Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘teinter’

ASCENSION (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2023



Illustration: David Caspar Friedrich
    
ASCENSION

Partout neige, glace alentour,
Pentes courant vers des abîmes.
Là-bas, rêveur, plus blanc toujours,
Le royaume des hautes cimes.

J’avance un pied, puis l’autre pied
Sur le roc d’où la neige en couche
Croule et je vais vers les glaciers,
Mon court brûle-gueule à la bouche

Peut-être dans le bleu pâli
Dont la lune teinte la glace,
Loin de tout, le sommeil, l’oubli
Et la douce paix ont leur place.

***

AUFSTIEG

Und ringsum Schnee und Gletschereis
Und steile Berge Wand an Wand,
Dahinter traumhaft weit und weiß
Das tief verschneite Oberland.

Und langsam setz ich Schuh
um Schuh Auf Fels und schneeverwehten Grund
Und wandere den Gletschern zu,
Die kurze Pfeife schräg im Mund.

Vielleicht daß dort fern aller Welt
Im blauen Licht von Eis und Mond
Der süße Friede, der mir fehlt,
Und Schlummer und Vergessen wohnt

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

HOMME MORT (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022




    
HOMME MORT

Moi qui n’en suis pour rien dans ma venue sur terre
Qui n’ai jamais appris les mots que pour me taire
Et marche lentement de peur de tout briser
Croyez-vous que je puisse encor vous satisfaire

Tant de mains attendues n’en valent plus la peine
Une heure d’amitié ne fait pas la semaine
Est-ce mon sang déjà qui teinte le pavé
Mon coeur découragé qui tire sur sa chaîne

A quoi bon ces matins sans hâte de l’enfance
Ces fausses libertés mes désobéissances
Les grains d’or du soleil au fond du sablier
Puisque toute ma vie est faite de silence

C’est là dans mon grenier derrière la fenêtre
Avec le ciel qui bouge au fond pour me remettre
Un instant dans le cycle effarant du passé
Que je serai tenté un soir de disparaître

Alors que vous importe un cri dans le naufrage
Le fardeau de ma joie est un maigre bagage
De la douleur, mon Dieu, j’en eus toujours assez
Mon ombre fut mon seul compagnon de voyage

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Passion sans mesure (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 8 septembre 2019



Passion sans mesure

Dans l’espace où s’inscrit notre passion
Dans le champ où s’assouvissent nos désirs
Et dans l’épaisseur de la chair
D’un paysage déchiqueté
La terre chancelle et se renverse
Dans l’effusion de nos corps.

Sur le sentier
J’écarte pour toi les ronces
Au milieu des rafales
A travers la brume
Le ciel s’habille de gris

Tu te blottis contre mon corps

Incertitude d’une voix qui pousse
Un cri dans la nuit
Dans l’ombre des sommets
Des êtres d’obscurité
Abordent aux rives du néant

Moi je veux seulement voir
Ton visage dans le silence
Avant que le matin ne teinte de rose
La surface de l’eau

(Jean-Baptiste Besnard)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La blanche rosée (Fujiwara no Toshiyuki)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2018



 feuille morte rosée

La blanche rosée
N’a qu’une couleur :
Comment
Teint-elle de mille nuances
Les feuilles d’automne ?

(Fujiwara no Toshiyuki)

Illustration

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , | Leave a Comment »

La rose-thé (Théophile Gautier)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2018




    
La rose-thé

La plus délicate des roses
Est, à coup sûr, la rose-thé.
Son bouton aux feuilles mi-closes
De carmin à peine est teinté.

On dirait une rose blanche
Qu’aurait fait rougir de pudeur,
En la lutinant sur la branche,
Un papillon trop plein d’ardeur.

Son tissu rose et diaphane
De la chair a le velouté ;
Auprès, tout incarnat se fane
Ou prend de la vulgarité.

Comme un teint aristocratique
Noircit les fronts bruns de soleil,
De ses soeurs elle rend rustique
Le coloris chaud et vermeil.

Mais, si votre main qui s’en joue,
A quelque bal, pour son parfum,
La rapproche de votre joue,
Son frais éclat devient commun.

