Posts Tagged ‘stigmate’
Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2020

RYTHMES
Tout débuta
Dans l’arythmie
Le chaos
Des vents erratiques
S’emparaient de l’univers
L’intempérie régna
L’indéchiffrable détonation
Fut notre prologue
Tout fut
Débâcle et dispersion
Turbulences et gaspillage
Avant que le rythme
Ne prenne possession
De l’espace
Suivirent de vastes accords
D’indéfectibles liaisons
Des notes s’arrimèrent
Au tissu du rien
Des courroies invisibles
Liaient astres et planètes
Du fond des eaux
Surgissaient
Les remous de la vie
Dans la pavane
Des univers
Se prenant pour le noyau
La Vie
Se rythma
Se nuança
De leitmotiv
En parade
De reprise
En plain-chant
La Vie devint ritournelle
Fugue Impromptu
Refrain
Se fit dissonance
Mélodie Brisure
Se fit battement
Cadence Mesure
Et se mira
Dans le destin
Impie et sacrilège
L’oiseau s’affranchissait
Des liens de la terre
Libre d’allégeance
Il s’éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies
S’unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L’oiseau s’allia à l’espace
S’accoupla à l’étendue
S’emboîta dans la distance
Se relia à l’immensité
Se noua à l’infini
Tandis que lié au temps
Et aux choses
Enfanté sur un sol
Aux racines multiples
L’homme naquit tributaire
D’un passé indélébile
Le lieu prit possession
De sa chair
De son souffle
Les stigmates de l’histoire
Tatouèrent sa mémoire
Et sa peau
Venu on ne sait d’où
Traversant les millénaires
L’homme se trouva captif
Des vestiges d’un monde
Aux masques étranges
Et menaçants
Il s’en arrachait parfois
Grâce aux sons et aux mots
Aux gestes et à l’image
À leurs pistes éloquentes
À leur sens continu
Pour mieux tenir debout
L’homme inventa la fable
Se vêtit de légendes
Peupla le ciel d’idoles
Multiplia ses panthéons
Cumula ses utopies
Se voulant éternel
Il fixa son oreille
Sur la coquille du monde
À l’écoute
D’une voix souterraine
Qui l’escorte le guide
Et l’agrandit
Alors
De nuits en nuits
Et d’aubes en aubes
Tantôt le jour s’éclaire
Tantôt le jour moisit
Faiseur d’images
Le souffle veille
De pesanteur
Le corps fléchit
Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voila
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
À la Vie
L’esprit cheminait
Sans se tarir
Le corps s’incarnait
Pour mûrir
L’esprit se libérait
Sans périr
Le corps se décharnait
Pour mourir
Parfois l’existence ravivait
L’aiguillon du désir
Ou bien l’enfouissait
Au creux des eaux stagnantes
Parfois elle rameutait
L’essor
D’autres fois elle piétinait
L’élan
Souvent l’existence patrouillait
Sur les chemins du vide
Ou bien se rachetait
Par l’embrasement du coeur
Face au rude
Mais salutaire
Affrontement
De la mort unanime
L’homme sacra
Son séjour éphémère
Pour y planter
Le blé d’avenir.
(Andrée Chedid)
Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), accord, affrontement, agrandir, aiguillon, allégeance, amorcer, arracher, arythmie, assujetti, astre, au-dessus, aube, avenir, écoute, élan, éloquent, éphémère, étendue, éternel, étrange, battement, blé, brisure, cadence, captif, chair, chaos, chemin, cheminer, chose, ciel, coeur, continu, coquille, corps, courroie, créature, creux, cumuler, débâcle, débuter, désir, détonation, debout, destin, dispersion, dissonance, distance, eau, embrasement, enfanter, enfouir, erratique, escorter, espace, espérance, esprit, essor, existence, fable, face, faiseur, fixer, fléchir, fond, fondateur, fugue, gagner, gaspillage, geste, guider, histoire, homme, idole, image, immensité, impie, impromptu, indéchiffrable, indéfectible, indélébile, infini, intempérie, inventer, invisible, jeu, jour, légende, leitmotiv, liaison, libre, lien, lier, lieu, masque, mélodie, mémoire, mûrir, menacer, mesure, millénaire, moisir, monde, mort, mot, mourir, multiplier, mystère, naître, note, noyau, nuage, nuit, oiseau, oreille, panthéon, parade, passé, patrouiller, pavane, peau, pesanteur, peupler, piétiner, piste, plain-chant, planète, planter, possession, prendre, prologue, rameuter, raviver, refrain, remous, reprise, rien, ritournelle, rude, rythme, s'accoupler, s'affranchir, s'allier, s'arrimer, s'éclairer, s'emboîter, s'emparer, s'incarner, s'unir, sacrer, sacrilège, salutaire, séjour, se charger, se décharner, se libérer, se mirer, se nouer, se nuancer, se prendre, se racheter, se relier, se tarir, se vêtir, se voiler, sens, sol, son, souffle, soumettre, souterrain, stagner, stigmate, suivre, surgir, tatouer, ténèbres, temps, tenir, terre, tissu, traverser, tributaire, turbulence, tyrannie, unanime, univers, utopie, vaste, veiller, venir, vent, vestiges, vide, vie, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 juin 2018

