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Poésie

Posts Tagged ‘surmonter’

La stratégie de l’extase (Claude Vigée)

Posted by arbrealettres sur 23 mars 2021



Illustration: Nathalie Mounier
    
La stratégie de l’extase

Esprit, fais-toi mer pour franchir la mer, nature pour surmonter la nature,
Mortel et agonisant pour devancer la mort et l’agonie.
Embrasse le monde afin de traverser le monde, d’absorber en toi tout l’espace et son temps !
Ton cœur fait monde, esprit, sans rien en retenir,
Par la grâce du saut léger te voilà sauvé de toi-même.
Mais le don ne s’achève qu’en te livrant à ce monde triste avec joie,
En t’y abandonnant dès aujourd’hui au risque de ta perte totale.
Au cœur de l’orage il y aura peut être un instant de rencontre:
Un seul éclair suffit, avant la dispersion mortelle dans la nuit.

(Claude Vigée)

 

Recueil:
Traduction:
Editions:

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Solitude (Miroslav Antić)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2021



     


    
Solitude

Tu reconnaîtras ta force
à ta capacité
à résister à la solitude.

Les étoiles géantes sont seules
en marge de l’espace.
Les petites et les confuses
se tassent en galaxies.

La semence du séquoia choisit les clairières
riches en soleil, ouragan et oxygène.
La semence des fougères se niche dans les forêts vierges.

L’aigle n’a jamais eu besoin
de faire la connaissance d’un autre aigle.
Les fourmis ont inventé les peuples.

Tu reconnaîtras ta force
à ta capacité
à surmonter l’instant présent,
car l’instant présent est plus dur,
plus terrible et plus long
que le temps, que l’éternité.

***

Самоћа

Своју снагу препознаћеш по томе
Колико си у стању
Да издржиш самоћу.

Џиновске звезде самују
На ивицама свемира.
Ситне и збуњене
Сабијају се у галаксије.

Семе секвоје бира чистине
Са много сунца, урагана и ваздуха.
Семе папрати завлачи се у прашуме.

Орао никад није имао потребу
Да се упозна са неким другим орлом.
Мрави су измислили народе.

Своју снагу препознаћеш по томе
Колико си у стању
Да пребродиш тренутак,
Јер тренутак је тежи
И страшнији и дужи
Од времена и вечности.

(Miroslav Antić)

 

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

et … lui-même ici: serbica.u-bordeaux-montaigne
Recueil:
Traduction: Traduit du serbe par Boris Lazić
Editions:

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ECRIRE DE LA POESIE (Germain Droogenbroodt)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020




Illustration: Loek Groenendijk
    
ECRIRE DE LA POESIE

Trouver le fragile équilibre
entre le silence et le mot

entre suivre le chemin
et s’égarer

entre l’indescriptible
et ce qui peut être nommé

à surmonter
le gouffre profond
entre plume et papier.

***

WRITING POETRY

To find the fragile balance
between silence and word

between the road
and the deviation

between the nameless
and the nameable

to bridge
the deep abyss
between paper and pen.

***

A SCRIE POEZIE

A afla echilibrul fragil
dintre tăcere și cuvânt

dintre drum
și rătăcire

dintre spus
și nespus

a traversa
prăpastia adâncă
dintre condei și hârtie.

***

ESCREVER POESIA

Encontrar o frágil equilíbrio
entre o silêncio e a palavra

entre o caminho
e a desorientação

entre o dizível
e o indizível

entrelaçar
a funda fissura
entre pluma e papel.

***

DICHTEN

Het broze evenwicht vinden
tussen de stilte en het woord

tussen de weg
en het verdwalen

tussen het naamloze
en het noembare

te overbruggen
de diepe kloof
tussen pen en papier.

***

ESCRIBIR POESÍA

Hallar el frágil equilibrio
entre el silencio y la palabra

entre el camino
y la desorientación

entre lo decible
y lo indecible

entrelazar
la brecha honda
entre pluma y papel.

