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Posts Tagged ‘Sphinx’

Extrêmement se perdre aux bornes de soi-même (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023




    
Extrêmement se perdre aux bornes de soi-même
Grâce au fil qui nous fut donné
Aboutira peu loin mais c’est le seul extrême
Permis par un monde borné.
Si dans sa propre nuit le voyageur s’enfonce
Il n’en peut atteindre le bout.
Un sphinx garde la porte et ne donne réponse
Autre que ses yeux de hibou.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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Ce qu’il y a dans l’oeil du chat (Marc Alyn)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2022


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Si vous saviez ce qu’il y a
Dans l’oeil sans fond d’un petit chat,
Qu’il soit jaune, vert ou lilas
Vrai, vous n’en reviendrez pas!

On y voit des oiseaux de lune,
Des palais de laine et de lait,
Le Sphinx émergeant de ses lunes,
Et des ballets ultra-violets.

Sur des bassins d’une eau sans rides
S’épanouit la fleur de lotus
Tandis qu’une main transluscide
Peint des soleils sur papyrus.

Tout l’univers est reflété
Dans cette goutte de lumière
Qui ouvre sur l’éternité
Ainsi qu’un hublot sur la mer.

(Marc Alyn)

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ÉPITAPHE (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2022



 

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ÉPITAPHE

Que la terre lui soit légère
Qui garde ses racines mais lui a pris
La tige où se haussaient la fleur et la semence.
Il n’est de lourd
Sur lui que le plafond du ciel immense
Dont chaque étoile était, comme les yeux du sphinx,
Une insondable énigme.

(Franz Hellens)

 

 

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LE CHAT (Maurice Rollinat)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    

LE CHAT

Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.

Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,

Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.

Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.

Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.

Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.

Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre

Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.

Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.

Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.

Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.

Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.

Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.

Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.

Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.

(Maurice Rollinat)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Je dis aime (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2019



Je dis aime

J’ai les méninges nomades
J’ai le miroir maussade
Tantôt mobile
Tantôt tranquille
Je moissonne sans bousculade

Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette

Je dis AIME, AIME, AIME

Du Sphinx dans mon rimeur
Paris au fil du coeur
Du Nil dans mes veines
Dans mes artères coule la Seine

Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette

Je dis AIME, AIME, AIME

(Andrée Chedid)

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Litanies des derniers quartiers de la lune (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2019



 

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Litanies des derniers quartiers de la lune

Eucharistie
De l’Arcadie,

Qui fais de l’œil
Aux cœurs en deuil,

Ciel des idylles
Qu’on veut stériles,

Fonts baptismaux
Des blancs pierrots,

Dernier ciboire
De notre Histoire,

Vortex-nombril
Du Tout-Nihil,

Miroir et Bible
Des Impassibles,

Hôtel garni
De l’infini,

Sphinx et Joconde
Des défunts mondes,

Ô Chanaan
Du bon Néant,

Néant, La Mecque
Des bibliothèques

(Jules Laforgue)

 

 

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La voix du miroir (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2019



Illustration: Gilbert Garcin
    
La voix du miroir

Ainsi passe la vie, comme un bizarre mirage.
La rose azur qui enfante et donne le jour au chardon!
À côté du dogme du fardeau
fatal, le sophisme du Bien et de la Raison!

On a saisi, au hasard, ce que la main a frôlé;
les parfums se sont envolés, et parmi eux on a senti
la moisissure qui à mi-chemin a poussé
sur le pommier sec de la morte Illusion.

Ainsi passe la vie,
avec les cantiques trompeurs d’une bacchante fanée.
J’avance tout effaré, en avant… en avant,
faisant gronder ma marche funèbre.

Avancent au pied de brahmaniques éléphants royaux,
au son du sordide bourdonnement d’une ardeur mercurielle,
des amants qui lèvent leurs coupes sculptées dans la roche,
et des crépuscules oubliés, une croix sur la bouche.

Ainsi passe la vie, vaste orchestre de Sphinx
qui jettent dans le Vide leur marche funèbre.

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

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Vespergenèse (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2019



César Vallejo
    
Vespergenèse

Je suis né un jour
où Dieu était malade.

Tous savent que je vis,
que je suis mauvais; mais ils ne savent rien
du décembre de ce janvier.
Car je suis né un jour
où Dieu était malade.

Il est un vide
dans mon air métaphysique
que personne ne palpera :
le cloître d’un silence
qui parla à fleur de feu.

Je suis né un jour
où Dieu était malade.

Mon frère, écoute, écoute….
Bon. Et que je ne parte pas
sans emporter de décembres,
sans laisser de janviers.
Car je suis né un jour
où Dieu était malade.

Tous savent que je vis,
que je mastique… Mais ils ne savent pas
pourquoi dans mon vers grincent,
obscur déboire de cercueil,
des vents lyissés
décrochés du Sphinx
indiscret du Désert.

Tous savent… Et ne savent pas
que la Lumière est phtisique,
et l’Ombre grosse…
Mais ils ne savent pas que le Mystère synthétise…
qu’il est la bosse
musicale et triste qui à distance annonce
le passage méridien des lisières aux Lisières.

Je suis né un jour
où Dieu était malade,
gravement.

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

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COMPTINE DES CIVILISATIONS (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2019




    
COMPTINE DES CIVILISATIONS

Pigeon vole voici voilà
voici la veuve voilée
harpe des douleurs
fleurie et transpercée
Vierge ou Niobé.

Voici voilà en la arena
le taureau qui s’est arrêté
il ne sera pas mis à mort
le public le torero
dans un verre d’eau se sont noyés.

Pigeon hibou vautour vole
vol à l’immensité
un fémur renversé
un osselet de pierre
pour prier pour siffler.

Le Sphinx Janus Uranus
je ne sais quels dieux trouvés
abandonnés oubliés
inconnus mais révérés.

Les ruines l’ossuaire
civilisations éteintes
les cités imaginaires
inhumaine vérité
bien au-delà de la Terre
s’endorment dans les stellaires
monastères ministères
cimetières.

Poussière poussière
poussière lumière
désert étoilé.

(Jean Tardieu)

 

Recueil: L’accent grave et l’accent aigu
Traduction:
Editions: Gallimard

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Sphinx (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2018




    

Sphinx

Ils la trouvèrent, le crâne à demi défoncé,
tenant dans sa main roide un revolver brûlant.
Les badauds s’étonnaient. — Et l’ambulance
l’emporta vers l’hôpital jaune.

Une seule fois s’ouvrit sa paupière…
Nulle lettre, nul nom, — seuls une robe, un châle;
puis vint le médecin, questionnant à voix basse, —
puis le prêtre. — Elle resta muette et livide.

Pourtant, tard dans la nuit, elle voulut parler,
avouer… Personne dans la salle ne l’entendit.
– Un râle. — Et on l’emporta,
elle et sa souffrance. —

Et dehors nulle tombe.

(Rainer Maria Rilke)

 

Recueil: Oeuvres 2 Poésie
Traduction: Jacques Legrand, Lorand Gaspar, Philippe Jaccottet, Armel Guerne, Maurice Betz
Editions: Seuil

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