LA COLOMBE POIGNARDEE
Il existe un oiseau, dont le pâle plumage,
Des forêts du tropique étonne la gaieté ;
Seul sur son arbre en deuil, les pleurs de son ramage
Font gémir de la nuit le silence attristé.
Le chœur ailé des airs, loin de lui rendre hommage,
Insulte, en le fuyant, à sa fatalité ;
Lui-même se fuirait, en voyant son image
Poignardé de naissance, il naît ensanglanté.
Et le poète aussi, merveilleuse victime,
Qui mêle de son sang dans tout ce qu’il anime,
Arrive dans ce monde, un glaive dans le cœur ;
Et l’on n’a point encore inventé de baptême,
Qui puisse en effacer le stigmate vainqueur :
Cette tache de mort, c’est son âme elle-même.
(Jules Lefèvre-Deumier)
Illustration
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Jules Lefèvre-Deumier), attriste, âme, baptême, colombe, deuil, ensanglanté, fatalité, forêt, fuir, gaieté, gémir, glaive, insulter, mort, naissance, oiseau, pleur, plumage, poète, poignardé, ramage, silence, stigmate, tache, vainqueur, victime | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 avril 2018
Interrogations
Comment dorment-ils donc, Seigneur, les suicidés ?
Un caillot sur la bouche et les deux tempes vides,
les lunes de leurs yeux blanches, écarquillées,
et les mains orientées vers une ancre invisible ?
Ou arrives-Tu quand les hommes sont partis
pour fermer leurs paupières sur leurs yeux aveugles,
pour sans douleur ni bruit disposer leurs viscères
et pour croiser leurs mains sur leur poitrine muette ?
Le rosier que sur eux arrosent les vivants,
ne donne-t-il à ses fleurs formes de blessures ?
Son parfum n’est-il âcre et sombre sa beauté ?
Des serpents tressent-ils son feuillage chétif ?
Réponds, réponds, Seigneur : Quand leur âme s’enfuit
par la porte mouillée des longues déchirures,
entre-t-elle en tes lieux fendant l’air avec calme
ou entend-on claquer des ailes affolées ?
Livide, un cercle étroit se ferme-t-il sur eux ?
L’éther est-il un champ où fleurissent les monstres ?
Dans leur effroi retrouvent-ils pourtant ton nom ?
Ou crient-ils sans espoir sur ton cour endormi ?
Un rayon de soleil les atteint-il un jour ?
Est-il une eau qui lave leurs stigmates rouges ?
Pour eux seuls tes entrailles restent-elles froides,
sourds tes tympans parfaits, à jamais clos tes yeux ?
C’est ce que l’homme affirme, égaré ou pervers ;
mais moi qui t’ai goûté comme du vin, Seigneur,
laissant les autres t’appeler sans fin Justice,
je ne te donnerai jamais qu’un nom : Amour !
L’homme a toujours été, je le sais, griffe dure ;
vertige, la cascade ; âpreté, la sierra.
Mais Toi tu es la coupe où mêlent leur douceur
les nectars de tous les jardins de cette Terre !
(Gabriela Mistral)
Illustration:John Everett Millais
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), affolée, apreté, aveuglé, âme, écarquillé, blessure, bouche, caillot, cascade, cercle, coupe, crier, dormir, douceur, endormi, feuillage, interrogation, invisible, jardin, nectar, parfum, paupière, stigmate, suicide, tresser, vide | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 avril 2018

Illustration
TOTEM
Arborant
Les blessures
De nos faiblesses
Les cicatrices
De nos vaillances
Les stigmates gravés
Dans nos chairs
Tu brandis les figures
Aux yeux obliques
De nos destins
Totem
Fidèle
Et vivante vigie
Au royaume
Des ancestrales sagesses.
(Anne Goyen)
Recueil: Arbres, soyez
Traduction:
Editions: Ad Solem
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Posted in poésie | Tagué: (Anne Goyen), ancestral, arborer, blessure, brandir, chair, cicatrice, destin, faiblesse, fidèle, figure, graver, oblique, royaume, sagesse, stigmate, totem, vaillance, vigie, vivant, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2018