***

PISANIE POEZJI

Znaleźć kruchą równowagę
między milczeniem a słowem

między drogą
a błądzeniem

między tym co nazwane
a tym co zostanie nazwane

przerzucić most
przez otchłań
między piórem a papierem

***

SCRIVERE POESIA

per trovare il fragile equilibrio
tra il silenzio e la parola

tra la strada
e la sua deviazione

tra ciò che è senza nome
e ciò che è pronunciabile

per solcare
il profondo abisso
fra la carta e la penna.

***

SCRIVIRI PUISII

Truvari lu fraggili bilanciu
ntra lu silenzuiu e la palora

ntra la strata
e la diviazzioni

Ntra zoccu ‘un havi nomu
E chiddu ca pò siri numinatu

Iccari un ponti
supra l’abissu prufunnu
ntra la carta e la pinna.

***

DICHTEN

Das zerbrechliche Gleichgewicht finden
zwischen der Stille und dem Wort

zwischen dem Weg
und dem Verirren

zwischen dem Namenlosen
und dem Benennbaren

zu überbrücken
die tiefe Schlucht
zwischen Feder und Papier.

***

***

***

***

写 诗

在沉默和言语之间
找到脆弱的平衡

在道路和
偏差之间

在无名者和
名人之间

在纸和笔之间
去搭桥
联通深渊

***

ΓΡΑΦΟΝΤΑΣ ΠΟΙΗΣΗ

Να βρω ψάχνω ισορροπία
ανάμεσα σε λέξη και σιωπή

ανάμεσα στ’ ανώνυμο
και στο ονομαστό

να γεφυρώσω
τη βαθειά άβυσσο
ανάμεσα στο χαρτί και στο μολύβι

***

AÐ YRKJA LJÓÐ

Að finna viðkvæmt jafnvægi
milli þagnar og orðs

milli vegar
og afvegar

milli nafnlauss
og nefnanlegs

að brúa
djúpið
milli pappírs og penna.

***

***

(Germain Droogenbroodt)

 

Recueil: ITHACA 620
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Anglais Stanley Barkan / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Portugais José Eduardo Degrazia / Néerlandais / Espagnol Rafael Carcelén / Polonais Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka / Italien Luca Benassi / Corse Gaetano Cipolla / Allemand Wolfgang Klinck / Hébreu Dorit Wiseman / Russe Rahim Karim / Indi Jyotirmaya Thakur / Chinois William Zhou / Grec Manolis Aligizakis / Islandais Thor Stefánsson / Arabe Sarah Silt /Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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Si ton Ame vacille (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2019


ame

« Si ton Nerf, se dérobe –
Surmonte ton Nerf –
Il peut s’appuyer à la Tombe,
S’il craint l’embardée –

Voilà une ferme posture –
Nul ne fléchit jamais
Tenu entre ces bras d’Airin-
Au mieux forgés par des Géants –

Si ton Ame vacille –
Lève la porte de Chair –
La Poltronne a besoin d’Oxygène –
Et de rien d’autre – »

(Emily Dickinson)

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Bouddha (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2018




    
Bouddha

Comme s’il écoutait. Silence : un lointain…
Nous retenons notre souffle et ne l’entendons pas.
Il est étoile. Entouré d’étoiles plus grandes
que nous ne voyons pas.

Il est tout. Nous attendons-nous vraiment
à ce qu’il nous voie ? En aurait-il besoin ?
Et quand on se prosterne il reste loin
profond et pesant comme un animal.

Car ce qui nous jette à ses pieds
circule en lui depuis le fond des millénaires.
Négligeant notre savoir
il pénètre ce qui nous rejette.

*

Bouddha

De loin déjà le pèlerin, craintif étranger,
ressent cette pluie d’or qui ruisselle de lui;
comme si des riches, soucieux de se racheter,
avaient amassé là tous leurs trésors.

Mais en s’approchant il est troublé
par la majesté de ces sourcils;
ce qu’il voit là ne ressemble guère
ni à leur vaisselle ni aux pendants d’oreilles
que portent leurs femmes.

Ah, si quelqu’un pouvait donc dire
quelles furent les choses qu’il fallut fondre
pour ériger dans le calice d’une fleur
cette image plus muette d’un jaune plus calme
que celui de l’or et qui effleure
tout l’espace autant que soi-même.

