Posts Tagged ‘(Stéphane Mallarmé)’
Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2020
Sainte
À la fenêtre recelant
Le santal vieux qui se dédore
De sa viole étincelant
Jadis avec flûte ou mandore,
Est la Sainte pâle, étalant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vêpre et complie :
À ce vitrage d’ostensoir
Que frôle une harpe par l’Ange
Formée avec son vol du soir
Pour la délicate phalange
Du doigt que, sans le vieux santal
Ni le vieux livre, elle balance
Sur le plumage instrumental,
Musicienne du silence.
(Stéphane Mallarmé)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), ange, doigt, fenêtre, flûte, harpe, livre, magnificat, musicienne, pâle, phalange, plumage, sainte, santal, se dédorer, silence, viole | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2020
Le château de l’espérance
Ta pâle chevelure ondoie
Parmi les parfums de ta peau
Comme folâtre un blanc drapeau
Dont la soie au soleil blondoie.
Las de battre dans les sanglots
L’air d’un tambour que l’eau défonce,
Mon coeur à son passé renonce
Et, déroulant ta tresse en flots,
Marche à l’assaut, monte, – ou roule ivre
Par des marais de sang, afin
De planter ce drapeau d’or fin
Sur ce sombre château de cuivre
– Où, larmoyant de nonchaloir,
L’Espérance rebrousse et lisse
Sans qu’un astre pâle jaillisse
La Nuit noire comme un chat noir.
(Stéphane Mallarmé)
Illustration: Sabin Balasa
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), assaut, astre, blondoyer, chat, château, chevelure, cuivre, drapeau, espérance, folâtre, larmoyant, nonchaloir, nuit, parfum, peau, renoncer, sanglot, soie, soleil, tambour, tresse | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2020
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), atonie, émoi, eau, fleur, ombre, seule, triste | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020
Le cantique de Saint Jean
Le soleil que sa halte
Surnaturelle exalte
Aussitôt redescend
Incandescent
Je sens comme aux vertèbres
S’éployer des ténèbres
Toutes dans un frisson
À l’unisson
Et ma tête surgie
Solitaire vigie
Dans les vols triomphaux
De cette faux
Comme rupture franche
Plutôt refoule ou tranche
Les anciens désaccords
Avec le corps
Qu’elle de jeûnes ivre
S’opiniâtre à suivre
En quelque bond hagard
Son pur regard
Là-haut où la froidure
Éternelle n’endure
Que vous la surpassiez
Tous ô glaciers
Mais selon un baptême
Illuminée au même
Principe qui m’élut
Penche un salut.
(Stéphane Mallarmé)
Illustration: Jean Benner
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), baptême, cantique, exalter, frisson, glacier, hagard, halte, incandescent, ivre, jeune, rupture, salut, soleil, solitaire, ténèbres, trancher, unisson, vertèbres, vigie, vol | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 avril 2020
Salut
Rien, cette écume, vierge vers
A ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l’envers.
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers;
Une ivresse belle m’engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile
A n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
(Stéphane Mallarmé)
Illustration: Victor-Louis Mottez
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), écume, blanc, coupe, fastueux, flot, foudre, hiver, ivresse, naviguer, noyer, poupe, récif, rien, salut, sirènes, solitude, tangage, toile, vierge | 5 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019
Le Sonneur
Cependant que la cloche éveille sa voix claire
A l’air pur et profond du matin
Et passe sur l’enfant qui jette pour lui plaire
Un angélus parmi la lavande et le thym,
Le sonneur effleuré par l’oiseau qu’il éclaire,
Chevauchant tristement en geignant du latin
Sur la pierre qui tend la corde séculaire,
N’entend descendre à lui qu’un tintement lointain.
Je suis cet homme. Hélas! de la nuit désireuse,
J’ai beau tirer le câble à sonner l’Idéal,
De froids péchés s’ébat un plumage féal,
Et la voix ne me vient que par bribes et creuse !
Mais, un jour, fatigué d’avoir en vain tiré,
O Satan, j’ôterai la pierre et me pendrai.
(Stéphane Mallarmé)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), air, angélus, éveiller, chevaucher, cloche, corde, effleuré, enfant, fatigue, froid, idéal, latin, oiseau, pêche, plaire, plumage, pur, Satan, se pendre, sonneur, tintement, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 mai 2019

Apparition
La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
— C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au coeur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
(Stéphane Mallarmé)
Illustration: Bogdan Prystrom
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), apparition, azur, étoile, baiser, bouquet, calme, clarté, corolle, cueilli, lune, main, neiger, parfumée, pavé, regret, rue, s'attrister, séraphin, soleil, sommeil, viole | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018
Petit air
Quelconque une solitude
Sans le cygne ni le quai
Mire sa désuétude
Au regard que j’abdiquai
Ici de la gloriole
Haute à ne la pas toucher
Dont main ciel se bariole
Avec les ors de coucher
Mais langoureusement longe
Comme de blanc linge ôté
Tel fugace oiseau si plonge
Exultatrice à côté
Dans l’onde toi devenue
Ta jubilation nue.
