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Posts Tagged ‘stérile’

Fuyez, amants (Michel Ange)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Fuyez, amants, fuyez l’amour et ses ardeurs;
sa flamme est âpre ; sa blessure mortelle.
Qui ne le fuit soudain, lui opposera vainement plus tard
le courage et la force, l’absence et la raison.

Fuyez : que le trait mortel qui m’a frappé
ne soit pas pour vous une stérile leçon!
Voyez en moi les maux qui vous attendent,
et combien sont barbares les jeux de cet enfant.

Fuyez-le , sans tarder, fuyez dès le premier regard.
Je crus pouvoir en tout temps obtenir de lui le repos :
hélas ! voyez maintenant le feu qui me dévore.

Insensé , celui qui, violemment épris d’une beauté séduisante,
égaré par de trompeurs désirs,
ferme l’oreille et les yeux à son propre bonheur,
pour courir au-devant des traits empoisonnés de l’amour!

(Michel Ange)

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LES YEUX STÉRILES (Paul Éluard)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2023



Illustration: Man Ray
    
LES YEUX STÉRILES

Elle est comme un bourgeon
L’espace de la flamme
Candide elle a l’arôme
D’amoureux enlacés.

(Paul Éluard)

Recueil: Les mains libres
Traduction:
Editions: Gallimard

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Chaque bouffée de soleil (Gérard Chaliand)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2021



Illustration: Pascal Renoux
    

Chaque bouffée de soleil l’avait porté à l’amour ;
une tendresse déchirée lui faisait ouvrir les mains.

Du fond de sa mémoire, jaillissaient parfois
des tristesses anciennes auxquelles il ne croyait plus.

Quand il ouvrit les yeux, au grand soleil,
fatigué d’espérance, las d’avoir rêvé,
il s’étendit sur la grève, les lèvres pleines d’écume.
Loin, résonnait le pas des marches stériles.

La tristesse porte de longues fatigues,
tisse des rêves solitaires.
Tout me manque,
jusqu’à cette femme précieuse et nue dont j’ai soif.

(Gérard Chaliand)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Feu nomade et autres poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Congrès international de la peur (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



Congrès international de la peur

Provisoirement nous ne chanterons pas l’amour,
qui s’est réfugié plus bas que les souterrains.
Nous chanterons la peur, qui rend stériles les embrassades,
nous ne chanterons pas la haine car elle n’existe pas,
seule existe la peur, notre mère et compagne,
la grand-peur des sertöes, des mers, des déserts,
la peur des soldats, la peur des mères, la peur des églises,
nous chanterons la peur des dictateurs, la peur des démocrates,
nous chanterons la peur de la mort et la peur d’après la mort,
et puis nous mourrons de peur
et sur nos tombes pousseront des fleurs jaunes et craintives.

(Carlos Drummond de Andrade)


Illustration: William Blake

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Pas de nom (Rhissa Rhossey)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020



Rhissa Rhossey
    
Pas de nom

Non, frère d’outre-mer
Surtout pas de nom
Je ne suis pas le fils
Du vent et des nuages
Je suis le fils de la fange
De la fange stérile et rouge
Sables, montagnes et pierres
Je suis le fils de la terre
Maternelle
Silence, oubli, mépris
Je suis l’enfant des douleurs
Éternelles
Non, frère, je ne suis pas
Je ne suis plus
Le Seigneur du désert
Mais l’esclave
Des horizons nus

(Rhissa Rhossey)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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SONNET DE LA MEMOIRE INUTILE (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 19 août 2020




Illustration: René Magritte

    
SONNET DE LA MEMOIRE INUTILE

A tous mes jours vécus je songe et je resonge,
A tout cet heureux temps que ma vie a tissé,
Et par un vain rappel un instant le prolonge…
Stérile souvenir, ô pourquoi ressassé?

Quand elle se dessèche ô qu’importe à l’éponge
Dans ses pores flétris quelle eau vive a passé;
Qu’importe au van rompu, quand la rouille le ronge,
A travers son treillis quel grain neuf a glissé?

Je n’ai plus de souci de ma propre mémoire
Que n’en a du vaisseau la mer compacte et noire,
Lorsque la voile blanche a disparu dans l’ouest.

Plus de souci je n’ai des heures abolies
Que n’en a le ciel clair des étoiles pâlies,
Quand l’astre qui les souffle a reparu dans l’est.

