Posts Tagged ‘symbole’
Posted by arbrealettres sur 20 mars 2021

Je vois d’ici votre moue…
Je vois d’ici votre moue.
Qu’il craque, qu’il crève le vieux bonhomme !
Qu’importe ses lampées, ses mâchées,
Ses dimanches calmes comme des parasols,
Les cigarettes qu’on ressasse, le vin qui ronfle !
Vous vous foutez de ses souvenirs.
Vous avez tort, il a vécu une bien belle aventure.
Ce jour-là il pleuvait. Les gosses chahutaient de tout leur long.
Il avait filé une jeune femme. Il avait été intarissable.
Il lui avait même donné rendez-vous – sans aucune précision de lieu – pour le lendemain.
Il vous aurait raconté comment il retrouva l’altière
Aux yeux carapattant comme un bouquet de grillons.
Vous préférez qu’il se taise, crache, qu’il parte avec ses symboles.
Vous ne ferez jamais de merveilleuses rencontres sous la pluie.
(Yves Martin)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: Je fais bouillir mon vin
Traduction:
Editions: Chambelland
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Posted in poésie | Tagué: (Yves Martin), altier, aventure, beau, bonhomme, bouquet, calme, carapatter, chahuter, cigarette, cracher, craquer, crever, dimanche, donner, femme, filer, gosse, grillon, intarissable, jeune, lampée, lendemain, lieu, mâchée, mérveilleux, moue, parasol, parler, pleuvoir, pluie, précision, préférer, qu'imorte, raconter, rencontre, rendez-vous, ressasser, retrouver, ronfler, se foutre, se taire, souvenir, symbole, tort, vieux, vin, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2020

Les images
Je vis en un monde d’images:
Dans le domaine de l’abstrait,
Chaque idée à mes yeux paraît
Aussi concrète qu’un visage.
Au fond de sa cloche en cristal
A la transparence irisée,
Visible à peine, ma pensée
Possède un battant de métal.
Et mes sens sont une palette
Aux tons étrangement mêlés
que mes doigts chauds font ruisseler
Sur le gris de l’idée abstraite.
Des symboles mystérieux
Comme d’un arbre se détachent,
Et de l’or mouvant de leurs taches,
Tourbillonnent devant mes yeux.
Dans le chemin de la pensée,
Entre les lances des ajoncs,
J’entends éclater les bourgeons
De mes métaphores osées.
(Marie Le Franc)
Illustration: Kristoffer Zetterstrand
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Posted in poésie | Tagué: (Marie Le Franc), abstrait, ajonc, arbre, éclater, bourgeon, chemin, cloche, concrète, cristal, entendre, idée, image, lance, métal, métaphore, monde, or, palette, pensée, ruisseler, sens, symbole, tache, tourbillonner, transparence, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2020

