RETOUCHE A OUESSANT
L’escalier en jade
derrière la grêle
monte à la porte close du ciel.
aucun homme n’est entré dans ce tableau
aucune voix n’a demandé que l’on ouvre.
L’instant s’efforce de durer,
d’une pâleur de spectre.
(Daniel Boulanger)
Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023
RETOUCHE A OUESSANT
L’escalier en jade
derrière la grêle
monte à la porte close du ciel.
aucun homme n’est entré dans ce tableau
aucune voix n’a demandé que l’on ouvre.
L’instant s’efforce de durer,
d’une pâleur de spectre.
(Daniel Boulanger)
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Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023
CHANSON SUR LA PLUIE
Je voudrais vous dire une phrase apprise jadis,
le temps l’efface du tableau, elle n’est guère ;
c’est encore la pluie, mais seulement pour les petits
qui se serrent, heureux, sous la gouttière.
Dès que les gouttes s’attaquent à leurs capuches,
le moulinet du ruisseau se met à bruire ;
moi, je regarde leurs mains avec envie
et m’enfuis, en hâte, dans mes souvenirs.
Quand la pluie cessera, je voudrais dire à quelqu’un
avec qui, un long moment, je suis resté là
que l’eau coule encore brièvement des arbres
et qu’elle tombe encore longtemps du haut des cathédrales.
(Jaroslav Seifert)
Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud
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Posted by arbrealettres sur 16 février 2023
À l’improviste
des tableaux des images
ce qui se faufile se transmet malgré
nommer
ces glissements
à la croisée des routes
lentement
déchiffrer ces séquences
leur lumière
leur envers
l’ombre portée du monde
écrire dans l’écart
des marges différentes
une langue désordonnée
permet de voir dans la nuit
(Mireille Fargier-Caruso)
Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2023
Illustration: Oleg Zhivetin
Mots
Il me fait entendre
quand il danse avec moi…
des mots…
qui ne ressemblent pas à des mots
il me saisit
par le bras
me plante
dans l’un des nuages
et dans mes yeux
tombe la pluie noire
averse …
averse
il m’emporte avec lui…
il m’emporte
vers un soir de balcons roses
et moi comme une enfant dans ses mains
comme une plume… portée par la brise
il apporte pour moi…
sept lunes dans ses mains
et un bouquet de chansons
il m’offre un soleil.
Il m’offre…
un été…
un troupeau d’hirondelles…
il m’informe…
que je suis sa merveille
que je vaux…
des milliers d’étoiles
que je suis un trésor…
et que je suis…
le tableau le plus beau qu’il ait jamais vu
il raconte…
des choses qui me font tourner la tête
me font oublier le tintamarre de la musique
me font oublier…
la piste…
et les pas
des mots
qui retournent sens dessus-dessous mon histoire…
qui me font femme en quelques instants
une autre femme…
en quelques instants…
Il me fait entendre quand il danse avec moi…
des mots…
qui ne ressemblent pas à des mots
il me laisse…
perdue pendant des heures…
il me laisse
m’amuser avec un fil
un fil dont les noeuds sont serrés
un fil fait de cauris
un fil fait de mots
il me laisse
au milieu du drame…
je ressasse…
je ressasse…
les mots
avec moi rien…
que…
les mots
***
(Nizar Qabbani)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2023
Emily Dickinson
La voir est un Tableau —
L’entendre est une Mélodie —
La connaître, le dénigrement de toute autre Bénédiction
Ne pas la connaître, Affliction —
L’avoir pour Amie
Une chaleur aussi proche que si le Soleil
Rayonnait dans votre Main —
***
To see her is a Picture —
To hear her is a Tune —
To know her, a disparagement of every other Boon —
To know her not, Affliction —
To own her for a Friend
A warmth as near as if the Sun
Were shining in your Hand —
(Emily Dickinson)
Recueil: Ses oiseaux perdus
Traduction: de l’américain par François Heusbourg
Editions: Unes
Posted in poésie | Tagué: (Emily Dickinson), affliction, ami, bénédiction, chaleur, connaître, dénigrer, entendre, main, mélodie, rayonner, soleil, tableau, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
Devant les ruines d’un vieux palais
Le ruisseau s’éloigne en bouillonnant, le vent crie sa violence à travers les pins ;
Les rats gris s’enfuient à mon approche et vont se cacher sous les vieilles tuiles.
Aujourd’hui sait-on quel prince éleva jadis ce palais ?
Sait-on qui nous légua ces ruines, au pied d’une montagne abrupte ?
Sous forme de flammes bleuâtres, se montrent des esprits dans les profondeurs sombre
Et, sur la route défoncée, on entend des bruits qui ressemblent à des gémissement
Ces dix mille voix de la nature ont un ensemble plein d’accords,
Et le spectacle de l’automne s’harmonise aussi avec ce triste tableau.
