Posts Tagged ‘(Stuart Merrill)’
Posted by arbrealettres sur 17 septembre 2019

Ô narcisses et chrysanthèmes
De ce crépuscule d’automne
Où nos voix reprenaient les thèmes
Tant tristes du vent monotone !
Des enfants dansaient sur la route
Qui mène vers la lande noire
Où hurla jadis la déroute,
Sous la lune, des rois sans gloire.
Nous chantions des chants des vieux âges
En allant tous deux vers la ville,
Toi si grave avec tes yeux sages
Et moi dont l’âme fut si vile.
Le jour tombait au son des cloches
Dans l’eau lente de la rivière
Qui charriait vers des mers proches
La flotte à la noire bannière.
Nous fûmes trop fous pour comprendre
Les présages du crépuscule :
Voici l’ombre où l’on croit entendre
Les sanglots d’un dieu qui recule.
La flotte a fui vers d’autres astres,
Les enfants sont morts sur la route,
Et les fleurs, au vent des désastres,
Ne sont qu’un souvenir de doute.
Sais-tu le chemin de la ville,
Toi si grave avec tes yeux sages ?
Ah ! mon âme qui fut trop vile
A peur des chansons des vieux âges !
(Stuart Merrill)
Illustration: George Inness
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Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2019
![Lauri Blank - (53) [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/06/lauri-blank-53-1280x768.jpg?w=806&h=768)
Mon front pâle est sur tes genoux
Que jonchent des débris de roses ;
O femme d’automne, aimons-nous
Avant le glas des temps moroses !
Oh ! des gestes doux de tes doigts
Pour calmer l’ennui qui me hante !
Je rêve à mes aïeux les rois,
Mais toi, lève les yeux, et chante.
Berce-moi des dolents refrains
De ces anciennes cantilènes
Où, casqués d’or, les souverains
Mouraient aux pieds des châtelaines.
Et tandis que ta voix d’enfant,
Ressuscitant les épopées
sonnera comme un olifant
Dans la danse âpre des épées,
Je penserai vouloir mourir
Parmi les roses de ta robe,
Trop lâche pour reconquérir
Le royaume qu’on me dérobe.
(Stuart Merrill)
Illustration: Lauri Blank
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Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2019
![Graham Gercken 1960 - Australian Impressionist Landscape painter - (27) [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/06/graham-gercken-1960-australian-impressionist-landscape-painter-27-1280x768.jpg?w=880&h=699)
Ô paix de ce pays d’ici
Où jadis nous nous aimâmes
Par nos corps et par nos âmes,
Ô paix de ce pays d’ici !
Le crépuscule dans les arbres
Dont tous les oiseaux sont fous
De s’être aimés comme nous,
Le crépuscule dans les arbres !
Et ce fleuve sous la forêt
Où, soeur folle des automnes,
Tu cueillais les anémones,
Et ce fleuve sous la forêt !
Sais-tu ce que nous dit le fleuve
Qui pleurait dans les roseaux
– Soupirs des vents et des eaux –
Sais-tu ce que nous dit le fleuve ?
Il nous dit : Craignez la forêt
Dont au carrefour des doutes
On ne connaît plus les routes.
Il nous dit : « Craignez la forêt ! »
Mais nous n’avons pas peur des arbres
Lourds du tumulte des vols
Et des chants des rossignols ;
Mais nous n’avons pas peur des arbres.
O paix de ce pays d’ici,
La voix des eaux est mensonge,
Et tu ne peux être un songe,
O paix de ce pays d’ici.
(Stuart Merrill)
Illustration: Graham Gercken
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Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019
![Gao Xingjian jian [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/06/gao-xingjian-jian-1280x768.jpg?w=778&h=858)
Nocturne
A JORIS-KARL HUYSMANS
La blême lune allume en la mare qui luit
Miroir des gloires d’or, un émoi d’incendie.
Tout dort. Seul, à mi-mort, un rossignol de nuit
Module en mal d’amour sa molle mélodie.
Plus ne vibrent les vents en le mystère vert
Des ramures. La lune a tû leurs voix nocturnes :
Mais à travers le deuil du feuillage entr’ouvert,
Pleuvent les bleus baisers des astres taciturnes.
La vieille volupté de rêver à la mort
A l’entour de la mare endort l’âme des choses.
A peine la forêt parfois fait-elle effort
Sous le frisson furtif d’autres métamorphoses.
Chaque feuille s’efface en des brouillards subtils.
Du zénith de l’azur ruisselle la rosée
Dont le cristal s’incruste en perles aux pistils
Des nénuphars flottant sur l’eau fleurdelisée.
Rien n’émane du noir, ni vol, ni vent, ni voix,
Sauf lorsqu’au loin des bois, par soudaines saccades,
Un ruisseau roucouleur croule sur les gravois :
L’écho s’émeut alors de l’éclat des cascades.
(Stuart Merrill)
Illustration: Gao Xingjian jian
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Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019