HOMMAGE AUX ANGES
Ceci n’est ni rune ni symbole,
ce que je veux dire est ― c’est si simple
pourtant aucune ruse du stylo ou du pinceau
ne pourrait capter cette impression ;
ce que je voulais indiquer était
une nouvelle phase, une nouvelle distinction de couleur ;
je voulais dire, j’ai dit
qu’il n’y avait ni éclat, ni reflet,
ni ombre ; quand j’ai dit blanc,
je ne voulais pas dire blanc de sculpteur ou de peintre,
ni porcelaine ; blanc pâle ne pourrait pas
en donner l’idée, car quand
la neige fraîchement tombée (ou la neige
au moment où elle tombe) est-elle pâle ?
pourtant maintenant, nous titubons, nous sommes perdus ―
que pouvons-nous dire ?
elle n’était pas impalpable comme un spectre,
elle n’était pas terrifiante comme un Esprit,
elle n’était même pas atterrante
comme un Ange.
***
TRIBUTE TO THE ANGELS
This is no rune nor symbol,
what I mean is — it is so simple
yet no trick of the pen or brush
could capture that impression;
what I wanted to indicate was
a new phase, a new distinction of colour;
I wanted to say, I did say
there was no sheen, no reflection,
no shadow; when I said white,
I did not mean sculptor’s or painter’s white,
nor porcelain; dim-white could
not suggest it, for when
is fresh-fallen snow (or snow
in the act of falling) dim?
yet even now, we stumble, we are lost —
what can we say?
she was not impalpable like a ghost,
she was not awe-inspiring like a Spirit,
she was not even over-whelming
like an Angel.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Renata Ratajczyk
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Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), accepter, ange, atterrante, éclat, blanc, couleur, esprit, hommage, impalpable, neige, ombre, peintre, phase, porcelaine, reflet, rune, ruse, sculpteur, simple, spectre, symbole, terrifiante, tituber | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 avril 2019
![Rockwell Kent 19 [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/08/rockwell-kent-19-1280x768.jpg?w=730&h=768)
Quand la peur m’envahit que je puis cesser d’être avant
que ma plume n’ait tout glané de mon cerveau fécond, avant
que de hautes piles de livres en beaux caractères ne gardent
comme d’opulents greniers le grain pleinement mûri ; quand
je contemple, sur la face étoilée de la nuit, les énormes
symboles ennuagés d’un céleste poème, et songe que peut-être
ne vivrai-je pas assez pour dessiner leurs ombres d’une
main guidée par l’inspiration magique ; et quand je sens, belle
créature éphémère ! que jamais plus je ne te regarderai, jamais
plus ne savourerai la puissance féerique du don total
d’amour, — alors, sur le rivage du monde immense, je reste
solitaire et médite, — au point qu’amour et gloire s’abîment
jusqu’au néant.
(John Keats)
Illustration: Rockwell Kent
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Posted in poésie | Tagué: (John Keats), amour, éphémère, cerveau, créature, envahir, féerique, glaner, gloire, grenier, inspiration, magique, méditer, néant, nuit, ombre, opulent, peur, plume, puissance, solitaire, symbole | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 avril 2019

FRONTISPICE
(Pourquoi sinon)
Pourquoi
sinon
pourquoi chercher
sinon dans le vol indécis des nuages
non pas la métaphore seule
ou l’enfantin symbole mais
le sens même et le non-sens
et que faut-il craindre en vivant sinon
la foudre affreusement imitée
par la guerre et par
le conflit incessant des choses
et que faut-il enfin révérer
sinon la récompense indue
de voir d’entendre de toucher
à profusion le jour et l’ombre
ou le plaisir d’être debout
et de fouler le sol
du sable à l’herbe et de la feuille
au pavement et si parfois
nous vient la faiblesse mortelle
d’imaginer des personnes immenses
d’abord à notre image façonnées
puis s’effaçant dans l’improbable
alors c’est nous c’est nous-mêmes
orgueil et délire
c’est nous c’est nos propres reflets
qu’il nous faut dérisoire prière invoquer
car rien n’est plus sacré que
notre énigme pas à pas
et marche après marche obstinée
à gravir les
degrés de ce temple en mouvement
qui n’est autre
que l’aurore
à l’absolu calcul obéissante’
et la nuit
à nos veux de voyants aveugles révélée
hors des saisons de notre vie
et bien au-delà des
tourbillons du système des mondes
et plus loin confondant
tout l’effort de notre esprit
et tous les termes du
langage et la mesure
et la limite par la vitesse
à tous les vents de l’espace jetés
pour que règne
le temps révolu
et que la conscience
à son retour dans
l’être sans figure s’accoutume
puisque notre faiblesse démente
est pareille au passage des jours pareille
aux troupeaux affolés par l’orage pareille
à la parole trébuchante et
renversée et que dirai-je
encore de plus
sinon pourquoi ?
(Jean Tardieu)
Recueil: L’accent grave et l’accent aigu
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Jean Tardieu), chercher, conflit, craindre, effort, entendre, espace, esprit, faiblesse, feuille, foudre, guerre, herbe, imaginer, improbable, jeter, jour, langage, mesure, milite, monde, nuage, obéir, ombre, orage, plaisir, pourquoi, prière, récompense, révérer, reflet, sable, sacré, sinon, symbole, système, temple, toucher, tourbillon, vent, vitesse, vivre, voyant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2019

Nous n’avions rien et c’était peau de l’ange.
On nous disait de bâtir nos maisons,
qu’en l’an trois mille adviendrait la revanche,
symbole et foi, la joie des compagnons,
qu’au crayon bleu à biffer les frontières
la Terre en bloc serait un seul Pays,
que le Sacré remplacerait la guerre,
et que l’enfer deviendrait paradis.
C’est l’an trois mille et sommes en jachère
à repenser le problème des sots.
– L’argile tremble encore au cimetière
et l’on entend le combat des robots.
(Georges Libbrecht)
Illustration: Adrian Chesterman
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Libbrecht), advenir, ange, argile, bâtir, cimetière, combat, compagnon, enfer, foi, frontière, guerre, jachère, joie, maison, paradis, pays, peau, problème, revanche, rien, robot, symbole, terre, trembler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2019