(Stéphane Mallarmé)
Illustration: Guillaume Seignac
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Posted by arbrealettres sur 16 août 2018
Les Fenêtres
Las du triste hôpital, et de l’encens fétide
Qui monte en la blancheur banale des rideaux
Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide,
Le moribond sournois y redresse un vieux dos,
Se traîne et va, moins pour chauffer sa pourriture
Que pour voir du soleil sur les pierres, coller
Les poils blancs et les os de la maigre figure
Aux fenêtres qu’un beau rayon clair veut hâler,
Et la bouche, fiévreuse et d’azur bleu vorace,
Telle, jeune, elle alla respirer son trésor,
Une peau virginale et de jadis ! encrasse
D’un long baiser amer les tièdes carreaux d’or.
Ivre, il vit, oubliant l’horreur des saintes huiles,
Les tisanes, l’horloge et le lit infligé,
La toux ; et quand le soir saigne parmi les tuiles,
Son œil, à l’horizon de lumière gorgé,
Voit des galères d’or, belles comme des cygnes,
Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir
En berçant l’éclair fauve et riche de leurs lignes
Dans un grand nonchaloir chargé de souvenir !
Ainsi, pris du dégoût de l’homme à l’âme dure
Vautré dans le bonheur, où ses seuls appétits
Mangent, et qui s’entête à chercher cette ordure
Pour l’offrir à la femme allaitant ses petits,
Je fuis et je m’accroche à toutes les croisées
D’où l’on tourne l’épaule à la vie, et, béni,
Dans leur verre, lavé d’éternelles rosées,
Que dore le matin chaste de l’Infini
Je me mire et me vois ange ! et je meurs, et j’aime
— Que la vitre soit l’art, soit la mysticité —
À renaître, portant mon rêve en diadème,
Au ciel antérieur où fleurit la Beauté !
Mais, hélas ! Ici-bas est maître : sa hantise
Vient m’écœurer parfois jusqu’en cet abri sûr,
Et le vomissement impur de la Bêtise
Me force à me boucher le nez devant l’azur.
Est-il moyen, ô Moi qui connais l’amertume,
D’enfoncer le cristal par le monstre insulté
Et de m’enfuir, avec mes deux ailes sans plume
— Au risque de tomber pendant l’éternité ?
(Stéphane Mallarmé)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Stéphane Mallarmé), aimer, allaiter, amer, amertume, ange, azur, écoeurer, éternelle, éternité, baiser, banale, blancheur, bouche, crucifix, dégoût, encens, fétide, femme, fiévreuse, galère, haler, hôpital, ivre, jadis, las, moribond, mourir, nonchaloir, or, pourriture, respirer, rosée, s'entêter, souvenir, tomber, trésor, vomissement | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 août 2018
Las du triste hôpital, et de l’encens fétide
Qui monte en la blancheur banale des rideaux
Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide,
Le moribond sournois y redresse un vieux dos.
Se traîne et va, moins pour réchauffer sa pourriture
Que pour voir du soleil sur les pierres, coller
Les poils blancs et les os de la maigre figure
Aux fenêtres qu’un beau rayon clair veut hâler.
Et la bouche, fiévreuse et d’azur bleu vorace,
Telle, jeune, elle alla respirer son trésor,
Une peau virginale et de jadis! encrasse
D’un long baiser amer les tièdes carreaux d’or.
Ivre, il vit, oubliant l’horreur des saintes huiles,
Les tisanes, l’horloge et le lit infligé,
la toux; et quand le soir saigne parmi les tuiles,
Son oeil, à l’horizon de lumière gorgé,
Voit des galères d’or, belles comme des cygnes,
sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir
En berçant l’éclair fauve et riche de leurs lignes
Dans un grand nonchaloir chargé de souvenirs!
Ainsi, pris du dégoût de l’homme à l’âme dure
Vautré dans le bonheur, où ses seuls appétits
Mangent, et qui s’entête à chercher cette ordure
Pour l’offrir à la femme allaitant ses petits,
Je fuis et je m’accroche à toutes les croisées
D’où l’on tourne l’épaule à la vie et, béni,
Dans leur verre, lavé d’éternelles rosées,
Que dore le matin chaste de l’Infini
Je me mire et me vois ange ! et je meurs, et j’aime
– Que la vitre soit l’art, soit la mysticité –
À renaître, portant mon rêve en diadème,
Au ciel antérieur où fleurit la Beauté!
Mais hélas! Ici-bas est maître : sa hantise
Vient m’écœurer parfois jusqu’en cet abri sûr,
Et le vomissement impur de la Bêtise
Me force à me boucher le nez devant l’azur.
Est-il moyen, ô Moi qui connais l’amertume,
D’enfoncer le cristal par le monstre insulté
Et de m’enfuir, avec mes deux ailes sans plume
(Stéphane Mallarmé)
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