Le ménétrier
Etouffant en la nuit la rumeur de ses pas
Le vieux ménétrier sous l’horreur de la lune
Rôde comme un garou par la lande et la dune.
Sur la grève des mers il balance ses pas,
Pris d’un doux mal d’amour pour sa dame la lune
Qui le leurre au plus loin de la lande et la dune.
Et le voilà qui vague au vouloir de ses pas
Vers le miroir des mers où palpite la lune,
Oublieux du réel de la lande et la dune.
Les bras en croix, les yeux aux cieux, à larges pas,
Au plus glauque des flots le lunatique, ô lune,
Va s’engloutir sans deuils de la lande et la dune.
Nul mutisme plus grand ne dit la mort de pas.
Un remous mollement remue au clair de lune,
Puis la lame, et le vent sur la lande et la dune.
(Stuart Merrill)
Illustration: Rockwell Kent
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Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019

Mon âme, en une rose,
Est morte de douleur :
C’est l’histoire morose
Du rêve et de la fleur.
Je n’irai pas la dire
Sur les routes du roi ;
Je crois, Dame et Messire,
Que vous ririez de moi.
Voici le vent d’automne
Sur mon âme et les fleurs ;
Et pourtant je m’étonne
De tout ce ciel en pleurs.
O rose de mon rêve,
Fleuriras-tu jamais ?
Naîtras-tu de sa sève,
Amour, aux futurs Mais ? …
(Stuart Merrill)
Illustration: Dimitar Voinov Junior
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Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019
![Alexandru Darida c4 [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/06/alexandru-darida-c4-1280x768.jpg?w=858&h=677)
Vers vagues
Le fébrile frisson des murmures d’amour
M’émeut ce soir les nerfs et vieillit ma mémoire.
La voix d’un violon sous la soie et la moire
Me miaule des mots d’inéluctable amour.
La verveine se pâme en les vases de jade :
Un fantôme de femme en l’alcôve circule.
Mais ma mémoire est morte avec le crépuscule,
Et j’ai perdu mon âme en les vases de jade.
Oh ! mol est mon amour, vague est le violon !
Un arôme d’horreur rôde en l’air délétère,
Et je rêve de rêve en l’ombre du mystère
Mais oh ! la volupté veule du violon !
(Stuart Merrill)
Illustration: Alexandru Darida
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Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019

Une nuit, sous la terrible lune
Qui saignait parmi les brumes roses,
Tu parlais, ô soeur, de tristes choses
Comme une enfant prise de rancune.
Au loin les appels des mauvais hommes
Nous montaient des vergers de la plaine
Où les arbres tordus par la haine
Tendaient, fruits du mal amour, leurs pommes.
Tu n’entendis pas le bruit des roues
Rapportant vers les petits villages
La récolte des moissonneurs sages
Qui peinent le temps où tu te joues.
Tu cueillais les pavots de la route
Pour en festonner, plein tes mains molles,
Notre maison où l’on voit les folles
Mendier, soeurs du deuil et du doute.
Comme devant une étrange auberge
Tu fis, vocatrice de désastres,
Le signe qui flétrit les bons astres
Dans le jardin d’azur de la Vierge.
Puis effeuillant au seuil de la porte
Les fleurs de l’ombre l’une après l’une,
Tu chantas quelque chose à la Lune,
Quelque chose dont mon âme est morte.
(Stuart Merrill)
Illustration: Yuri Dubinin
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Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019

La flûte
A STEPHANE MALLARME
Au temps du gazouillis des feuilles, en avril,
La voix du divin Pan s’avive de folie,
Et son souffle qui siffle en la flûte polie
Eveille les désirs du renouveau viril.
Comme un appel strident de naïade en péril
L’hymne vibre en le vert de la forêt pâlie
D’où répond, note à note, écho qui se délie,
L’ironique pipeau d’un sylvain puéril.
Le fol effroi des vents avec des frous-frous frêles
Se propage en remous criblés de rayons grêles
Du smaragdin de l’herbe au plus glauque des bois :
Et de tes trous, Syrinx, jaillissent les surprises
Du grave et de l’aigu, du fifre et du hautbois,
Et le rire et le rire et le rire des brises.
(Stuart Merrill)
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Posted by arbrealettres sur 12 septembre 2019

Oubli
I
Mon coeur, ô ma Chimère, est une cathédrale
Où mes chastes pensers, idolâtres du Beau,
S’en viennent à minuit sous la flamme lustrale
Râler leur requiem au pied de ton tombeau.
J’ai dressé sous le ciel du dôme un sarcophage
Dont la grave épitaphe en strophes de granit
Proclamera de l’aube à l’ombre et d’âge en âge
L’amen et l’hosanna de notre amour bénit.
II
Mon coeur est une crypte où parmi les pilastres
S’enroulent les remous de l’encens des oublis,
Et par l’heure qui luit de la lueur des astres
La paix des nuits se mire en les pavés polis.
Sur le carrare froid des marches sépulcrales
Déjà mes vieux pensers sont pâmés de sommeil :
Les lampadaires d’or s’endorment en spirales,
Et, ô la glauque aurore en le vitrail vermeil !
(Stuart Merrill)
Illustration: Alex Alemany
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