Vacuité de l’abstrait
qui désintègre la forme
intellect agent secret
garde le reflet symbole
Elle était de la Balance,
moi je coulais au Verseau,
à chacun sa résonance
dans le contenu d’un mot.
Ne videz pas la parole,
tout est plein qui nous console,
mes chants seront de forêt,
d’anémones dans le vent
de mer et de parapets :
la forêt sera le chant.
(Georges Libbrecht)
Illustration: Asit Kumar Patnaik
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Posted by arbrealettres sur 13 février 2019

Il nous faut des miracles.
Nous inventons les symboles qui nous font vivre.
(Varlam Chalamov)
Illustration: Duy Huynh
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Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019
![Christ de Vélasquez [800x600]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2014/11/christ-de-vc3a9lasquez-800x600.jpg?w=499&h=600)
Les murs ne tombent pas
[19]
Il est peut-être même le Juif authentique
sorti de Vélasquez ;
ces paupières chez Vélasquez
sont baissées sur des yeux
qui, ouverts, méduseraient, dérouteraient
et nous frapperaient d’un ancien sentiment de culpabilité
et de peur, mais la terreur de ces yeux
voilés dans leur agonie est terminée ;
je t’assure que les yeux
du crucifié de Vélasquez
te regardent à présent dans les yeux,
et qu’ils sont ambre et qu’ils sont feu.
[20]
Or il apparaît clairement
que le Saint-Esprit,
mystérieuse énigme de l’enfance
est le Rêve ;
cette voie d’inspiration
est toujours ouverte,
et ouverte à tous ;
il agit en intermédiaire, interprète,
il explique les symboles du passé
en images d’aujourd’hui,
il fusionne l’avenir lointain
avec la plus lointaine antiquité,
énonce économiquement
en une simple équation-rêve
la plus profonde philosophie,
divulgue le secret de l’alchimiste
et suit le Mage
dans le désert.
***
He might even be the authentic Jew
stepped out from Velasquez;
those eye-lids in the Velasquez
are lowered over eyes
that open, would daze, bewilder
and stun us with the old sense of guilt
and fear, but the terror of those eyes
veiled in their agony is over;
I assure you that the eyes
of Velasquez’ crucified
now look straight at you,
and they are amber and they are fire.
Now it appears very clear
that the Holy Ghost,
childhood’s mysterious enigma,
is the Dream;
that way of inspiration
is always open,
and open to everyone;
it acts as go-between, interpreter,
it explains symbols of the past
in to-day’s imagery,
it merges the distant future
with most distant antiquity,
states economically
in a simple dream-equation
the most profound philosophy,
discloses the alchemist’s secret
and follows the Mage
in the desert.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Velasquez
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Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), agonie, alchimiste, ambre, apparaître, énigme, équation, crucifié, culpabilité, désert, divulguer, feu, fusionner, inspiration, juif, mage, paupière, peur, philosophie, pureté, rêve, secret, symbole, terreur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019

Les murs ne tombent pas
[18]
L’image-Christos
est des plus difficiles à démêler
du bric-à-brac artisanal de la brocante,
barbouillage de plâtre médiéval,
souffrance aimée et symbole de mort,
c’est pour cela, je crois, que le Rêve
orchestrait habilement les pièces
vides, si propres, des premiers colons,
sans vitrail, sans peinture,
sans image ni couleur,
car il semble à présent évident
qu’Amen est notre Christos.
***
The Christos-image
is most difficult to disentangle
from its art-craft junk-shop
paint-and-plaster medieval jumble
of pain-worship and death-symbol,
that is why, I suppose, the Dream
deftly stage-managed the bare, clean
early colonial interior,
without stained-glass, picture,
image or colour,
for now it appears obvious
that Amen is our Christos.
(Hilda Doolittle)
Illustration: Jacques Barcat
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Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), amen, barbouillage, bric-à-brac, Christ, colon, couleur, image, mort, orchestrer, peinture, plâtre, rêve, souffrance, symbole, vitrail | Leave a Comment »