les mots ont le balancement des barques
tandis la chaîne au bas du port se tend
dans la lumière creuse
(Daniel Boulanger)
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019
La neige au-dessus des mimosas, les paquets de
journaux près des flaques, la fontaine dans les bois où le
receveur des contributions nettoie sa voiture.
En bas les bâches bleues et rouges tendues sur les piles
de sacs de ciment et les taches de rouille ou de minium sur
les coques des cargos qui viennent de Limassol ou d’Odessa.
Plus loin quelques fleurs mauves dans les rochers
blancs, les nudistes parcourent le sentier des douaniers,
baisers dans les coins, chiens qui flairent, la mer lape les
galets et les retourne comme des pièces fausses.
Au large les yachts frétillent après une semaine de
somnolence, les mouettes virent à l’assaut, claquent un
peu et plongent vers les épluchures que les cuisiniers
laissent tomber dans leur sillage.
Puis l’heure sonne à travers le frisson des branches
et le tintement des câbles métalliques dans l’accalmie de
la circulation.
Soudain le nid du phénix s’enflamme dans les collines et les mots éperdus, comme lâchés après des mois
de claustration, se cherchent dans ma tête au galop.
Alors je ramasse au bord du chemin les fragments
d’un vieux prospectus vantant les mérites d’une voyante, et
m’appuie sur le dossier d’un banc pour écrire ceci au verso.
(Michel Butor)
Posted in poésie | Tagué: (Michel Butor), accalmie, assaut, au-dessus, écrire, épluchure, baiser, banc, bâche, blanc, bleu, bois, branche, cargo, câble, chemin, chien, ciment, circulation, claquer, coin, contribution, coque, cuisinier, dimanche, dossier, douanier, faux, flairer, flaque, fleur, fontaine, fragment, frétiller, frisson, galet, journal, laper, large, matin, mauve, mérite, mer, mimosa, minium, mouette, neige, nettoyer, nid, nudiste, parcourir, phénix, pièce, pilé, plonger, prospectus, receveur, retourner, rocher, rouge, rouille, sac, sentier, sillage, somnolence, soudain, tache, tendre, tinter, tomber, vanter, venir, verso, virer, voiture, voyant, yacht | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2019
La somnolence du dimanche
M’ayant couché sous le tilleul
Je cessai bientôt d’être seul.
Je fus d’abord la basse branche.
De marche en marche vers le dôme
Se porta mon être épandu.
Je le soutenais de mon fût,
J’étais le pilier de ce baume.
Puis vers les racines secrètes,
Vers le parallèle réseau,
Descendit mon âme d’en haut,
Et je fus cet arbre à deux têtes.
Pour retrouver mon âme humaine
À la place exacte du front
Il fallut le bruit de mon nom
Avec une main dans la mienne.
(Pierre Menanteau)
Posted in poésie | Tagué: (Pierre Menanteau), âme, épandu, branche, bruit, couché, dôme, descendre, dimanche, fût, front, main, nom, pilier, racine, réseau, secrète, seul, somnolence, tilleul | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 mars 2019
Brusque silence dans la maison,
Le dernier coquelicot disperse ses pétales,
Dans une longue somnolence
J’attends la nuit qui descend tôt.
La porte est bien fermée,
Le soir est noir, le vent se tait.
Où, la gaieté, où, le souci ?
Et toi, mon doux fiancé ?
L’anneau secret, on l’a perdu,
Bien des jours j’ai attendu,
La chanson, tendre captive,
Est morte dans ma poitrine.
(Anna Akhmatova)
Posted in poésie | Tagué: (Anna Akhmatova), anneau, attendre, attendu, brusque, captif, chanson, coquelicot, descendre, disperser, doux, fermé, fiancé, gaieté, maison, mort, noir, nuit, pétale, perdu, poitrine, porte, se taire, secret, silence, soir, somnolence, souci, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 août 2018
MICASCHISTE
Somnolence du temps. Feuilles des sédiments
au bas des eaux défuntes.
Socle de la mémoire. Lagune
où gît encore Mélusine endormie
qu’un jour réveillera le prince des limons.
(Jacques Lacarrière)
Posted in poésie | Tagué: (Jacques Lacarrière), défunte, eau, endormie, feuille, lagune, limon, mémoire, micaschiste, prince, réveiller, sédiment, socle, somnolence, temps | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 août 2018
Souvent j’ai rencontré le mal de vivre:
c’était le ruisseau étranglé qui bouillonne,
c’était la feuille desséchée qui se recroqueville,
c’était le cheval terrassé.
Du bien, je n’ai rien su, hormis le prodige
qui entrouvre la divine Indifférence:
c’était la statue dans la somnolence
de midi, et le nuage, et le faucon haut dans le ciel.
(Eugenio Montale)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Eugenio Montale), étranglé, bouillonner, désséché, divine, faucon, indifférence, mal de vivre, midi, nuage, prodige, ruisseau, savoir, se recroqueviller, somnolence, statue, terrasse | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 juin 2018
Rosée
Accroupi, se balance
Un framboisier. Sur lui,
Un papier gras poursuit
Sa douce somnolence.
Feuillages s’enlaçant!
Beau soir de perle fine!
Brume sur la colline
Où plane aussi mon chant!
Bourdon dans la prairie,
Sans trêve j’ai trimé.
Que le ciel est léger
Sur ma forge assombrie!
Je suis las, un peu sot…
– Ou bon, que vous en semble? –
Comme l’herbe je tremble
Et l’étoile, là-haut…
(Attila Jozsef)
Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), accroupi, étoile, bourdon, brume, chant, ciel, feuille, forge, framboisier, herbe, las, là-haut, léger, papier gras, perle, prairie, rosée, s'enlaçant, se balancer, somnolence, sot, trêve, trembler, trimer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 mai 2018
Un robinet coule et c’est soudain
toute somnolence arrêtée
qui nous tenait en sommeil.
Et le filet d’eau vrille
nos idées les plus noires.
(Jacques Izoard)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Jacques Izoard), arrêter, couler, eau, filet, idée, noir, robinet, sommeil, somnolence, tenir, vriller | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 mai 2018
Souvent j’ai rencontré le mal de vivre:
c’était le ruisseau étranglé qui bouillonne,
c’était la feuille qui se recroqueville,
desséchée, c’était le cheval terrassé.
Du bien je n’ai rien su, hors le prodige
éclos de la divine Indifférence:
c’était la statue dans la somnolence
de midi, et le nuage, et le faucon très haut qui plane.
***
Spesso il male di vivere ho incontrato :
era il rivo strozzato che gorgoglia,
era l’incartocciarsi della foglia
riarsa, era il cavallo stramazzato.
Bene non seppi, fuori del prodigio
che schiude la divina Indifferenza :
era la statua nella sonnolenza
del meriggio, e la nuvola, e il falco alto levato.
(Eugenio Montale)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Eugenio Montale), bouillonner, cheval, faucon, feuille, indifférence, mal, nuage, planer, prodige, rencontrer, ruisseau, se recroqueviller, somnolence, statue, terrasse | 2 Comments »