Le prince avait de belles jeunes filles ; elles ne sont plus que de la terre jaune,
Inerte comme l’éclat de leur teint, qui déjà n’était que mensonge ;
Il avait des satellites pour accompagner son char doré,
Et, de tant de splendeurs passées, ce cheval de pierre est tout ce qui reste.
La tristesse m’étreint ; je m’assieds sur l’herbe épaisse,
Je commence des chants où ma douleur s’épanche ;
Les larmes me gagnent et coulent abondamment.
Hélas ! Dans ce chemin de la vie, que chacun parcourt à son tour,
Qui donc pourrait marcher longtemps !
(Du Fu)
(712-770)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
Posted in poésie | Tagué: (Du Fu), abondant, abrupt, accompagner, accord, approche, aujourd'hui, automne, à travers, éclat, élever, épais, étreindre, beau, bleuâtre, bouillonner, bruit, chacun, chant, char, chaval, chemin, commencer, couler, crier, défoncer, doré, douleur, ensemble, entendre, esprit, flamme, forme, gagner, gémissement, gris, hélas, herbe, inerte, jadis, jeune fille, larme, léguer, longtemps, marcher, mensonge, montagne, nature, palais, parcourir, passer, pierre, pin, pouvoir, prince, profondeur, rat, ressembler, rester, route, ruine, ruisseau, s'asseoir, s'éloigner, s'épancher, s'enfuir, s'harmoniser, satellite, savoir, se cacher, se monter, sombre, spectacle, splendeur, tableau, teint, triste, tristesse, tuile, vent, vie, vieux, violence, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2022
Les pins, les nuages et le ciel
Se reflètent en foyers mobiles
Un bref croisement de pupilles,
Chacun repart vers l’essentiel.
La souple surface des prés
Imite la peau cervicale,
La journée s’agite et s’étale ;
Retour au calme. Le jeu diapré
Des masses d’air en flaques huileuses
Qui circulent entre les collines
Capte nos intuitions, les ruine ;
L’après-midi est amoureuse.
Les noyaux de conscience du monde
Circulent sur leurs pattes arrière
Entre l’espace et sa lisière ;
Chacun sait que la Terre est ronde.
Chacun sait qu’il y a l’espace
Et que son ultime surface
Est dans nos yeux, et nous ressemble
(Ou qu’il ressemble à nos cerveaux,
Comme le modèle au tableau) ;
Quand nous tremblons, le monde tremble.
L’anneau de nos désirs
Se formait en silence
Il y a eu un soupir,
L’écho d’une présence.
Quand nous traverserons la peur
Un autre monde apparaîtra
Il y aura de nouvelles couleurs
Et notre coeur se remplira
De souffles qui seront des senteurs.
(Michel Houellebecq)
Posted in poésie | Tagué: (Michel Houellebecq), amoureuse, anneau, écho, calme, cerveau, ciel, colline, conscience, couleur, croisement, désir, essentiel, flaque, intuition, jeu, mobile, modelé, nuage, peau, peur, pin, pré, présence, pupille, repartir, ressembler, retour, se refléter, senteur, silence, souffle, soupir, surface, tableau, traverser | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2022
Il arrive que la poésie déserte les mots
pour se prélasser naturellement
dans les matières d’un tableau
alors elle se purifie
(Hamid Tibouchi)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Hamid Tibouchi), déserter, matière, mot, naturellement, poésie, se prélasser, se purifier, tableau | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2022
Comme dans un tableau
Aube glace à l’abricot
les cauchemars déplient
leur mâchoires endolories
dans des gestes d’oiseaux
existe
ue ombre
pour chaque chose
les araignées y cachent
des cathédrales tendres
et les hérissons
des secrets
(Thomas Vineau)
Posted in poésie | Tagué: (Thomas Vineau), abricot, araignée, aube, cacher, cathédrale, cauchemar, chose, déplier, endolori, exister, geste, hérisson, mâchoire, oiseau, ombre, secret, tableau, tendre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022
TABLEAU MÉTÉOROLOGIQUE
L’océan d’octobre scintille froidement
avec la nageoire dorsale de ses chimères.
Il n’y a plus rien qui rappelle
le vertige blanc des régates.
Une lueur ambrée sur le village.
Et tous les bruits en fuite lente.
Les hiéroglyphes d’un aboiement ont été dessinés
dans l’air au-dessus du jardin
où un fruit jaune a rusé
avec l’arbre et s’est laissé tomber.
(Tomas Tranströmer)
Posted in poésie | Tagué: (Tomas Tranströmer), aboiement, arbre, chimère, dessiner, fruit, fuite, hiéroglyphe, jardin, météorologique, nageoire, océan, régate, ruser, scintiller, tableau, tomber, vertige, village | Leave a Comment »