Il n’est pas de rose assez tendre
Sur la palette du printemps,
Madame, pour oser prétendre
Lutter contre vos dix-sept ans.

La peau vaut mieux que le pétale,
Et le sang pur d’un noble coeur
Qui sur la jeunesse s’étale,
De tous les roses est vainqueur !

(Théophile Gautier)

 

Recueil: Émaux et Camées
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

SONNET (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2018


 


 

Alexander Maranov (18)

SONNET
À Madame Fanny A. P.

Pour le surnaturel éclat des cheveux blonds,
Pour la neige du cou, l’aurore de la bouche,
Je rêve une peinture où, frêle, chaque touche
Soit un sourire, prix d’efforts fervents et longs.

Le fond, ciel de septembre où le soleil se couche,
Serait de saphirs bleus, de rubis vermillons.
Ma palette serait l’aile des papillons
Et mes pinceaux des brins de huppe d’oiseau mouche.

Je graverais d’abord avec un diamant,
En traits fins, le sourcil, l’oeil, la joue et l’oreille,
Conque rose écoutant mes vers malignement.

Puis la poussière d’or et de nacre, pareille
Aux éclairs de l’émail, au velours du pastel,
Teinterait ce portrait, pâle auprès du réel.

(Charles Cros)

Illustration: Alexander Maranov

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Je me sens si démesuré (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 14 août 2017



Illustration: Hervé Masson
    
Je me sens si démesuré dans la nuit qui s’achève
que j’ai soudain contre moi la terre nue et mouillée,
la terre ouverte de ses ruisseaux, de ses chemins
sur le village où les tuiles veillent, teintées de feu.

Je n’ai rien à dire au soleil qui se lève
en colorant les veines de ma main, de mon front.
Je n’ai rien à dire au jour qui me reprend
dans l’enfilade de son ciel et de ses fenêtres.

Comme un coup de soleil sur la mer,
les femmes se répandent dans le jour
captives des regards où les hommes
se jettent de tout le poids de leur vie.

Et les femmes surprises par tant de vertige
se sentent si seules pour faire l’amour
qu’elles veulent n’être plus rien qu’un beau corps
pris, repris par des mains sûres de leurs caresses.

(Lucien Becker)

 

Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

D’une éminence verte (Richard Wright)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2017



cathedrale [1280x768]

D’une éminence verte,
La cloche d’une cathédrale
Teinte le ciel bleu.

***

From a green hilltop,
One tolling cathedral bell
Tints the spring sky blue.

(Richard Wright)

Illustration

 

 

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , , , | Leave a Comment »

J’ai vu son ombre tailler les rosiers (Danielle Catarelli)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2016



Il savait teinter d’amour les groseilles
Et tomates aux senteurs acidulées.
Le violet de ses œillets et pensées,
Fleurait un mystérieux parfum secret.
La Paix nichait sous le vieux pommier.

Il savait appeler merles et mésanges,
En lançant des miettes de patience.
Une musique d’oiseaux en ritournelle
Coloriait la douceur de l’air tiède.
Les papillons semaient leurs couleurs.

Il savait planter les fleurs du bonheur,
Les arrosait d’une pluie de soleil.
Je remplissais mes poches de graines.
Il faisait bon rire et vivre avec lui,
A l’ombre du vieux pommier fleuri.

Reste au mur, un fer à cheval rouillé,
Clé du passé, témoin des souvenirs,
Près du banc, sous le vieux pommier,
J’ai vu boiter son ombre, au jardin ,
J’ai vu son ombre tailler les rosiers…

(Danielle Catarelli)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’olivier (Hishâm ibn Halid al-Zebrun)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2015




L’olivier

J’ai un olivier
où dort chaque nuit
la lumière de l’aurore.
J’ai un olivier.

Et un champ de safran
au bord du Sikar
qui teinte les eaux
de la couleur de la vie.
Et un champ d’abricots
et de tendres pêches
humés par la lune.

Qu’il fuie bien loin
le noir sortilège !
Qu’il fuie bien loin
et vienne la pluie !

J’ai un olivier
où dort chaque nuit
la lumière de l’aurore.
J’ai un olivier.

(Hishâm ibn Halid al-Zebrun)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

 
%d blogueurs aiment cette page :