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Posts Tagged ‘spectre’

RETOUCHE A OUESSANT (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



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RETOUCHE A OUESSANT

L’escalier en jade
derrière la grêle
monte à la porte close du ciel.
aucun homme n’est entré dans ce tableau
aucune voix n’a demandé que l’on ouvre.

L’instant s’efforce de durer,
d’une pâleur de spectre.

(Daniel Boulanger)

Illustration

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OCCUPATION (Nissim Ezekiel)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2023



 


   
OCCUPATION

J’ai regardé la nuit,
J’ai écouté la pluie.
Scène de tempête :
Tonnerre, éclairs,
Une multitude de spectres parmi les arbres,
L’obscurité, le froid et l’agitation,
Un hibou hurlait, des chauves-souris,
Beaucoup de voix étranges.
Quelqu’un pleurait, un enfant peut-être,
Une femme sur la route glissante,
Des cloches, au loin,
Deux hommes, plusieurs hommes,
Un long trait de lumière volant vers moi,
Puis une corde de silence autour de ma gorge

Quand je me suis réveillé il faisait déjà jour.
J’ai refait la même chose :
Regarder et écouter la nuit.

(Nissim Ezekiel) (1924-2004)

Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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SOUS LE CHANT DES ÉTOILES (Jean-Noël Cordier)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



 

Bao-Pham Thienbao 77803

SOUS LE CHANT DES ÉTOILES

Sous le chant des étoiles
Je veux me mettre en quête
Des ardents souvenirs
Inscrire en moi la naissance du monde
Alors j’ouvre mes paumes
Aux caresses du ciel
Des plages en filigrane
Aux énigmes de l’aube
Je veux faire émerger l’image
Par le regard de l’infini
Le verbe difficile
Je ne puis que graver
Sur le carré de pierre grise
Le spectre d’une mère inféconde.

(Jean-Noël Cordier)

Illustration: Bao-Pham Thienbao

 

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Nus (Jean-Noël Guéno)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



 Nathalie Pelacchi    Pins_enlaces

Nus

spectres tendus
sur le bleu

deux pins mêlés
couple enlacé
supplicié aux tempêtes.

Poings dressés.

Défi à la vie.

En eux
toujours
la brûlure de la sève.

(Jean-Noël Guéno)

Illustration: Nathalie Pelacchi

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Quoi qu’il en soit (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 14 mai 2022



Illustration: Amedeo Bocchi
    
Quoi qu’il en soit

Soit la nuit la plus noire, et plus profonde,
Et gelée, et sombre la mer des monstres:
Soit l’oeil de Dieu comme celui du serpent :
Une fente d’écailles dans une pierre.

Soit le centre de la terre feu ou cendres,
Et plus tortueuse et sulfureuse la cicatrice
Des incendies qui vont d’un côté à l’autre
De cette face mesquine, lamentable.

Soit la rue la plus longue et découverte,
Et à son extrémité le plus haut mur qui
De la suspension du pas fait commerce
D’étoffes ternes et d’ors sans poinçons.

Soit le fruit le plus pourri et trompeur,
Entre la main et le blé l’araignée noire.
Soit la chaleur du soleil autre fantasme
Dans la froideur de la grotte des spectres.

Soit le monde mordu et toute la chair
Par les mandibules difformes ou ventouses,
Ou des aiguilles mortelles de combien d’êtres
D’autres terres du ciel descendant sur celle-ci.

Peu importe quoi que ce soit, ou vienne à être,
Ou ait été de douleur et d’agonie,
De misère, épouvante et amertume,
Si ton ventre s’ouvre et me cherche.

***

Ainda que seja

Seja a noite mais negra, e mais profundo,
E gelado, e sombrio o mar dos monstros.
Seja o olho de Deus como o da cobra:
Urna fenda de escamas numa pedra.

Seja o centro da terra fogo ou cinzas,
E mais torta e sulfúrea a cicatriz
Dos incêndios que vão de lado a lado
Desta face mesquinha, lamentável.

Seja a rua mais longa e descoberta,
E mais alta a parede que ao fim dela
Da suspensão do passo faz comércio
De panos baços e ouros sem contraste.

Seja o fruto mais podre e enganoso,
Entre a mão e o trigo a aranha preta.
Seja o calor do sol outro fantasma
Na frieza da gruta dos espectros.