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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Solitude (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2020



Solitude

C’est la Solitude maintenant qui vient la nuit,
A la place du Sommeil, s’asseoir près de mon lit.
Telle une enfant fatiguée je repose et guette ses pas,
Je la regarde doucement souffler la bougie.
Elle reste assise, immobile et sans bruit,
Lasse, si lasse, laissant tomber sa tête.
Elle aussi est vieille; elle aussi a livré le combat.
De feuilles de laurier son front est couronné.

Dans l’obscurité morne, la marée lentement descend,
Se brise inassouvie sur la rive stérile.
Un vent étrange passe… puis, le silence. Je voudrais
Me tourner vers elle, la prendre par la main,
La serrer dans mes bras et attendre ainsi
Que la terre stérile soit remplie
Par la terrible monotonie de la pluie.

***

Loneliness

Now it is Loneliness who comes at night
Instead of Sleep, to sit beside my bed.
Like a tired child I lie and wait her tread,
I watch her softly blowing out the light.
Motionless sitting, neither left nor right
She turns, and weary, weary droops her head.
She, too, is old; she, too, has fought the fight.
So, with the laurel she is garlanded.

Through the sad dark the slowly ebbing tide
Breaks on a barren shore, unsatisfied.
A strange wind flows… then silence. I am fain
To turn to Loneliness, to take her hand,
Cling to her, waiting, till the barren land
Fills with the dreadful monotone of rain.

(Katherine Mansfield)


Illustration: Nicolaes Maes

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Maison dans le matin, confuse vérité (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2019



Maison dans le matin, confuse vérité
de plumes et de draps, origine du jour
errant, sans direction, comme une pauvre barque,
entre les horizons de l’ordre et du sommeil.
Ô choses désirant entraîner des vestiges,
adhérence immobile et stérile héritage,
les papiers cachent des voyelles chiffonnées,
la bouteille de vin veut poursuivre son hier.
Tu passes, ordonnatrice, ô ma vibrante abeille,
les régions que tu touches échapperont à l’ombre,
de ta blanche énergie tu conquiers la lumière.
Et se reconstruisant alors dans la clarté,
les choses à nouveau vont au vent de la vie
l’ordre établit enfin son pain et sa colombe.

***

La casa en la mañana con la verdad revuelta
de sábanas y plumas, el origen del día
sin dirección, errante como una pobre barca,
entre los horizontes del orden y del sueño.
Las cosas quieren arrastrar vestigios,
adherencias sin rumbo, herencias frías,
los papeles esconden vocales arrugadas
y en la botella el vino quiere seguir su ayer.
Ordenadora, pasas vibrando como abeja
tocando las regiones perdidas por la sombra,
conquistando la luz con tu blanca energía.
Yse construye entonces la claridad de nuevo :
obedecen las cosas al viento de la vida
y el orden establece su pa ny su paloma.

(Pablo Neruda)

Illustration: Louise Georgette Agutte

 

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Litanies des derniers quartiers de la lune (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2019



 

la-joconde

Litanies des derniers quartiers de la lune

Eucharistie
De l’Arcadie,

Qui fais de l’œil
Aux cœurs en deuil,

Ciel des idylles
Qu’on veut stériles,

Fonts baptismaux
Des blancs pierrots,

Dernier ciboire
De notre Histoire,

Vortex-nombril
Du Tout-Nihil,

Miroir et Bible
Des Impassibles,

Hôtel garni
De l’infini,

Sphinx et Joconde
Des défunts mondes,

Ô Chanaan
Du bon Néant,

Néant, La Mecque
Des bibliothèques

(Jules Laforgue)

 

 

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Par l’appel souriant de sa claire étendue (Jean de la Ville de Mirmont)

Posted by arbrealettres sur 3 août 2019



 

Par l’appel souriant de sa claire étendue
Et les feux agités de ses miroirs dansants,
La mer, magicienne éblouissante et nue,
Eveille aux grands espoirs les meurs adolescents.

Pour tenter de la fuir leur effort est stérile ;
Les moins aventureux deviennent ses amants,
Et, dès lors, un regret éternel les exile,
Car l’on ne guérit point de ses embrassements.

C’est elle, la première, en ouvrant sa ceinture
D’écume, qui m’offrit son amour dangereux
Dont mon âme a gardé pour toujours la brûlure
Et dont j’ai conservé le reflet dans mes yeux.

(Jean de la Ville de Mirmont)

Illustration: William Bouguereau

 

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