Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
Le doux frémissement des ailes du zéphyre
A travers les rameaux,
Ou l’onde qui murmure en caressant ces rives,
Ou le roucoulement des colombes plaintives,
Jouant aux bords des eaux ;
Si, comme ce roseau qu’un souffle heureux anime,
Tes cordes exhalaient ce langage sublime,
Divin secret des cieux,
Que, dans le pur séjour où l’esprit seul s’envole,
Les anges amoureux se parlent sans parole,
Comme les yeux aux yeux ;
Si de ta douce voix la flexible harmonie,
Caressant doucement une âme épanouie
Au souffle de l’amour,
La berçait mollement sur de vagues images,
Comme le vent du ciel fait flotter les nuages
Dans la pourpre du jour :
Tandis que sur les fleurs mon amante sommeille,
Ma voix murmurerait tout bas à son oreille
Des soupirs, des accords,
Aussi purs que l’extase où son regard me plonge,
Aussi doux que le son que nous apporte un songe
Des ineffables bords !
Ouvre les yeux, dirais-je, à ma seule lumière !
Laisse-moi, laisse-moi lire dans ta paupière
Ma vie et ton amour !
Ton regard languissant est plus cher à mon âme
Que le premier rayon de la céleste flamme
Aux yeux privés du jour.
Tellement j’ai faim,
je dors sous la canicule des preuves.
Montre-toi; nous n’en avions jamais fini
avec le sublime bien-être des très maigres hirondelles.
Avides de s’approcher de l’ample allégement.
Incertains dans le temps que l’amour grandissait.
Incertains, eux seuls, au sommet du coeur.
Mon enfance a vécu tout au fond d’un étang
L’oeil ouvert aux ébats des insectes,
A l’immobilité des plantes.
La tête chaude et les pieds secs
Je regardais la marche lente
Des choses qui grandissent, hors du temps.
Soir et matin n’étaient que mots liquides
Dans la ferme sécheresse de l’eau,
Mes pieds trempaient dans un abîme
Et ma tête s’ouvrait, sublime,
A la surface, tout en haut,
Pareille au nénuphar dont la fleur se décide.
Quand le soleil palpe les fruits
Et caresse la toiture
Quand les abeilles butinent la lumière
Nous déchiffrons des signes
Quand le pavé résonne dans la ville déserte
Esclaves de la pluie
Nous cherchons du sublime dans la boue
Et dans un au-delà du hasard
Nous abordons l’éternel
Sous le regard de glace
De l’étoile la plus froide.
Sans se lasser, contempler
la montagne jour après jour
Sans se lasser, écouter le chant du ruisseau
Ainsi se clarifient écoute et regard
Son et couleur enfantent la joie sublime
(Won’gam)
Recueil: Les mille monts de lune Poèmes de Corée
Traduction: Sunmi Kim
Editions: Albin Michel
Mec, mec, tu es dingue,
Reprends-toi, mec !
Tu as une fusée dans la poche,
Reste coolly cool, mec
Ne t’excite pas,
Car, mon pote,
Des moments sublimes t’attendent.
Tout doux, beau gosse,
Tu peux vivre ce moment et mourir au lit !
Mec, mec, tu es dingue,
Reste souple, mec !
Calme et sang-froid, c’est l’heure de vérité.
Vas-y mollo, mec !
Vas, mon gars, vas-y,
Mais surtout ne t’emballe pas.
Joue-la décontracté, mec,
Bien détendu !
(West Side Story)
***
WEST SIDE STORY – COOL
Boy, boy, crazy boy,
Get cool, boy!
Got a rocket in your pocket,
Keep coolly cool, boy!
Don’t get hot,
‘Cause man, you got
Some high times ahead.
Take it slow and Daddy-O,
You can live it up and die in bed!
Boy, boy, crazy boy!
Stay loose, boy!
Breeze it, buzz it, easy does it.
Turn off the juice, boy!
Go man, go,
But not like a yo-yo schoolboy.
Just play it cool, boy,
Real cool!
Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile,
à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle,
à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès ! …
Pourquoi l’art est-il beau? Parce qu’il est inutile.
Pourquoi la vie est-elle si laide ?
Parce qu’elle est un tissu de buts, de desseins et d’intentions ?
Tous ses chemins sont tracés pour aller d’un point à un autre.
Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d’un lieu d’où personne ne vient,
vers un lieu où personne ne va…
La beauté des ruines ?
Celle de ne plus servir à rien.
Instant sublime que le plus simple événement
nous réserve dans son surgissement d’arc-en-ciel !
Je songe à ce commencement qui étincelle dans un regard rencontré,
dans une lueur qui fraie son passage parmi les feuilles,
à ce qui annonce la venue du Vivant
d’un parfum d’herbe, d’un chant d’oiseau,
à ce qui chante la Présence
sans jamais prononcer de nom.
Il faut que le poète accepte cette présence
« auprès de laquelle la sienne n’est rien »,
comme l’écrit si justement Daniel-Rops.
Il faut lui laisser toute la place, qu’elle illuminera.
(Gérard Bocholer)
Recueil: Le poème Exercice spirituel
Traduction:
Editions: Ad Solem