Seja o mundo mordido e toda a carne
Pelas mandíbulas disformes ou ventosas,
Ou agulhas mortais de quantos seres
Doutras terras do céu desçam a esta.

Seja là o que for, ou venha a ser,
Ou tenha sido em dor e agonia,
Em miséria, pavor e amargura,
Se o teu ventre se abre e me procura.

(José Saramago)

 

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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Et parfois dans l’ombre (Georges Bonnet)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022



et parfois dans l’ombre
le spectre d’une guerre
alerte les colombiers endormis

(Georges Bonnet)

Illustration

 

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LA NUIT, quand le pendule de l’amour balance (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2021



Illustration: Marc Chagall

    

LA NUIT, quand le pendule de l’amour balance
entre Toujours et Jamais,
ta parole vient rejoindre les lunes du coeur
et ton oeil bleu
d’orage tend le ciel à la terre.

D’un bois lointain, d’un bosquet noirci de rêve
l’Expiré nous effleure
et le Manqué hante l’espace,
grand comme les spectres du futur.

Ce qui maintenant s’enfonce et soulève
vaut pour l’Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle, comme le regard que
nous échangeons, le temps sur la bouche.

(Paul Celan)

Recueil: Choix de poèmes
Traduction: Jean-Pierre Lefebvre
Editions: Gallimard

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A TELLE ENSEIGNE (Paul Gilson)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2021



 

Roland H. Heyder   (16) [1280x768]

A TELLE ENSEIGNE

D’UN pied de nez vers la rue
Pastourelle
l’enseigne de Polichinelle
changeant le décor à vue
fait neiger le jour de l’An
blanchisseur pour chaperons rouges
et s’empourprer les manteaux blancs
au carreau des spectres d’un bouge
en procession du Saint Sang

Roi des fous croquant la fève
du dimanche
quand l’ombre tombe des manches
de mon rempailleur de rêves
je cherche le mille pertuis
qui fleurit au Pas de la Mule
sous l’auvent où Dieu fut bouilli
par le sorcier gobeur de bulles
chez un échaudeur de la nuit

O brocante des années
sans mémoire
la cire coule dans l’armoire
désolante des poupées
qui n’auront plus droit de regard
Voici le temps mort de l’éclipse
bureaucratique et les buvards
sécheront pour l’Apocalypse
les pleurs des enfants nés trop tard

(Paul Gilson)

Illustration: Roland H. Heyder

 

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Le spectre de la rose (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021



femme rose

Le spectre de la rose

Soulève ta paupière close
Qu’effleure un songe virginal ;
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir.

Ô toi qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser
Toute la nuit mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe, ni De Profundis ;
Ce léger parfum est mon âme
Et j’arrive du paradis.

Mon destin fut digne d’envie :
Pour avoir un trépas si beau,
Plus d’un aurait donné sa vie,
Car j’ai ta gorge pour tombeau,
Et sur l’albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Ecrivit : Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser

(Théophile Gautier)

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LE SENS (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2021



Illustration
    
LE SENS

Le sens ne réside pas en un lieu.
C’est comme une lèvre tronquée
ou la musique d’une planète lointaine.
Rarement c’est un palais ou une plaine,
le diamant d’un vol ou le coeur de la pluie.
Parfois c’est le bourdonnement d’une abeille, une infime présence
et le jour est un feu brûlant sur la corolle de la mer.
Il s’abreuve de violence et d’obscurité
et ses rivages sont jonchés d’oubli et de chaos.
Ses caprices contiennent toute la distance du silence
et tout l’éclat du désir. Avec une musique désespérée,
il craque parfois sous le masque du temps.
Avec des cendres d’eau, il crée des halos de pénombre
et d’un côté c’est le désert, de l’autre une cataracte.
On peut le parcourir certaines fois comme le spectre solaire
ou le sentir comme un cri en lambeaux ou une porte condamnée.
Souvent ses noms ne sont pas des noms,
mais des blessures, des murailles sourdes, des lames effilées,
de minuscules racines, des chiens d’ombre, des ossements de lune.
Toutefois, il est toujours l’amant désiré que
recherche le poète dans les remous des ténèbres.

(António Ramos Rosa)

 

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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