*

Bouddha en majesté

Coeur de tous les coeurs, centre de tous centres,
amande qui se clôt et perd son amertume, —
tout cela jusqu’aux étoiles
est ta pulpe : Je te salue.

Vois, tu le sens : rien à toi ne tient plus;
ta coque est dans l’infini,
la vigueur de ta sève s’y presse.
Et du dehors l’aide un rayonnement,

car tout là-haut tes soleils
pleins et ardents sont renversés.
Mais en toi déjà et né
ce qui surmonte tout soleil.

(Rainer Maria Rilke)

 

Recueil: Oeuvres 2 Poésie
Traduction: Jacques Legrand, Lorand Gaspar, Philippe Jaccottet, Armel Guerne, Maurice Betz
Editions: Seuil

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Toi qui m’as tout repris… (Marceline Desbordes-Valmore)

Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2018



 

Carrie Vielle (9) [1280x768]

Toi qui m’as tout repris…

Toi qui m’as tout repris jusqu’au bonheur d’attendre,
Tu m’as laissé pourtant l’aliment d’un coeur tendre,
L’amour ! Et ma mémoire où se nourrit l’amour.
Je lui dois le passé ; c’est presque ton retour !
C’est là que tu m’entends, c’est là que je t’adore,
C’est là que sans fierté je me révèle encore.
Ma vie est dans ce rêve où tu ne fuis jamais ;
Il a ta voix, ta voix ! Tu sais si je l’aimais !
C’est là que je te plains ; car plus d’une blessure,
Plus d’une gloire éteinte a troublé, j’en suis sûre,
Ton coeur si généreux pour d’autres que pour moi :
Je t’ai senti gémir ; je pleurais avec toi !

Qui donc saura te plaindre au fond de ta retraite,
Quand le cri de ma mort ira frapper ton sein ?
Tu t’éveilleras seul dans la foule distraite,
Où des amis d’un jour s’entr’égare l’essaim ;
Tu n’y sentiras plus une âme palpitante
Au bruit de tes malheurs, de tes moindres revers.
Ta vie, après ma mort, sera moins éclatante ;
Une part de toi-même aura fui l’univers.
Il est doux d’être aimé ! Cette croyance intime
Donne à tout on ne sait quel air d’enchantement ;
L’infidèle est content des pleurs de sa victime ;
Et, fier, aux pieds d’une autre il en est plus charmant.

Mais je n’étouffe plus dans mon incertitude :
Nous mourrons désunis, n’est-ce pas ? Tu le veux !
Pour t’oublier, viens voir ! … qu’ai-je dit ? Vaine étude,
Où la nature apprend à surmonter ses cris,
Pour déguiser mon coeur, que m’avez-vous appris ?
La vérité s’élance à mes lèvres sincères ;
Sincère, elle t’appelle, et tu ne l’entends pas !
Ah ! Sans t’avoir troublé qu’elle meure tout bas !
Je ne sais point m’armer de froideurs mensongères :
Je sais fuir ; en fuyant on cache sa douleur,
Et la fatigue endort jusqu’au malheur.

Oui, plus que toi l’absence est douce aux cœurs fidèles :
Du temps qui nous effeuille elle amortit les ailes ;
Son voile a protégé l’ingrat qu’on veut chérir :
On ose aimer encore, on ne veut plus mourir.

(Marceline Desbordes-Valmore)

Illustration: Carrie Vielle

 

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Plaisir d’amour (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2018



Illustration: Marc Chagall
    

Plaisir d’amour, comment le préserver
sinon en aimant d’amour;
Chagrin d’amour, comment le surmonter
sinon en aimant l’Amour?

(François Cheng)

 

Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’innocence (Marceline Desbordes-Valmore)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2018



Carol Carter  4001

L’innocence

Beau fantôme de l’innocence,
Vêtu de fleurs,
Toi qui gardes sous ta puissance
Une âme en pleurs !

Ô toi qui devanças nos hontes
Et nos revers,
Es-tu si grand que tu surmontes
Tout l’univers !

