
You only have to let the soft animal of your body
love what it loves.
Tell me about despair, yours, and I will tell you mine.
meanwhile the world goes on.
meanwhile the sun and the clear pebbles of the rain
are moving across the landscapes,
over the prairies and the deep trees,
the mountains and the rivers.
meanwhile the wild geese, high in the clean blue air,
are heading home again.
Whoever you are, no matter how lonely,
the world offers itself to your imagination,
calls to you like the wild geese, harsh and exciting –
over and over announcing your place
in the family of things.