Illustration: Marc Chagall
Tout cela par amour
On renverse les géants des bois pour faire un dormeur,
On renverse les instincts comme des fleurs,
Des désirs comme des étoiles,
Pour ne faire qu’un homme et son stigmate d’homme.
Qu’on renverse aussi des empires d’une nuit,
Monarchies d’un baiser,
Ne signifie rien ;
Qu’on renverse les yeux, qu’on renverse les mains comme des statues vides,
En dit peut-être moins.
Mais cet amour fermé de ne voir que sa forme,
Sa forme écarlate parmi la brume
Veut imposer la vie, comme un automne soulevant tant de feuilles
Vers l’ultime ciel
Où des étoiles
Donnent leurs lèvres à d’autres étoiles,
Où mes yeux, ces yeux-là,
S’éveillent en d’autres yeux.
***
Todo esto por amor
Derriban gigantes de los bosques para hacer un durmiente,
Derriban los instintos como flores,
Deseos como estrellas,
Para hacer sólo un hombre con su estigma de hombre.
Que derriben también imperios de una noche,
Monarquías de un beso,
No significa nada;
Que derriben los ojos, que derriben las manos como estatuas
vacías,
Acaso dice menos.
Mas este amor cerrado por ver sólo su forma,
Su forma entre las brumas escarlata,
Quiere imponer la vida, como otoño ascendiendo tantas
hojas
Hacia el último cielo,
Donde estrellas
Sus labios dan a otras estrellas.
Donde mis ojos, estos ojos,
Se despiertan en otros.
(Luis Cernuda)
Recueil: Un fleuve, un amour
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Fata Morgana
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Posted in poésie | Tagué: (Luis Cernuda), amour, automne, écarlate, étoile, baiser, bois, ciel, désir, dire, donner, dormeur, empire, fermé, feuille, fleur, forme, géant, homme, imposer, instinct, lèvres, main, monarchie, nuit, renverser, s'éveiller, signifier, soulever, statue, stigmate, ultime, vide, vie, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 septembre 2017

Les musiques scellées
Je déplie l’étoile de beau temps
je sens battre la décrue du destin
dans l’éclair subit d’un chemin royal
je tends l’urne et le vin
mon piolet ma soif et le puits
Beauté je ressens l’impression des stigmates
d’une Présence en moi qui me domine
(Gemma Tremblay)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Gemma Tremblay), éclair, étoile, battre, beauté, chemin, décrue, destin, dominer, musique, piolet, présence, puits, ressentir, scellée, soif, stigmate, subit, tendre, urne, vin | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2016

La blessure du bonheur
veut dire stigmate, et non cicatrice.
Seule en témoigne
la parole du poète.
La fable écrite par lui
est demeure et non refuge.
***
Des Glückes Wunde
heißt Stigma, nicht Narbe.
Hiervon gibt Kunde
nur Dichters Wort.
Gedichtete Sage
ist Stätte, nicht Hort.
(Hannah Arendt)
Illustration
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Hannah Arendt), blessure, bonheur, cicatrice, demeure, fable, parole, poète, refuge, stigmate, témoigner | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2016

Ophélie a laissé sombrer à pic ses nattes
Qui se sont peu à peu tout à fait dénouées
Ses yeux ouverts sur l’eau sont comme deux stigmates;
Ses mains pâles sont si tristement échouées;
Pourtant elle sourit, sentant sur son épaule
Ruisseler tout à coup sa chevelure immense,
Qui la fait ressembler au mirage d’un saule.
«Suis-je ou ne suis-je pas ? » a songé sa démence…
Les cheveux d’Ophélie envahissent l’eau grise,
Tumulte inextricable où sa tête s’est prise;
Est-ce le lin d’un champ, est-ce sa chevelure,
L’embrouillamini vert qui rouit autour d’elle ?
Ophélie étonnée a tâché de conclure :
«Suis-je ou ne suis-je pas ?», songe-t-elle, fidèle
Au souvenir des mots d’Hamlet, seigneur volage.
Ses cheveux maintenant se nouent comme un feuillage
Qui jusqu’au bout de l’eau, sans fin, se ramifie.
Ophélie est trop morte, elle se liquéfie…
Les bagues ont quitté ses mains devenant nulles;
Ses derniers pleurs à la surface font des bulles;
Ses beaux yeux, délogés des chairs qui sont finies,
Survivent seuls, au fond, comme deux actinies.
Et ses cheveux verdis, dont la masse persiste
Dans les herbes aquatiques qui leur ressemblent,
Sont si dénaturés d’avoir trempé qu’ils semblent
Un fouillis végétal issu de cette eau triste.
(Georges Rodenbach)
Illustration: John Everett Millais
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Rodenbach), actinie, échouées, être, bague, chair, chevelure, dénouée, eau, embrouillamini, envahir, fouillis, natte, Ophélie, persister, saule, se liquéfier, sombrer, stigmate, trempé, triste, vert | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 juin 2016

Vous souvient-il de ces choses que l’on a perdues le lendemain ?
Une dernière fois, elles vous implorent en vain
de rester auprès de vous encore.
Mais l’ange des pertes les a frôlées de son aile distraite ;
on ne les tient plus, on les arrête.
Elles ont reçu, sans que nous sachions quand
les stigmates d’absence,
malgré les fenêtres fermées, un vent
subtil vers elles s’avance.
Elles vont sortir de cet ordre précis
de la possession qui les nomme;
bientôt, quelle sera leur vie
qui ne sera plus la vie de l’homme
qui les avait aimées ? Auraient-elles aussi
de longs regrets parmi les poussières moroses ?
Ou est-ce que les choses
s’entre-aident vers un oubli
plus prompt ? Le vague bonheur d’être matière
les reprend-il, les rendant à l’aveugle mère
qui les touche et leur reproche à peine
d’avoir subi la pensée humaine.
(Rainer Maria Rilke)
Illustration: Pierre Mornet
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