Le reste, comme la poussière,
S’est envolé,
Devant le feu de ma paupière
Tout s’est voilé,

Tout s’est enfui, flamme et fumée,
Tout est au vent ;
Toi seul sur mon âme enfermée
Planes souvent.

Pour courir à ta voix qui crie :
 » Éternité !  »
Pour monter à Dieu que je prie,
J’ai tout jeté.

La nuit, pour chasser un mensonge
Qui me fait peur,
Ta main, plus forte que le songe,
Étreint mon coeur.

Quelle absence est assez profonde
Pour te braver,
Quand ton regard perce le monde
Pour nous trouver ?

De mon âme ont jailli des âmes
Dignes de toi :
Au milieu de ces pures flammes,
Ressaisis-moi !

Beau fantôme de l’innocence
Vêtu de fleurs,
Oh ! Garde bien en ta puissance
Notre âme en pleurs.

(Marceline Desbordes-Valmore)

Illustration: Carol Carter

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Souvent je me demande, moi, pour voir, qui je suis (Jacques Derrida)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2018




Illustration: ArbreaPhotos
    

Souvent je me demande, moi, pour voir, qui je suis
– et qui je suis au moment où, surpris nu, en silence,
par le regard d’un animal, par exemple les yeux d’un chat,
j’ai du mal, oui, du mal à surmonter une gêne.
Pourquoi ce mal ?

J’ai du mal à réprimer un mouvement de pudeur.
Du mal à faire taire en moi une protestation contre l’indécence.
Contre la malséance qu’il peut y avoir à se trouver nu, le sexe exposé,
à poil devant un chat qui vous regarde sans bouger, juste pour voir.

Malséance de tel animal nu devant l’autre animal,
dès lors, on dirait une sorte d’animalséance :
l’expérience originale, une et incomparable de cette malséance
qu’il y aurait à paraître nu en vérité,
devant le regard insistant de l’animal,
un regard bienveillant ou sans pitié, étonné ou reconnaissant.
Un regard de voyant, de visionnaire ou d’aveugle extra-lucide.

C’est comme si j’avais honte, alors, nu devant le chat,
mais aussi honte d’avoir honte.
Réflexion de la honte, miroir d’une honte honteuse d’elle-même,
d’une honte à la fois spéculaire, injustifiable et inavouable.
Au centre optique d’une telle réflexion se trouverait la chose
– et à mes yeux le foyer de cette expérience incomparable qu’on appelle la nudité.
Et dont on croit qu’elle est le propre de l’homme,
c’est-à-dire étrangère aux animaux, nus qu’ils sont, pense-t-on alors,
sans la moindre conscience de l’être.

Honte de quoi et nu devant qui ?
Pourquoi se laisser envahir de honte ?
Et pourquoi cette honte qui rougit d’avoir honte ?

Devant le chat qui me regarde nu,
aurais-je honte comme une bête qui n’a plus le sens de sa nudité ?
Ou au contraire honte comme un homme qui garde le sens de la nudité ?

Qui suis-je alors ?
Qui est-ce que je suis ?
À qui le demander sinon à l’autre ?
Et peut-être au chat lui-même ?

(Jacques Derrida)

Découvert ici: https://marinegiangregorio.wordpress.com/

Recueil: L’animal que donc je suis
Traduction:
Editions: Galilée

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Oses-tu voir une Ame en « Incandescence »? (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2017


benoit-extase

Oses-tu voir une Ame en « Incandescence »?
Alors blottis-toi sur le seuil –
Le Rouge – est la teinte commune du Feu –
Mais lorsque le vif Minerai

A surmonté l’épreuve de la Flamme –
Il frémit au sortir de la Forge
Sans autre couleur que la Lumière
Du Brasier non consacré –

Le moindre Village, est fier d’avoir son Forgeron –
Son Enclume dont le son égal
Est le symbole de la Forge plus subtile
Qui sans bruit travaille – au dedans –

Affinant avec Brasier, et Marteau
Ces impatients Minerais
Jusqu’à ce que la Lumière choisie
Répudie la Forge –

(Emily Dickinson)

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